Façade de pierres aux frontons burinés,
La porte franchie, s’ouvrent les mystères,
Les coffres et meubles d’autrefois patinés,
Exhalent leurs romans sous l’œil des statères.
Bergère dans un coin, narre les histoires,
De ses pieds d’or galbés d’une biche aux abois,
Qui ont portés charmes, bonheurs ou déboires,
De dandys élégants jouant flûte ou hautbois.
Un guéridon tourne des esprits accourus,
Aux appels du médium porteur de rêves fous,
Les chaises bancales du poids de vieux bourrus,
Crissent les pleurs légers des adeptes mi-fous.
Plus loin, péril d’hier, poudroie un long mousquet,
D’aventures d’antan aux charges sanglantes,
Un massacre de cerf pavoise au grand crochet,
Etripé par la mort de peurs affolantes.
Voltaire s’entretient avec la duchesse,
Maurice se détend sous la table longue,
Grise de poussières, pompeuse en richesse,
De fines sculptures d’airain sur l’oblongue.
Dans une vitrine marquises et biscuits,
Côtoient les dentelles, les argents et les ors,
De bijoux antiques aux vieux aspects recuits,
Tandis que les malles recèlent des trésors.
Et les meubles suivent les allées des gens,
Les venues du voir pour l’achat peut-être,
De plumiers de jadis vendus aux vieux clients,
Férus de souvenirs, en bois blond de hêtre.
Ô mort qui emporte et laisse des phénix,
Les ventes dispersent divers héritages,
Le commissaire vend les biens jaillis du Styx,
L’esprit pleure à nouveau le temps des partages. Claudine QUERTINMONT D’ANDERLUES.
Statère : monnaies antiques
Styx : fleuve des Enfers
Commentaires
Merci beaucoup pour vos commentaires et bonne soirée à toutes. Amitiés, Claudine. :-)
Un sujet inattendu, une description des objets avec tellement de charme quoi de plus agréable à lire quant on aime les antiquités, donc j'aime beaucoup ce poème.
Jacqueline
Merci Sandra et Sylviane, pour votre passage et vos commentaires. Bonne semaine. Amicalement, Claudine.
.... merci pour cette rythmique académique et partage
Un texte fort bien rythmé...
C'est enchanteur... une flânerie délicieuse, Claudine! J'ai beaucoup aimé!