Jeux de cadres. Papas Disney ? Pères absents ? Parents violents ? Mères en burnout ? Ogres et Ogresses… de toute catégorie ? Enfants ingrats ? L’enfant, ce désir affolant, ce risque absolu ou cet intrus ? Maintenant qu'il est là, qu'est-ce qu'on fait? La réflexion porte sur le rapport dans le couple ou ses coulisses, et sur le rapport à l’enfant Elle réunit quatre personnages de la banalité moderne interprétés avec brio par Sébastien Fayard, Morena Prats, Thibaut Nève, Céline Peret, Laurence Warin, Octave Delaunoy et Sacha Pirlet (en alternance) et n’a heureusement rien d’austère !
Le carré improvisé de récits de vie balbutie et cherche à comprendre différents malaises nés entre parents et enfants. La peur, la colère, l'anxiété, la culpabilité, le désespoir sont les émotions auxquelles ils rêvent d’échapper. Miracle de l’altérité, les personnages transformeront ces émotions mises à nu en puissants leviers de changement…quand chacun aura retrouvé la liberté nécessaire à la sortie du cadre.
D’ailleurs, c’est une trouvaille géniale, tout au cours de la pièce, un cadre muni de portes et fenêtres symbolise et rythme les différents points de vue… Références faites à « Lorsque l’enfant paraît » de Françoise Dolto, laisser parler les émotions, c’est la voie royale de la connaissance de soi. Les ressentis des quatre comédiens mobilisent toutes les facettes de leur talent, le public suit l’aventure avec suspense et délectation.
Chacun finit par exprimer le non-dit qui bloque sa joie de vivre. Savoir-faire de la mise-en scène : la galerie de comportements vue du quatrième mur prête beaucoup plus à rire, qu’à pleurer… quoique ! Et le rire est une sacré thérapie, quel que soit le côté du mur ! Jessica gazon a épinglé le docte et agressif, la déprimée, celle qui se la joue et surjoue, l’indifférent et lisse qui a consenti à venir pour faire plaisir… Chacun à tour de jeu de rôle fait des retrouvailles avec ses désirs… même parmi eux, ceux qu’ils ne souhaiteraient ne pas avoir, et chacun renoue avec des valeurs qui constituent l’identité retrouvée!
La belle écriture commune de Dame Gazon & Sieur Neve, est alliée une mise en scène inventive et cohérente : en scène aussi les techniques des groupes de paroles animés par une merveilleuse coach,Morena Prats, belle comme une cavalière de forêts mystérieuses de l’intime, droite comme un I , l’accent canadien en prime, pour faire rêver de la meilleure pédagogie au monde, et dont on admire, l’adresse et l’efficacité ! Les alouettes du jeu de miroirs partent donc satisfaites et le public gardera longtemps le profond sourire que le spectacle leur a donné.
Théâtre de la Vie
Rue Traversière 45
B 1210 Bruxelles
RÉSERVER
Les représentations ont lieu du 10 au 21 octobre à 20h00
Rencontre après-spectacle avec l’équipe de création le 20 octobre.
TEASER ICI
http://www.theatredelavie.be/spectacle.asp?id={58EDE595-9974-4525-A02D-380FD0DE101D}
Commentaires
Une interrogation éclairante et intelligente sur la parentalité ........De plus très drôle......Bravo à tous.
La tournée 2018-2019
Brabant Wallon : CC Nivelles 23/01, CC Ottignies-LLN 31/01, CCBW 02/02,
CC Braine-l'Alleud 09/02, CC Rixensart 22/02
Hainaut CC Braine-le-Comte 07/02
Liège CC Verviers 21/02
Namur : CC Gembloux 19/01, CC Dinant 22/01, CC Eghezée 25/01
Teaser
https://bit.ly/2EgacjE
Site :
http://www.chargedurhinoceros.be
Depuis une dizaine d’années, Thibaut Nève et Jessica Gazon écrivent en collaboration des spectacles, où s’entremêlent fiction théâtrale et vie réelle. C’est à partir d’une expérience personnelle que "Tripalium" (2008) oppose les contraintes du travail à l’épanouissement de l’individu. Autofiction et univers déjanté cohabitent dans "L’Homme du câble" (2009), "Toutes les mères sont dépressives" (2011) et "Terrain vague" (2013), une trilogie qui s’attaque à la figure maternelle. Documents préparatoires (textes, témoignages, etc.), sessions d’improvisation et expérience d’un conseiller en psychodrame analytique leur ont permis de créer "Les Petits humains". Un spectacle plein d’humour, qui nous oblige à observer lucidement les difficultés, auxquelles aucun parent n’échappe.
