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Biographie d'Emile Zola (Partie I)

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Depuis des siècles, il y a des Zola, à Venise, officiers de fortune ou missionnaires. L'arrière grand-père d'Emile Zola, Antoine était capitaine des Fauté, au service de la république. Son fils Demenius-Charles, s'est épris de Nicoletta Bondioli et de cette union est né le 8/8/1795, à Venise, François Zola le père d'Emile.
Toute sa vie, François Zola va balancer du rouge au noir au gré des événements. Il est d'abord élève des écoles militaires de Paris et de Modame. A 17 ans, il est sous-lieutenant d'artillerie à cheval dans l'armée du vice-roi, le prince Eugène-Napoléon. Mais bientôt l'empire bascule et la vénétie devient autrichienne. Zola abandonne l'uniforme, parce que l'empereur vient d'introduire la bastonnade dans l'armée et parce que François est libéral, carbonaro et franc-maçon. Il complète ses études d'ingénieur à l'université de Podone. Il voyage et coopère en Autriche avec le chevalier Gerstner, concessionnaire, et les équipes qui tracent la première ligne de chemin de fer européens, de Linz à Biedweiss, puis de Linz à Gmunder, en tant que géomètre du cadastre de la Route Autriche. La révolution de juillet renverse la banque avec laquelle il était associé. D'Autriche, François Zola passe en Hollande, puis en Angleterre.
Il arrive en France en 1830. L'année d'après, à Alger, engagé comme infirmier, il soigne les cholériques à l'hôpital de Dey. Licencié à la fin de l'épidémie, il s'engage comme lieutenant dans la toute neuve Légion étrangère, à Alger, en juillet 1831. Mais François Zola, qui à volé dans la caisse du magasin d'habillement qu'il contrôle, pour l'amour d'une femme mariée, est découvert. La belle pratiquait l'entôlage à l'abri du Code Civil. Le mari ne fit pas de difficulté pour restituer l'argent, et les autorités militaires sur l'ordre du Duc de Rovigo, conclurent au non-lieu. François démissionne de son grade de capitaine Sa seconde carrière militaire venait de s'achever.
En 1898 lors de l'affaire Dreyfus, la mémoire de François Zola sera diffamée par un journaliste, renseigné illégalement.
Il s'embarque alors pour Marseille le 15 janvier 1833. Il installe un bureau d'ingénieur civil. Le premier, il fait des expériences d'éclairage au gaz. Pour la fortification de Paris, il propose la défense par forts isolés. Il veut aussi s'occuper d'Aix qui manque cruellement d'eau les mois d'été. Mais pour cela il doit convaincre M. Thiers ministre affairiste de creuser un canal. François monte alors à Paris.
Un dimanche, en sortant de la messe à St Eustache, il tombe en arrêt devant une jeune fille qui ressemble à un Greuze. C'est une toute petite bourgeoise beauceronne, fille d'un entrepreneur de peinture, Françoise-Emilie-Orélie Aubert née à Dourdan le 6 février 1819.
Le 16 mars 1839, Zola épouse la belle à la taille fine et l'emmène en Provence, dans un voyage de noce d'une douzaine de mois. Quant il rentre à Paris en 1840, Emilie est enceinte.
De cette union est né Emile Edouard Charles Antoine Zola le 28 avril 1840 à 11 heures au 4è du 10 rue Saint Joseph, meublé perdu, entre le sentier et la rue Montmartre. Il est baptisé le 30 avril et vacciné le 16 mai. Sa mère et son père sont en règle avec l'ancienne religion et la jeune science.
Emile Zola se trouve donc en possession d'un arbre généalogique franco-italien équilibré. Emilie sa mère est tendre, sensible et nerveuse, son père, un bel aventurier stendhalien, passionné et fou de travail.
Emile Zola est mis en nourrice, à Dourdan, à cause de Paris et du lait qui y sont meilleurs, mais on le reprend vite à cause du chagrin.
A deux ans, Emile fait une fièvre cérébrale. Les sangsues ne prennent pas. On craint pour sa vie. Et puis, il se remet à trotter. A 3 ans, il est toujours pâle, fluet et de formes féminines.
En avril 1843, François Zola signe avec la municipalité d'Aix-en-Provence, un traité déclarant d'utilité public la construction d'un barrage et d'un canal d'adduction d'eau potable. Avec enthousiasme toute la famille émigre à Aix. Ils s'installent cours St Anne, puis, bientôt dans la propre maison de famille de Thiers. Cette ville Zola l'évoquera dans son œuvre sous le nom de Plassans. Emile mène la vie d'un enfant gâté et découvre peu à peu la ville riche et solennelle.
A quatre ans, Emile court dans le jardin, sa santé se porte mieux. Il a trouvé son vrai pays.
C'est au cœur de ce calme provincial que se produisit un mystérieux incident. Le 3 avril 1845, à Marseille, un domestique arabe fut chassé par la famille. Emilie Zola s'inquiétant de la mauvaise santé d'Emile en chercha en vain les causes. Quand elle surpris le jeune Arabe qui se livrait à des attouchements sur son jeune maître. Un rapport de police fait foi du fait. Mais on n'en sait pas davantage.
Il revient à Paris pour une année en 1846 : son père était en instance pour obtenir une ordonnance royale nécessaire pour ses travaux, qu'il obtiendra à l'automne 1846.
L'enfant sauvage devient alors un bambin sérieux et pensif. Cependant, l'élocution n'était pas aisé.
En dépit des jeux, du grand air, de l'absence de servitude scolaire, Emile, reste facilement effarouché un peu fille et trop gâté. A sept ans, il ne sait pas encore l'alphabet, et il ne saura lire qu'à partir de huit ans.
Les travaux du canal dans les rochers de Jaumegarde débute le 4 février 1847. En mars, François Zola doit aller à Marseille. Durant le voyage, il attrape une pneumonie et décède le 27. Ce père mort trop tôt laisse ainsi à l'enfant l'image d'un héros du progrès, d'un homme libéral, novateur, audacieux, bâtisseur, d'un de ces conquérants auxquels il donnera dans son œuvre une place capitale.
François ne laisse que des dettes à son fils et à sa jeune femme : comme tous les ingénieurs civils de l'époque, il a dû s'endetter pour mettre au point ses projets. Les parents de Mme Zola, de petits artisans beaucerons désargentés mais courageux, viennent vivre avec elle et leur petit-fils.
Emile doit alors se résigner à entrer à l'école Notre-Dame. Cette institution était tout indiquée pour dégourdir Emile et lui enseigner, en même temps que les rudiments du français, l'école buissonnière.
La pension avait un autre avantage : elle coûtait peu. Il y rencontre Roux et Solari. Rongée par les procès, et les vautours locaux, la famille avait dû s'installer hors de la ville avec les manouvriers, les gitans tresseurs et autres maçons italiens.
A onze ans il fait un nouveau voyage à Paris, où il y passe six à huit mois.
A douze ans, sa mère et sa grand-mère décident à lui faire abandonner la pension Notre-Dame pour le collège Bourbon d'Aix. Mais parmi les enfants déjà policés et cruels, Emile se sent égarés. Au dépaysement s'ajoute sa sauvagerie ; les gamins se moquent à la fois de son défaut de prononciation et de son accent.
