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Monceau, 4 décembre 1959. Le Hameau est gris. La pluie tombait depuis la veille au soir.

Mariette s'était levée à cinq heures, comme d’habitude. Rien ne la retenait au lit.

Sa place sur le vieux matelas était devenue un moule sans confort qui avait épousé la forme de son corps. Lorsqu’elle se couchait, elle roulait aussitôt dans « le trou », l'endroit où avait dormi Zéphyr ! Le ressort devenu mou criait toute son amertume et pleurait la misère qui règnait dans la maison.

Le plafond de la chambre sentait le carton dont l’odeur se mêlait à celle des souris qui grouillent dans le grenier.

Ce jour-là, la pluie avait précipité son lever. Elle rebondissait sur la pierre de la fenêtre pour venir taper à rythme irrégulier sur la vieille vitre. Sans doute résonnait-t-elle autant du fait qu’elle n'est plus qu’à peine tenue par un ou deux centimètres de mastique.

D’habitude, elle se dépêchait pour aller travailler chez madame Lefèbvre, la femme du boucher de Marchienne-Au-Pont. Mais depuis deux semaines, elle ne devait plus y aller. La dame lui avait demandé de ne plus venir tant qu’elle était enceinte.

Elle ne l'était plus, elle allait se représenter pour reprendre le travail. Plus tard sans doute, car sa maman lui avait demandé de garder la maison !

*

**

Comme chaque matin, après avoir enfilé le peignoir devenu trop étroit, elle avait allumé le vieux poêle crapaud. La veille, elle avait rempli deux charbonnières qu’elle avait placées contre la cheminée. A cause de l’humidité, elle avait eu du mal à faire craquer les allumettes, et le bois avait beaucoup fumé.

Pendant que le feu s’allumait, elle avait versé l’eau glacée dans le bassin bleu dont l’émail manquait à beaucoup d’endroits. Elle le déposa sur le poêle, là où elle venait d’enlever le couvercle pour avoir directement le contact des flammes. L’eau fut tiède après une dizaine de minutes.

Elle ne déshabillait que les parties du corps qu’elle lavait en un l’instant, sans se laisser le temps d’avoir froid.

Sa toilette terminée, elle s’était habillée de ses vieilles frusques en loque, étirées et décolorées par les nombreuses lessives. Ensuite, elle a fait le café. Elle a suivi les directives de sa mère. Elle a rempli la bouilloire aux trois quarts et l’a fait bouillir sur le feu, après y avoir retiré le bassin de sa toilette et l’avoir frotté à l’aide du gant de toilette.

La liturgie matinale se poursuivait. Nettoyage du filtre en tissu, en forme de chaussette, rinçage de la cafetière émaillée, pose de la chaussette ainsi que son remplissage, deux tiers de café moka, un tiers de chicorée Pacha… Il ne pouvait en être autrement, au risque que sa mère s’en aperçût !

Pendant qu’elle passait le café et que la bonne odeur lui caressait les narines, Ida, sa maman, arriva et s’assit dans le fauteuil qui lui était réservé, celui qui était couvert de la vieille couverture sur le siège et de la vieille dentelle sur le dossier. L’autre aurait pu être utilisé par Mariette si elle en avait eu le temps !

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