Jacques (Thibaut Nève), qui a pris l’initiative de ce groupe de paroles, invite chaque participant à préciser ses motivations. Luttant contre son stress, il montre l’exemple. Il s’est toujours fait une haute idée du métier de père. Mais depuis que son épouse l’a quitté, il a du mal à exercer son autorité sur des enfants, dont il est privé une semaine sur deux. D’autant que ceux-ci se laissent séduire par le nouveau compagnon de leur mère. Claude ( Céline Peret) est une maman revenue de ses illusions. Déçue par l’ingratitude de sa fillette et rongée par la culpabilité, elle reproche à son mari (Sébastien Fayard) de n’être qu’un "papa Disney". Accusation fausse, selon Bruno : sa femme noircit le tableau. C’est pour la soutenir qu’il l’accompagne dans cette démarche intéressante. Maria ( Laurence Warin) a trois enfants. Bien que son aîné soit dyslexique, c’est une mère épanouie, très souriante. Elle lit Françoise Dolto et espère que son expérince sera utile.
S’’adressant parfois au public, les protagonistes dévoilent des secrets cachés au groupe. Le hasard semble avoir joué un tour à Bruno et Claude, en les précipitant dans une union teintée de dépit. Il a fallu qu’elle le largue pour que Jacques tombe amoureux de sa femme. En observant les attentions du chevalier servant de Claude (qui n’était pas Bruno), Maria a senti disparaître son pouvoir de séduction. La maman avait escamoté la femme.
Durant plusieurs séances, ces parents pleins de bonne volonté appliquent "des techniques". Avec une liberté et une maladresse qui transforment ces prises de paroles en fiascos, souvent cocasses. Pressé de questions par Jacques, Bruno perd ses moyens. La gifle, que Claude, excédée, a donnée à sa petite Lucette, l’amène à subir les foudres d’un tribunal. Le procédé suggéré par Maria pour juguler la violence est séduisant. Pourtant, en l’appliquant, les deux hommes en viennent aux mains. Pour maîtriser ce chaos, on fait appel à Françoise (Morena Prats), une experte en psychodrame analytique. A partir d’un mot puis d’un objet symbolique, chaque participant est amené à se mettre à la place de l’autre. Un exercice physique débouche sur une confrontation avec soi-même. La rigueur, avec laquelle Françoise mène le jeu, provoque des déclics qui révèlent des failles et promettent des éclaircies. Malgré sa froideur apparente, elle est ouverte et sincère. Ainsi elle n’hésite pas à surprendre Maria, en lui confiant sa volonté de ne pas avoir d’enfant.
Thibaut Nève et Jessica Gazon ont trouvé le ton juste pour nous sensibiliser aux problèmes de l’éducation. Pas de didactisme ni de caricature. L’esprit pointilleux de Jacques, la candeur de Maria et le piétinement du groupe nous font rire, mais on se sent proches de ces parents aux abois. Ils nous touchent par leur fragilité, leurs désillusions et leur volonté de s’en sortir. Comme eux, nous sommes perturbés par les conseils contradictoires, diffusés par les magazines et matraqués par la pub. Sans proposer de solutions miracles, "Les Petits humains" nous incite à écouter plutôt les vérités cachées dans les contes de fées. Bien sûr, l’amour parental est indispensable à l’épanouissement de l’enfant. Mais s’il est inconditionnel, il devient une source de frustrations pour le parent qui se sent coupable et un frein à l’autonomie de l’enfant. Celui-ci doit pourtant apprendre à voler de ses propres ailes et assumer son "Héritage". Comme le lui conseille Benjamin Biolay.
Jean Campion pour http://www.demandezleprogramme.be/Les-Petits-Humains-22740#critique
...Tais-toi et nage!
