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Je m'appelle...

 

Je ne sais pourquoi je suis ici, de mes habitudes, il ne reste rien, des gens que j’aimais, des souvenirs envolés.

Après un printemps plein de promesses est arrivé l’été. J’ai entendu les bruits des sacs et des valises et je me suis réjoui de tout ce vacarme. Ils avaient tous l’air heureux autour de moi. Assis dans le fauteuil, tous ces allers venus me plaisaient. J’aimais les voir voyager dans la maison et me faire un petit coucou à chaque passage. La demeure était joyeuse et magnifique par cette après-midi d’été.

Les préparatifs ont duré des heures et sans méfiance, je me suis endormi. Je suis parti sans doute dans mes rêves.

Heureux et joyeux de monter dans cette nouvelle automobile, j’ai collé mon nez au carreau et vu s’éloigner cette maison si familière. Les kilomètres se sont ajoutés au fil des heures et par habitude, ils se sont arrêtés sur le bord de l’autoroute.

Enfin un peu de liberté et courir m’a fait du bien. Je me suis éloigné un peu trop peut-être.  Au bout de qq minutes, je suis revenu et j’ai cherché cette voiture, j’ai cherché de plus en plus vite.  M’avait-il oublié sur ce maudit parking ?  J’ai commencé à courir dans tous les sens, j’ai crié, hurlé.

J’étais seul sur cette route inconnue.

Au bout d’un moment, je me suis assis ne sachant plus quoi penser. M’avait-il oublié ou jeté comme un objet encombrant ?  Moi, mon petit chéri comme elle disait. Lui son compagnon de tous les jours. Et eux, mes petits amours.

La nuit vient de tomber, j’ai mal d’avoir trop marché. Mal de penser à eux, mal de me dire que je suis seul dans cet endroit. Mal de devoir rester dehors sans manger.

Au petit matin, toujours dans l’incompréhension, je me remets à avancer et quitte cette route bruyante pour d’autres plus sereines. Je n’avais jamais vu autant de choses nouvelles. De cette petite route devenu sentier, j’ai coupé par les prés et rencontré des animaux gigantesques que j’ai pris soin d’éviter.

Enfin, un petit ruisseau où je peux enfin boire. J’ai l’estomac qui se rappelle à moi. J’ai faim. Une vieille bâtisse m’attire et dés que j’ai fait qq pas, l’odeur de cuisine se fait sentir. Doucement, sans faire de bruit, j’arrive devant cette porte. Trop tard, je suis pris, coincé par cet homme de grande taille qui me regarde avec pitié.

La voiture, je la vois. Cette voiture va me conduire chez eux, chez moi comme avant. Je monte gaiement dans ce véhicule et me laisse conduire.

J’arrive dans un endroit plutôt sordide. J’ai vite compris que ce n’est pas chez moi. Ce n’est nulle part, c’est horrible. Des cages, du bruit et la certitude que cette fois, je ne reverrai jamais mes maîtres.

Cet endroit ne me plait pas, j’ai mal à l’âme, mal au cœur, mal d’être si peu de choses pour les hommes. J’ai mal d’avoir été jeté sur ce parking parce qu’il n’y avait pas de place pour moi dans cet hôtel. Maudites vacances qui font de ma vie un enfer, qui me laissent seul dans ce refuge.  Je ne suis plus que l’ombre de moi-même. Je suis sale, crasseux, dégoutant, moi d’habitude si fier et si beau.

Couché à même le sol, dans cette odeur ambiante détestable, j’attends.  Les hommes sont cruels parfois. Je ne suis qu’un pauvre vagabond sans collier dans cet enclos où je ne suis pas seul. Beaucoup d’autres sont là pour la même raison.

Voilà que j’aperçois un jeune couple qui passe sans voir. Un autre avec une petite fille qui ne me voit pas non plus. Un homme solitaire qui me toise et passe sa route.

Les jours défilent et mon désespoir est à son comble. Je reste là, enfermé comme mes amis d’infortune. J’attends mon triste sort.

La journée arrive à sa fin, le soleil décline et j’ai décidé d’en finir, de ne plus manger, ni boire. A quoi bon maintenant vivre en cage. Mon désespoir se voit trop et je n’ai plus la force de me battre. Allongé au fond de cette cage, la tête à même le sol, j’attends que tout cela cesse enfin.

