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Publications de Josette Gobert (307)

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Une rencontre JGobert

Dès que je l’aperçois, je sais que ma vie va changer. Cette certitude s'impose à moi sans en comprendre le sens réel, le pourquoi. Déjà, je cherche la raison de cette émotion que j'ai tant de mal à contenir. Le trouble passé, j’emplis mon esprit de petites choses, d'idées nouvelles, de moments soutenus pour m'étourdir.

Les jours, les semaines défilent. J’y pense sans arrêt. Quelques temps après, un vide m'envahit me laissant morose, triste, vague avec l’impression de ne pas savoir ce qui arrive. Rien jusqu'à ce jour n'a pu entraver ma vie. Une vie de femme libre, indépendante sans contrainte, sans avenant. Ce que j’ai établi est précieux. Je suis intraitable parfois rigoureuse. Mes amis remarquent un léger changement dans mon comportement.

Les vacances s’annoncent. J’en oublie presque cette étrange rencontre. J’ai besoin de me changer les idées. Avec détermination, je reprends le cours de ma vie, vive et joyeuse.

Un matin brumeux, une fine pluie m'oblige à accélérer le pas et le destin, au détour du chemin, me fige face à lui. Mon regard effleure le sien, le temps d'un instant. Je suis émue comme une jeune étudiante.

A l'abri de sa présence, je m'arrête. Je tremble de tout mon être. Mes larmes coulent doucement, délicatement. Rentrée chez moi, j’ai l'étrange sensation de n'avoir pas été à la hauteur, et fautive d'un sentiment nouveau.

Cette réaction me déchire et m'exaspère. Le destin me suit. Je suis impuissante devant cette confrontation inédite. J'admets être intriguée par cette personne, cet individu, ce jeune homme qui m'inquiète, qui m’attire.

Notre troisième rencontre n'est pas fortuite. J'ai le sentiment qu’il m'attend. D'un pas décidé, j'avance vers lui avec quiétude. J'imagine les mille façons de l’aborder, de lui parler. Arrivée à son hauteur, un simple bonjour m'accueille.

J'ai eu de longs jours pour réfléchir à ce garçon et à sa vie qui doit être très différente de la mienne. Inconsciemment, je l'accepte comme il est, étrange, insolite, hors de mes normes. Le bonheur m'envahit.

Après ce bonjour cordial et quelques amabilités de circonstance, il m'invite à prendre un café. Il me dit aussi qu'il m'a aperçue plusieurs fois et qu'il est heureux que j’accepte de lui parler.

Nait alors une amitié qui se construit, sincère, tendre entre nous. Nos rendez-vous sont joyeux, enchantés, heureux et se déroulent toujours dans un petit bistro du coin, un petit havre de paix dans ce quartier cosmopolite.

Un jour, il ne vient pas. Le lendemain non plus. Je n'ai que peu de renseignements sur lui. Il a disparu de ma vie. Ce vide m’affole, m'étrangle. Je deviens folle de cette absence. Une réaction totalement disproportionnée pour cette amitié naissante. Je reste cloîtrée chez moi ou je parcoure la ville à sa recherche. Mon père inquiet me rassure sur quelque chose qu'il ne connait pas. Je ne dis rien à personne. Je le garde secret.

J'ai le sentiment que plus rien ne sera comme avant. Que j'ai perdu l'essence même de ma vie. Les beaux jours ont disparu. Les mots n'ont pas suffi à exprimer, à formuler ce sentiment qui me tue et qu'il est désormais trop tard pour le faire. Je désespère. J'appelle en vain le destin pour qu'il me le rende, ou m'explique enfin cette absence.

Et le temps s'étiole, se fane et en vain, j'attends son retour. 
 

 


  

 

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Le retour de l’automne. JGobert.

Le retour de l’automne s’annonce plus tardif cette année et sonne la fin des plaisirs estivaux. L’aménagement familier, habituel, dans un coin ensoleillé du jardin, se termine bientôt. J’en savoure les derniers beaux moments en toute quiétude. Les journées et les soirées ont pris une toute autre atmosphère. Avec le soleil finissant, le fond de l’air fraîchi, les jours se font plus courts.  J’ai hâte de retrouver ce plaid si doux et si chaud que j’ai abandonné au début de l’été dans un coffre en bois dans ma chambre.

La végétation change de ton avec douceur, délicatesse. Les dernières fleurs se fanent et tombent indolentes sur la terre nourricière. Seuls, les potirons, citrouilles et autres cucurbitacées aux couleurs chatoyantes égayent mon éphémère jardin.

La nuit a repris ses mystères, plus sombre, plus froide. Elle tombe rapidement sans crier gare et engloutit tous les secrets de la vie. Elle me replonge dans les méandres de mes rêves.

Au petit matin, une légère brume couvre la nature. Prairies et bosquets baignent dans une jeune rosée d’automne que l’on aime respirer et percevoir de bon matin à la campagne. Gouttelettes finies d’humidité posées délicatement sur les toiles d’araignées et sur les végétations et feuilles devenues translucides.

Le soleil est toujours présent avec moins d’ardeur, de ferveur. Ses rayons sont agréables, plaisants et sa lumière délicieuse. Les jours se font doux et propices à de grandes balades dans la campagne ou  en forêt. L’attrait de ce nouvel automne se fait sentir.

Marcher, avec cette belle saison qui débute, me rappelle tant de souvenirs attachés aux bruits exquis et aux bruissements des premières feuilles mortes. Avec les automnes d’antan, je me transporte et fais le lien de souvenirs intemporels, infinis d’êtres chers disparus.

L’odeur de cette nature familière se mélange et accède à mon cerveau faisant revivre ce temps béni de la jeunesse. Mes promenades en forêt avec mon père, mes balades entre amis et mes rencontres fortuites avec ces arbres centenaires me transportent de joie. Chaque rendez-vous est merveilleux. Mes poches pleines de marrons, châtaignes, faines et autres fruits des bois, ramenés comme des trésors, étaient des dons du ciel et de la nature.

Cet automne me mène dans des rêveries incroyables, singulières, dans des aventures imaginaires, où lutins, farfadets sont les acteurs. Je les devine cachés derrière les branches, sous les champignons les plus extravagants. Ils se déplacent rapidement, sans être vu, les bras chargés de pommes de pin et de fruits de la forêt. Pour les petits animaux, les réserves sont terminées et l’hiver peut venir. Il sera moins rude avec ces arches remplies de nourriture.

L’automne s’installe et sans regrets, j’en apprécie les jours sans fin. Tout est rentré, rangé, mis à sa place, à l’abri. Ces nouveaux jours ont déjà une saveur exceptionnelle.  Malgré moi, j’attends les intempéries qui rendent l’animation à ma vie, le vent, le bruit des feuilles mortes et la pluie sur mes carreaux.

Un premier feu de bois dans la cheminée redonne la gaieté à cette maison. Le bois ramené avec précaution et posé dans son panier est parqué avant d’être brûlé. Le crépitement des buches enflammées et le bruit des marrons qui éclatent dans les flammes m’offrent les sons bienveillants d’un orchestre peu ordinaire. L’odeur tranquille se répand, suave et chaude dans les pièces. Le bois finit de craquer dans la cheminée et part en fumée.

