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administrateur théâtres

cover.asp?id=108Passé constitutif, présent douloureux, futur absent.

 

Ils sont vêtus de la  couleur des oiseaux du ciel. L’une sobre et sombre, l’autre en livrée colorée. Ils sont en proie à la roucoulade finale. Ce dont se passent les oiseaux véritables.   

"Davantage de lumière"! aurait dit Goethe à l'instant où il a glissé dans la mort. Une demande permanente pour une humanité en proie aux délires de l'obscurantisme et de l'obscurité. Mais une demande essentielle que nous seuls pouvons satisfaire en allumant tous les feux que l'amour est capable de faire briller… Mais Stan n’y croit plus. Y a-t-il jamais cru?

Plus de doute possible, il s’est engagé dans une certitude mortifère. Le défi  orgueilleux de cet homme est d’éteindre le soleil. Et c’est lui qui  éteindra la lumière en sortant. Dont acte. Il joue au loup troublé par l’eau que l’on boit  six pieds  au-dessous de lui. Il simule une péroraison assassine, muni de mots qui cognent, armé d’une baïonnette. Il dévore et  lape maladroitement  le  corps et l' âme de sa compagne mise à nu. Quelle arrogance, celle qui lui fit dire: « Tu dois envisager que tu n’es plus aimée par moi ! » Les messages « tu » tuent.    

Stan a tout misé sur le désir, hors celui-ci , pour lui, il n’y a absolument  rien. En lui, il n’y a plus rien. Lumière éteinte, que sera-t-il? Il ne sera plus prisonnier!  Il rêve d’une autre peau, d’une autre bouche, d’autres bras… Il ose proférer ces paroles  et s’effondre dans son néant. La chute d’Icare. Magnifiquement incarnée par Pietro Pizzuti.

Face à lui: Audrey,  la force perplexe du silence.  La force de l’écoute absolue, avec le yoga des yeux, les respirations profondes, la télépathie, l’immobilité, les soupirs involontaires, le regard éperdu de la victime qui absorbe sans broncher.  Elle a le corps de l’enfant que les parents condamnent et qui n’ose répondre, celui de la domestique renvoyée comme une malpropre, celui de  la  sorcière condamnée d’avance, celui de la collaboratrice mise en jugement devant un conseil d’administration… Sandrine Laroche est extraordinaire dans son silence prolongé. Elle dit plus dans son silence résigné,  que son compagnon qui cherche ses mots et n’arrive pas à dire ni la rupture, ni la condamnation de l’amour puéril et éternel. Elle est prostrée, la tête droite, le dos au mur, les yeux pleins de larmes.    

Il lui a interdit de l'interrompre. Elle a été héroïque. Enfin vient son tour. La femme peut enfin s’exprimer. Elle  reprend méthodiquement chacun des arguments qu'il lui a servi et les réfute avec une puissance ou une impuissance tranquille. Maintenant que la parole est à la défense, Stan  entend  ses propres mots qui meurent dans des flaques de sang. Il voudrait se fondre dans les murs. Il ne peut la regarder en face, il a  le dos tourné,  les bras ballants, les yeux sur les chaussures, bientôt le visage rentré en position fœtale, vidé de toute substance.

Elle conclut que s'il affirme avoir tout perdu, elle gardera tout : le 1er, le 2e le 3e enfant, et son absence, et tous ces moments « que tu veux oublier » ! Elle part la première, sublime et digne, emportant avec elle la richesse de sa vie intérieure qui ne l'a jamais quittée. Dans un dernier geste muet, il éteint la lumière.

La mise en scène est syncopée, abrupte, rude et glacée. Les murs du Théâtre de la Vie vibrent sous  la  violence  textuelle. Le chaos affectif résonne sur un  plateau  vide de tout accessoire. Un pilier ou un banc pour se rattraper, un escalier de fer pour s’évader.   Le combat  singulier lexical  et sexuel est une joute de haute voltige, incarnée par un comédien et une comédienne exceptionnels,  tous deux aussi malheureux, l’un que l’autre.  Stan se compare à Zeus sans doute, puisque Audrey est Héra…  L’Olympe, comme le monde des hommes,  est  pris dans les glaces de la non-communication. Le désamour est inexorable et la question de l'auteur se retrouve au fond du filet: « Mais au fond qui aime t-on quand on aime?» 