Au petit matin, le ciel m’apparait plus triste que celui de la veille, encore un jour qui se lève et ma détermination à ne plus manger, ni boire est bien réelle.

Le gardien s’en est aperçu et insiste pour que je m’alimente. Non, ma décision est prise. Je me laisse mourir. Peu importe la durée de mon agonie, mon chagrin est tel qu’il n’y a pas de solutions.

De l’autre coté de la rue, une voiture s’arrête. Seraient-ce eux enfin qui auraient changé d’avis et qui seraient là pour me prendre ?

Non, c’est une dame qui cherche un compagnon à 4 pattes, un petit ami qui la suivrait et qui l’aimerait. Le gardien vient à sa rencontre et passant devant ma cage et mon petit corps sous alimenté, lui déconseille de me prendre. Non, ce chien est malade.

La dame revient vers moi et s’agenouille, me regarde et m’appelle doucement. Aurai-je l’envie de me lever, le courage de reprendre confiance dans ces humains ? Elle insiste beaucoup, énormément.

Cette fois, dans un grand effort, je me lève sur des pattes hésitantes et marche vers elle. Son sourire me ravit et je sens sa chaleur qui vient vers moi. Que dire d’elle, elle fit de moi son existence, son bonheur.

Les 10 dernières années de ma vie seront pour elle. Jamais je ne la quitterai du regard, toujours près d’elle et collé à ses talons, j’en ai fait ma vie aussi et elle fut heureuse.

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Commentaires

  • Merci Sandra pour ton commentaire. Prendre un animal est prendre une responsabilité envers lui. Et ne pas l'abandonner est une question de responsabilité envers soi.

    Amicalement

    Josette

  • Merci Rolande pour ta réaction à ce texte sur l'abandon des animaux aux vacances.

    Amitiés Josette 

  • Très belle fin pour cette histoire sordide dont les humains sont, hélas trop souvent, les acteurs sans âme.

    Nous en avons rencontrés de ces animaux abandonnés sur les routes et qui cherchaient, hâves et affamés le plus souvent, quelqu'un qui pourraient les aimer, les recueillir, sans atterrir dans l'un de ces chenils où leur seul espoir est la mort.

    Vous avez un réel don d'empathie, c'est formidable. C'est ainsi que certains messages passent, mieux que les plus longs discours.

    Bref, il y aurait lieu  d'attirer l'attention des enfants au niveau de l'enseignement puisque les parents sont incapables de s'en charger. Au contraire .... leurs agissements  le prouvent. C'est tout simplement lamentable.

    Mais que voulez-vous ? Nous avons reçu un jour une circulaire nous interdisant de continuer à donner de simples cours de politesse !! Cela devait venir spontanément .... du coeur.

    Alors que certains de mes élèves venaient me dire, par exemple :"Mon père n'aime pas les vieux". Ou autre insanités de ce genre. Nous passions notre temps à redresser la barre d'un navire qui sombrait.

    J'ai appris, à mon corps défendant que, hélas, tout le monde n'était pas beau et gentil.

    Mais tu es lucide Chère Josette : en effet, il n'y a pas de "milieu" spécifique pour de tels agissements.

    Permets-moi de t'embrasser et de te remercier pour ces belles nouvelles si humaines, mais les mains dans le cambouis. Amitiés. Rolande

  • Merci Marianne  pour votre commentaire. Parfois  il faut beaucoup de patience avec un chiot mais cela en vaut la peine.

    Amicalement

    Josette

  • J'ai été très émue par ce texte si bien écrit, moi même, j'ai un chien et jamais, je ne l'abandonnerai même si parfois, il nous cause du souci à cause de son jeune âge. Merci.

  • On dit toujours que la vie est remplie de petites choses, de petites joies, de petits bonheurs. Celui-ci en est un et merci de le partager avec moi Betina.

    Amicalement

    Josette

  • Merci Josette pour nous offrir un texte aussi pognant que vrai.

    Parfois il suffit de peu pour rendre les choses plus douces : de la chaleur, de la fidélité et du respect.

    Encore merci et Bravo pour ce texte !

    Betina

  • Il n'y a de milieu réservé pour ce genre d'acte. Sans aucune comparaison, les enfants et femmes battues n'ont pas le monopole non plus. Merci de votre commentaire M Deashelle

    amitiés

    Josette

  • Merci pour votre commentaire Gil . J'ai également des souvenirs impérissables d'un compagnon, d'un chien tout simplement.

    Amitiés

    Josette

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