Un café bien chaud, sucré et l’hiver peut commencer.

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L’écrivain JGobert

 Si je n'écris plus, c'est que je n'ai plus rien à dire, à raconter dit l'écrivain.

Les heures sont creuses dans cette chambre vide. Les jours passent tristement.  Dans cette torpeur lancinante, son esprit se meut dans le vide de ses mots.

L'écrivain n'écrit plus. Il est prisonnier, censuré.  Il a l’impression d'avoir perdu son âme. Trop d'émotions négatives, de désarrois ont envahi sa vie. Trop d’injustices, de désordres, de confusions le paralysent. IL a le corps et l'esprit tourmenté, agité. Tout l'obsède. Il se sent isolé.

Destinée, où es-tu ? Pourquoi ce renoncement, ce rejet qui transperce son cœur et le laisse pour mort. Il ne voulait pas qu'il en soit ainsi.

Justice,  as-tu choisi de le réduire au silence et sans combat ? A-t-il acquiescé ta volonté et ta puissance ?

Dieu, est-ce un poète ou un prophète maudit qu'il faut punir pour ses mensonges ?

Démocratie, rend la certitude à ce fou pour qu'il retrouve ses inspirations, ses convictions pour transmettre la vérité, l’amour et la vie.

Les humains sont quémandeurs. Sans écrivain poète, les hommes sont seuls, orphelins, dépourvus de protection, d’éclat. Ils s'enfoncent dans le néant, la futilité, l'obscurantisme. Ils ont besoin de comprendre, d’interpréter et d’aimer. Ils doivent se sentir vivants et non dissimulés sous les corps des innocents.

Et qui peut mieux qu'un poète, par ses mots salvateurs, relever celui qui tombe, consoler celui qui pleure, rassurer celui qui souffre.

L'écrivain muselé, bâillonné doit se réveiller et crier au monde sa vérité.
Pardonne-lui sa désobéissance mais ne lui demande plus jamais de se taire. 

 

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Le cerf-volant de papier JGobert

Habillement assemblé par un garçonnet, un cerf-volant de papier s’apprête à prendre son envol. Il attend depuis des lustres dans sa vieille boite en carton. Il sait que sa vie sera éphémère. Le vent est son premier adversaire, son ami et son ennemi. La bataille sera ardue. S’orienter, lutter contre les éléments a toujours été un combat difficile.

Quelques minutes encore, le voici posé sur le sable. Rutilant, vulnérable et prêt à prendre son envol. Le garçonnet n’est pas un expert mais s’applique. Son nouveau jouet lui plait. Le cerf-volant ressent le vent dans sa voilure, sur ses ailes de papier.

Enfin il s’élance malhabile. Il monte dans un ciel plein d’espoir, longtemps attendu, espéré. Il retombe brutalement vers ce monde implacable. Il remonte une fois encore, tourbillonne enfin dans cet espace démesuré et attire tous les regards. Les couleurs de papier virevoltent, papillonnent. Les têtes se lèvent et admirent ce jeu extraordinaire dans le ciel.

Le cerf-volant vole, il se laisse porter par le vent. Il s’émerveille de cette aisance à se déplacer dans l'espace. Enfin sorti de sa boite prison, il découvre l’horizon, la vie. Le garçonnet est ravi de son nouveau jouet.

Le cerf-volant se met à rêver. Rêver de liberté, d’immensité. Rêver de voler à travers le monde. Parcourir l’espace porté par un vent léger, survoler les villes, les montagnes, les océans. Jouer indéfiniment avec la lumière et les ombres des nuages. Imiter les oiseaux dans des vols singuliers. Vivre enfin.

Un homme l’observe. Ses pensées s’élèvent, s’envolent. Ses rêves d'enfant réapparaissent et avec eux, les souvenirs douloureux. Il se sent subitement léger et a besoin d’évasion.

Une voix s’élève. Le garçonnet, d’un geste brusque, donne un coup d’arrêt à ce vol. Il laisse tomber lourdement le cerf-volant de papier. Déchiré, cassé, celui-ci reste au sol le nez dans le sable. L’enfant n’en a plus que faire. Ce n’était que des bouts de bois et de papier.

Voyant le spectacle de ce petit corps abandonné sur le sol, l’homme se lève. D’un pas fatigué, il ramasse le cerf-volant éclopé. L’homme est comme un cerf-volant blessé. De ses mains meurtries, maladroites, il redonne doucement forme à ce jouet fragile.  Souvenirs de son enfance, de ce pays laissé derrière lui. Ce cerf-volant l'émeut, lui étreint le ventre. Jamais, depuis tout ce temps, sa douleur ne fut si vive, si forte, remontée du plus profond de son être. La nécessité de se savoir vivant, hurler sa douleur et son incompréhension lui manque. Pourquoi sa vie a-t-elle chaviré dans l’horreur ?

Les plages sont parsemées d’abandon, de renonciation. De cœurs cassés déposés par des fantômes que plus rien ne rattache à la vie. Dispersés, solitaires, ils languissent et n’attendent qu’un avenir meilleur. Redonner un sens à la vie.

 

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Maman, j'ai peur JGobert

Depuis quelques jours, je suis ici, rescapé sous un soleil de plomb. Mon passé m'a lâché sur ce sol ensablé. Je ne suis pas seul. D‘autres comme moi, sont venus s’échouer sur cette plage de sable fin. Ils sont agars, épuisés, perdus. Leurs visages portent les traces du malheur et la laideur de ce qu'ils ont vécu se lit sur leur front. Ils ont faim et soif.

Maman, je te cherche et j’ai peur.

Je me suis égaré dans ce monde d‘adultes qui s’ouvre à moi de façon étrange et cruelle. Ton doux repère me manque.

Beaucoup de gens me disent que tout va s’arranger mais je saisis dans leurs regards qu’ils n’en savent rien. Ces gens sont trop occupés pour penser à demain. Les nouvelles ne sont pas bonnes. Chaque jour, d’autres naufragés se déversent sur la côte. D’autres embarcations arrivent sur cette eau noire la nuit et si bleue le jour. Un abysse qui engloutit certains.

J’ai posé les pieds sur du sable chaud et cette chaleur m’a réconforté.

Malgré ma détresse, mon désespoir, je pense à toi . Comme j’ai besoin de consolation, de tes bras protecteurs. Afin de me réconforter, j’ai trouvé dans ce camp, une place à l’abri du vent, du soleil, de mes souffrances. Un endroit pour toi et moi, très petit mais suffisant pour pleurer.  C’est ici que je m’endors le cœur gros en pensant à toi.  

Une personne d’un village voisin a croisé mon regard. Sa figure ne m’est pas inconnue. Mon cœur s’est mis à battre tellement fort que j’ai failli défaillir. J’ai espéré ta présence mais cet homme ne te connait pas. J'ai appris que d'autres campements existent et j’ai repris espoir.

Depuis mon arrivée, un petit garçon ne me quitte plus. Lui aussi a perdu sa famille durant cet exode. Son langage m’est inconnu. Il vient d’un autre ailleurs que nous, il vient de là-bas. Nous sommes deux déracinés,  deux laissés pour compte, sur cette langue de terre entre deux continents. Deux grains de sable jetés à la face des éléments et que personne ne perçoit plus comme humain. Un nombre sans racine qui dérive vers d’autres nombres.  

