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En relisant quelques pages de Proust

Je viens de relire le début de "Du côté de chez Swann". Une foule de souvenirs me reviennent. J'ai découvert Proust à 25 ans: ce fut une révélation. Son style qui accule la phrase dans ses derniers retranchements et suscite tant d'images chez le lecteur, fut pour moi un enchantement. J'ai relu toute la "Recherche" plusieurs fois. Une telle oeuvre peut accompagner toute une vie. A chaque fois selon l'état d'esprit dans le quel on se trouve, au gré des méandres de notre vie, nous y découvrons de nouvelles choses: les versants de cette montagne magique renvoient un autre échos. Ainsi les ridicules de Madame Verdurin me rappelaient ceux d'un proche de l'époque et m'aidaient à les supporter tant Proust les décrit avec humour réjouissant. Passionné de musique, je ne pouvais qu'être sensible à l'étroite médiation qu'elle entretient dans la Recherche avec le rapport au monde du narrateur. A l'époque de ma première lecture la musique de chambre avait ma prédilection. Comme on transpose toujours sa propre existence dans ce qu'on lit, j'étais pesuadé alors que l'inspiration musicale première de Proust était (outre le Franck de la sonate), le Beethoven des quatuors à corde. Ce n'est que plus tard, devenu un admirateur de Wagner que j'ai pris conscience du nombre d'occrences de ses opéras dans l'oeuvre de Proust. Ce n'est guère étonnant: Wagner comme Proust parsème leur œuvre de leitmotifs qui sont comme le doux sourire d'une divinité supérieure nous guidant vers un autre niveau de réalité. Comme le motif de Siegfried nous apprend qui est le père de Siegmund et de Sieglind, la petite phrase de la sonate de Vinteuil, ou le fait de buter sur un pavé mal équarri de la cour de l’hôtel de Guermantes font accéder le narrateur à la vraie dimension du temps.
L'influence de Wagner sur Proust est telle que j'en suis venu à me demander si, dans la structure de « La recherche », Proust ne s'était pas inspiré de la séquence adoptée par Wagner dans son célèbre Ring. En effet, la première partie de « Swann » joue le même rôle que « L'or du Rhin ». Ici comme là, les principaux personnages nous sont présentés mais surtout, dans les deux cas les développements de toute l'oeuvre sont assujettis à son prologue. Le vol de l'anneau et de l'or des filles du Rhin commande toute l'errance de Wotan et son renoncement comme « le baiser du soir »attendu par le jeune Proust induit tout son itinéraire et la découverte de sa vocation.
J'arrête là, tant ce chef d'oeuvre est inépuisable.

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