Au Théâtre de la Vie 
Rue Traversière 45, 1210 Saint-Josse-ten-Noode
  • CLÔTURE DE L'AMOUR
  • SANDRO MABELLINI / PASCAL RAMBERT
  • création

 

Un homme prend la parole longuement pour expliquer à sa compagne qu'il la quitte. Il évoque leur séparation parle de l’avant et du maintenant. Celle-ci se tait. Elle attend muette la fin de ce monologue qui semble progressivement tout détruire sur son passage. Et puis, elle s'exprime. Enfin.


Deux regards, deux silences, deux paroles pour dire la violence d'un amour qui meurt.


Sandro Mabellini vit et travaille entre la Belgique et l’Italie depuis 2012. Il a développé sa recherche théâtrale sur les dramaturges contemporains. Avec le texte de Rambert, il nous plonge dans ce fleuve ininterrompu des mots, des questions-réponses qu'on enchaîne, la respiration bloquée, dans une sorte de marathon entre peur et libération. Au cœur de ce moment douloureux, comment dire une histoire qui mène inexorablement à la rupture et, peut-être, à l'aventure d'une autre vie.

 

Vidéo de présentation



Interprétation : Sandrine Laroche et Pietro Pizzuti (www.pietropizzuti.be) / Mise en scène : Sandro Mabellini / Assistanat à la mise en scène : Serena Galante / Texte : Pascal Rambert / Création lumière : Nicolas Marty

 


Une création de Inoutput asbl en coproduction avec le Théâtre de la Vie.


 

 


Rencontre après-spectacle avec l’équipe de création le 09 décembre.

 

Durée du spectacle : 1h45

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Commentaires

  • administrateur théâtres

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  • administrateur théâtres

    Bonne année à tous!!! Une année de fraternité avec ceux qui fuient la mort ou la torture. Une année pour éradiquer la parole politicienne hypocrite et démagogue. Une année pour démasquer le mensonge. Et pour réfléchir ensemble en grand questionnement de sens, voici ce double cris d’amour sur la fin de l’amour entre deux êtres que l’amour a fondés et prolongés comme un hymne à la fragilité humaine: «Clôture de l’amour» est le texte lumineux de Pascal Rambert, Sandrine Laroche et moi l’interprétons, Sandro Mabellini nous a mis en scène. Après l'avoir joué au Théâtre de la Vie la saison dernière, c’est Philippe Sireuil qui nous invite cette année au Théâtre des Martyrs - et qui nous éclaire au propre comme au figuré -  

    Au théâtre des Martyrs du 11 au 20 janvier et du 30 janvier au 10 février.

     Nous jouons au Théâtre de Namur du 23 au 27 janvier. À très vite...

  • administrateur théâtres

    Un homme prend la parole longuement pour expliquer à sa compagne qu'il la quitte. Il évoque leur séparation parle de l'avant et du maintenant. Celle-ci se tait. Elle attend muette la fin de ce monologue qui semble progressivement tout détruire sur son passage. Et puis, elle s'exprime. Enfin.

    Deux regards, deux silences, deux paroles pour dire la violence d'un amour qui meurt.
    À la question : « Qui aime-t-on quand on aime ? », l'auteur Pascal Rambert n'apporte pas de réponse toute faite. Il circule dans les possibles. Il ne refuse pas les poncifs qu'utilisent, au moins une fois, ceux qui se séparent, qui cherchent les raisons du désamour, qui réécrivent les souvenirs, les enjolivent, avant de tout détruire par quelques phrases assassines.

    Dans l'univers de Rambert chaque mot devient - de la première lettre à la dernière - un monde abouti et plein. Ce sont des couteaux. 
    Des lames brillantes préparées. Enclenchées. Armées. Soigneusement rangées. Prêtes à être sorties en ordre. Des mots dans l'ordre : dans leur aspect premier, secondaire, tertiaire. En toute objectivité frontale et froide. Là, devant la bouche. Portés par la puissance nerveuse et sèche du corps.

