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journal de bord, mercredi 27 avril 2011

.C'est la montée du Golgotha qui reprend son tour de manivelle. Après le lundi de Pâques, on aurait du s'en douter.

J'ai repris le boulot, comme prévu, comme conv'nu. Hier, j'ai terminé à ... 18 heures 30 (pas moins, non). La dernière partie du courrier, je n'ai même plus pu l'avoir en main : l'endroit où le dernier "refeelback" se trouvait était fermé, grillagé, l'instant de fermeture avait sonné.

 

Les env'loppes brunes à remplir, pour les contributions, ont fait leur entrée. Les collègues, eux, les ont déjà expédiées en grande partie la s'maine dernière. Là, je suis plus en r'tard qu'eux. Et pour cause : le gars qui m'a remplacé la s'maine dernière (le même que ... la fois d'avant) n'a pas touché aux "env'loppes brunes"

 

Soleil, soleil, hier. Tapant. La syncope n'était pas loin. Dur dur d'avancer. "Facile pour vous quand il y a du soleil", n'ont pas manqué de me rapp'ler, avec la plus grande des insouciances, certain(e)s. Quand je laisse dire, ça me tape sur le système. Quand je réponds, quand je m'explique, je m'entends dire : "Eh bien, faut faire une pause !". Comme si ça allait de soi.

 

Et les scénarios qui n'ont, évidemment, pas manqué ...

 

Rue de Vergnies, 25.

 

Devant un théâtre (et sa boîte aux lettres), une voiture s'était garée. La porte d'entrée, entr'ouverte, bouchait les sonnettes. Le conducteur de la voiture m'a regardé avec la plus grande des insouciances, des désinvoltures. Se foutre de ma gueule, en prenant à témoin les "jeunettes", devant le théâtre, ça n'a pas manqué. Bon, bon. J'étais (déjà) trop claqué pour riposter. Et je devais sonner, là, au théâtre. J'avais un paquet, adressé à une nana du théâtre (une certaine Isabelle Van ...), qui nécessitait une signature et 66 euros 60 de paiement. J'attends presque une minute. Elle finit par débarquer. Sans le sou pour commencer. Mais en m'indiquant fermement qu'elle attend le paquet. Je lui ai dis que j'ai besoin de l'argent demandé et que je suis à labours. Elle répond : "désolé, faut comprendre, on est aussi en réunion !". Voilà qu'elle repart chercher l'argent. Je lui dis : "dans une minute, je pars" (faut savoir qu'une minute vingt/vingt-cinq, je crois, c'est le temps légal maximum que le facteur doit respecter envers le client). Le gars à la voiture enchaîne, en f'sant les yeux doux à la fille et en se foutant toujours de ma gueule. Final'ment, la fille revient, mais pas avec la somme exacte. Je n'ai même plus la force de répondre qu'il faut exactement le compte juste, parce que, depuis peu, ce ne sont plus les employés, au bureau, qui reprennent l'argent, mais les machines ... et que le compte exact est de rigueur. Je rédige un avis, je le donne à la fille. Je poursuis mon ch'min. Cinq minutes plus tard, la nana me rejoint en courant avec ... 66 euros 60.

 

Bon, bon.

 

Rue de la Croix, 9.

 

Une cliente qui n'est pas contente parce qu'elle n'a pas reçu un paquet, en circulation depuis le 11 avril. J'essaie de me rapp'ler. J'étais en service ce jour-là. Ca me revient. Il n'y avait personne chez elle (non : chez eux). En me rapp'lant qu'ils partent parfois plus d'une semaine, j'avais pris l'initiative, ce jour-là, de mettre sur le paquet : à représenter le 26. Entre temps, c'est vrai, j'avais ma semaine de break. Et je trouvais plus sage de leur représenter le paquet ... un jour où je serais de service et où je serais sûr de les voir chez eux. Manque de pot : ils étaient chez eux le 12. Et ... ils ont porté plainte à la direction.

 

La même cliente m'a tenu cinq minutes sur le trottoir. Motif : une lettre écrite de Marseille, le 29 mars ... qui n'est jamais arrivée. J'ai du me décarcasser (dans un état de fatigue pas possible, y avait du travail à n'en plus finir sur la tournée) pour lui répondre ... où elle devait se plaindre (ce qui n'est même pas dans mes attributions).

 

Bon, bon.

 

Revenons à nos 66 euros 60.

 

Là aussi, j'ai appris quelque chose ... ce matin.

 

Grâce aux machines, on peut voir le détail des paiements qu'on est sensés encaisser, nous les facteurs. Et on doit désormais donner le compte juste, mettre l'argent dans des plastiques ... qu'on scanne ensuite, mettre ensuite l'argent dans un coffre. C'est nouveau. Oh, c'est simple, quand on pige. Juste que ... un nouveau mode de travail, faut le temps "pratique" pour assimiler.

 

Il se fait que ...

 

Je n'avais plus, dans ma poche, les ... 66 euros 60. Oui, j'étais rentré au bureau. Pour liquider mes comptes avant 16 heures, instant où l'alarme est déclenchée. Je crevais de soif. Et en reclassant une dernière fois mes r'commandés (avant de les remettre à l'employée), j'étais allé chercher une boisson (à 1 euro) dans le distributeur, près d'une fenêtre. Quand on est déshydraté, pas besoin de franchir le Sahara pour colmater sa soif. J'avais pas vu, dans cet enchaîn'ment de situations, que l'euro (parti dans le distributeur) faisait partie des 66 euros 60 que je devais justifier.

 

Donc ...

 

Pour rééquilibrer le bazar, j'ai allongé cinq euros (de ma poche). En me disant : d'accord, je perds trois (ou quatre) euros, mais ainsi, y a pas de déficit.

