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HISTOIRE COURTE 24.(2ème partie...)

LA DECHIRURE (suite...)

 

En attendant l'ascenseur, comme à l'accoutumée, Hélène regarde dans la boite aux lettres s'il n'y a pas de courrier et surtout, un timbre étranger avec sur l'enveloppe la petite écriture illisible et penchée, mais qu'elle aurait pu déchiffrer même si la cécité était venue la surprendre!

Il y avait bien un timbre à l'effigie d'un roi et qui lui était adressé, mais ce n'était pas la petite écriture penchée! Alors tout à coup, le coeur d'Hélène se mit à battre très fort, elle fit stopper l'ascenseur un étage trop tôt et s'assit dans la cage d'escalier.... d'une main fébrile, elle ouvrit l'enveloppe et se mit à lire :

Ma douce Hélène,

Cette lettre m'est bien pénible à envoyer, mais c'est Julien qui me le demande afin de ne pas te laisser sans nouvelles... Et je dois te dire que je ne reconnais plus mon frère en cet homme effondré qui passe ses journées à pleurer et a doublé sa consommation de cigarettes que tu lui avais pourtant demandée de modérer et qui a même perdu le courage de t'écrire!

Mais j'en viens aux faits : Josée, son ex, a fait une tentative de suicide alors qu'il se trouvait aux urgences pour son stage d'été. Quand il l'a reconnue sur une civière, c'est lui qui a posé la transfusion alors qu'elle était encore inconsciente. C'est son père qui l'a trouvée en rentrant de voyage, par chance un jour plus tôt que prévu... c'était vraiment in extremis!

Lorsqu'elle a ouvert les yeux et découvert Julien à son chevet, elle a psycologiquement supprimé le passé et s'est mise à lui parler comme s'ils s'étaient quittés la veille, alors que comme tu le sais il y a un peu plus d'un an qu'il avait mis fin à une relation qui battait de l'aile depuis trop longtemps.

C'était quelques mois avant votre rencontre et... et je crois pouvoir affirmer qu'il a enfin découvert avec toi à quoi ressemble vraiment l'amour.

Le père de Josée déboussolé s'est défoulé sur Julien en l'accusant d'être la cause du geste de sa fille qui parait-il ne s'est pas remise de la rupture et dans la foulée, il lui a balancé qu'il en avait parlé à notre mère qu'il a continué à voir malgré tout! Et là, Julien a brusquement compris que la veuve et le divorcé étaient un peu plus que des relations et il se sent coupable du malheur de tout le monde!

Je ne saurais te dire à quel point je me sens désolée de ce qui est ici en train de se passer et je pense qu'il serait bien si tu pouvais ne pas tarder à rentrer...

Je t'embrasse comme une soeur

Sandrine.

 

Hélène gravit en courant le dernier étage. Des larmes incontrolables coulaient sur ses joues lorsqu'elle atteignit l'appartement, elle se dirigea vers sa chambre comme une somnambule et se laissa tomber sur le lit en sanglotant.

 

Maryvonne avait entendu le claquement de la porte, alors anxieuse, elle a ouvert celle de la chambre, puis elle s'est baissée pour ramasser sur le sol cette lettre qui y trainait... et si inondée de larmes l'ancre avait coulé par endroit, l'écriture ronde et appliquée était bien lisible! Alors, dans un deuxième temps, elle prend sa nièce par les épaules et la décolle de l'oreiller...

-Ma chérie, ma douce, calme toi, ça va aller, ça va aller tu verras!

Doucement, interminablement hélène pleure sur l'épaule tendrement acceuillante.

Dans l'ambrasure de la porte, éclairée par le soleil couchant, la large silhouette de l'oncle se dessine. Il est présent, impuissant, bras ballants. Il lit lui aussi la lettre tendue par sa femme, ses poings se serrent, il s'assied aux pieds du lit et de ses grands bras entoure les deux femmes.

-Ce n'est pas possible! Cela n'a aucun sens, tout va rentrer dans l'ordre, dit-il, nous allons dîner comme prévu, et demain matin je te conduirai au train bleu. Tu vas rentrer et remettre ces foutues pendules à l'heure, conclu-t-il!

 

Hélène se souvient de ce dîner comme dans un rêve à la limite du cauchemar... la douceur d'un petit vent du soir  sur son visage qui séchait les larmes incontrôlables; le whisky glacé, commandé par son oncle qu'elle a bu un peu trop vite;ce rire déchirant qui l'avait saisie au moment du clafouti que le serveur avait déposé devant elle en disant " des cerises pour la plus belle...!"; la nuit fiévreuse qui a suivi et au petit matin le quai de gare, elle, sa valise, et sa peine pour ce long voyage où elle aurait tout le temps, enfin seule, de mettre un peu d'ordre dans sa pauvre tête!

 

Hélène était née compréhensive et douce, elle n'en avait aucun mérite à ses yeux. Simplement c'était son tempérament, se mettre mentalement à la place de l'autre pour mieux le comprendre lui semblait couler de source et c'est aussi ce qui avait en partie séduit Julien! Cela le changeait tellement du caractère égocentrique et manipulateur de Josée.

Au début du voyage, Hélène imaginait son retour avec optimisme, elle se voyait dans les bras  qu'elle n'aurait jamais du quitter. Mais au fil des km, sa vision devint plus pessimiste. S'il se sent coupable, que puis-je bien faire? Etait la lancinante question... Nier son implication dans le geste de Josée ne servirait à rien, elle en était persuadée car elle connaissait trop bien la droiture de Julien! Cela lui déchirait le coeur de penser à la souffrance qu'il endurait à cause d'elle, car si leur amour n'était pas survenu, il se sentirait moins coupable et plus libre.

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