JADIS, NULLE PART ET MAINTENANT
A l'horizon hypothétique du soldat fourbu. Romain
Ou Herbert peut-être, godillots baillant aux corneilles, crottés
Lassés de cheminements incertains, de la Somme au pays Lorrain,
Se dessine leur destin obscur par le clairon sonné.
L'ondée câline s'annonce sur la pourpre colline
Zébrée par le vol des corbeaux aux becs belliqueux.
Le caracol surpris par la rude fraîcheur se remet en coquille,
Prenant son parti d'espérer en un moment plus heureux.
Les entrailles de la terre épuisée ont mauvaise mine.
Trouée de toute part sous les assauts puissants de la cheddite.
Violée sans détour ni vergogne pour qu'elle abandonne son opaline
De son ventre assailli, flétri, et crache ses précieuses pépites.
La trappe béante du trou noir, aspirateur cosmique
Piège l'esprit humain constellé de folles utopies
La nature intelligente par essence, réfutant la causalité Déiste
Se suffit à elle-même pour vibrer à l'infini.
« Dieu est mort » déclama Nietzche, atteint de lucidité soudaine.
Inutiles sont les massacres d'innocents proférés en son nom.
Maintenant, peut-être, homme, tu vis seul et dois oublier ta peine.
Bénis cette sphère unique et bannis le talion.
Jadis et naguère, parallèlement, est-il mort le poète,
Que ses vers ne circulent plus en nos bouillantes veines
Rabougries et exsangues de mots à la sonie parfaite
Qui résonnaient en un vieux temple antique en l'honneur de Verlaine ?
Raymond MARTIN
Commentaires
Merci pour cette très belle chanson et ces images qui nous rappellent d'anciens souvenirs très difficiles à vivre et à oublier.
Raymond, as-tu déjà vu ce superbe documentaire relatif à la Guerre 14-18 et repassé hier soir sur La Trois à 21H05 "Le bruit et la fureur" une réalisation de Jean-François Delassus France-Belgique 2008) ?
J'y suis restée malgré l'heure tardive et certaines images insoutenables. Mon mari et moi avons visité tous ces lieux dont on parle dans ce domentaire et situés pas très loin de chez nous. Combien de fois ai-je entendu mes grands-parents et mes parents en parler de cette occupation terrible. Et puis, on reprend tout en 1940 après ce que l'on croyait être la "der des der".
La folie des hommes est incommensurable et je n'ai plus tellement d'espoir qu'elle se termine un jour !
Il suffit d'une étincelle pour allumer le brandon : je l'ai expérimenté personnellement. C'est pourquoi j'aime tant m'évader dans la Beauté, même si, comme chez Breton, elle est hors réalité mais pas tant que çà peut-être.
Bien à toi. Rolande.
Merci pour ton magnifique poème.
Merci à tous ,effectivement,moi aussi quand je suis dans un village ,en cours de visite je regarde ce
monument de mémoire.
Bon week-end à tous
RAYMOND
Merci Raymond ...Un texte fort, riche ...des mots qui éclaboussent ...MERCI.
" Voici des fleurs de mon couvent,
Des ronces de mélancolie
Dont j'ai fait la gerbe en rêvant...
Lectrice ,au creux d'un chaud divan,
N'égratignez vos mains jolies
A ces vers, épines souvent.
Et toi, lecteur , ami vivant
Loin des mains tristes qui supplient,
Ecoute, blotti sous l'auvent,
Toutes ces voix ensevelies
Dans l'oubli des sables mouvants,
Ces âmes pleurer dans le vent ...' Charles Lambert.
Bon week-end Ami Raymond .
Amitiés . Liliane .
re En ce jour particulier te relire est poignant
Instinctivement dans tous les villages où je me rends ,les yeux se fixent sur tous ces noms si nombreux d'une même famille avec si peu d'habitants cela me touche toujours car il est rare de trouver quelqu'un qui n'a pas perdu un être cher autour de nous
Bel hommage Raymond
Bonsoir Raymond, j'ai tellement aimé que j'ai partagé sur les réseaux sociaux, un grand bravo, j'aime, j'adore !
Bises
Marie-Ange
Hélas le "plus jamais çà" reprend de plus belle et les brasiers s'allument dans tous les coins de notre adorable planète.
Alors, en ce jour du 11 novembre, tous mes souhaits de Paix, PAIX et encore paix. Mais il faudrait peut-être commencer par penser à l'installer autour de nous car, il faut bien se l'avouer : ce n'est pas si facile.
Allez, bon courage mes amis(es)
Bonjour Raymond
Aujourd’hui, je suis en deuil et comme à merci d’être là et en vie …
Ils sont absolument insupportables tous ces discours d’aujourd’hui qui révisent une fois de plus l’histoire notamment celle de la Première Guerre Mondiale, tout ça pour des préoccupations de si basse politique, pour légitimer d’autres guerres aux motifs fallacieux, pour jouer avec les peurs, et faire honte aussi par avance à tous ceux qui n’accepteraient pas des sacrifices encore pour sauver un système décadent et pourri.
Il ne faut pas laisser l’histoire et la mémoire collective se diluer dans ces discours. Le XXe siècle fut une tragédie innommable, et ce n’est absolument pas un siècle à sacraliser ou à sublimer tant l’humanité fut bafouée, réduite au peu de cas de dizaines de millions de vies. La seule victoire fut la paix, mais il faut considérer que son prix de sang versé, de douleurs, de larmes fut infiniment trop cher ; Comme on manque de mots pour le deuil, pour ce qu’on ne peut imaginer des horreurs à ne rien y comprendre.
Ami Raymond, comme toi, je voudrais tout simplement : plus jamais ça. Assez de sacrifices, assez de paroles, messieurs les planqués d’aujourd’hui comme ceux d’hier, et comme il avait raison Boris Vian contre toute guerre ….
A bientôt. Amitiés. Gil