UN CONTE DE FOU...
Lorsque j'étais petite fille, j'adorais les contes de fée. Je m'identifiais volontiers aux personnages. C'est ainsi, que de Blanche-neige, je devenais tout à coup Grincheux ou Timide, tout en rêvant être Prof! En fait, ce qui me fascinait c'était la description des caractères. Mais jamais au grand jamais, je n'imaginais pouvoir être la méchante reine. La méchanceté était bannie de ma vie.
Quoi de plus gratifiant que de voir Cendrillon emporter le cœur du prince en sachant que sa vie avait été si cruelle dans ses jeunes années? Quoi de plus naturel de voir en finale la douceur et la bonté récompensée? Quoi de plus jouissif que de voir Riquet à la Houppe se transformer en prince charmant?
Au fil du temps j'eus d'autres lectures et je découvris à travers elles que derrière des personnages aux apparences édifiantes se cachent souvent complexité et quelques noirceurs et dès lors, qu'il fallait apprendre à affiner mon jugement. Je fis connaissance avec le mal de tête en même temps qu'avec l'injustice et je me pris de sympathie pour Antigone.
Toutefois, j'appris à apprivoiser ma révolte, mes premières lectures avaient laissé des traces, je croyais dur comme fer au miracle de la puissance que donne l'amour.
Autour de moi, j'entendais pas mal de plaintes, beaucoup de désenchantement, les visages tristes me donnaient l'irrésistible envie de fuir.
Comme tout un chacun, je fis connaissance avec la tromperie, la manipulation, la désinvolture, le narcissisme qui s'en donnèrent à cœur joie avec ma naïve sincérité. Je fis l'apprentissage de la désespérance et en même temps je gardais au fond de moi, l'image rassurante des histoires qui finissent bien!
Mais ce ne sont que des bribes de l'histoire totale et :"Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants", est loin d'être un point final, à peine un point d'orgue. Après seulement il y a la vraie vie...
Et cette vraie vie si je l'imagine en conte, ce n'est à coup sûr pas un conte de fée, mais plutôt un conte de fou.
J.G.
Commentaires
Bonsoir Gil,
Merci pour votre passage et votre commentaire... la vie nous apprend à relativiser et à nous émanciper lentement...
Très belle soirée à vous
Amicalement
Jacqueline
Bonjour Jacqueline
Votre texte qui retrace les grandes lignes de votre cheminement m’a ramené à cette question fondamentale de l’ambition qu’on peut avoir dans la vie face à la multitude des contraintes, des obstacles qui apparaissent sur notre parcours. Depuis fort longtemps, je considère qu’à tous les temps, il y a bien trop d’histoires qui nous malmènent, nous ébranlent, nous affligent, bien trop d’histoires absurdes et obscènes, bien trop de misères, de drames qui finissent mal, bien trop de gens innocents conduits aux supplices, à des morts infâmes. Conséquemment, je considère que toute ambition devrait tenir compte des réalités, de nos possibilités, de nos capacités de les affronter seul ou avec d’autres, devrait se dégager en tout cas de ce charlatanisme culturel qui s’immisce dans tous les domaines. Toute ambition devrait bien pesée, et surtout provisoire, revue et corrigée plus d’une fois puisque tout est en mouvement, puisque tout échappe à la prévision des choses qui nous percutent, des réactions qui s’en suivent compréhensibles ou pas.
Je dirais volontiers à chacun son cheminement entre ce qui est et ce qui nous conviendrait le mieux. Si j’ai toujours fortement souhaité que chacun puisse le faire sans précipitation, sans trop de dommages, sans trop de traumatismes sévères, irréparables, que chacun puisse le faire sans être harcelé constamment par des exploiteurs, des prédateurs, des charlatans en tous genres, ni par des exigences de performance, d’excellence, de temps compressé, ni par ce fichu commerce délirant des bons plans, des rêves à la portée de tous comme autant d’arnaques, d’escroqueries, le moins que je puisse dire, c’est qu’il faut avoir beaucoup de caractère, faire beaucoup d’efforts, avoir beaucoup de chances et pouvoir compter sur des gens honnêtes qui ont des gros cœurs pour résister à tout ça et pour envoyer paître ceux qui ont toujours de quoi à nous vendre ou à nous reprocher…
Bonne journée. Amitiés. Gil
Je pense que nous serons nombreux à nous reconnaître dans ce texte, nous étions dans une grande naïveté...
La vie est autre, c'est évident, et nous en avons fait l'expérience.
Ne gardons que ce que les bonnes fées nous ont offert.
Bisous Jacqueline, et bon week end
J'ai apprécié ton texte, Jacqueline ! Merci de ton partage ! Bon week-end à toi! Cordialement, Nicole
M E R C I pour cette mise en vedette, plein soleil!