Emile considère avec stupeur ce déferlement des cruautés enfantines. Heureusement il rencontre Paul Cézanne - qui le protège - et Baille. Il forme avec eux un trio d'inséparables. les trois adolescent fuient la petite ville endormie et se réfugient dans la nature et la lecture. Zola en gardera la nostalgie qu'il peindra souvent. C'est à ce moment qu'une révolution transforme le potache attardé. Le 10 août 1853, après avoir sauté une classe, il emporte le premier accessit pour le prix d'excellence, le deuxième prix en thème, le premier prix en version, le deuxième accessit en grammaire française, premier prix en histoire géographie, premier prix en récitation classique.
Emile obtint une bourse, à la fin 1854. Il entrait dans cette catégorie d'enfants pauvres et ambitieux qui joueront un rôle considérable dans le siècle, les boursiers. Il montrait maintenant du mordant et de la vivacité d'esprit. Mais il ne travaillait que par intermittence. Se maintenir dans un bon rang était son seul but car il savait le prix de la liberté.
Le nombre de copain augmentait avec eux, ils faisaient partie de la fanfare du collège, où Zola jouait (mal) de la clarinette. Ils participaient aux processions des pénitents encagoulés, aux accueils de parlementaires à la gare et toutes les fêtes.
La famille avait encore une fois déménagé. A mesure que les travaux du canal avançaient, que les prévisions de l'ingénieur se vérifiaient, la gêne tournait à la pauvreté. Mais Emile s'en souciait peu.
Avec Cézanne, il donnait des sérénades à deux petites demoiselles. Les parents exaspérés par le cacophonie des instruments et du perroquet de l'une d'elles, arrosèrent les soupirants mélodieux. "A cette époque, avouera Zola, je n'avais pas du tout l'oreille juste".
Le cœur d'Emile battait pour autre chose que l'amitié maintenant. Il était devenu un gaillard bien pris, musclé, tanné par le soleil et les bains. Il connaît alors ses premiers amours enfantins avec Louise qui était peut-être la jeune sœur de Philippe Solari.
Cependant, la nécessité de s'intégrer à une société, par ses examens et ses concours, commence à peser sur sa liberté. Le baccalauréat l'assombrit. Il a des réactions anti-scolaires. C'est ainsi qu'il écrit une pochade, Enfoncé, le pion ! trois actes et en vers, où deux potaches disputent au pion Pitot le cœur d'une femme sous le règne du principal pingouin, vengeance transparente libération d'une agressivité.
Les amours insatisfaits, les chasses avec poèmes dans le carnier, les premières manifestations de la volonté de puissance constituent la trame de la vie quotidienne.
Avec l'enlisement dans la pauvreté, la famille a du émigrer dans un deux pièces dont les fenêtres donnent sur le "barri", boyau noir et malsain d'épandage et de détritus qui entoure la ville, Emile doit affronter les deux épreuves qui le séparent encore de l'état d'homme, le bachot et la découverte de la femme.
Après la mort de la grand-mère, en novembre 1857, Mme Zola s'estimant lésé par les anciens associés de son mari, décide de venir seule à Paris demander protection au tout petit monsieur Thiers, alors écarté du pouvoir. Emile reçoit une lettre de sa mère lui demandant de la rejoindre à Paris. Pour l'adolescent, ce déménagent est un véritable arrachement, dont les conséquences ont été déterminantes.
A dix-huit ans, le garçon débarque en février 1858, avec son grand-père Louis Aubert, dans un Paris froid et gris. Une insondable tristesse envahit le jeune homme.
La vie de la famille est plus difficile à Paris qu'à Aix. "Etre pauvre à Paris, c'est être pauvre deux fois". Les Zola changeront sept fois de domicile entre 1858 et 1862. Expérience de la pauvreté et des grandes maisons ouvrières, ce qui explique son attitude à l'égard de l'argent qui a choqué des écrivains contemporains : sans relations, sans fortune, il s'est fait seul, sa plume est, comme il le dit, un outil avec lequel il gagne sa vie, non un passe-temps, conception toute moderne.
Le 1er mars, il entre au lycée Saint-Louis en seconde ès science, externe surveillé. Seul succès que sa mère ait remporté dans sa lutte avec les bureaux, la bourse d'Emile a été prolongé. Mais les études vont à une telle allure qu'il ne peut suivre. Par ailleurs, on est plus sensible à la pauvreté à 18 ans qu'à 12 ans. Ses condisciples, petits ou grands bourgeois, s'attardent à cette tare du boursier avec une méchanceté extrême. Zola cherche refuge tous les soirs , 63, rue monsieur le Prince, dans un lit qu'il ne connaît pas et où il se recroqueville. Une seule joie, les lettres des copains, lettres du soleil. Là-bas le désarroi est partagé.
Au cours de ce premier semestre parisien, Zola organise sa vie, à l'intérieur de son désespoir. D'abord submergé, il ne travaille pas. Il ne pouvait pas. Au lycée Saint-Louis il était tout à coup devenu un cancre. Lui qui avait tous les prix à Aix. Il n'avait plus à Paris que le prix de discours français.
Pour les vacances Mme Zola décida de passer l'été à Aix malgré le peu d'argent à la maison. Il retrouva ses compagnons pour des vacances inoubliables. Mais ils avaient beau rire aux éclats, Zola savait que leur jeu n'était plus que survivance. L'absence lui avait appris ce qu'ils avaient perdu.
Quand il revint à Paris, la gorge si serrée qu'aucun mot ne pouvait plus passer, une typhoïde le prit. Six semaines de délire et de rêve éveillé.
Inspiré par l'amour de sa mère, un sursaut de volonté le secoue. Le 19 février 1859, des vers qu'il a composé en hommage à son père sont publiés dans La Provence. Il bûche pour le bac. Il passe l'écrit à la Sorbonne, remet une version médiocre et, persuadé d'avoir manqué les problèmes, ce n'est plus que par un acquis de conscience qu'il va vérifier les listes d'admis, pour s'y trouver second, éberlué.
A l'oral, il répond correctement en science et en mathématiques. Ce sont là ses "matières fortes", que l'écrivain digérera. Mais le dernier examinateur s'irrite parce que Emile fait mourir Charlemagne sous François 1er. En dépit des autres examinateurs, le professeur de lettres maintient son "nul". Recalé.
Emile approche alors des vingt ans et il faut s'en sortir. En novembre 1859, à Marseille où il s'est présenté pour le bac, espérant trouver des examinateurs moins coriace, il tombe, dès l'écrit. Le jeune homme et sa mère conviennent de l'inutilité de continuer. D'ailleurs, la bourse ne serait pas renouvelée. Zola vient de se condamner à "cette vie de bureau, cet égout, cet abîme".
Zola cherche en vain, un emploi qui lui permettrait de concilier ses rêves de gloire poétique et la nécessité de gagner sa vie.1860 et 1861 seront deux années difficiles. Zola travaille désormais dans l'administration des Docks de Paris, à la douane, mais cela ne lui plaire guère. A la fin de l'été Zola qui n'aspire guère à cette vie quitte les Docks.