Là-bas sous les bombes qui n’arrêtent pas de tomber, l'avenir de cette terre se réduit au néant. Une terre maltraitée, frappée aveuglément afin d’en extraire, d'en ôter le mal.

Maman, des enfants y vivent aussi et y meurent. Sont-ils responsables de la folie des hommes ? La vie ne tient plus qu’à un fil. Dans l'impossibilité de se sauver, ils sont témoins de l'anéantissement de la vie. Jamais ils n'oublieront ce que leurs yeux ont vu et n'accepterons le bien fondé de ces actes. Images de mort, de chaos, de détresse que le film de la terreur leur impose.

Maman, je ne comprends plus. Le pays où nous allons n’est pas en paix. Les gamins y meurent aussi, assassinés par ceux que l'on dit "fou" On tue des enfants sans raison également.

L’humanité est-elle devenue si barbare qu’elle s’acharne ainsi sur tous les enfants. Les hommes ont-ils perdu le sens de la vie ? Tuer pour tuer. Rendre la mort palpable à ceux qui n’y sont pour rien. Punir, châtier pour venger les enfants de là-bas. Fustiger le monde et faire couler le sang sur la terre.

Maman, j’ai peur.

 



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Les fées JGobert.

 Debout autour du berceau, les fées ont, d’un coup de baguette magique, façonné le destin, la destinée d’un nouveau-né. Innocente victime du XXI me siècle, il a reçu d’étranges pouvoirs. Cadeaux dont il pourra se servir. Près de lui, venue avec les fées, une alliée de l’enfant, qui ne le quittera pas. Elle s’est installée à ses côtés et compte bien y rester.
Les adultes l’entourent, le gâtent, l’admirent. Mais la vie d’un nouveau-né n’est pas toujours  aisée. Dans son couffin, l’enfant pleure, gémit, hurle. Il a faim, il a soif. Arrive la nuit, il crie, s’époumone. Sa mère le prend, le cajole, le berce mais ce petit bout d’homme est en proie à d’horribles cauchemars.
Son amie est à ses côtés et commence sa délicate mission. Doucement elle le rassure de mots sublimes, incompréhensifs par les humains. Elle s’oppose délicatement aux abominables songes de l’enfant sachant que les hommes ne peuvent les contenir. Rien n’est simple, facile mais elle s’invente des raisonnements, des arguments pour lutter, le protéger.
Devant ce petit cœur en détresse, elle prend sur elle l’épreuve qui trop tôt accable ce petit homme.
Elle est debout dans les terribles cauchemars et repousse fermement ces visions qui terrorisent l’enfant. Au petit matin, apaisé, l’enfant dort dans les bras de sa mère. L’esprit encombré d’images, marqué par la peur.
Les fées ont de tout temps donné des pouvoirs, fabriqué des êtres étranges, insolites, les rendant parfois fragiles, souvent sombres. Cette fois, elles n’ont eu qu’indélicatesses, goujateries pour ce petit homme.

Les nuits se suivent. Son amie ne se considère pas vaincue. De peur en peur, elle finit par inventer des jeux pour que les rêves s’adoucissent, s’apaisent. L’enfant deviendra de plus en plus tenace. Un sentiment étrange de puissance lui montre le chemin.
Le petit garçon a grandi et son imagination s’est développée, libérée. Son amie est toujours présente à ses côtés et l’éduque avec sagesse. Son esprit est maintenant en mesure de se défendre et de comprendre. Il a bien évolué. Sa mère en est fière.

Les fées se sont trompées. De l’être extraordinaire, façonné par elles, est né un homme sage, éclairé qui n’a pas révolutionné, bouleversé  le monde. Il est resté naturellement humain et a trouvé une route vers le bonheur.
Sa mission accomplie, l’alliée des mauvais jours est partie vers d’autres horizons. Elle a rejoint un autre nourrisson marqué  d’un coup de baguette magique.

L’homme la regrette mais il sait qu’il n’a plus besoin d’elle.

Chassez ces fées qui, autour du berceau, font des sermons, des louanges. Rien n’est plus important que la paix de l’âme aussi petite soit-elle.

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Petites mains. JGobert

Comme dans un mauvais rêve, le bruit, les cris, le silence. Sur cette route festive est apparue une faucheuse implacable, impitoyable, immonde et elle n’a laissé aucune chance à certains. Courir pour ne pas mourir, courir pour se mettre à l’abri, courir à perdre haleine et tirer derrière soi ce que l’on a de plus précieux. Surtout ne pas lâcher cette petite main d’amour qui nous bouleverse tant. Cette petite main tant aimée et qui nous donne tout le courage du monde pour affronter l’indicible.  

Des petites mains se sont perdues et elles nous laissent sans voix, les yeux mouillés, le cœur serré. Nous nous interrogeons. Nous ne comprenons pas tant de haine. Ces petites mains ne sont pas parties sans raison. Notre colère n’est plus palpable. Anéantis mais pas sans amour, nous pleurons.  

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Petits bonheurs. JGobert

Face à certains évènements, Jeanne reste sans voix. Une légère torpeur l’envahit et l’isole de l’actualité malgré elle. Elle veut prendre de la hauteur pour mieux comprendre la situation. Il en va de même pour les petits bonheurs qui parfois la paralysent. Petits bonheurs qui traversent sa vie avec gaieté mais sans excès pour ne pas les dilapider, les gaspiller.

Ce matin, un rayon de soleil tombe des nuages et illumine une partie de cette belle nature. Une peinture de maître sous un ciel matinal. Une légère rosée est posée sur le jardin. L’air est frais mais pas froid, agréable à respirer avant les heures chaudes de la journée.

Jeanne en profite pour faire quelques pas. Elle savoure ainsi ce temps qui paraît infini. Son esprit s’envole vers des souvenirs plaisants. Son visage dessine un léger sourire de contentement. Oui, les petits bonheurs sont toujours là.

Malgré sa léthargie, comme un automate, son esprit essaie de démêler tout ce qu’elle a vécu et tente de l’expliquer. Elle n’arrive toujours à parler franchement, à franchir cette barrière de mots qui lui ont lacéré le cœur. Souvent, les yeux plein de larmes, elle revient sur ces moments terribles, sur ce bruit insensé.

Jeanne se promène dans ce matin plein de promesses, dans cette douceur de vivre qui revient vers elle. Au loin, un champ de blé couvert d’or et de coquelicots se balance. Une rangée de peupliers bruisse doucement. Le soleil a pris possession du ciel et déjà la chaleur s’installe. Les hirondelles sont là, dansant dans cet espace démesuré.

C’est son premier été loin de cette ville meurtrière, son premier été seul. Elle aime la campagne et a toujours voulu y habiter. Son travail l’a retenu loin de ce paradis et maintenant, c’est un bonheur d’y être même s’il est incomplet.