La tournée 2018-2019
Brabant Wallon : CC Nivelles 23/01, CC Ottignies-LLN 31/01, CCBW 02/02,
CC Braine-l'Alleud 09/02, CC Rixensart 22/02
Hainaut CC Braine-le-Comte 07/02
Liège CC Verviers 21/02
Namur : CC Gembloux 19/01, CC Dinant 22/01, CC Eghezée 25/01
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"Les petits humains": Sois parent et débrouille-toi (CRITIQUE)
CRITIQUE: MARIE-ANNE GEORGES Publié le jeudi 19 octobre 2017 à 18h40 - Mis à jour le vendredi 20
Au Théâtre de la Vie à Bruxelles, la Compagnie Gazon-Nève propose "Les petits humains", une pièce sur la difficulté d’élever des enfants. Sur le plateau, quatre parents, membres d’un groupe de paroles. Une comédie bien sentie qui devrait parler à tout un chacun.
Alors que les spectateurs commencent à prendre place, une femme récite, sur la scène du Théâtre de la Vie, une litanie à coups de "il faut" et "il ne faut pas". "Il ne faut pas dormir avec son enfant", "il faut allaiter" ; "il ne faut pas donner de tétine", "il faut laisser pleurer son enfant", ... Que l'on soit parent ou non, on a tous, un jour ou l'autre, entendu ce genre d'injonctions. "Les petits humains", le dernier spectacle de La compagnie Gazon-Nève, à qui l'on doit déjà une trilogie autour de la figure maternelle, se penche, cette fois, sur l'éducation des enfants.
Sur le plateau, Jacques (Thibaut Nève), papa récemment séparé, qui vient de lancer un groupe de paroles, accueille Maria, Bruno et Claude (les formidables Laurence Warin, Sébastien Fayard et Céline Peret) dans une pièce austère : quatre chaises, une desserte à café et une sorte d'immense tringle en métal figurant la porte d'entrée - ingénieux et tout simple artifice de la mise en scène, qui changera de place à chaque scène.
Profils types, pas archétypes
C'est la première séance, chacun se présente. Si l'on a affaire à des profils types, ce ne sont pas pour autant des archétypes. Qui ne s'est jamais senti désarmé face à la réaction de sa progéniture ? Qui n'a jamais eu envie de lui en "coller une" ?
C'est sur le ton de la comédie que Jessica Gazon et Thibaut Nève ont décidé d'embrasser leur sujet, ce qui permet aussi de relativiser le propos. Les participants avouent leur désarroi face à de doctes conseils, lus ou entendus. "Il ne faut pas frapper son enfant", "Il ne faut pas le punir", oui mais "comment lui mettre des limites"?
D'une façon ou d'une autre, les protagonistes sont tous au bord de la crise de nerfs – mais dans un premier temps, c'est surtout Jacques et Claude qui font part de leur lassitude. Maria donne l'impression que tout roule, avant, qu'en fin de spectacle, tout s'écroule. Quant à Bruno, son détachement n'est peut-être pas aussi désinvolte qu'il pourrait le laisser percevoir.
Quand la parole se libère
Petit à petit, la parole se libère, chaque participant étant amené à confier ses petits ou grands tracas. Et quand le public rit, ce n'est pas tant que la situation soit outrancière, c'est plutôt qu'elle est tout ce qu'il y a de plus universelle – de déjà vu, entendu, vécu.
L'arrivée d'une thérapeute (Morena Prats), convoquée par le groupe et travaillant sur le psychodrame analytique, achemine la pièce sur un autre terrain. Contrastant avec les thérapies analytiques strictement verbales, le psychodrame analytique place chacun des intervenants dans un rôle qui n'est, a priori, pas le sien. Des improvisations qui permettraient de porter un autre regard sur ce que l'on vit. De relativiser. De déculpabiliser. Une priorité, ici.
Entre les deux, la scène aura été plongée dans le noir. Et les spectateurs d'entendre des extraits de "La belle et la bête" de Cocteau où il est question de "liberté, de désir, qui foutent la trouille". Tout le contraire du conseil surprotecteur si souvent formulé aux enfants : "N'aie pas peur, il ne t'arrivera rien". Une pièce qui ouvre des portes.