Mince, râpé, verdâtre, il passe alors quelques temps à fainéanter avec l'insouciance d'un poète. Il se met à lire les grands classiques, tels que ceux de Sand, Molière, Dante, Shakespeare, Montaigne, Michelet... Il est indifférent à la pauvreté. Sa mère réprouve discrètement sans rien dire. Alors il se séparent. Ils se voient souvent. Ils s'aiment… Mais Zola ne veut plus ajouter à ses charges et il frémit de honte quand il la voit veiller sur des travaux de couture. Il a le sentiment d'avoir trahi les espoirs mis en lui par sa mère. Zola habitera des garnis de misère jusqu'en 1864.
Sans ressources, il est contraint d'abandonner son projet d'aller passer quelques semaines à Aix.
Vers la fin d'avril 1861, Cézanne qui sent Zola dépérir, monte à Paris le voir. Ce sont alors de grandes promenades dans la banlieue de Paris. Il fréquente avec de jeunes peintres aixois dont Pissaro qu'il a retrouvés, les ateliers de peinture, visite le Salon, fait "l'expérience de l'amour réel" (selon ses propres termes) avec une fille galante Berthe, tout en composant des contes de fées et des centaines de vers imités de Musset, dans lequel il rêve de créatures éthérées, d'amours idéales, et des esquisses de portrait pour Cézanne. Au cours de septembre Cézanne repart pour Aix.
A la fin décembre 1861, un ami de François Zola, Mr Boudet, membre de l'académie de médecine, voit arriver Emile, couvert de neige, maigre, le teint jauni. M. Boudet s'est entremis pour faire entrer le garçon chez Hachette. Mais il faut patienter encore quelques semaines. L'académicien lui propose alors de déposer ses cartes de visites moyennant un louis. Emile en dépose soixante et une, dans le fantastique Paris de l'hiver. Il pénètre chez Taine, About, Gautier et Feuillet. Il entre dans la littérature par l'escalier de service. Mais il peut manger du pain, du café, du fromage d'Italie. Malgré des problèmes intestinaux, il se remet alors à travailler, une manière d'autobiographie rêvée, Ma confession. Il passe des nuits blanches.
Le 1er mars 1862, il entre comme employé, au bureau des expéditions, à la librairie Hachette. Il restera quatre ans dans cette maison spécialisée dans les livres scolaires, les journaux destinés aux enseignants et la vulgarisation scientifique. Il comprend l'importance de l'enseignement, qui deviendra un des leitmotiv de son œuvre. Il pénètre les rouages du monde de l'édition et de la presse, voit fonctionner de l'intérieur une grande entreprise à la croissance extraordinaire, se fait de nombreuses relation et des amitiés durables, se lie avec les auteurs de la maison : Duranty, Claretie, Taine, Renan, Littré, Sainte-Beuve, Barbey-d'Hautevile, Guizot, Lamartine et rencontra celui qu'il admirait par dessus tout, Michelet.
Le travail chez Hachette et la nourriture le raniment. L'espoir revient. C'est vers cette époque que son poème Le doute paraît dans le travail, malgré l'hostilité du rédacteur en chef. Zola est radieux de se voir imprimé. Mais le journal est suspendu au bout du 8è numéro pour avoir publié un article de Clémenceau, Taule et Carré lançant un appel à l'émeute, place de Bastille. Zola craint alors pour sa place, mais il exagère.
Un jour de 1863, après la sortie des employés, il dépose un manuscrit sur le bureau du patron. C'est L'Amoureuse comédie, recueil de vers dans le sillage de La Divine Comédie de Dante. Pendant quarante huit heures, Zola tremble. Enfin, Louis Hachette reçoit son employé. Ce dernier l'encourage mais dans la voie de la prose et non dans celle du recueil. Le patron lui double ses appointements et le nomme au bureau de la publicité littéraire. Il en devient très vite le responsable. Zola est écarlate. Il écrit des contes, qu'il recueillera avec d'autres en volume en 1864 sous le nom de Contes à Ninon et qui seront publiés par Lacroix. Il reprend une nouvelle, Sœur des Pauvres, et la remet à Hachette. Celle-ci est jugée trop "révoltée".
Zola va alors faire un énorme effort d'objectivité. La remarque brutale du patron catalyse ses réactions obscures. Mi-persuadé qu'ailleurs est sa voie, mi-désireux d'arriver à tout prix, il renonce à la poésie. Il n'écrira plus désormais que des vers de livret.
Durant cette même année, il collabore à différents journaux : le Journal Populaire de Lille, l'Athenaeum français, la Revue du mois.
Cézanne était revenu à Paris en 1863 avec l'intention d'entrer aux beaux-arts, de concourir au Prix de Rome et d'exposer au Salon. Mais il fut refusé au Salon en même temps que Pissaro, Manet, Corot, Courbet. Comme en littérature, le libéralisme avait du mal à percer.
Au cours de l'automne 1864, Cézanne fait connaître à Zola, Gabrielle Eléonore Alexandrine Meley. Gabrielle ne ressemblait pas à l'idéal féminin de Zola. C'était une fille du peuple, orpheline de mère, nièce d'une marchande de fleurs installé près du passage Verdeau, blanchisseuse de son premier état, son aînée d'un an.
Zola naturalisé français fils de veuve, fut dispensé de service militaire. Il avait réclamé sa naturalisation en tant que fils d'étranger né en France le 7 décembre 1861 à la mairie du 5è arrondissement. Elle fut accordée le 31 octobre 1862. Le 3 mars 1863, il tira au sort le n° 495, qui ne fut pas appelé. Il était libéré de tout service.
La vie matérielle était assuré, la vie amoureuse aussi.
Toute sa vie Zola a tenu compte de la question d'argent. Vendre au mieux un manuscrit ne lui a jamais paru déshonorant. Il dira plus tard que "la propriété littéraire est la plus légitime de toutes". Il fera grande attention à la question d'argent quant à ses personnages. En opposition avec l'univers romanesque du temps, où les héros ne travaillaient jamais. Zola montrera toujours le métier et les ressources des siens.
Trois ans après son entrée chez Hachette, Zola donne toutes les semaines un article de 100 à 130 lignes au Petit journal, et tous les quinze jours, un article de 500 à 600 lignes au Salut public de Lyon. A cela s'ajoute quelques articles dans la vie parisienne, la Revue française, le Figaro et Le grand journal.
Ce jeune célibataire, qui gagne entre 400 et 500 francs par mois, n'est pas à plaindre, et il peut aider largement sa mère.
Mais il ne suffit pas de gagner de l'argent. Il a besoin de temps. Il travaille dix heures par jour, six jours par semaine, sans congés. Or il continue à fréquenter les brasseries de peintres, et il travaille à La confession de Claude (roman autobiographique inspiré de son aventure avec Berthe, et qui décrit l'impuissance de l'amour de Claude - Emile - à sortir Laurence - Berthe - de la prostitution). Lors de sa publication, en novembre 1865, les ventes restent faibles.
Cela va le pousser dans la voie qu'ont suivi Balzac, Hugo, Dickens, Tolstoï : le feuilleton.
Cependant, après la parution de La confession, il y avait eu enquête de police, au logement de Zola et chez Hachette, ce qui était plus grave. Zola hésite peu. Depuis longtemps, il a le désir de quitter son emploi pour se consacrer uniquement à la littérature. Louis Hachette est mort et son petit protégé à perdu du crédit dans la maison. Son activité d'avant-garde est mal jugée. Il démissionne le 31 janvier 1866 pour rentrer au journal L'Evénement de Villemesan. En fait il négocie son départ. Il a l'intention de remplacer son travail de bureau "par la rédaction de certains livres commandés chez Hachette".