 

Voilà qu'un des chefs (pas un des moindres) s'amène, ce matin, avec une feuille nécessitant une signature. Oui, oui, de l'argent en plus (et qu'on a allongé de sa propre initiative pour combler les trous), c'est aussi, paraît-il, du déficit. Paraît qu'à cause de mon erreur, j'embrouille les quotas. D'accord, d'accord. Maint'nant, je le sais. Ce qui est fou, c'est qu'au moment où j'ai regardé l'ordinateur (dans le but de vérifier mes erreurs), je n'ai rien remarqué d'anormal dans les indications. Par contre, j'avais vu qu'en cas de "trop peu d'argent", c'était souligné en rouge.

 

Comme je le disais, le chef s'est am'né avec une feuille nécessitant une signature ... où je peux ainsi dire que l'argent (de plus, de trop) vient de moi. Comme si j'étais fautif d'une erreur que je n'ai pas le droit de commettre.

 

On finira bien par s'y retrouver.

 

Quand je demande au chef (qui me parle sur un ton convaincant et ... punitif) ce qui pourrait m'arriver (de grave), suite à cette erreur (qu'il induit dans sa voix), il est incapable de me donner une réponse concrète. Jeu de persuasion ? Jeu de pouvoir ? Déformation professionnelle ? Toujours est-il qu'à nouveau, j'entends, je prends sur moi ...

 

Allez, Hugues, tu as déjà bravé d'autres tempêtes !

 

Le pire, dans l'histoire, c'est que je ne lui en veux pas, à ce chef. Par ailleurs, c'est un gars avec lequel je m'entends bien ... et je le connais depuis quelques années.

 

C'est pas un pourri, c'est pas un salaud. Loin s'en faut. C'est même un gars honnête.

 

Le problème, qui peut m'opposer à lui, est plus complexe.

 

Il cumule les fonctions de délégué syndical et de chef. Pour commencer. Cette situation n'est déjà pas logique. Deux fonctions contradictoires. Comme c'est un gars "bien assis", qui a plus de trente ans dans la boîte, qui sait faire la part des choses, il sait à quel moment il peut être "délégué syndical", exposer, crier ses arguments et quand il doit être chef, quand il doit donner les injonctions qui viennent parfois d'en haut (quitte à parler dur, comme un patron, s'il n'a ... pas le choix).

 

Ainsi donc, hier, pour citer un exemple ...

 

ON avait deux types de "toutes boîtes" (publicités). Dieu sait si, quand on a déjà beaucoup de boulot, une publicité en plus, ça aggrave la situation. Quand il y a deux publicités, c'est encore plus dur. Un remplaçant vient demander s'il ne peut pas répartir les "toutes boîtes" en deux jours. Le chef dit : "non, désolé, on a reçu les ordres de la direction". Lui qui, par ailleurs, prétend souvent, quand on est en pause, quand il a le temps (et la possibilité) de réagir en délégué syndical, qu'il comprend les facteurs.

 

Allez, soit.

 

De plus, sur le plan humain, extra professionnel ...

 

C'est un gars sincère, profond, intéressant. On discute de beaucoup de sujets avec lui. Je suis déjà resté plus d'une heure avec lui, après l'boulot, à parler ... de musique, du sens de la foi, du sens du mariage, du sens de la famille.

 

Je n'oublierai jamais, non plus ...

 

Y a deux ans, quand je me suis tapé une dépression, un burn-out ...

 

Il a été le premier à me téléphoner pour me demander de mes nouvelles. A me dire : soigne-toi, une santé on n'en a qu'une. Ca m'a touché. Ca ne m'étonne même pas du gars. Non, non.

 

Le problème est plus complexe.

 

Il ne s'agit pas, dès le départ, de quelqu'un que je ne peux pas renifler. Loin s'en faut.

 

Il s'agit, oui, de quelqu'un que j'apprécie (qui me le rend aussi) et dans lequel j'ai placé, en connaissance de cause, une part de ... confiance.

 

Oui, le problème est plus complexe.

 

A la fois, je sens un homme chouette, à l'écoute, plein d'empathie.

En même temps, je rencontre un syndicaliste gueulard.

En même temps, je rencontre un chef qui ne fait pas de cadeaux.

 

Oui, faut replacer les éléments dans leur contexte. Le gars cloisonne, avec toute sa cohérence d'esprit, toute sa logique, tout son bon sens, les rôles qu'il joue, sa manière de penser, ses sympathies humaines (qu'il ne cache même pas) et sa logique de chef. C'est pas sorcier. Scientifiqu'ment, ça se résume en un tour de main. Je le dis, je le répète : le gars est honnête, ça ne fait pas l'ombre d'un doute.

 

Malheureus'ment pour lui ...

Malheureus'ment pour moi, qui suis d'une pièce ...

Malheureus'ment pour moi, qui a horreur des messages contradictoires, des messages ambigus, des messages à trois ou quatre casquettes ...

 

Ca ne passe pas.

 

Je ne peux me sentir en confiance. Je reste sur le qui vive. L'auto-défense ne me quitte plus. Je vois, je sais, je sens (sans jug'ment aucun) à qui j'ai affaire. Mon sixième sens fonctionne cinq sur cinq.

 

A mes yeux, ça reste ... de la manipulation, de la récupération. Légale, bien sûr.

 

"J'ai reçu des ordres de la direction", dit-il, à juste titre, quand il est chef.

"On a obéi aux ordres", disaient ... les nazis, y a un demi-siècle, dans un autre contexte (ordinaire, quotidien).

Où est fondamental'ment la différence ?

 

J'ai surtout, quand j'y pense, très très ... mal au coeur.

 

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