Depuis une dizaine d’années, Thibaut Nève et Jessica Gazon écrivent en collaboration des spectacles, où s’entremêlent fiction théâtrale et vie réelle. C’est à partir d’une expérience personnelle que "Tripalium" (2008) oppose les contraintes du travail à l’épanouissement de l’individu. Autofiction et univers déjanté cohabitent dans "L’Homme du câble" (2009), "Toutes les mères sont dépressives" (2011) et "Terrain vague" (2013), une trilogie qui s’attaque à la figure maternelle. Documents préparatoires (textes, témoignages, etc.), sessions d’improvisation et expérience d’un conseiller en psychodrame analytique leur ont permis de créer "Les Petits humains". Un spectacle plein d’humour, qui nous oblige à observer lucidement les difficultés, auxquelles aucun parent n’échappe.
Jacques (Thibaut Nève), qui a pris l’initiative de ce groupe de paroles, invite chaque participant à préciser ses motivations. Luttant contre son stress, il montre l’exemple. Il s’est toujours fait une haute idée du métier de père. Mais depuis que son épouse l’a quitté, il a du mal à exercer son autorité sur des enfants, dont il est privé une semaine sur deux. D’autant que ceux-ci se laissent séduire par le nouveau compagnon de leur mère. Claude ( Céline Peret) est une maman revenue de ses illusions. Déçue par l’ingratitude de sa fillette et rongée par la culpabilité, elle reproche à son mari (Sébastien Fayard) de n’être qu’un "papa Disney". Accusation fausse, selon Bruno : sa femme noircit le tableau. C’est pour la soutenir qu’il l’accompagne dans cette démarche intéressante. Maria ( Laurence Warin) a trois enfants. Bien que son aîné soit dyslexique, c’est une mère épanouie, très souriante. Elle lit Françoise Dolto et espère que son expérince sera utile.
S’’adressant parfois au public, les protagonistes dévoilent des secrets cachés au groupe. Le hasard semble avoir joué un tour à Bruno et Claude, en les précipitant dans une union teintée de dépit. Il a fallu qu’elle le largue pour que Jacques tombe amoureux de sa femme. En observant les attentions du chevalier servant de Claude (qui n’était pas Bruno), Maria a senti disparaître son pouvoir de séduction. La maman avait escamoté la femme.
Durant plusieurs séances, ces parents pleins de bonne volonté appliquent "des techniques". Avec une liberté et une maladresse qui transforment ces prises de paroles en fiascos, souvent cocasses. Pressé de questions par Jacques, Bruno perd ses moyens. La gifle, que Claude, excédée, a donnée à sa petite Lucette, l’amène à subir les foudres d’un tribunal. Le procédé suggéré par Maria pour juguler la violence est séduisant. Pourtant, en l’appliquant, les deux hommes en viennent aux mains. Pour maîtriser ce chaos, on fait appel à Françoise (Morena Prats), une experte en psychodrame analytique. A partir d’un mot puis d’un objet symbolique, chaque participant est amené à se mettre à la place de l’autre. Un exercice physique débouche sur une confrontation avec soi-même. La rigueur, avec laquelle Françoise mène le jeu, provoque des déclics qui révèlent des failles et promettent des éclaircies. Malgré sa froideur apparente, elle est ouverte et sincère. Ainsi elle n’hésite pas à surprendre Maria, en lui confiant sa volonté de ne pas avoir d’enfant.
Thibaut Nève et Jessica Gazon ont trouvé le ton juste pour nous sensibiliser aux problèmes de l’éducation. Pas de didactisme ni de caricature. L’esprit pointilleux de Jacques, la candeur de Maria et le piétinement du groupe nous font rire, mais on se sent proches de ces parents aux abois. Ils nous touchent par leur fragilité, leurs désillusions et leur volonté de s’en sortir. Comme eux, nous sommes perturbés par les conseils contradictoires, diffusés par les magazines et matraqués par la pub. Sans proposer de solutions miracles, "Les Petits humains" nous incite à écouter plutôt les vérités cachéesdans les contes de fées. Bien sûr, l’amour parental est indispensable à l’épanouissement de l’enfant. Mais s’il est inconditionnel, il devient une source de frustrations pour le parent qui se sent coupable et un frein à l’autonomie de l’enfant. Celui-ci doit pourtant apprendre à voler de ses propres ailes et assumer son "Héritage". Comme le lui conseille Benjamin Biolay.