    L’image contient peut-être : une personne ou plus, gros plan et plein air

    JEU Sandrine Laroche, Pietro Pizzuti
    LUMIÈRES Nicolas Marty
    RÉGIE Cristian Gutiérrez
    ASSISTANAT À LA MISE EN SCÈNE Serene Galante 
    MISE EN SCÈNE Sandro Mabellini

    COPRODUCTION Inoutput | Théâtre de la Vie
    Réalisé avec l'aide de la Fédération Wallonie - Bruxelles - Direction du Théâtre


    DATES
    Les représentations auront lieu du 11 janvier au 10 février 2018. 
    Les mardis et samedis à 19h00, les mercredis, jeudis et vendredis à 20h15, les dimanches 21.01 & 04.02 à 16h00.

  • administrateur théâtres

    Sandro Mabellini concentre la pièce de Pascal Rambert dans le duo déchiré de Pietro Pizzuti et Sandrine Laroche. Chronique en deux temps d’une rupture implacable, sur le plateau nu du Théâtre de la Vie. Critique.
    Avignon, salle Benoît XII, juillet 2011. On découvre la pièce de Pascal Rambert (plusieurs fois primée depuis, abondamment traduite aussi), taillée sur mesure pour Stanislas Nordey et Audrey Bonnet, chaque personnage portant le prénom de son interprète. Dans la mise en scène de l’auteur, et avec ces grands comédiens, la forme prend le pas sur le verbe qu’efface l’emphase de la déclamation.

    Cette version originelle est reprise, du 14 au 17 décembre, au Théâtre de Gennevilliers (T2G, en région parisienne) que dirige le dramaturge depuis 2007 et qu’il quittera bientôt, ce dont il s’explique dans un entretien à “Libération”.

    Cependant, à Bruxelles, depuis le 6 décembre a éclos au Théâtre de la Vie une mise en scène neuve de “Clôture de l’amour”, par Sandro Mabellini. Vivant en Belgique, travaillant entre la Belgique et l’Italie, il a été formé comme metteur en scène par Luca Ronconi et comme performeur avec la Socìetas Raffaello Sanzio de Romeo Castellucci. Joli pedigree pour celui qui, côté mise en scène, s’est fait une spécialité des auteurs contemporains, dont Wajdi Mouawad, Joël Pommerat, Martin Crimp, Jon Fosse, Patrick Marber.

    Pascal Rambert (récent lauréat du prix du théâtre de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre) entre donc dans ce parcours, et d’assez magistrale manière.

    Pizzuti-Laroche, duel magistral

    Stan et Audrey, ici, sont interprétés par Pietro Pizzuti et Sandrine Laroche. Dans leur histoire d’acteurs, il y a des collaborations (“Notre-Dame de Paris” et “La Belle au Bois dormant” à Villers-la-Ville), le Conservatoire de Bruxelles, et un grand homme de théâtre, Pierre Laroche, qui fut le professeur de l’un, qui était le père de l’autre.

    Le plateau est nu, la lumière constante, un simple banc longe la diagonale de briques. Ils sont arrivés ensemble mais déjà distants, se sont débarrassés en silence, ont accroché veste, écharpe, manteau, sac. Aussitôt il s’échappe, gravit l’escalier, redescend à demi, jette ses premiers mots d’en haut. Elle écoute, elle encaisse.

    “L’amour est une secte, et soudain le monde s’ouvre, et ce soudain, c’est aujourd’hui.” - Stan
    Structurée en deux monologues distincts, la pièce alterne la géométrie émission-réception. C’est lui d’abord qui dit, qui déroule comme une phrase sans fin avec les hésitations, les répétitions, les reprises, les imprécisions, les précipitations du quotidien. Qui dit la fin de l’amour, la mort du désir. Et ce que cette fin elle-même, ainsi énoncée, dit de ce qui fut, de ce qui n’est plus, de la douleur et de la chair et de l’âme. Sa logorrhée est un flux tendu, un flot tempétueux, un constat d’échec. Ses mots, projectiles imparfaits et tranchants, s’élancent et se bousculent vers elle. La décrivent, l’invectivent, la terrassent. Enfin se tarissent.

    Rapport inversé

    Elle est là. Le langage – son poids, sa forme, sa conscience, dont naguère ils jouaient ensemble – désormais campe de son côté. Elle ne répond pas. Elle questionne et affirme, accuse le coup et affronte. “Où sommes-nous quand nous aimons ? et quand nous n’aimons plus ?” Elle détruit à son tour, puisque plus rien ne tient debout. Elle esquisse un pardon. Elle tire un trait sans gommer leur histoire, leurs émois, leurs jouissances, leurs projets maintenant anéantis. Il la quittait. Elle s’en va.