Ce même jour, le jeune journaliste achète L'Evénement. Son nom éclate en première page, dans un article de Villemesan lui-même dans lequel il vient d'annoncer une nouvelle rubrique qui serait tenu par Zola.
Ce dernier y tient la rubrique littéraire : "Livres d'aujourd'hui et de demain" Sa première chronique est consacrée au Voyage en Italie de Taine.
Pendant trente jours Zola écrit sans savoir quel serait son sort. Il recueille un certain nombre de ces articles sous le titre Mes Haines (1866).
Il fait aussi la critique du Salon mais il est trop acerbe envers la génération traditionnelle et défend trop le nouveau courant : le naturalisme dont Manet en est un des grands défenseurs. Villemesan décide de lui retirer la critique. Zola s'incline. Alors il écrit son dernier article Adieu d'un critique d'art.
Ce texte est capital, par le souffle et la forme, car il amorce nettement cette fois la comparaison essentielle entre l'attitude de Zola défendant les peintres et celle qu'il prendra trente ans plus tard, politiquement.. Cette prise du parti des familles contre les pouvoirs, ce goût de tout risquer sans souci des conséquences. Déjà la voix de l'Aurore se posait. C'était même la coupe syntaxique de la célèbre lettre J'accuse.
Il reprendra tout ces articles pour en éditer un livre sous le titre Mon Salon.
Cependant Zola terminant un feuilleton : Le vœu d'une morte, il le proposa à Villemesan, en contrepartie de son éviction de la critique. Le vœu paraît, en novembre 1866, sans succès. Le roman ne méritait pas un meilleur sort et c'est Zola qui en témoigne.
Pendant ce temps un autre personnage était entré à l'Evénement, Jules Vallès.
Bien qu'il place sans difficulté sa "copie", Zola s'inquiète. Il a des charges : Gabrielle et sa mère.
Le Messager de Provence, de Marseille, lui a demandé un feuilleton, tiré de récents procès criminels qui ont remué le Midi. L'artisan va financer son prochain roman, Thérèse Raquin, avec ce labeur. Il a renoncé au travail nocturne. Il écrit le matin, à jeun, la tête froide. Ce sont ses meilleures heures. Il les consacre à Thérèse. L'après-midi, il brouillonne ses Mystères, pour deux sous la ligne.
Les mystères de Marseille, roman historique contemporain qui retrace l'histoire d'amour entre un plébéien républicain et la riche fille d'un aristocrate tout-puissant sur fond de tripotages financiers et de révolution de 1848, paraît à Marseille, en 1867. Le roman est aussitôt l'objet d'une pièce, en collaboration avec Marius Roux. Premier contact avec la scène, désastreux : la pièce tombe avant le rideau. Zola y attachait cependant une importance d'expérience, car il a fait exprès le voyage de Marseille, où il est resté, du 4 au 11 octobre. Déprimé il revient à Paris en faisant une escale à Aix.
Le 15 novembre 1867, l'Evénement est supprimé. Zola n'est plus que publié irrégulièrement dans Le Figaro.
La première édition de Thérèse Raquin paraît en librairie en décembre 1867, chez Lacroix. Zola savait que son roman était un chef d'œuvre. La presse le traita de pornographe, d'égoutier ou encore de partisan de la "littérature putride".
A 27 ans Zola trouve la cohérence dans sa personne et son style. En effet Thérèse Raquin constitue l'acte d'état civil d'Emile Zola, romancier français né à 27 ans. Il est non croyant, indifférent à la métaphysique, convaincu par Taine, ayant brûlé ses romantismes extérieurs, naturaliste, palpitant du désir d'écrire une œuvre énorme, provocateur et publiciste de soi-même, conquérant le public par la brutalité, prêt à flamber de fureur devant chaque injustice, dressé contre l'empire et sa bourgeoisie, défiant la Procureur, plus grand que nature, adorant son effigie à laquelle il a d'ailleurs collaboré. Il est lui-même. Il est adulte. Il travaille déjà sa statue.
Durant cette même année, il effectue des rencontres au café Guerbois, grande-rue des batignolles, où se réunissent grands peintres (qui deviendront les futurs impressionnistes : tels Pissaro, Guillemet, Oller, Monet, Manet, Sisley et Renoir) et critiques défendant une nouvelle manière de voir en peinture.
En 1868 Zola triomphe. Sa double présence au Salon en effigie, avec le buste de Solari et le portrait fait par Manet, lui semble symbolique. Il en est tout épanoui.
La presse étant libéralisée, de nouveaux journaux d'opposition à l'empire sont crées. Ainsi il collabore régulièrement à La Tribune, mais c'est maigre. Financièrement les années 1867 et 1868 n'ont pas été très bonnes. Il est prêt à tout accepter pour vivre.
Il écrit Madeleine Férat, qui paraît, sous forme de feuilleton, dans L'Evénement Illustré. Il projette également d'écrire l'histoire d'une famille en dix volumes.
Le 14 décembre 1868, il est invité à dîner cher les Goncourt. Edmond était alors un mousquetaire douillet et mélancolique. Il avait quarante-six ans, son frère, Jules, trente-huit. C'est en 1865, que leur amitié épistolaire est née, après que Zola ait défendu avec fougue leur premier roman naturaliste Germinie Lacerteux. Quand il s'en va, il laisse les frères éberlués et hilares, dans leur salon tiède orné de japonaiseries précieuses, car c'est pendant ce repas que Zola à l'illumination de sa fresque historique.
Le moteur premier des Rougon-Macquart, histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire, n'est pas l'hérédité mais la volonté de puissance ; pas celle des héros, comme chez Balzac, mais bien celle de l'auteur. Zola voulait être Zola. S'il avait réussi à se faire écouter avec ses poèmes, il serait parti, toutes voiles dehors, vers le lyrisme. L'œuvre est née de la rencontre d'une volonté de domination avec un certain nombre d'idées flottantes, dont l'écrivain s'est emparé parce qu'il fallait un minimum d'idées pour cimenter le tout.
Zola, dominé par "le malheur d'être né au confluent de Balzac et de Hugo", est hanté par le premier ; il écrase tout le siècle. Zola vit avec l'auteur de la Comédie humaine. Pratique, il note : "Ne pas faire comme Balzac. S'attacher moins aux personnages qu'aux groupes, aux milieux sociaux". Et c'est bien là l'intuition majeure.
De plus, il remarque : il n'y a pas d'ouvrier, chez Balzac. Voilà une issue. Les descriptions sont trop longues, trop compactes. Le lien entre les différents ouvrages a été conçu a posteriori. Pour les Rouchon-Sardat, il faudrait en prévoir un. Lequel ?
Zola connaît ses forces et ses insuffisances. Travailleur enragé, têtu, constructeur, admirablement doué pour la violence, il se sait étranger au subtil, à l'exquis, et ses idées sont souvent courtes. Pourtant, il en faut. Il tâtonne. Il tente de prendre appui sur ses propres livres, cherche en eux ce qu'ils avaient de plus neuf. Thérèse Raquin, sans aucun doute. Mais plus encore, Madeleine Férat, où il s'est servi de la physiologie et de l'hérédité.
