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Aegri Somnia

12272992463?profile=original                                                                                               (Coll. Robert Paul)

Avec "Remembrances", publié la même année, "Aegri Somnia" (1924) de Max Elskamp (1862-1931) constitue le dernier témoignage poétique, publié en volume, de la vie conscient du poète anversois, qui sombra peu à peu dans la démence. Le titre latin, qui signifie littéralement "songes malades", Elskamp le doit plus que probablement à Verlaine (Robert Guiette avait déjà rappelé la coïncidence singulière avec les derniers mots du "Prologue" de "Jadis"). Comme l'a bien observé Paul Gorceix, c'est "tout un climat qui se condense dans l'adjectif "aigri" dont le pouvoir de suggestion est accru par le fait que le vocable évoque dans son usage habituel, l'altération, la décomposition, et par extension la décadence".

Recueil de confession personnelle, "Aegri Somnia" est aussi une tentative de revivre, par la parole, toutes les étapes d'une vie. Elskamp y tente, dans un continuel mouvement rétrospectif, de déchiffrer le sens de sa longue anabase spirituelle. Recherche souvent hagarde, qui se traduit surtout dans la nature "concentrique" du recueil, dans les répétitions, dans les faiblesses prosodiques. Le poète s'y livre à une infinie confidence à lui-même où le lecteur ne semble avoir nulle part. Comme les autres recueils "concentriques" d'Elskamp -parmi lesquels il faut compter, outre "Les délectations moroses" (1923) et "Remembrances" (1924) les recueils posthumes "Les fleurs vertes" (1934) et "Les joies blondes" (1934), ainsi que plusieurs manuscrits parfaitement structurés, mais restés inédits en volume, "Révisions", "Les heures jaunes", "Les limbes", "Effigies"- "Aegri somnia" emprunte les longs couloirs de la mémoire en se servant de deux ou trois fils d'Ariane. Il y a d'abord celui constitué par les objets familiers regroupés dans la section "Choses" (vases chinois, effigies du Bouddha, soieries, plats de Delft, écrans, gravures ou estampes diverses) dont la proximité enferme la potentialité de l'ailleurs. il y a ensuite celui des "Départs", d'inspiration baudelairienne, où le poète évoque des "Navigations" lointaines, qui semblent d'ailleurs se référer aussi bien à des voyages réels ou imaginaires qu'à des parcours spirituels. Enfin, autour d'un certain nombre de figures légendaires et mythiques ("Thulés", "Salomé", "Sahèle", "Khouan-Ynne", regroupées principalement dans la section "Fleurs vertes", se cristallisent autant les appétits sensuels que la nostalgie de la pureté. Les temps forts du recueil, comme c'est souvent le cas chez Elskamp, se situent au début et à la fin du livre. Celui-ci s'ouvre, "ainsi qu'une maison de thé" aux "Chines fermées" de la vie du poète et se clôt sur une émouvante évocation de la nuit au sein de laquelle rêve éternellement une âme "qui ne sait plus ce qu'elle croit" et qui sent peu à peu l'ombre entrer en elle.

Elskamp dans Arts et Lettres

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Commentaires

  • Exposition "Elskamp, enfin".  Affiche
    (Bruxelles - Janvier-février 2013)

    'Collection Robert Paul

    2965986511?profile=RESIZE_1024x1024

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