J'entends le bruit de souliers sombres
dans la blancheur du soir ;
les roses, le ciel s'entrebâillent
puis se ferment, tout doucement,
murmure le soleil noir alors ;
mes nuits sont semblables à l'arbre nu d'avril,
frissonnant encore, gracile.
J'entends le déhanchement de l'ombre bleue,
adoucie par la chaleur de l'été,
puis le frôlement de sa peau
sur celle de la nuit bien trop blanche.
Je suis étendue, vêtue d'une robe bleue,
un rien échancrée, légère,
il fait chaud, ma tête de vous est parfumée,
pleine de coquelicots de janvier à décembre ;
elle tourne un peu, s'affole du jour,
où elle sera obscure, veuve de vous.
Je traverse l'instant, je le vis et je perçois soudain
toute sa clarté et son chant ;
c'est alors que j'écris.
L'idée que toute cette sublimité
un jour puisse disparaitre,
m'emplit d'une tristesse soudaine,
même lorsque je me trouve au beau milieu d'une fête,
auprès de mes enfants ;
Cette conscience de la brûlure du bonheur,
cette certitude que sa texture est pareille à celle du cristal,
m'assombrissent, me rendent plus solitaire.
Il s'agit là, d'une transparence un peu lourde,
mais néanmoins solaire.
NINA
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