Antoine Marion, un ami d'Aix et savant, lui parle sans cesse de l'hérédité. Il avait baptisé "Thorocostoma Zola une petite bête de quelques millimètres". Marion et d'autres ont renseigné Zola sur la philosophie de l'histoire naturelle et "tous les phénomènes si étranges de l'hérédité". Quelle idée admirable que celle de la persistance du sang, pour un romancier qui cherche comment rénover le seul moteur romanesque qui soit, le fatum.
Est-ce vrai scientifiquement, l'hérédité ? Cette jeune hypothèse est-elle rigoureuse ? Zola ne va pas si loin. Pour les idées scientifiques comme pour la peinture, il suit son instinct. Il admet l'hérédité, en postulat, parce qu'elle est de son temps et qu'elle convient à son projet. On s'est beaucoup moqué de l'utilisation qu'il fit de cette théorie. Certes, elle est simpliste. Mais encore une fois, en gros, il avait raison.
Zola se documente. Il lit une traduction de Darwin. La Physiologie des Passions, du docteur Letourneau, L'introduction à la Médecine expérimentale, de Claude Bernard. Zola trouve dans une étude du docteur Lucas (Traité philosophique et physiologique de l'hérédité naturelle, 1847-1850) les principes de construction c'est-à-dire le lien nécessaire entre les personnage de sa famille des Rougon-Macquart. Selon Lucas, le processus héréditaire peut aboutir à trois résultats différents : l'élection (la ressemblance exclusive du père ou de la mère), le mélange (la représentation simultanée du père et de la mère), la combinaison (fusion, dissolution des deux créateurs dans le produit). Le romancier est ébloui. L'aspect systématique de la détermination génétique le fascine. Il dresse un arbre généalogique dans lequel il établit des correspondances entre les personnages et les romans.
Il élabore sa sociologie. Le circulus social est identique au circulus vital. Dans la société comme dans le corps humain, il existe une solidarité qui lie les différents membres, les différents organes entre eux, de telle sorte que, si un organe se pourrit, beaucoup d'autres sont atteints et qu'une maladie très complexe se déclare. Elle tourne autour de quatre monde qui atteint à la candeur poétique :
Peuple : ouvrier, militaire ;
Commerçants : spéculateur sur les démolitions, industrie et haut commerce ;
Bourgeoisie : fils de parvenus ;
Grand monde : fonctionnaires officiels avec personnage du grand monde, politique ;
Et un monde à part : putains, meurtriers, prêtres (religion), artistes (art).
Il prépare ensuite un premier plan de dix romans se déboîtant les uns des autres.
La stupéfiante déglutition se déroule en même temps que l'affabulation romanesque. La colère contre le Second Empire anime Zola. Les Rougon-Malassigne seront un règlement de compte.
"La famille dont je conterai l'histoire représentera le vaste soulèvement démocratique de notre temps ; partie du peuple, elle montera aux classes cultivées, aux premiers postes de l'état, à l'infâme comme au talent. Cet assaut des hauteurs de la société par ceux qu'on appelait au siècle dernier les gens de rien, est une des grandes évolutions de notre âge..."
Maintenant, le roman doit s'incarner. L'écrivain prend de multiples notes. L'immense roman des Rougon-Macquart - le nom lui même est trouvé - est prêt. Il ne reste plus qu'à l'écrire.
Il faut trouver "le souffle". Le bâtisseur régularise son emploi du temps. Il se lèvera dès huit heures. Promenade, une heure. Puis écriture de neuf heures à une heure. L'après-midi ? Les visites, les articles, la Bibliothèque impériale. Il calcule le nombre de pages qu'il faut abattre par jour pour avoir fini dans dix ans. C'est la conception d'un artiste ouvrier, à la Courbet. "Comme si chaque page n'était qu'une distance à franchir."
En 1869, Zola débute l'écriture de La Fortune des Rougon. Le projet d'écrire l'histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire est accepté par l'éditeur Lacroix. Zola obtient un contrat fixe de 500 francs par mois à la clé. Il s'installe au 14 rue des batignolles, où il accueille un ami aixois, Paul Alexis, qui lui devint très fidèle.
Nous sommes en 1870 quand parait en feuilleton, dans Le Siècle, La Fortune des Rougon. Ce premier volume, est la base qui justifie tout l'édifice. Ce roman raconte le coup d'État du prince Louis Napoléon Bonaparte, le 2 décembre 1851, vu d'une ville de Provence, Plassans, que Zola a inventée d'après la ville d'Aix-en-Provence. À la faveur de ce bouleversement politique, les ambitions se déchaînent : deux branches rivales d'une même famille, les Rougon et les Macquart, s'affrontent, les premiers se révélant bonapartistes par calcul, les seconds libéraux par pauvreté et par envie.
Toute la structure interne des Rougon-Macquart est expliquée par la névrose d'Adelaïde Fouque, dont le père a fini dans la démence et qui, après la mort de son mari, un simple domestique nommé Pierre Rougon, prend pour amant un ivrogne, Antoine Macquart. La descendance de celle que l'on appelle tante Dide est ainsi marquée par la double malédiction de la folie et de l'alcoolisme, que l'on retrouve dans tous les volumes. Ainsi, le docteur Pascal, héros du vingtième et dernier volume, s'effraye en comprenant subitement la tragique destinée de sa famille.
Gustave Flaubert, dès la parution du premier volume, écrivit des éloges à Zola. Les critiques littéraires ne partagèrent pas tous cet avis puisque le romancier fut victime de plusieurs campagnes de presse qui dénonçaient sa littérature jugée scandaleuse.
Zola se marie le 31 mai 1870 avec Gabrielle. Le 19 juillet, il apprend que la guerre est déclarée entre la France et la Prusse. Le 5 août 1870, au plus vif du danger intérieur, dans un article intitulé Vive la France, Zola prend parti politiquement, pour la paix, en pleine mobilisation !
Le jeune marié est inculpé "d'excitation au mépris et à la haine du gouvernement et de provocation à la désobéissance aux lois". Mais l'échec de la France dans cette guerre le 4 septembre entraîne la chute du Second Empire. Zola évite ainsi des poursuites judiciaires pour ses propos anti-bonapartiste. Après avoir crié sa conviction, Zola veut s'engager. Il n'est pas admis à servir dans la garde nationale, à cause de sa myopie. Zola, inutile tandis que partent les régiments est désespéré. L'empereur part pour Sedan, la république est proclamée.
Le 7 septembre la famille quitte la capitale pour la banlieue de Marseille. Emile y retrouve Cézanne.
Les grandes cités n'obéissent pas au gouvernement provisoire. Les ouvriers cherchent la revanche de 48. Il faut vivre dans ce tumulte ou agonise un peuple. Zola retrouve Arnaud et fondent La Marseillaise. Malheureusement le journal périclite et il revend l'affaire. Alors Zola rêve de devenir sous préfet, à Aix. Mais Aix en a déjà un. Pour enlever l'affaire Zola décide d'aller à Bordeaux, le 11 décembre, au siège du gouvernement provisoire. Cependant à bordeaux règne un désordre total. Il juge vite et net.
Il n'abandonne pas le projet d'être sous-préfet. Tandis qu'il agit sur le plan gouvernemental, Zola fait intervenir ses amis. La préfecture d'Aix est peut-être libre. Mais la place vient d'être attribué. Le 19 décembre Zola n'a presque plus d'argent. Il rencontre alors Glais-Bizoin qui le prend comme secrétaire.