Le soleil est au plus haut et une dense chaleur recouvre tout. A l’abri d’un vieil arbre jadis frappé par la foudre, elle s’est installée dans cette ombre bienfaisante. Les petits plaisirs sont partout. Jeanne a des projets insensés depuis quelques jours. Son esprit s’emballe. Loin de parler de départ, elle a compris que son existence prenait un nouveau départ ici. Cette maison lui plait, son environnement également. Elle n’est pas insensible aux personnes de son voisinage qui ont la tête sur les épaules et les pieds sur terre. Un réconfort appréciable pour recouvrer confiance dans ce monde qui tourne de plus en plus vite et qui parfois devient fou.

Cette halte bienfaisante la fait sourire. C’est bon d’être là, assisse dans l’herbe comme dans sa jeunesse. Reprenant sa promenade, Jeanne s’arrête au bord d’un petit ruisseau qui pétille au soleil et qui emmène avec lui les souvenirs douloureux. L’eau y est transparente, étincelante, tranquille. Un bruit éthéré flotte dans l’air et ramène Jeanne dans le présent. De bienfaisants souvenirs l’envahissent aujourd’hui et elle ne veut garder que ceux-là.

De retour dans sa demeure, installée sur la terrasse, elle est enfin chez elle, apaisée, sereine. Sa vie reprend un chemin qui n’aurait jamais dû être transgressé, violé. Elle n’est plus en colère. Un amour nouveau a envahi son cœur qui a tant subi. Jeanne l’a découvert au plus profond de sa peine, de sa détresse et y a puisé une force, une puissance hors du commun.

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La nouvelle JGobert

A l’instant même de la nouvelle, elle reste immobile, comme pétrifiée, les yeux grands ouverts sur ce monde qu’elle connait trop bien, incapable subitement de se projeter dans le futur, dans les mois, les années à venir. Comme un coup de tonnerre venu figer une vie facile, elle reste déconcertée par ce qu’elle vient d’apprendre. Incapable de réagir pour le moment et afin de ne rien laisser paraitre, elle remplit son esprit de petits projets à court terme pour en montrer sa lucidité.

Une bonne humeur affichée, des petits instants déterminés, des sorties souvent lassantes, des restaurants joyeux la tiennent debout. Garder cette nouvelle secrète, ne pas la répandre, ne pas avoir à répondre aux mille questions, laisser cette chose disparaitre, mourir, repartir d’où elle vient.

Les journées qui suivent sont pondérées comme pour mieux comprendre ce qui arrive. Les paroles sont revenues, les mots ont enfin jailli. Le temps de l’expression est arrivé. Les proches ont été prévenus. Un coup de téléphone comme à Noël, à Nouvel an. Ca ne fait rire personne mais il faut y mettre un peu d’humour, le monde continue de tourner.

Les jours passent et se remplissent de manque. Apparait tout ce que l’on n’a pas fait, pas dit, pas vécu, pas aimé. Toutes les aspirations subitement importantes que l’on a laissées derrière soi. Et le temps se remplit d’échéances, de dates, de rendez-vous comme pour justifier la situation. La vie est comptée. L’éternité en a pris un coup. Une nouvelle réalité s’installe et étrangement, cette réalité la rend plus forte.

Plus forte parce que la bataille ne fait que commencer, que le combat n’est pas gagné mais loin d’être perdu. Que le temps facile d’hier donne la volonté de le garder toujours intact et longtemps encore. Que les petits bonheurs de la vie sont très importants.

L’existence va changer mais pas sa saveur, ni son goût. Elle aura un autre sens, plus précieuse, plus sereine, plus fragile. Elle effacera un nombre incalculable de petits soucis, d’ennuis ridicules qui encombrent l’esprit et le cœur. Elle sera plus libre d’aimer.

Cette angoisse nouvelle et permanente, cette boule au ventre douloureuse, à tenir à distance, à maitriser jusqu’à ce qu’elle devienne une amie cruelle mais vivante qui l’emmènera vers un autre horizon.  

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La faille JGobert

A l’entrée d’un parc, une vision étrange, un lutin tire laborieusement une vieille besace. Lourde et bien remplie, il peine à avancer. Il la traine cruellement derrière lui depuis des lustres. C’est son travail, son boulot sur la terre comme d’autres ont une destinée bienveillante. Un sac de vieilles lettres entassées, non distribuées, non remises. Elles sont fermées et enferment des mots par millier. Certaines n’ont pas de destinataires et pas d’expéditeurs. Pleines de ratures, de non-dits,  de mots cruels, de sentiments inhibés, refoulés, dérisoires, imparfaites, incomplètes, elles sont un poids lourd à porter.

Il tracte cette charge et traverse le parc par tous les temps. Peu de gens le voient.  Et ceux qui l’aperçoivent ont peur. Ils ne veulent pas l’aider, le soulager, le débarrasser de ce fardeau étrange. Ces envois sont vieux, obsolètes, désuets. Nul ne se sent concerné et ne veut prendre sa part dans ce jeu insolite et accepter ce qu’il a écrit dans le passé. Certain craigne, appréhende ce qu’ils recèlent et pensent parfois n’avoir pas été à la hauteur à un moment de leur vie.

Le lutin me tend une lettre. Etonnée, je la refuse.  Elle n'est pas à moi. Je n'ai jamais écrit de lettre. Je ne connais pas ce destinataire. Mon esprit fouille vainement cette mémoire faillible et refuse tout net de reconnaître cet acte passé. Quelle idée de me rendre cette vieille missive jaunie. Subitement je me souviens de cet écrit, de cette histoire. Il y a si longtemps, il y a trop longtemps. Je n’ai rien oublié mais refermé fermement mon cœur et rejeté au loin ce vécu de ma mémoire.

Cette lettre n’est donc pas parvenue à son destinataire.  Peut-être est-ce la raison de son silence ? Tout aurait été différent. Le destin a choisi. Lutin, reprend ton courrier, il n’a plus de raison d’être. Ma réalité est ailleurs. C’est un passé qui n’a pas existé et que je ne veux pas imaginer.

La quête du lutin est souvent sans succès. Il sait depuis longtemps que ces lettres renferment des peurs, des tourments, des vérités, des mensonges. La plupart du temps, il n’insiste pas auprès des hommes qui renient ainsi leurs pensées passées. Il fait quelques pas, trébuche et part avec son lourd fardeau de mystère, de secrets, de larmes.

Le lutin connaît les lettres sans les avoir lues. Celles écrites sur du papier pelure pour en alléger le poids n’ont ni nom ni date et parlent d’amour impossible. Celles écrites d'une main d’enfant sont terribles. Elles recèlent, révèlent des faits insensés, des cris étouffés, des silences lourds. Les mots que les adultes ne veulent pas entendre.  Celles écrites au crayon renvoient à la souffrance, à la mort et n’annoncent que des larmes et des pleurs.
Le lutin connait toutes ces litanies par cœur et accepte que personne ne veuille les reprendre, les récupérer, les vivre. Les douleurs, les souffrances sont trop nombreuses, exprimées avec pudeur ou énoncées avec cris.

Le vieux lutin passe dans les âmes, dans les cœurs, ramasser ce courrier comme un facteur. Il hésite et revient vers moi. Insiste. Non, je ne veux pas la reprendre, la compléter, l’envoyer, et remplir les blancs que j’y ai laissés. Je sens une douleur étrange. J’ai le cœur qui se serre.