Jean Campion (Demandez le programme)
Illustration de Patricia Kinard au travail!
Les petits humains Une comédie féroce, et libératrice
MIS EN LIGNE LE 12/10/2017 À 14:57
PAR CATHERINE MAKEREEL
La pièce de Jessica Gazon et Thibaut Nève interroge la difficulté d’être parent aujourd’hui dans une société qui accable les pères et les mères de diktats contradictoires.
Jusqu’au 21 octobre au Théâtre de la Vie (Saint-Josse-ten-Noode).
Aujourd’hui, il semble plus facile de décrocher un prix Nobel de physique pour la découverte des ondes gravitationnelles que d’accomplir un sans-faute dans son parcours de père ou de mère. Allaiter ? Oui, ça immunise l’enfant. Non, ça déforme les seins et réduit la femme en esclavage. Mettre son enfant en crèche ? Oui, ça le sociabilise. Non, ce sont les années les plus déterminantes que l’on passera avec son enfant. La fessée, les vaccins, l’école : chaque étape dans la vie d’un enfant porte son lot de principes contradictoires ou culpabilisants. Dormir avec son enfant, lui donner la tétine : chaque décision devient anxiogène, comme si, au moindre faux pas, l’enfant allait devenir délinquant ou terroriste.
C’est en partant de ces excès psychologisants que Les petits humains interroge la difficulté d’être parent aujourd’hui. La pièce de Jessica Gazon et Thibaut Nève aurait pu elle-même se faire psychodramatique mais prend heureusement les chemins d’une comédie subtile, aux vertus émancipatrices.
Tout commence au cœur d’un groupe de parole. Il y a Jacques, qui a l’impression que tout foire dans sa vie depuis qu’il est devenu père. Il y a Claude, au bord de l’épuisement, qui trouve ingrat son rôle de mère, peu aidée par un mari qui prend tout à la légère. Il y a enfin Maria, mère quinquagénaire qui ne se sent plus désirable, désespérant de n’être plus qu’une mère, sans jamais plus se sentir femme.
Au fil d’exercices inspirés du « psychodrame analytique » - psychothérapie qui, par la « dramatisation » de situations quotidiennes, vise à élucider certains processus psychiques invisibles – le groupe va se raconter, révélant d’inavouables pulsions ou de douloureux souvenirs. Comme dans un vaudeville millimétré, il se noue entre eux des intrigues inattendues, des révélations cocasses, des disputes et des réconciliations homériques.
La pièce a tous les ingrédients d’une comédie légère sauf qu’on y traverse des situations très sérieuses : la mère qui se sent indigne pour avoir donné une fessée et s’y perd dans les recommandations complexes de Françoise Dolto et compagnie. Ou le père en manque d’autorité qui réalise qu’aimer son enfant ne va pas de soi.
Les activités proposées par une thérapeute-gourou poussent les personnages dans des crises drolatiques mais soulèvent d’universelles questions. Depuis les drames antiques avec leur lot de matricides et d’infanticides, la relation parent-enfant n’est-elle pas vouée à la catastrophe ? Donner la vie, n’est-ce pas signer l’oubli de soi et de ses propres désirs ?
Depuis leur précédent spectacle, Toutes nos mères sont dépressives , on savait le duo Gazon-Nève doué pour dénouer les nœuds de nos existences familiales. Avec Les petits humains , ils confirment leur savoir-faire, épaulés par une distribution de rêve (Sébastien Fayard, Morena Prats, Thibaut Nève, Céline Peret, Laurence Warin).
Et la fine équipe de nous laisser songeurs avec cette ultime réflexion : pourquoi dit-on à nos enfants « N’aie pas peur, il ne t’arrivera rien », au lieu de leur dire « Aie peur, il t’arrivera plein de choses » ? N’est-ce pas là notre principale mission ?
crédit photos : Aude Vanlathem