    Et le noir du théâtre résonne encore de ces mots, de ces maux, portés avec une puissance et une retenue peu communes. Marie Baudet

  • administrateur théâtres

    http://next.liberation.fr/theatre/2016/12/08/pascal-rambert-au-thea...Un post-ado tête à claques, fier de ses assertions provocantes et de ses tics esthétiques (néons, jeans et sneakers sur chaque plateau), un metteur en scène «post-dramatique» pour hipsters du Palais de Tokyo, bref, le pur produit d’un académisme d’avant-garde jeuniste et arrogant… C’était en gros le portrait-robot à l’acide qu’une partie du milieu théâtral français adorait faire de Pascal Rambert au moment où l’on annonçait sa nomination à la direction du Théâtre de Gennevilliers-Centre dramatique national (CDN), dans les Hauts-de-Seine, en succession de l’«ère» Bernard Sobel. Nous étions alors en 2007, et Pascal Rambert se remettait à peine d’une violente controverse esthétique dont sa pièce After/Before avait été le point nodal lors de la 59e édition du Festival d’Avignon. Dix ans plus tard, les contempteurs seront peut-être chagrinés de l’admettre : l’ardoise a changé. Entre-temps, le metteur en scène et réalisateur à la cinquantaine winneuse et décontractée est devenu l’un des artistes de scène les plus sollicités à l’international, de Taipei à New York en passant par Le Caire ou Zagreb. Il est également l’auteur d’un blockbuster, Clôture de l’amour, multiprimé et traduit en plusieurs langues. /.../

  • administrateur théâtres

    Un Combat sans merci

    Pascal Rambert a écrit "Clôture de l’amour" pour Stanislas Nordey et Audrey Bonnet : "Ayant déjà travaillé avec Audrey, j’avais son physique en tête et des sonorités dans l’oreille. Pour Stanislas, j’ai puisé à ce que je savais de lui dans la vie." Créée par les deux comédiens au festival d’Avignon 2011, la pièce a remporté un succès retentissant, qui a fait tache d’huile. On l’a montée un peu partout en Europe, à New-York, au Japon et en Chine. Même si elle a été écrite "sur mesure", cette scène de rupture, vécue par d’autres acteurs, bouleverse des publics très différents par sa puissance émotionnelle.

    Ils sont entrés en silence, sur ce plateau nu. Brusquement, Stan se précipite dans l’escalier et du balcon, qui surplombe la scène, lance : "Je voulais te voir pour te dire que ça s’arrête." Sur son banc, Audrey encaisse. Pendant quarante-cinq minutes, dans un flot ininterrompu de mots qui se cherchent, Stan s’acharne sur leuramour agonisant. Pris dans le "filet" d’Audrey, il ne supporte plus son emprise étouffante, il n’a plus envie d’être dans son regard. Comme tout le monde, il a rêvé d’ensoleiller leur vie de projets, jusqu’à leur mort. Il y a cru. Ce n’est plus possible. "Mon amour" est devenu une formule vide. "Je te regarde et je n’ai plus de désir." Peut-être qu’une autre peau, une autre bouche, d’autres bras le ranimeront. Les reproches, les mots vengeurs se mêlent aux doutes et au désarroi. Mâle dominant, Stan semble parfois affecté par ses propos vindicatifs. Pour relancer cette guerre de tranchées, il se gargarise de métaphores comme : "Nous sommes des appareils amoureuxsophistiqués, à programmation courte, et nous ne la savions pas."

    Le nettoyage de la scène marque la fin du premier round. Réduite au silence, Audrey a esquissé quelques désapprobations, retenu ses larmes. Mais quand enfin elle parle, c’est un fauve blessé qui contre-attaque. Avec la violence d’un boomerang. Ecoeurée par cette logorrhée puante, elle ridiculise l’obsession de tout "reparamétrer" et méprise ce "déserteur, qui n’avait pas la carrure pour notre amour". Tirades cinglantes, mots crus pour démonter ses arguments et dénoncer sa vanité, son immaturité et son égoïsme. Sans se soucier de leur sort, il tient à ce que les trois enfants conservent une image positive de leur père. Audrey, elle, les gardedans son coeur. Comme elle garde l’absence de Stan et les moments de bonheur, qu’il prétend oublier. Pour parer les coups précis et appuyés, Stan lui tourne le dos, puis se recroqueville et finit par s’écrouler.

