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En préparant une série d’émissions que nous devions enregistrer en public dans la commune française de Sauvian, je me suis demandé comment aborder l’ouvrage de Mathilde PLANCHON.

12273280272?profile=originalCe n’est pas tant son  recueil de poésie qui me posait problème, car ce dernier, admirablement écrit, méritait d’être mis en exergue.  Le problème est que, quand je prépare une rencontre, je pose ma réflexion sur le contenu des ouvrages ne prenant le Curriculum Vitae des invités qu’en fin de préparation.  Certains diront que c’est une erreur, je ne crois pas, je pense que le contenu est le critère majeur d’un choix de chronique plutôt que le nom du créateur.  Je reste convaincu qu’en inversant cette manière de faire, se perdrait une part d’objectivité en écartant peut-être des œuvres sur une série de détails qui n’ont rien à voir avec la raison de mon travail. 

Alors, pourquoi tant de questions après avoir découvert la femme qui se cache derrière le joli prénom de Mathilde ?

Mathilde Planchon pourrait devenir la porte-parole de nos différences.  Trisomique, elle illumine nos yeux par le simple glissement d’une plume.  Pas d’artifice, l’encre brute déposée avec finesse. 

L’égo ne fait pas partie de ses aspirations, elle utilise les mots pour le plaisir, comme un jeu, se moquant du regard des autres.  Rude leçon de vie pour un monde, celui de la littérature, ou les orgueils s’envolent parfois au-delà de la déraison. 

Comment approcher une auteure en évitant de la placer en difficulté, tout en refusant la condescendance ou, ce qui me semble plus condamnable, faire preuve de démagogie.  Ne pas  utiliser la différence pour seule raison d’essayer de créer l’audience.  Difficile je vous l’accorde, mais comme le disait si justement l’écrivain « Cyntiade », il faut faire confiance aux rencontres et au destin.

L’interview se déroulant dans les environs de la ville de Béziers, j’avais invité ma consœur Virginie Rouquette (radio Ciel bleu), une chroniqueuse que j’apprécie par la sensibilité et surtout, le professionnalisme.  Heureux choix, l’analogie de nos sensibilités fera qu’ensemble nous pourrons nous épauler sans pour autant, chercher la facilité.  Échange de regards avant d’inviter l’intervenante, je compris que Virginie cherchait son équilibre.  Le micro tremblait un peu au creux de sa main, et son jumeau dansait de la même manière au creux de la mienne.  Je dois vous avouer que j’avais un peu la trouille…

Pourquoi ne nous apprend-on pas à donner la main à ceux qui parfois nous surpassent ? 

Nous ne le savions pas encore, nous allions vivre des instants particulièrement émouvants.  Sans réellement se concerter, nos questions se sont posées telles qu’elles l’auraient été face à n’importe quel écrivain.  Nous avions ses écrits, nous les apprécions, il suffisait de changer de rythme sans toutefois favoriser l’intervenante.

Je garde de cette aventure le souvenir d’une rencontre d’exception.  J’en garde de l’amertume quand la maman de Mathilde nous confia les rudes batailles à mener pour que les portes s’entrouvrent.  Ils ne demandent pourtant pas grand-chose, juste une petite place pour que Mathilde puisse déposer ses œuvres. 

Un jour, nous raconte cette femme, une bibliothèque organisait une lecture publique.  La maman téléphone pour y inscrire sa fille.  Embarrassée, la préposée rétorque qu’ils n’acceptent que des auteurs publiés. Pas de chance pour cette excuse bancale, Mathilde a été publiée.  Après quelques hésitations, Mathilde reçoit l’autorisation de participer à une lecture publique.  Heureusement, mais la leçon fait mal à la Culture.

Nous avons invité Mathilde à nous lire l’un de ses textes, elle nous a souri, tâtonnes dans le choix qu'elle désire être en harmonie avec l’instant.  Sa voix nous a ouvert les portes de l’émotion.  Le public qui assistait à la lecture ne cachait pas son bouleversement.  Ce n’était pas la différence qui touchait, non, j’ose ne pas le penser, mais les mots, dieu ! que les mots sont beaux !

Voilà, c’est tout, il n’y a rien à ajouter si ce n’est que parfois le temps s’envole.  Dans ce cas précis, je lui offre l’espoir qu’il porte les semences pour qu’une artiste soit honorée comme il se doit.

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