Le 21 décembre Zola fait venir Gabrielle et sa mère à Bordeaux. Elle n'arrivent qu'après Noël.
Après l'élection de l'Assemblé nationale, le 8 février 1871, qui siège à Bordeaux, il est engagé comme chroniqueur parlementaire à La cloche et au Sémaphore. Il ne sera pas sous-préfet, du moins en fonction.
Il regarde le cancer proliférer sur la France blessée. Dans la médiocrité des cabinets improvisés, des petites manœuvres, des petites démarches, dans la panique de la paix à tout prix, Zola sent l'ampleur du désastre.
Il s'indigne de l'ingratitude des députés provinciaux à l'égard de Garibaldi qu'on ne remercie pas. Il voit Hugo. Cette rencontre avec le dieu de son ancienne mythologie l'émeut.
Il rentre alors à Paris, pour suivre l'Assemblée qui est transférée à Versailles. Tandis que Zola fait ses valises, il apprend que l'imprimerie du Siècle a perdu l'unique manuscrit de La fortune des Rougon, en cours de publication. C'est une catastrophe, une condamnation du sort. Coup de chance, on retrouve le manuscrit oublié sur la table même du correcteur. Le 18 mars 1871, Le Siècle reprend le feuilleton.
Son travail de journaliste parlementaire, il l'assurera jusqu'au 3 mai1872, plus de huit cents articles. Il acquiert une solide connaissance du monde politique, qui lui servira pour ses romans. Pour avoir vu de près dans les équipes de journalistes ou dans les couloirs de l'Assemblée, la cuisine et les luttes entre boutiques, il ne sera jamais tendre à l'égard des hommes politiques, et, particulièrement, à l'égard des républicains qui le déçoivent.
Il a cependant de plus en plus de difficultés à faire son métier. Ses textes deviennent purement informatifs. A partir du 8 avril 1871, il ne signe plus.
Près du château, Zola voyait passer les convois de prisonniers fédérés, déguenillés, furibonds ou gouailleurs, suant la haine contre la bourgeoisie accroupie dans les palais de Louis. Cette haine le déchirait. Une partie de lui-même était pour la paix, l'acceptation de la défaite, et l'autre, la plus obscure, le faisait frère de ces indomptables que Thiers saignait en furet cruel. On les menait par groupes de cinquante chez le jeune commissaire Macé. Zola sursautait au roulement des feux qui fusillaient les captifs. Il entendait toujours une femme qui riait, hystérique.
Après ses pérégrinations picaresques dans l'envers de la guerre, Zola est fou de travail, et se remet sur les second et troisième livres des Rougon-Macquart. Entre 1868 et 1871, il n'a presque rien publié. Il s'acharne dans son pavillon de la rue de La Condamine, loué 1000 francs par an. En tricot et vieux pantalon, il écrit. Il sort peu, sinon pour se documenter ou pour ses travaux de journaliste parlementaire. Ce sont les jeudi qui éclairent sa vie car il reçoit.
Après cette période d'incubation et de documentation, Zola s'acharne à rattacher avec un seul fil toutes ces réminiscences et toutes ces impressions. Et il se met à écrire, trois, quatre, cinq pages par jour. Il pratique assez peu les ratures et les repentirs.
Les événements de la Commune, du 18 mars au 28 mai 1871, lui ont été néfastes. Il est considéré comme suspect, à cause de sa participation au journal républicain La Cloche. Alors que La Fortune des Rougon qui paraît en original chez Lacroix en octobre 1871 passe inaperçu, La Curée, qui préoccupait Zola depuis trois ans paraît en feuilleton dans La cloche en septembre 1871. Aussitôt le ballet des pouvoirs reprend. Les dénonciations s'entassent sur le bureau du Procureur. On accuse l'auteur de pornographie, d'obscénité, d'immoralité. Par décision du parquet, la parution de La Curée est interrompue le 5 novembre 1871.
Et voilà que Lacroix fait faillite, non sans devoir des sommes importantes à son auteur, qui s'est endetté et qui n'aime pas ça ! Un éditeur défaillant, deux titres parus sans succès de vente, et les autres qui attendent ! Théophile Gautier, que son jeune confrère intéresse, a parlé de lui spontanément à son éditeur, Charpentier. Pressenti, Zola va chez Charpentier mal vêtu. Gabrielle fait de fréquentes visites au mont-de-piété. Zola expose sa situation à l'éditeur, qui demande quarante-huit heures de réflexion. Il propose de prendre deux romans par an, pour 500 francs par mois, et rachète La fortune des Rougon et La Curée pour 800 francs. Mais il ne peut consentir de droits proportionnels à la vente. C'est un achat ferme de chaque roman pour dix ans.
Il se lie d'amitié avec Flaubert, Daudet et Tourgueniev. A la fin de l'année 1872, il quitte La Cloche.
En 1873, il publie le troisième volet des Rougon : Le ventre de Paris.
Le livre n'eut que deux éditions en librairie. L'auteur et l'éditeur persistèrent. Les réactions furent surtout épistolaire. Mais on assistait à la naissance du groupe de Médan avec Huysmans, Alexis, Maupassant. Dans le même temps Thérèse Raquin est joué au théâtre. Mais la pièce qui déconcerta le public ne fut pas un succès.
Enfoncé dans son œuvre, Zola ne s'intéresse plus à la peinture. Ses amis peintres ont presque tous renoncé au Salon. Toutefois il assiste à la première exposition impressionniste chez Nadar.
Il se tourne alors vers le théâtre avec Les héritiers Rabourdin, mais c'est l'échec.
En six mois, Charpentier a vendu 1700 exemplaires de La Conquête de Plassans, paru en juin 1874. Paraît également Les nouveaux contes à Ninon. Il fait la connaissance de Maupassant et de Mallarmé.
Zola doute, désespère, mais réagit en augmentant la pression. Cette année l'été est torride, mais il lui permet d'achever La Faute de l'abbé Mouret, récit d'un amour idéalisé. Ce récit paraît le 27 mars 1875, et il plaît. Le chemin du succès s'élargit. C'est la fin définitive des souci financiers. Zola se lie d'amitié avec Huysmans, Céard et Hennique.
Début 1875 Coco est au lit. Le docteur de famille ordonne la mer. En mai Zola écrit à Alexis pour chercher dans le Midi une petite maison. Il renonce, pour raison d'argent , la Normandie suffira. Ils iront à Saint-Aubin, entre l'embouchure de l'Orne et Courseulles.
Zola devient très nerveux, le travail prolongé l'irrite et le tue. Parfois il est obligé de s'arrêter quelques semaines de travailler. Il arrête de fumer brutalement, son cœur commence à battre de manière effrayante. Il publie son sixième volet Son Excellence Eugène Rougon. Ce roman qui est la clef de voûte des Rougon, restera comme l'un des livres les moins populaire.
Zola pense alors à L'Assommoir. Il traîne le long des canaux de la Villette, près de Montmartre et des chemins de fer de l'est et du nord, et la Goutte-d'Or surtout. Il relève les plan d'un bâtiment qui sera celui de Gervaise, il visite un lavoir. Il croise des filles en chignon qui portent des paniers d'osiers, les compagnons serruriers sont en bourgeron bleu, les maçons à cotte blanche et les peintres en blouses. L'hiver s'avance. Il imagine l'intrigue, cherche sa fin. Ce roman relate la déchéance d'une honnête blanchisseuse, Gervaise Macquart.
