L’histoire
John, la petite trentaine, vit avec son petit ami depuis ses 20 ans. Après une rupture, il se retrouve dans une situation très inattendue : il se sent pour la première fois attiré par une femme qu’il a rencontrée sur le chemin du travail… Il sent que cette nouvelle relation pourrait se transformer en quelque chose de solide et de durable. Mais bien qu’il ait de vrais sentiments pour cette femme, John est à plusieurs égards toujours étroitement lié à son ami. Il doit maintenant faire un choix et ce choix est terriblement douloureux car il l’oblige à se définir. Cette situation le tétanise et le réduit au silence. Il doit pourtant décider de la direction que prendra sa vie. La situation est poussée à son apogée dans une scène finale, drôle et dérangeante, où John invite cette femme à manger chez son ami en présence du père de celui-ci, l’ambiance est atrocement inconfortable alors que tous attendent le verdict de John avec sur la table un rôti de bœuf qui n’en finit pas de refroidir.
NOUS Y ÉTIONS,
HIER SOIR
Voici une très, très, belle pièce d’un auteur anglais volubile et moderne qui jette un regard sans préjugés sur la sexualité masculine, et sans exhibitionnisme non plus. Tout reste dans la mesure et une certaine retenue. Bravo, le sujet aurait pu vite déraper. Au contraire, alors que le début de la pièce est un peu inquiétant, on s’attache soudain aux quatre comédiens qui mènent leurs approches avec beaucoup de pittoresque et d’honnêteté. C’est presque aussi captivant qu’un vaudeville, mais c’est bien plus.
Beaucoup de nuances, alors que les personnages semblent être un peu des archétypes. Seuls éléments du décor, les terrasses en escaliers sur lesquelles ils évoluent sont autant de points de vues différents, de rapports de forces à géométries variables… et permettent une mise à nu très respectueuse et subtile de chacun. Quatre interprétations vigoureuses, en bleu, rouge, blanc, et mélanges de vert camouflage pour John l’indécis. Il a tant de mal à se dire, il est torturé par ses incertitudes tandis que sa faiblesse tyrannise les deux amours de sa vie. Tout le monde souffre. Pour lui, le choix – c’est mourir un peu –, une douloureuse épreuve, comme pour Hamlet ou Le Cid… ou le John du Meilleur des Mondes.
Mais quelle idée de s’attarder indéfiniment sur la recherche de son identité véritable quand on peut trouver comment nous sommes, et comment on se relie aux autres ? La jeune femme divorcée pleine de tendresse pour John rêve ses rêves de vie et l’invite au voyage. Difficile de ne pas citer Baudelaire :
- Qui aimes-tu, homme énigmatique, | |
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- Tes amis ? | |
- Vous vous servez là d'une parole dont le sens |
John dit lui-même qu’il n’est qu’un trophée contre la solitude, le vide et l’ennui de son ami, son frère… mais il lui manque le courage et la volonté de choisir la relation où il pourra exister et être respecté. Démuni, tout entier dans la faiblesse humaine, il est victime des étiquetages pour supermarchés.
Sera-t-il maudit ? Qui ne dit mot … consent : l’adage sera-t-il vérifié ? Ou bien sa résistance silencieuse marquera-t-elle la souffrance indéfinie et muette de celui qui est dans l'absence?
Avez-vous deviné le titre de la pièce ?
Indice : http://www.poche.be/saison1011/cock/index.html
25 Septembre 2010 >> 23 Octobre 2010 Traduction Xavier Mailleux - Mise en scène Adrian Brine assisté de Xavier Mailleux - Avec Christian Crahay, Cédric Eeckhout, Grégory Praet, Erika SainteDu mardi au samedi à 20h30 Réservations : 02/649.17.27 - reservation@poche.be -
Commentaires
Plus Matronnant que nature,
De lui deMander avec insistance
De bien rentre les coussins de la terrasse
Et d'éteindre les luMières.
La luMière. Pauvre John ...