« Choisir sa vie ? » …You can do it ! Cela se passe à la Comédie Claude Volter avec la magnifique mise en scène de la célèbre pièce de 1980 de Willy Russell, « Educating Rita » dans une nouvelle version adaptée par l’auteur en 2003 pour en rendre le propos plus universel. La très soigneuse mise en scène signée Michel Wright respecte le délicieux cadre British et l’accent populaire de Liverpool de la jouvencelle se change en un plongeon dans la modernité francophone grâce à laquelle nos ados se sentiront aimés et transportés. Stéphanie Moriau fait absolument merveille dans cette tendre comédie politico-philosophique !
Prénommée Suzan, issue d’un milieu populaire telle une bonne âme de Sichuan, la jeune héroïne se sent vide et sans avenir, sauf de rester coiffeuse, assister à des match de foot ou de karaoke, pondre des gosses, et n’avoir de choix que la poudre à lessiver. Sur ce, elle prend ses ciseaux mythiques pour dépecer sa vie totalement insignifiante. Couper, changer – devise des coiffeurs - et commence par changer de prénom pour s’appeler l’étudiante RITA, et rêver d’un avenir où enfin, elle aurait le choix.
Car c’est ce mot magique « Change » comme les pétitions en ligne bien connues… qui la fait rêver! Son intuition lui fait comprendre que seul le changement intérieur fait avancer et vivre plus pleinement. Son arme pour faire d’elle même une « self-made woman » sera l’éducation, la culture, l’appropriation d’un discours construit et argumenté. Elle ne veut pas mourir et être enfermée comme sa mère dans une chanson sans espoir, sans horizon. Elle a capté que seule l’éducation est porteuse d’avenir. Elle suit la morale de Trainspotting : Choose Life! Elle ne veut pas être un ectoplasme qui se suffit de fumées, de pain et de jeux.
Donc elle s’inscrit à un cours… universitaire avec un très émouvant Michel de Warzée qui joue Frank, le professeur bordélique qui se console régulièrement de la vie et de ses espoirs avortés de devenir poète avec des bouteilles disséminées dans son imposante bibliothèque ou trône un nu érotique. Au départ fort peu enthousiaste à être dérangé, il est finalement ravi de cette bouffée d’air inespérée. Il lui donnera tout, comme le sculpteur Pygmalion amoureux sa statue Galatée… avec les risques du métier! Un personnage complexe à interpréter, se partageant avec grande délicatesse entre le personnage du professeur adulé et son attachement émotionnel et sexuel grandissant pour son étincelante protégée. Ah! les « Métamorphoses » d’Ovide!
Et quel potentiel, Stéphanie Moriau! Elle « fait » à peine les 29 ans de la jeune délurée. Elle navigue comme une cascadeuse entre les désespoirs et les rires, jongle avec les défis culturels, brûle les étapes pour se faire naître à la personne dont elle rêve. Et quel exemple pour les jeunes inconscients calés dans leur apathie et leur confort consumériste!
Frank, le prof, est abasourdi et se met à réveiller ses propres affects, et à caresser son rêve d’écriture retrouvé. La jeune effrontée débarque comme une bombe spirituelle chez lui et fait voler ses routines en éclats, ouvre les fenêtres, donne de l’air, pourfend ses amertumes accumulées, change dix fois de coiffure, de tenues, de styles, se cherche avec une opiniâtreté qui finit par énergiser chaque spectateur à la suivre dans son itinéraire de changements. On ne peut pas changer le monde, mais soi-même, bien sûr que oui ! La connaissance de soi passe par l’art et la littérature. Shake it ! Elle reçoit et apprend tout de son tuteur, se met à faire des liens, découvre avec stupeur et ravissement une image du monde où tout est lié, va au théâtre, tombe amoureuse de Shakespeare, et revient, quand la culture l’a métamorphosée, à son prénom originel! Dans le personnage intense et explosif de Rita, Stéphanie Moriaux assume pleinement le Credo du changement et du libre choix, galvanise un public invité à faire fondre à son tour, ses peurs, ses limites, ses barrières. Pari gagné!
Cette superbe pièce de Willy Russel est aussi indispensable que le sel dans les pommes de terre, précipitez-vous, et dégustez ce remontant tonique si votre moral est au pessimisme et à la grisaille. L’humour de la midinette intelligente au moral d’acier est décapant, côté rénovation elle en connait un brin ! Voyez-le comme une cure salutaire de jouvence. Que vivent donc les métamorphoses et non les sinistroses! Comme disait mon grand-père normand: « Debout les crabes, la marée monte! »
La Culture comme arme sociale !
http://www.comedievolter.be/leducation-de-rita/
L’EDUCATION DE RITA
Willy RUSSELL
Traduction de Catherine Marcangeli
Mise en scène : Michel WRIGHT
Décor Yann BITTNER
Régie & Éclairages : Bruno SMIT
Animations scolaires : Stéphanie MORIAU
du 10 au 28 octobre 2018
du Mardi au Samedi à 20h15, dimanche à 16h
Commentaires
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Mes pages, groupes et profil Facebook, ainsi que celles et ceux de tous les autres membres d’Art et Lettres, ont été intégralement vidés de tout lien contenant la séquence « artsrtlettres.ning » qui est au cœur des liens hypertextes d’Arts et Lettres.
C’est très regrettable pour notre visibilité à tous de se retrouver ainsi diabolisés et CENSURÉS sans aucune raison. Deux options: ou l’effet pervers des algorithmes et robots, ou, on n’ose pas y penser... des actes de malveillance vis-à-vis d’un ou de plusieurs membres.
Cette situation est extrêmement déplaisante...
“You can’t go to this link from Facebook. The link you tried to visit goes against our community standards”
Ils ajoutent sur certains posts... « so no one else can see it! » Cela fait vraiment plaisir!
Moi aussi mes partages sont bloqués. Et pas de nus sur ce que j'avais partagé. Cela n'a rien à voir avec toi ni moi. C'est une censure envers le réseau.
Est-ce cette photo ( voir infra) qui a bloqué depuuis cette nuit toutes mes publications d'Arts et Lettres sur le réseau Facebook et Instagram? C'est inouï et vraiment déplorable pour les artistes qui voient leur fenêtre sur le monde confisquée!