Le lutin continue sa course et cherche un autre preneur qui le déchargera de son fardeau. Un homme devant lui, troublé, ne comprend pas cette démarche. Il prend une lettre, l’ouvre et d’un geste brusque, la jette dans le caniveau. Il a des larmes dans les yeux. A peine lue et effleurée de la main, une souffrance intense lui comprime le corps. Il ne veut pas revivre son histoire, ni recommencer cette bataille une nouvelle fois. Il a tiré un trait sur cette époque. Il est tourné vers l’avenir.

Le génie n’en a pas fini avec ces messages venus pour ramener et confronter les hommes à leur réalité.  Le monde est une faille, une fêlure que l’humanité entretient avec des mots et des actes déloyaux.

 

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Mon très cher JGobert

Malgré ton absence, le fil du temps continue de se dérouler inlassablement. Il défile et poursuit son œuvre de manque. Je pense un peu moins à toi mais je ne veux pas faire de ce départ un deuil.  Depuis peu, ma vie se remplit d’autres particularités qui, au début, ne me paraissaient pas importantes mais qui, aujourd’hui, le sont devenues. Des petites choses qui remplissent ma vie de menus plaisirs simples, et de long silence. Le vide se comble doucement. J’entends toujours tes mots, tes bruits familiers dans une autre dimension, dans mes rêves de toi.  Je saisis les nouveaux sons de la vie avec appréhension, blessée de ton départ, de ton abandon.

J’ai longtemps pleuré d’être seule parmi tous les êtres qui m’entourent et qui me réconfortent. Éloignée de tous malgré moi mais avec un grand besoin de solitude pour oublier une tendresse qui me manque tant.

Depuis peu, de nouveaux projets s’éveillent dans mon âme et dans mon cœur. Mon ami, la vie se réveille, s’éveille avec un grand besoin de vivre malgré mon chagrin. Réaliser mes projets sans toi me paraissait impossible, irréalisable, voir utopique.  Aujourd’hui, cela devient possible.

Chaque matin me paraît plus doux même sans toi. J’en ai les larmes aux yeux. Je ne croyais plus revivre ces matins joyeux.

 J’ai accepté de partir loin d’ici. J’abandonne notre chez nous pour en créer un à moi. Cette existence est un nouveau départ. Mes projets vont enfin prendre vie et je vais m’y plonger pour les réaliser. Je te reste attachée malgré ces mois qui défilent sans toi. Tu seras le premier informé par pensée de cette destinée qui m’attend, délivrée de mes doutes, de mes craintes.

Je saute dans cet avion vers un avenir apaisé et plein de promesses. Accepter le temps qui reste et regarder le vivre sans toi. Un défi pour les printemps à venir.

 

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Vivre en groupe JGobert

Vivre en groupe est une expérience nouvelle pour Thomas. De tout temps, il a tracé son chemin solitaire comme il le voulait. Son enfance d’enfant unique lui colle à la peau. Particulièrement sympathique, affable, convivial, il est un bout en entrain toujours joyeux aux yeux de ses amis, de sa famille. Rien ne laisse apparaître la moindre faille dans ce jeune homme moderne. Toujours partant pour des aventures au bout du monde, il parcourt la planète comme un globetrotter. Au fil de ses voyages, il rencontre d’autres personnages qui, comme lui, consomment la vie à pleine dent. 

Des projets, il en a plein la tête et assure qu’il les fera tous. Cette détermination à bouger lui est venu petit quand de sa fenêtre, il voyait partir les voyageurs sur les quais d’embarquement. Ses rêves venaient et partaient avec ces gens de passage poussant leurs valises trop lourdes et tirant leurs enfants derrière eux.

Depuis peu, il s’est installé avec une jeune dame dont il partage la vie. Un grand pas pour lui. Il a longtemps hésité et finalement accepté cette nouvelle expérience. Cette amie l’accompagne dans ses voyages depuis un moment et la vie à deux ne lui semble pas compliquée. Valises faites, défaites. Hôtels de luxe, gargotes, restos de rêve, snack, un destin toute tracé dans une ambiance festive. Le quotidien de Thomas et de sa copine est une suite de bons moments.

Maintenant installé dans son nouvel appartement, Thomas savoure une certaine sérénité et quelques craintes. Depuis son aménagement, Marie, sa compagne, a de nombreux amis qui ont l’art d’arriver à l’improviste et de rester. Son canapé ne désemplit pas et le frigo, lui, est toujours vide. Les poubelles débordent et la salle de bain est continuellement occupée. Les soirées sont trop animées, les matins très douloureux. Thomas commence à ressentir des sentiments étranges qui le rendent grincheux, revêche.  Le joyeux Thomas est au bord de l’explosion et son besoin de solitude l’envahit.

Son appartement est devenu trop petit et la sensation de manquer d’air l’oppresse. Sa compagne incrédule ne le comprend plus. Lui, d’une nature si plaisante, a beaucoup changé. Les discussions se font vives.

Thomas regrette le temps de son indépendance, de sa solitude. Marie a de nombreuses difficultés à le saisir et le déchiffrer. Lui, si vivant.  Insensiblement, la vie du couple part à la dérive. Thomas s’en rend compte. Marie ne veut pas faire de concessions. Ses amis sont aussi importants pour elle.

Ces dernières jours, Thomas s’enferme dans un silence pesant, pénible et cherche une solution à cette vie qui prend un mauvais chemin. Ses sentiments pour Marie lui semblent étranges, curieux et  s’opposent à lui. Il n’en peut plus de cette bataille intérieure qu’il livre depuis quelques semaines et qui finit par le séparer de Marie.

La vie apprend vite qu’il est impossible de changer les êtres et que les solutions multiples sont rares. Marie a une nouvelle importante et hésite à la communiquer à Thomas. Dans l’ambiance délétère actuelle, elle préfère la garder pour elle.  Marie est déçue, silencieuse.

Marie est partie. Elle n’a pas voulu résister à cette atmosphère épuisante. Son combat est ailleurs.

Thomas n’a pas retenu Marie. Il a retrouvé sa quiétude, son calme, sa solitude. Même si Marie lui manque, il respire mieux seul. Il a repris ses voyages au bout du monde et son existence de bourlingueur. Il lui arrive encore de penser à sa vie avec Marie qui n’a débouché sur rien de positif.

Marie a quitté la ville rapidement et vit maintenant seule. Elle ne donne plus de nouvelles. Au fil du temps, sans savoir pourquoi, le destin, espiègle et malicieux, a remis face à face Thomas, Marie et le petit Hugo.

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La ligne blanche JGobert

Une ligne blanche vivement crayonnée sur un chemin attire mon attention. Je la suis du regard. Tout comme au temps de mon enfance quand, pour jouer, je trace des lignes à la craie sur le sol dans la cour de l’école. Je m'amuse à délimiter l’endroit précis de mes jeux où mon esprit saisit l’instant que je crée. J’image, j’élabore des stratégies, des histoires.  Je m’amuse amplement de cet imaginaire enfantin où je reproduis à l'infini des images furtives, des intentions cachées, des désirs d’enfant.

