A l’appel d’un pleur,
Les horizons ont perdu
Leur vive couleur
Sur un sucre blanc.
Et les oiseaux tombent nus
Car s’est tu leur chant.
Les plages sont vides,
Les embruns n’ont plus de sel,
Tout devient livide
Sous le voile des morts.
Le décor perd l’aquarelle
De plus en plus fort,
Soulevé, craintif,
Car l’ombre s’est installée.
Les échos plaintifs
De cet au revoir,
Imprime cette anxiété
Sur le corps mouroir.
Et c’est un calvaire
Que de souffrir en silence,
D’avoir toujours l’air
Sur une coquille,
En état de transparence,
Petites béquilles
Pour un cœur lassé.
Une à une, les artères vident
Leurs eaux polluées
Sur des mots vacants
De tout réconfort, et guident
Les âmes au néant,
A la douleur vive
D’un cœur, d’un corps, d’un néant
Sous lequel arrive
Le pas de l’oubli,
Pour nier, recrudescent,
La mort dans son nid (Salobreña 2010)
Essai : « Tanka (Renku) », Le tanka est la forme poétique classique la plus ancienne et on la retrouve dès les premières anthologies japonaises; ainsi, il y en a 4,170 dans le Manyôshû (vers 760).
Le tanka est un poème à forme fixe construit en deux parties, la deuxième venant comme réponse, ou relance, à la première; cette première partie est un tercet de 17 (5/7/5) syllabes et la deuxième est un distique de 14 (7/7) syllabes, ou vice versa. Si ces deux parties sont généralement écrites par un même poète, il n'est pas rare de voir des tankas écrits par deux poètes.Le tanka classique n'était pratiqué qu'à la Cour impériale; il est toujours considéré comme la forme la plus élevée de l'expression littéraire. Poème lyrique, exquis, raffiné, il explore des sentiments "nobles", tels l'amour, la solitude et la mort, selon un ensemble de règles des plus sophistiquées.
Commentaires