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Amalgame

En ce vingt-neuf décembre,

Je pense fort à mon père

Qui avait en décembre

Sa fête d’anniversaire.

 

Il était tellement fier

De voir sa chère fille

Courir vite par derrière,

Évitant son autre fille

 

Qui, en princesse, régnait,

Se moquant de sa grande sœur

Qui, elle, se salissait

En aidant de bon cœur.

 

Je saisissais le sac,

Celui en toile de jute.

Il y jetait en vrac

Des morceaux de bois brut.

 

Un beau jour de printemps,

Il emmena ma petite sœur

À l’école d’antan

Pour qu’elle apprenne par cœur

 

Les si  jolies comptines

Que je chantais en dansant

Avec toutes mes copines

Autour du poêle fumant.

 

Ma belle institutrice,

En grande admiration,

Se montra protectrice

De ma sœur, doux poison,

 

Qui entrait dans mon monde

En prenant toute la place.

La princesse dans la ronde

Me volait ma seule place.

 

Cette brave Madame Sauvage,

M’oubliant pour ma sœur,

A fait naître la rage

Au sein de mon petit cœur.

 

J’ai regardé mon père

Qui sortait de la classe

Ne sachant pas que faire,

N’attendant pas que ça me passe.

 

Je pleurais à chaudes larmes

Sans le faire perdre pied,

Me laissant pour seules armes :

Mes cris, mes poings, mes pieds.

 

Il a claqué la porte.

Je me suis roulée par terre.

Je voulais qu’il m’emporte.

Je suis restée à terre.

 

Pour traverser la cour,

Il s’est mis à courir.

Il n’a pas fait demi-tour.

J’ai cru que j’allais mourir.

 

Il a sauté le mur

Oubliant la barrière,

Regrettant, j’en suis sûre,

De ne pas faire marche-arrière.

 

Je n’oublierais jamais

Cette scène mémorable,

Mon père m’abandonnant

Ma petite sœur sur le râble.

 

Elle qui passait son temps

À me tirer les cheveux,

Du haut de ses trois ans,

Faisant pleurer mes yeux.

 

À cinq ans, j’ai compris,

En piquant cette colère,

Que des pleurs et des cris

Faisaient fuir mon père

 

Et que pour éviter

D’être abandonnée,

Il ne fallait plus crier

Ni se rouler par terre.

 

J’ai fait un amalgame :

Colère et abandon,

Deux notes dans la même gamme,

Mauvaise association.

 

J’ai cru que pour être aimée,

Il fallait être gentille,

Sourire, aimer, aider

En brave petite fille.

 

Toute ma vie, j’ai été

Soumise et bien docile

Et j’ai trop accepté,

Des larmes perlant aux cils.

 

J’aurais mieux fait de hurler,

De faire exploser mon moi

Au lieu de retourner

La colère contre moi.

 

Sensation refoulée,

Source de mauvais augure,

Un plan pour s’abîmer

En gardant bonne figure.

 

29/12/2010

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