Au fil du temps, cette ligne devient plus précise.  Une ligne de conduite que je bâtis pas à pas dans ma réalité et dans mes songes. J'essaie de m'y conformer avec difficulté. Une ligne de vie que je commence à concevoir et que je fortifie à l’adolescence avec force révolte, refus, acceptation, pour enfin sortir de ce douloureux cocon, trop étroit et devenir adulte.

Depuis, cette ligne de vie ne m'a pas quittée. Dans cette existence bien remplie, équilibrée, alimentée d’idées, de mots, de gestes dont le sens suit ce trait invisible mais bien réel qui est en moi.

Une ligne de cœur qui souligne les sentiments parfois étranges, troublants, voir excitants et en fait un tableau haut en couleur, complet aux lignes épurées.

Entre vérité et mensonge, elle est mouvante, délicate réalité. Combattante par instant, elle s’impose à moi. Entre lumière et ténèbres, elle glace celui qui veut y pénétrer mais me laisse toujours dans une joie sincère. Etrange équation entre le bien et le mal, singuliers combats répétés sans lassitude. Etrange équilibre entre l’amour et l’amitié, qui vacille trop souvent dans un mélange de doute et d’incertitude. Etrange sagesse imposée et qui fait ce chemin parfois rude à vivre.

Dehors, à l’endroit même où je marquais mes lignes dans la cour, ma fille, encore petite, peine à faire les siennes. Elle dessine, griffonne et s’emmêle les traits dans un écheveau peu accessible et trop compliqué pour elle. Elle rajoute des lignes injustifiées et s’épuise à n’arriver à rien.

Loin de m’alarmer, je la laisse faire me rappelant la difficulté rencontrée au même âge. Je cherche dans ses dessins, laquelle de ces lignes pourra un jour la satisfaire. Elle explore, parcours cet univers  comme moi à son âge. Au bout d'un moment, elle change de place et recommence son tracé. Celui-ci est plus net, il délimite un bel espace, un bel ensemble, qui lui convient non sans fierté. Contente d'elle-même, elle me sourit.

Et là, je reconnais cette voie presque semblable faite des décennies plutôt par moi. Celle-là qui m'accompagne encore depuis toutes ces années.

 

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Hommage JGobert

Errante, le regard vide, les mains dans les poches depuis ce jour maudit, je parcours seule les rues bruyantes de la ville à la recherche de ce qu’était ma vie. Celle-là même qui était nôtre depuis tout ce temps. Les trottoirs pavés de bonnes ou de mauvaises intentions n’ont plus de mystère pour moi. Dans cette course insensée, l’automate que je suis, marche des heures sous cette pluie froide qui lave les larmes de mon visage et les images de mon passé.
J’essaie de comprendre.
Le silence a envahi mon existence et rendu sourd les bruits de mon cœur. Telle une nature envahissante, elle s’infiltre partout me laissant dépourvue de toi et de ton amour. Ce besoin de t’entendre, de te savoir là me manque.
Je dois accepter ton absence.
La vie se poursuit dehors. D’autres bruits douloureux transforment les tiens. Ils me font sursauter quand mon cœur ou mon âme s’emballent et me laissent supposer que tu es revenu, que tu vas apparaître derrière cette porte le sourire aux lèvres.  Je cherche des mots faciles pour me souvenir de toi, de ce qui fut nous. Cette histoire qu’ensemble, nous avons écrite pour les jours de printemps, d'été, d’automne et qui s’en est allée un jour d’hiver.
La vie reprend, difficile et troublée d’images irréelles. Le soleil timide montre parfois le bout de son nez et me jette encore dans les larmes comme dans une pluie de grisaille. Le silence est avec moi, bouleversant le sens de ma vie.
Un silence lourd que je porte seule, tristement depuis ton départ et que je n’arrive toujours pas à partager.
Mes rêves sont emplis de toi, riant et chantant dans une douce chaleur. Nos derniers moments innocents et ignorants du mal qui se préparait, ont été notre ultime bonheur. Des images de toi à jamais gravées dans mon âme. J’ai poussé aussi les murs de mon cœur pour y mettre nos secrets.
Dehors, non loin d’ici, dans cette ville accueillante, dans ce vaste endroit éclairé, le destin a choisi et frappé. Aveugle, cruel, dans un bruit de verre et d’enfer, le silence est tombé et a tué ce qu’était ma vie.
Reste cet amour intact qui un jour deviendra espérance.
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Ma liberté JGobert

Ma liberté commence là où quelqu’un ou quelque chose m’interdit d’être moi-même. Je sens alors mes sens se bousculer, se renverser, s’horripiler. Ma liberté est d’être comme je suis, comme j’étais, comme je serai. Sans contrainte aucune, je pense, j’écoute, je refuse, j’agis, je bouge. Je n’ai de religion que mon cœur à aimer.

Dans ce monde cruel, j’aime parce que je suis libre, parce que ma liberté est plus forte que les chaînes que l’on veut imposer. J’aime pour effacer les images immondes du mal. J’aime pour soulager ces outrages à la vie. J’aime pour consoler ce petit homme qui a perdu sa famille, pour celle qui n’a plus de maman, de grand frère ou de papa.

Bizarrement ma colère s’est transformée en amour et il se décuple pour ceux qui souffrent

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Bébé JGobert

Bébé 
 
Sans faire de bruit,
pour ne pas le réveiller.
Sur le petit berceau, je me suis penchée

Visage fermé, avec de petites mains
sa tête couverte de cheveux d'or
Paisiblement il dort.

Doucement, Maman me dit :
C'est notre nouveau bébé.  C'est une fille.
Nous allons l'aimer, ma chérie.
 
 Maman me dit : elle.         
Le bébé ouvre les yeux, ils sont bleus
Enfin, elle me regarde
Alors je dis :
Bonjour Bérénice,
 je suis ta grande sœur Rebecca.
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Jonas et le chat. JGobert

Cerné dans un joli bocal, Jonas voit tout, saisit, interprète tout. Il visionne les jours du haut de l’étagère. Les silences de la maison annonciateurs de tempête, les regards noirs assassins des habitants et les sourires extrêmement mortels de tout ce monde qui vivote, végète autour de lui. L’ambiance n’est pas des meilleures dans cette demeure. Un vieux couple qui ne se supporte plus et que la vie divise, sépare, déchire. Le bruit de portes qui claquent et des pas sur le parquet ne laissent pas de doute. Un nouveau conflit va se déclarer. Une ambiance délétère, étouffante, irrespirable s’installe. 

Depuis ce matin, Jonas n’est pas dupe de ce qui se passe. Une nouvelle effervescence émane au fur et à mesure que les heures passent. La nervosité, l’émoi des choses de la maison est palpable. Jonas a appris la récente nouvelle aussi.

Il est revenu.

Jonas connait tous les secrets de la maison. Il en a vu des divergences, des contradictions.  Il expérimente chaque fois la situation qui évolue selon un rythme bien précis.  La tempête va se lever et finir dans un bruit d’enfer.  Une discussion de plus en plus vive, des mots cruels, odieux entrainant le réveil de blessures profondes comme toujours.

Tel un voyageur sans bagages, lui, il va et vient sans prévenir, vagabonde dans le quartier. Parfois expulsé, chassé, il fuit mais revient toujours. S’adossant à la fenêtre pour mieux voir, son nez humide contre la vitre, il attend que la porte s’ouvre. Sa maitresse l’attend et l’accueille avec un grand sourire. Elle l’aime ce vieil ami trainant son pelage noir comme un fantôme perdu.

