C'est dans les chœurs religieux et scolaires en Arkansas que Barbara Hendricks commence à chanter, avant d'entreprendre des études de sciences. À partir de 1968, elle prend des cours de chant, notamment à la Juilliard School of Music de New York, où elle a comme professeur Maria Callas. On connait la suite de son parcours qui a saisi d’admiration des générations d’amateurs d’art Lyrique depuis les années 70.
C’est ce cadeau inestimable que nous a fait la 13e édition de la célèbre Nuit des chœurs au Château Bois-Seigneur-Isaac hier soir.
Au point de s’octroyer le plaisir de réécouter l’intégralité de son concert une deuxième fois. Le programme est « gospels » tout simplement. Les meilleurs jamais entendus, avec cette sublime formation, le Mikrokosmos Choir, fondé en 1989 par son actuel directeur artistique Loïc Pierre, et qui rassemble aujourd’hui deux ensembles composés de jeunes chanteurs venus de la France entière. Une palette de jeunes artistes qui savent transmettre l’émotion, pour qui le décor, le public, les éléments fâchés avec le soleil semblent s’évanouir avec leur création musicale toute en nuances.
C’est la musique de ses racines que Barbara Hendrickx nous livre avec simplicité. Car comme sur les 6 autres scènes, elle n’a que 20 minutes contre vents et pluies. Ce qui ne l’empêchera pas d’interrompre sa divine prestation en disant d’une voix inoubliable à un spectateur distrait « …. ne fumez pas, s’il vous plait, ne fumez pas ! ». Car l’essence de ses chansons est divine, et on ne peut se permettre le prosaïsme. « My God is so high ! » Glory, Glory Alleluia en solo, sous les arbres et devant une marée de spectateurs captivés. La sonorité est liquide et chaude, l’esprit qui porte le chant fuse comme une jeunesse éternelle, troue les nuages fâcheux et rejoint l’infini. « Down by the riverside » revient à la terre au bord du Mississipi. Touche ses racines. Le velours de sa voix donne le vertige, les trémolos palpitent, les riches modulations du chœur accompagnent. Les feuilles de partitions s’envolent. Diction sublime. Point culminant : « Nobody knows the trouble I see. » Le chœur hulule des soupirs dignes de Old man River. Des notes très profondes sortent de la bouche de la chanteuse qui ajoute simplement : « …. like Jesus. » Personne ne voit la misère comme Jésus. L’ample dévotion est au zénith de l’émotion. Des guirlandes de sons se déploient. « Didn’t my lord deliver Daniel ? » Suspense encore : «….why not e-ve-ry man ? ». Rythme, joie, espoir, texte totalement ressenti, no fake swinging and singing. Le retour aux sources sacrées du chant. Elle a le sens du drame et de la résurrection. Sa voix juvénile – parcelle d’éternité - s’élance une nouvelle fois vers le ciel lourd et bas. Bis : « Give me Jesus ». Son message en trois mots de la fin. C’est un appel poignant alors que la nuit descend. « ….when I come to die. » Dernier suspense.
On oublie avec ces instants mémorables le remplacement inopiné du groupe de 30 choristes libanais dont on attendait avec impatience les chants maronites. On se souvient des malicieux « Rossignols Polonais » lauréats du titre de « Chœur de l’Union européenne-ambassadeur de la culture» sous la baguette du talentueux Jacek Sykulski. Ils ont séduit les familles par leur fraîcheur et leur programme qui brassait l’Alléluia du Messie de Haendel, les Carmina Burana et les miaous exaltés de Walt Disney dans Lady and the Tramp. L'a cappella des Flying Pickets a plu. Mais si, pour renouveler le programme l'année prochaine, on partait à la recherche d' un peu plus de chœurs classiques en faisant moins appel à l'aspect "pop", le public serait encore plus ravi. Nous en sommes convaincus.
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