    Par une mise en scène sobre, Sandro Mabellini souligne intelligemment le décalage entre les personnages. Deux styles différents pour achever un amour moribond. Dans la peau de Stan, Pietro Pizzuti traque constamment la précision. Il se reprend, bute sur une répétition, claironne une phrase grinçante, se tait un instant et se replonge dans ce fleuve de mots. Possédé par ce monologue fiévreux, tout son corps vibrionne. Sandrine Laroche incarne une femme meurtrie mais forte : elle puise dans sa douleur une énergie qui la rend impitoyable. Son ironie acerbe fait mouche. Fière, elle interdit à Stan de juger son travail et le poignarde en lui lançant : "J’espère que tu as une vie intérieure."

    Au milieu de son monologue, Stan reconnaît qu’il verrait bien le public quitter la salle. On a effectivement l’impression de jouer les voyeurs, témoins d’un règlement de comptes insupportable. Quand cessera-t-il ? La pièce redevient passionnante quand Audrey, acculée à l’attaque pour mieux se défendre contre son abandon, sort de son silence. Exploitant efficacement la langue sophistiquée et brutale de Pascal Rambert, deux grands comédiens se déchirent dans un combat sans merci. Un combat qui nous interroge sur l’essence de l’amour.

    Jean Campion

  • administrateur théâtres
    "Clôture de l’amour"

    De Pascal Rambert, mise en scène de Sandro Mabellini. Avec Sandrine Laroche et Pietro Pizzuti.
    4/5
    Jusqu’au 17 décembre au Théâtre de la vie à Bruxelles, www.theatredelavie.be, 02 219 11 86.

    Elle, vestale sculpturale, ne dit rien. Elle est dans les cordes, sonnée par les uppercuts, les directs qui pleuvent de partout. Un balayeur survient et nettoie les taches invisibles, le sang incolore que les mots ont laissé.

    © Andrea Messana© Andrea Messana

    A son tour, Audrey quitte son coin, laisse les larmes, prend les armes, sans prendre de gants, le prend "aux mots". Elle le frappe par sa grossièreté, là où il fut vulgaire. Elle l’attaque, bille en tête: il a détruit leur amour, elle va le détruire… Stan lui tourne le dos, tente d’éviter les coups alors qu’elle détricote son discours poing par poing. Ils sont parvenus ensemble au septième ciel: leur paradis perdu, les voici seuls, chacun en enfer. Et c’est Eurydice pourtant qui cette fois tente encore en vain de sortir le narcissique Orphée du monde des amours mortes.

    Ils sont parvenus ensemble au septième ciel: leur paradis perdu, les voici seuls, chacun en enfer.

    "Clôture d’un couple", un texte fort, puissant, corporel de Pascal Rambert, cette litanie des vieux amants, cette lutte entre le souvenir par l’objet et celui par le moment, qui dit l’amour qui a été et qui n’est plus, les corps qui ont vibré et qui sont des cadavres inertes, les friponneries délicieuses de Fragonard qui s’écaillent pour révéler des natures désormais… mortes.

    Il est porté, soulevé même, par deux boxeurs dans la mise en scène limpide de Sandro Mabellini, deux duellistes jouant du verbe et puis du silence, du corps puis du regard…. Pietro Pizzuti, parfait en fugueur incertain, en bretteur craignant la réplique face à Sandrine Laroche: d’abord sculpture mouvante et silencieuse, éprouvée, louve blessée protégeant sa portée sa tanière; puis Héra vengeresse, voire déesse de la guerre implacable qui ne fait pas de prisonnier même en amour, quoi qu’il dise, tentant une dernière fois encore de pactiser, de pacifier, de pardonner.

    théâtre

    "Clôture de l’amour"

    De Pascal Rambert, mise en scène de Sandro Mabellini. Avec Sandrine Laroche et Pietro Pizzuti.

    4/5

    Jusqu’au 17 décembre au Théâtre de la vie à Bruxelles,www.theatredelavie.be, 02 219 11 86.

  • administrateur théâtres

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