Son chagrin n’est pas là. C’est son fils, son petit qui a quitté la maison en désaccord avec son père. Les griefs d’une vie qui ne se déroule pas comme elle devrait. Les manques, les mésententes continuelles entre le père et le fils ont compliqué sa vie à elle. Son chagrin de n’avoir pu restaurer, résoudre les fractions entre eux.

Il sera, de nouveau, en très colère de revoir cette sale bête. Les méchancetés n’ont pas de prise sur cet animal qui d’un regard sombre le toise avec mépris. Triste mode de fonctionnement pour cet homme qui n’aime plus personne.

Dépassée par tant d’embarras, elle reste vivre là malgré tout. Elle n’a plus la force de générer une autre vie.  Débordée à chaque instant par de multiples griefs, elle s’épuise doucement. Elle et son chat seraient heureux si les jours n’étaient pas des batailles continuelles, des combats de jour sans fin, avilissants, épuisants et totalement stériles. Inféconds de n’avoir pas gardé d’amour, ni de tendresse durant ces longues années. L’absence du fils les tourmente tous les deux chaque jour.

Ce petit chat noir, loin d’être beau, est devenu son ami.  Il ne lui est pas hostile et dans un semblant de bonheur, elle peut le caresser, l’embrasser, le cajoler, le garder serré contre elle. Grâce à lui, les souvenirs d’un passé lointain et révolu s‘adoucissent. Pouvoir aimer un peu. C’est un petit bonheur, une petite source de vie sans contrainte.

Il ne les aime pas, ni elle ni le chat. Et il le leur fait bien sentir. Il s’est muré dans son monde depuis le départ de son fils. Il ne communique plus que pour râler, exprimer son ressentiment. Il crie, hurle, braille ou s’enferme des heures dans un silence pesant, chargé de rancœur. Il cherche à comprendre ce qui n’a pas marché.

Cet ombrage contre le chat ne fait qu’augmenter et envenimer les choses. Comme toujours, elle ne cédera pas. Et lui fera tout pour qu’elle se sépare de ce petit compagnon, qu’elle lâche prise.  Jonas sait qu’elle tiendra comme jamais contre cette agitation qui ne la concerne plus, qui ne la touche plus.  Son bonheur est ailleurs dans les souvenirs de ce fils tant aimé.

 

 


 

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Le Petit Prince JGobert

Une déception en appelant une autre, le décompte du bonheur n’est pas lourd sur le grand écriteau de la vie. Elle n’a pas cru à cet amour impossible. Elle n’estimait pas pouvoir abattre toutes les rancœurs au fur et à mesure du temps. Et ce fut le cas. L’amour qu’elle avait pour lui s’enfuit. Il ne garda pas la puissance espérée. Elle le laissa partir non sans une larme, sans un regret. Sa raison avait eu le dessus et elle se consola d’avoir pris la bonne décision.

Mais le temps est un pervers qui vous rappelle toujours vos sentiments cachés. Il vous laisse peu de répit et transforme ainsi votre vie en un roman où les personnages sont des monstres de papier. Où vos sentiments sont en perpétuels mouvements. Là où la raison vous a fait faire des choix irréversibles, votre cœur, dans l’ombre, cherche ce petit je ne sais quoi, qui empêche de tourner rond dans votre tête. Et la surprise est parfois totale.

Tout à coup, toutes ces années d’errance vous sautent au visage. Il faut admettre que votre raison a eu tort et que votre cœur aime. Qu’il aime à s’arracher la peau comme une gamine insouciante et trop raisonnable. Le temps est malheureusement passé et il ne reste rien qu’un immense vide où les souvenirs se bousculent, se déchirent.

Toujours cette raison à porter de main, qui arrive à vous calmer et vous rendre docile. Le désordre d’une vie où l’amour n’a pas eu la place escomptée.

On aime pour soi comme on se nourrit de contes de fées. Il est parfois cruel d’être seul et de découvrir que cet amour mille fois pensé n’est qu’une chimère vide que l’on est seul à porter. Que le poids de cette illusion a ravi d’autres moments qui auraient pu être heureux.

Non, il n’y a plus de Petit Prince et de roses à aimer.

Je vous en veux de l’avoir tué.

 

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Ainsi parlait mon amie. JGobert

Mon quartier d’antan a pour joli nom le charbonnage. Mon horizon d’enfant bute depuis ma naissance sur un énorme terril. J’habite un coron, non loin de vieux puits d’extraction de la houille. Germinal est passé bien avant moi et a mis en vedette cette société ouvrière difficile. Quand petite, j’écoute ma grand-mère relater la mine, le temps des « fosses », la vie laborieuse des travailleurs de fond, je connais l’histoire de mon grand-père, mort trop tôt, trop jeune de la maladie du mineur. Celui-ci est porion et ses frères sont piqueur, hercheur, boiseur et le dernier entré est galibot.

La famille de ma mère est également de la fosse. Je n’ai pas eu la chance de les connaître. Ils sont tous décédés avant ma naissance. Tous mineurs de fond, hommes et femmes. Une rare photo de ma grand-mère maternelle, près d’un autel monté au fond, fêtant Sainte Barbe dans cette mine de malheur. Photo révélatrice de femmes aux visages émincés, cavés et minés dévoilant la souffrance de cette vie. 

Petite et casse-cou, je n’écoute pas et j’aime déambuler dans la cour fermée du charbonnage. Cela m’est interdit mais, à mon âge, je n’en ai que faire des interdictions. Je visite ainsi le vieux charbonnage fermé depuis des années. Celui-ci est entouré d’un haut mur de protection. Il est rehaussé de défense composée de caissons de bouteille. La grande entrée, imposante à la vue de tous, a ses grandes grilles fermées et cadenassées.  

L’enceinte est entrouverte à différent endroit et laisse s’infiltrer des personnes comme moi. J’y vais avec un cousin de mon âge, curieux lui aussi. J’entre par une ouverture dans le mur. J’examine les choses, les milliers objets abandonnés dans les coins. Je suis directement dans la cour pavé de gros cailloux difformes. Cette cour du charbonnage est encore pleine de wagonnets sur des petits rails, des tas de bois, des tas de ferraille. Tout est triste, à l’abandon.

 La « fosse » est devant moi, fière, et cruelle, comme un gouffre en bois, verrouillé, sombre. Bien qu’arrêtée depuis des années, le noir incrusté du charbon ténébreux est réalité sur tout.

Une allée de pavés, des bâtiments vides, des salles des pendus, la lampisterie et une jolie chapelle jadis accueillante. Faite en brique rouge et accostée à la maison du sacristain, elle s’élève toujours avenante, courtoise dans cet environnement abandonné par les hommes.

C’est là que je fais la connaissance d’un jeune vicaire qui officie là. La chapelle St Georges me parait grande, belle. Les vitraux laissent filtrer la lumière douce de la vie. L’atmosphère est feutrée et ardente, il fait sombre mais lumineux de croyance. Seuls les cierges et les bougies illuminent l’entrée. Le prêtre s’y rend tous les jours à cette époque. Petite fille, je me balade sans faire de bruit dans cet endroit sacré.