Le manuscrit terminé, Zola n'avait pas tellement confiance. Il encouragea Guyot, rédacteur en chef du Bien Public de publier son roman. Meunier le patron du journal accepta. On traita pour 10000 francs. La publication commença le 13 avril 1876. Aussitôt les protestations affluèrent. Sous la pression des abonnés le feuilleton est suspendue. Le roman sera finalement édité en Belgique par Catulle Mendès qui en rachète les droits. Et c'est le triomphe.
Après L'Assommoir, les journaux offrent 20 à 30000 francs par feuilleton. Paru en librairie en février 1877, on en vend aussitôt trente-cinq éditions. Charpentier déchire alors le contrat qui le faisait le seul bénéficiaire du succès et remet son auteur au pourcentage sur la vente. Il lui donne 18500 francs. Autant que la totalité des droits des livres précédents.
Du jour au lendemain, Zola devient l'écrivain français le plus célèbre. Il quitte Le Sémaphore et déménage pour s'installer plus confortablement au 23 rue de Boulogne. Il devient le chef de file des naturalistes.
Le 9 août 1878, il acquiert, pour 9000 francs, une maison sur les bords de la Seine à Médan (dans les Yvelines)"une cabane à lapins" à laquelle il ajoutera deux ailes, grâce au droits d'auteur de L'Assommoir. Cette maison à Médan, servit de refuge aux naturalistes. Il était en effet devenu un maître à penser pour une nouvelle génération de romanciers. Entre 1877 et 1880, les plus fidèles de ses visiteurs furent Huysmans, Guy de Maupassant, Henri Céard, Léon Hennique et Paul Alexis. De ces réunions naquit un livre collectif (les Soirées de Médan, 1880), recueil de nouvelles écrites par chacun de ces écrivains, qui constitue une sorte de manifeste appliqué du naturalisme. La nouvelle de Zola avait pour titre l'Attaque du moulin; celle de Maupassant, Boule-de-Suif, rendit son auteur célèbre à trente ans.
Avec l'Exposition Universelle de 1878 coïncidait la présentation d'une nouvelle œuvre. Il avait troussé en trois semaine, en 1876, une pièce drôle, Le Bouton Rose, cocuage écrit pour le Palais-Royal, que Plinkett avait refusé. Le succès de L'Assommoir avait fait changer d'avis le directeur et on avait mis la pièce en répétition. Le public de la première attendait de la comédie naturaliste dont Zola vantait les vertus. Il fut offusqué par une pochade vaudevillesque où des officiers d'opérette chantaient, autour d'une cantinière court vêtue, les couplets du petit tonneau. Il fera le point de ses fâcheuses expériences en publiant, le mois suivant son théâtre.
Pour Zola, l'été 1878 arrive après une année chargé. Une page d'amour a été lancée d'abord en feuilleton, dans Le Bien public, du 11 décembre 1877 au 4 avril 1878, puis en originale dans la Bibliothèque Charpentier, en juin 1878.
Parallèlement à l'œuvre, la maison de Médan et l'appartement parisien prennent de l'importance. Zola et sa femme courent les antiquaires chacun de son côté.
Zola connaît enfin le succès théâtral grâce à l'adaptation de L'Assommoir qui fait courir Paris. La première a lieu le 18 janvier 1879.
Fin septembre 1879, Jules Laffitte, directeur du Voltaire, a demandé Nana, pas encore terminé. Le roman raconte l'ascension sociale et le déclin d'une prostitué et la publication commence le 16 octobre 1879. Une débauche de publicité lance l'ouvrage. En mars 1880, Charpentier vendait, dès le premier jour, à compte ferme 55000 exemplaire et donnait l'ordre de tirer dix éditions supplémentaire.
Le 17 octobre 1880, à six heures et demie du soir, Mme François Zola mourrait. Elle s'était éloignée depuis quelques temps, d'elle-même. Tout cet hiver, Zola s'enferma dans sa campagne. Il parlait à peine à sa femme. Ce fut sans doute leur plus sombre année avec également les décès de Flaubert et Duranty.
Zola connaît le succès depuis quatre ans. Le romancier est en passe de devenir millionnaire.
Cinq recueil critiques voient le jour entre 1881 et 1882 : Le Roman expérimental, Les Romanciers naturaliste, le naturalisme au théâtre, les documents littéraires et Une campagne auxquels se joindront deux recueils de nouvelles, Le Capitaine Burle (1882) et Naïs Micoulin (1884).
Au printemps 1882, il rêve à La Bête humaine. Pot-Bouille paraît en janvier. Le 26 son auteur est assigné par un nommé Duverdy. Il existe un Duverdy dans son roman. Zola est condamné à changer le nom de Duverdy et est condamné au tribunal civil.
Zola achève Au bonheur des dames qui mêle une histoire d'amour à celle d'un grand magasin, confirmait l'intérêt de Zola pour les nouvelles formes de production et de diffusion des biens et plus généralement pour les questions économiques et sociales et qui est édité le 2 mars 1883. La joie de vivre paraît en novembre 1883. Zola a travaillé à ce roman sans arrêt du 25 avril eu 23 novembre. Entre temps les Zola passent leurs vacances d'été à Bénodet.
Zola se met alors au travail pour écrire Germinal. Alerté par Alfred Giard, il se rend à Lille en février 1884, où une grève doit éclater.
Quelle fortune d'être sur place quand l'événement se produit ! Cependant, les mineurs sont méfiants; Giard doit présenter le romancier comme son secrétaire.
A Denain, en face des corons Jean-Bart, Zola entre dans l'estaminet d'Emile Basly.
Zola est saisi. Il sent quelque chose de grand qui se passe. Il parle longuement avec ce mineur évolué que la compagnie a chassé et qui s'est mis dans la limonade. Zola l'interroge. La mécanique de baisse des salaires camouflée par le boisage. Zola s'informe aussi du côté du patronat.
Il descend dans la fosse Renard, accompagné de l'ingénieur Dubus. A cinq cents mètres sous terre, bedonnant et soufflant, il retrouve l'univers de ses angoisses. Taupe halluciné par la réalité sociale après l'angoisse d'adolescence, il circule dans son propre désespoir.
Zola va alors accumulé des centaines de pages de notes
A ce moment là, Zola pèse près de quatre-vingt-quinze kilos. Il a une peur bleue du diabète. En Août au mont-d'or, il marche tant qu'il peut. Il prend des bains de vapeur. Mme Zola fait sa cure. Sa santé est de plus en plus mauvaise et son humeur s'en ressent. Tout le siècle se lave les viscères dans ses étranges villes d'eau pompéiennes. En janvier 1885 Zola a terminé Germinal. C'est un énorme succès, Zola atteint les sommets de la littérature française, il peut se placer aux côtés de Flaubert, Stendhal ou Balzac.
L'été 1885 et tout l'hiver, Zola travaille sur L'œuvre. A Médan, Cézanne est venu. Paul faisait des confidences. Il était amoureux d'une femme rencontré à Aix.
