Je ne supporte ni les blonds ni les bruns
je défragmente les mots morts
les mots tressés
la musique diluée dans le ciel à peine brouillé
Je ne suis pas en colère d'être comme cette eau
l'abstraction du manque
derrière la Cour Carrée au-dessus du banc il y a des pas qui dansent
des plaques de marbre dans le dos
la voix cérémonieuse en hauteur rit les entrechats photographiés
Je compte les intervalles
l'étonnement de l'œil
la soif de la langue
on ne pénètre pas le corps sur un banc
on attend les contours de l'horloge
la verticale de l'heure dans un lieu nommé chambre
Murs tendus nous n'y possédons rien
juste la peau au cœur d'années éphémères
la sentence entre deux musées
roule chaque nuit la pendaison
Jouissive vérité d'un long trajet entre Paris et les livres
jonchent le sol
je serai la première à fermer les messages
à taire le crayon
Je ne peux m'empêcher de lire la peau usée
je ne peux m'empêcher de gommer les histoires inventées
Où vont-elles dans le roman qu'on ne lit pas ?
Où vont les livres qui n'existent pas au travers du mutisme ?
Ils écrasent mon œil
m'emportent à la cave où perle la nuit
J'ai soif des aiguilles où se couche l'oubli
du sang que nous avons mêlé dans le même tricot
de la tresse au fond des draps
veine ouverte au même rythme
nous nous y sommes enfoncés
C'est la nuit des mots à jamais
ce sont des verges qui se dressent dans la pénombre
alors que le monde dort on s'entend respirer
Sur le banc c'est l'empreinte des talons
les bras tendus comme l'oiseau cherche l'air
la mer et son sommet
B - 20-12-2011
Commentaires
Merci, la poésie est dans la prose justement parce l'on se défait de son carcan pour être au plus vrai des mots
Là, je sens la fulgurance couleur. Elle est là, bien présente dans sa coulée de prose poétique.
Oui, contrairement à ce qu'il a été dit pendant des décennies, la poésie existe bel et bien dans la prose et votre texte en est la preuve .... fulgurante. Bravo? J'aime beaucoup.
La mer et son sommet et sa voix à son sonnet !