En face du charbonnage, une cité ouvrière habitée par des travailleurs immigrés. On l’appelle «  le petit Paris » Elle a toujours ce nom aujourd’hui. Il est interdit d’aller jouer dans cet endroit. On raconte des histoires épouvantables sur ces gens.

A cette époque, chaque quartier a son école communale ou catholique. C’est là que je retrouve ces « étranges enfants venus d’ailleurs »  qui ne parlent pas français. Tous ces enfants deviennent vite des copains et copines. J’en rencontre encore quelques-uns aujourd’hui.

Mon père n’a pas connu la mine, il est faïencier. Il a une entreprise juste à côté de la maison. Ma mère et mes tantes sont aussi dans la faïencerie. Je me souviens des rangées de poteries sur les étagères dans l’usine où encore une fois, je n’ai pas le droit d’aller. Au fond du bâtiment, un énorme four professionnel au mazout où l’on cuit la faïence. Avec la crise du canal de Suez, mon père doit arrêter son activité pour se reconvertir.

C’est à cette époque que les grosses usines s’installent dans le « zoning», dans la banlieue d’un village devenu grand et ravagent les champs de coquelicots installés sur les terres au bord du canal. Tout ce rouge qui disparait ne laissant que du béton. Beaucoup de petites entreprises ferment pour laisser place à des usines modernes et propres pour la santé. C’est inespéré pour beaucoup de personnes.

La famille de ma grand-mère paternelle vient de la campagne, ils sont fermiers. Mes oncles ont tous une petite ferme avec vaches, cochons, poules et quelques terres. Une terre également arrosée de sueur et de larmes. Un autre monde où la vie, bien que difficile aussi, est plus légère. Autour de ces petites fermes, des près parsemés de fleurs sauvages où le vent s’infiltre et balance avec douceur l’herbe tendre..

Ma grand-mère est fleuriste depuis la mort de mon grand-père. Elle cultive des fleurs et en fait des bouquets magnifiques, des gerbes, des couronnes pour les mariages, les enterrements. Elle est toujours dans son jardin avec ses fleurs et ses souvenirs. Elle est née en 1885.

D’autres membres de la famille vivent avec nous. La maison est grande. Ma tante, une personne qui a beaucoup compté pour moi. J’ai vécu ma plus tendre enfance avec elle, une dame charmante, généreuse, tendre. C’est vers elle que je courre me faire consoler quand je fais des bêtises. Je suis constamment en sa compagnie. Elle aime la musique, la poésie.  Elle raconte des histoires avec tant de plaisir que l’on y entre tout de go. Elle chante, elle rit. Elle est gaie comme un pinson, un peu gaffeuse, distraite, rêveuse peut-être. Elle a un cœur si grand que l’on peut y entrer et si perdre. Que de souvenirs vivants.

La vie leur a donné beaucoup de tristesse et de chagrin aussi. Des destinées comme beaucoup, trop vite passées, trop courtes pour certains. Au final, quelques photos jaunies montrent simplement leurs visages sans savoir ce qu’ils ont réellement ressenti, vécu. Les seuls souvenirs qu’il me reste sont ces photos étranges et belles à la fois. Heureusement, ma mémoire se souvient de l’amour que j’ai reçu. Le surplus est un bonheur lointain.

 JGobert

 

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Un jeu JGobert

Au cours d’une soirée animée entre amis, l’un d’eux me demande si je veux jouer. Jouer à un jeu étrange.  Jouer à téléphoner à une petite fille qui vivait en moi et qui accompagnait mon enfance. Drôle d’idée d’appeler cette fillette et de ranimer ainsi un passé révolu, accompli, avec des souvenirs douloureux, désagréables peut-être.

Remuer l’enfance dans les bonheurs et dans les tristesses. Un coup de fil et je replonge dans cette vie que j’essaie d’oublier, d’effacer depuis que j’ai le statut d’adulte.
Cette enfance mal digérée, pénible qu’il a fallu tirer, traîner chaque jour comme un malheur et qui m’a laissé un goût plus qu’amer.

Le jeu est ainsi fait et pourquoi pas. Je ne me sens pas particulièrement rassurée de cet exercice devant des amis mais bon, c’est un jeu. Inquiète, je prends le téléphone et le serre à l’écraser.
Allo, bonjour…
La fillette est surprise et hésite à répondre. C’est à peine si elle reconnaît sa voix. D’emblée, elle me parle de sa mère qui ne va pas bien. Des misères que sa mère subit et des pleurs qu’elle entend chaque jour. Non, rien n’a changé, les sentiments, les perceptions sont toujours les mêmes. J’ai envie de me boucher les oreilles.
  Ne pas revivre cela. L'incompréhension est toujours présente. Elle est seule et sa vie est triste. 
Voir ce gâchis autour d’elle. Les jours passent sans saveur et s’égrainent tristement.
Je ne veux pas en entendre plus mais j’ai soudain le remord de laisser cet enfant dans cette angoisse. Je prends sur moi de la réconforter, la rassurer et lui dire que la vie n’est pas cela. Que sa solitude cessera un jour. Elle aura des images de bonheur et connaîtra la joie d’aimer. Elle doit tenir sans se détruire le cœur, ni l'âme. Tout protéger du mieux qu’elle peut. Boucher ses oreilles pour ne pas entendre et réconforter sa mère plus que tout.

D’ailleurs, je veux parler à sa mère. Je veux lui parler mais dans ce deal, ce n’est pas possible. Le téléphone ne veut pas. Je n’arrive plus à raccrocher.  Je l’entends, fragile, perdue, seule, se débattre dans cette vie où tout est douleur, crainte et angoisse. Elle ne dit plus rien un instant. Elle doit penser que ma vie est plus légère depuis mon départ.
C’est moi qui prends de ses nouvelles et pas le contraire. Je reste là à l’écouter raconter ce que je connais trop bien. Je sais que tout va finir mais je ne veux pas entrer dans cet avenir qui m’appartient et qu’elle ne connait pas encore. Elle doit être forte. Je sais qu’elle a une force peu commune et qu’elle tiendra.

Personne ne lira jamais sur son visage sa tristesse, ni dans son cœur son désarroi. Elle sera un roc, muette, secrète. Elle ne pardonnera pas. Elle n’oubliera rien. Même blessée à vie, elle portera ses blessures fièrement et au fil du temps acceptera cette situation, ce passé.
Mes amis se rappellent à moi. Je suis épuisée de cette conversation. C’est à regret que je l’abandonne dans ce monde révolu.  J’attends avec impatience le coup de téléphone suivant pour pouvoir calmer ce cœur démonté. En vain.

Cette fois c’est à Pierre de jouer. Appeler le petit garçon qu’il était dans son enfance. Prendre des nouvelles de son père aimant. Il hésite. Pas fier, il bafouille, balbutie et n’y arrive pas. Il s’effondre en larmes, pleurant tout ce bonheur enfui. Trop de souvenirs heureux, tendres lui reviennent en mémoire et après quelques phrases ânonnées, bredouillées, il raccroche le cœur toujours dans ce chagrin qui ne s’efface pas.
Ce n’est jamais facile d’appeler son passé.

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