Il avait le regard perçant
De ceux qui regardent vraiment
Il avait pourtant occulté...
L'horreur par ses yeux imprimés!
La guerre, la perte d'un ami
Le désespoir l'avait surpris!
Il avait sauté sur un char
Etait en vie grâce au hasard
Alors quand il apprit que sa femme
Le trompait avec un quidam
S'était contenté de grommeler...
Absent, ça devait arriver!
La guerre ça finit bien un jour
Et sur le chemin du retour
Il a croisé un beau regard
Encore un geste du hasard!
Alors ce fut vite décidé
Tout pouvait bien recommencer
Le temps de mettre à plat sa vie
Chez lui il fit venir sa mie!
Il y avait le plein de soleil
Aussi les sens qui se réveillent
Tout semblait être pour un mieux
Ils pouvaient faire des envieux!
Mais il était psychanalyste...
Des maux il pouvait faire la liste!
Dans les méandres de tous les coeurs
Il ne fallait pas faire d'erreur!
Il avait le regard perçant
De ceux qui regardent vraiment
Et il ne pouvait s'empêcher
Certains soirs de désespérer!
Il ne voulait pas faire d'enfant
Pour qu'un jour il devienne grand
Il s'enfermait dans son bien-être
A côté de sa vie peut-être?
Et puis, un jour c'est reparti
La guerre encore...Il en vomit!
Et il est retourné batailler
Dans l'espoir de tout arranger!
Quand presque mort il est revenu
Avec son âme mise à nu
Il a regardé son bonheur
Comme si c'était une simple erreur!
Alors, la vie qui continue...
Mais parfois se brouille la vue!
On prend un verre, un peu d'alcool
Et voilà que l'envie décolle!
Cela devient une habitude
Pour retrouver ses certitudes...
On a besoin d'un petit remontant
Mais, ivre on n'est jamais vraiment
L'aider, elle a bien essayé
Ses efforts se sont effrités
Il n'y avait plus rien à faire
Pour l'empêcher de se défaire!
Et le temps alors s'est enfui
Après les jours, y avait les nuits
Il n'y avait plus de bonheur
Juste des relents de langueur!
Et puis, le pire est arrivé
Le processus s"est déclanché
Ne voulait pas se voir partir...
Mais n'avait plus peur de mourir!
Il avait le regard perçant
De ceux qui regardent vraiment
Et ce qui nous est arrivé...
C'est que ses yeux vont nous manquer!
J.G.
Commentaires
Merci pour vos commentaires, chers amis, ils sont comme toujours aussi sensibles que pertinents et je crois que "le regard perçant" les aurait aimés.
Belle semaine d'été à tous
Amitiés
Jacqueline
Bonjour Jacqueline
Les générations qui nous ont précédé et qui ont vécu au XXe siècle n’ont pu échapper à des folies collectives. Par dizaines de millions, des destinées individuelles ont été fracassées. Par nombre de témoignages recueillis dans mon entourage, ou par la lecture, j’ai compris que pour la guerre on n’a pas de mot assez fort, assez dur pour dire que c’est la pire des saletés, la pire des infamies. Après deux guerres mondiales, deux carnages innommables, on devrait avoir compris. Mais non, à la première occasion, nombre de gens trouvent des arguments de bonnes raisons pour qu’on recommence. Et plus navrant encore, c’est que les médias et certains s’en vont des feuilletons.
Votre témoignage émouvant à propos de l’histoire d’une personne chère s’ajoute à nombre d’histoires individuelles qui ne peuvent pas se débarrasser des empreintes et des blessures profondes faites par la guerre. Il est plus que jamais nécessaire quand on constate un déficit de mémoire et la légèreté avec laquelle les pouvoirs engagent nos pays dans la guerre, sans mesure des conséquences.
Cet homme était vrai, authentique et ce qu’il faut lire, c’est tout l’amour qu’il portait depuis toujours envers les autres et jusque dans sa désespérance, mélange de refus et de peur de savoir que tout puisse recommencer. Cette désespérance est une alerte. Il a transmis pour ça le regard perçant qu’il faut sur toute chose entre l’acceptable et l’inacceptable…
Bonne journée. Amitiés. Gil