L'œuvre paraît. Le public prévenu, attend un roman à clef sur l'impressionnisme et ses scandales. Dans les premiers jours d'avril 1886, Zola et Cézannes se sépare. En effet Cézannes qui vacille entre des périodes d'euphorie et des périodes de désespoir, se reconnaît dans le personnage principal, Claude Lantier, qui se suicide. C'est la fin d'une longue amitié.
Depuis février il a commencé La Terre. Entre le 3 et le 11 mai, il effectue un bref séjour dans la campagne, en Beauce, pour rassembler des informations sur la vie des paysans. La Terre est publié en 1887. Cette publication soulève un véritable scandale. Emile est renié des Goncourt. Il part en vacances à Royan pour écrire Le Rêve, en espérant calmer les ardeurs. C'est un roman atypique écrit dans une veine plus intimiste et paisible qui fut sans doute inspiré à l'auteur par sa liaison avec Jeanne Rozerot et ses deux enfants.
Au printemps 1888, Zola travail à Médan, à la future Bête humaine. Zola, qui atteint les cent kilos, décide de suivre un régime. En dix mois, il va perdre 25 kilos. Pourquoi ce changement ? Zola était amoureux de Jeanne Rozerot, lingère que Coco Zola avait engagée. Il se produisit entre Emile et Jeanne ce qui s'était produit, un demi-siècle plus tôt, entre Francesco Zola et Emilie Aubert.
Il publie Le Rêve. Ce roman est plus intéressant par rapport à la vie sentimentale de son auteur qu'en lui-même. Il est arrivé à Zola une formidable aventure. Pour se détendre de ses Rougon et pour faire plaisir à Georgette Charpentier, la fille de son éditeur, qu'il aimait beaucoup, pour contraster avec les noirceurs de La Terre et La Bête humaine, un homme gras, essoufflé, morose et seul, a imaginé Angélique comme il avait imaginé antérieurement la Denise du Bonheur des dames.
Le 14 juillet 1888, il est fait Chevalier de la Légion d'honneur
A l'automne Zola installa Jeanne rue Saint-Lazare. Mais les amoureux sont d'une imprudence qui frise la volonté de s'afficher. Coco est prévenue par lettre anonyme et devient folle de rage. Zola est quant à lui tiraillé entre les deux domiciles, où il vit avec une épouse qui lutte avec la plus insigne maladresse, et le jeune nid de la rue Saint-Lazare.
La présence d'une Jeanne pourtant des plus discrètes va accuser l'orientation de l'œuvre du romancier loin du naturalisme, vers l'idéalisme qui en est le contrepoint. Pour Zola, l'entrée en scène de Jeanne coïncide avec le déclin du naturalisme dont le manifeste des Cinq a sonné le glas. Zola accélère sa révolution physiologique. Exactement, il change de peau.
Le conflit qui oppose Zola et sa femme s'agrandit de jour en jour. Emile cherche donc une solution pour se "débarrasser" de Jeanne. Mais à chaque fois un fait nouveau l'en empêche. Le plus grand est la naissance de sa fille Denise le 20 septembre 1889. Il va alors se partager entre cette naissance et les problème de santé de sa femme.
Peu à peu , la fureur de Coco se canalise. Elle pousse son mari à s'installer dans un appartement plus grand, 21 bis rue de Bruxelles. La femme bafouée va se rattraper sur son personnage social.
Le 1er mai 1890, il effectue sa première demande d'entrée à l'académie française, qui se solde par un échec (il sera candidat vingt-cinq fois entre 1890 et 1897 date du début de l'affaire Dreyfus, où il ne sera plus question de l'habit vert). Il publie cette année là son roman très noir La Bête humaine.
Il entre, le 9 février 1891 à la Société des Gens de lettres avec Halévy et Daudet comme parrain. Deux mois plus tard, l'assemblée générale l'élit membre du comité qu'il présidera du 20 mars 1892 au 8 avril 1894. Cette activité professionnelle devait aussi servir sa campagne académique mais sans succès.
En avril 1891, Zola voyage dans les Ardennes pour y prendre des notes, faire des rencontres et suivre le trajet que les soldats avaient effectué entre Châlons et Sedan, où ils furent vaincus pour son roman La Débâcle.
Juin 1891 Le Rêve est joué à l'opéra comique. Le 25 septembre, Jeanne donne un deuxième enfant à Zola : Jacques. La même année paraît L'argent. L'année suivante, il publie La Débâcle. Les militaires accusèrent immédiatement Zola d'antipatriotisme et de défaitisme. Mais bientôt les attaques s'éteignirent, faute d'aliment et d'écho. L'armée digéra en silence La Débâcle. Mais l'humiliation ressentie était profonde. Quand Zola s'offrira à ses coups, elle s'en souviendra.
Rentré de Lourdes, après un séjour du 20 août au 1er septembre 1892, Zola loue à Cheverchemont, près de Médan, une maison où Jeanne et les enfants passeront les mois d'été. Pourtant, l'équilibre viendra à force d'usure. Coco consentira, non sans pleurer souvent. Dès lors, Zola travaillera le matin rue de Bruxelles et ira retrouver Jeanne dans l'après-midi.
Le 15 mai 1893, il achève Le docteur Pascal. Le 21 juin, ses éditeurs, Charpentier et Fasquelle, organisèrent, pour célébrer l'achèvement du cycle, un grand banquet qui rassembla deux cents écrivains et artistes. Cette vaste somme romanesque transpose sur le plan littéraire les grands changements structurels de la seconde moitié du XIXe siècle, liés à la naissance de l'âge industriel : l'émergence des masses, le développement des grandes villes, l'essor du capitalisme conquérant. Mais, davantage que sa valeur de témoignage (réelle) et sa validité scientifique (tout à fait discutable), c'est la justesse du ton et les dimensions titanesques de l'œuvre qui impressionnent d'abord le lecteur actuel. La principale qualité de cette œuvre, que l'auteur voulait scientifique et réaliste, reste paradoxalement la puissance évocatoire du style, la force et la cohérence de l'imaginaire qui la nourrit, conférant à cette fresque sociale un caractère mythique ainsi qu'une vraie dimension épique et visionnaire.
Le 13 juillet il se fait sacrer chevalier de la légion d'honneur. En septembre, Zola va à un congrès de la presse à Londres.
Zola, qui n'a plus assez de temps probable à vivre pour entreprendre une tâche aussi important qu'il vient d'achever, se sent encore trop fort pour abandonner. Il est condamné à faire plus grand en faisant plus court. La machine de l'œuvre l'emporte sans frein.
Il reprend son idée de cycle et trouve son sujet avec Les Trois Villes, cette nouvelle religion qu'il veut incarner, dans la famille spirituelle de Rousseau et du Hugo du testament. C'est en 1891 et 1892 qu'il a "découvert Lourdes". Il y recueille des témoignages. Il rencontre des docteurs, la famille de Bernadette Soubirou, une photo de celle-ci "à genoux, en robe noire, un foulard noué sur les cheveux". Le premier volume intitulé Lourdes paraît en 1894.
Le 30 octobre 1894, il part pour Rome. Il est reçu par le pape Léon XIII. En décembre, il est à Venise. Pendant ce temps, le capitaine Dreyfus est condamné à la réclusion perpétuelle pour avoir livré des renseignements à l'Allemagne. Il écrit successivement Messidor, Rome et Paris qui paraîtront respectivement en 1895 1896 et 1897.

Biographie d'Emile Zola (Partie II)

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