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Publications de B Delage (24)

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Deux sacs de cuir

 

 

 

Je ne supporte ni les blonds ni les bruns
je défragmente les mots morts
les mots tressés
la musique diluée dans le ciel à peine brouillé

Je ne suis pas en colère d'être comme cette eau
l'abstraction du manque
derrière la Cour Carrée au-dessus du banc il y a des pas qui dansent
des plaques de marbre dans le dos
la voix cérémonieuse en hauteur rit les entrechats photographiés

Je compte les intervalles
l'étonnement de l'œil
la soif de la langue
on ne pénètre pas le corps sur un banc
on attend les contours de l'horloge
la verticale de l'heure dans un lieu nommé chambre

Murs tendus nous n'y possédons rien
juste la peau au cœur d'années éphémères
la sentence entre deux musées
roule chaque nuit la pendaison

Jouissive vérité d'un long trajet entre Paris et les livres
jonchent le sol
je serai la première à fermer les messages
à taire le crayon

Je ne peux m'empêcher de lire la peau usée
je ne peux m'empêcher de gommer les histoires inventées
Où vont-elles dans le roman qu'on ne lit pas ?
Où vont les livres qui n'existent pas au travers du mutisme ?
Ils écrasent mon œil
m'emportent à la cave où perle la nuit

J'ai soif des aiguilles où se couche l'oubli
du sang que nous avons mêlé dans le même tricot
de la tresse au fond des draps
veine ouverte au même rythme
nous nous y sommes enfoncés

C'est la nuit des mots à jamais
ce sont des verges qui se dressent dans la pénombre
alors que le monde dort on s'entend respirer

Sur le banc c'est l'empreinte des talons
les bras tendus comme l'oiseau cherche l'air
la mer et son sommet

 

 

B - 20-12-2011

 

 

 

 

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En noir et blanc

  

Un soleil noir et des nuages tout autour
Mot pour corps 
Détaché du ciel
Sur ce rocher tu aiguises la lame
Présente comme de la porcelaine
Fragile et transparente
Pour exister habillée de blanc
La vie circule 
Aveugle ouvrant les paupières

C’est écrit
Comme une fin implacable
La peur

Le ciel tourmenté bouscule l’absence
Laisse filer les boîtes à musique
A travers les plis de la mer
Et toi qui cherches à tâtons
Qui donc es-tu ? Toi, l’aimé
Oubliant l’abîme
De cette forme liée au vent 

Le buste de papier
Offert au cimetière
Personne ne peut savoir
Quand cela bouge au creux du ventre 

La voix son cortège
Annonce le seuil d’une nouvelle demeure





B - 18-11-2011

 



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Secrets d'alcôve

 

 

 

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Rien que le vent et la terre
noirs comme la pupille 
Jusqu’à l'amer pétrifié 
C’est le monde qui rétrécit 
Le baiser sur la pierre 
Pose ses lèvres d’espérance
 

Est-ce parce que la terre a perdu son parfum

Est-ce parce qu'il n'y a plus de neige et les pas
Dans le blanc de tes yeux
Que l'on sent les embruns et leur chant
Au travers de la peau 


Le ciel pleure comme on murmure 
Alors que dans l'air sèchent la pluie 
Les fleurs et les oiseaux 
S'enfuient les orages 
Jamais les larmes retenues
 

J'écris d'un secrétaire de bois 
Entre ramures et hardes de mer  
Les secrets d'alcôve 
Dans les cris de la scie

 

 

B


 

 

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Fin de bruit

 

 

 

 

Ils volent si bas enfermés

trou blanc dans le silence

dédoublés dans le chemin perdu

le soleil dort

la mémoire tourne

poupée de soie au sourire éternel

juste des ombres faites de plumes

sanctuaire métallique trop près du monde

tournent sur elles-mêmes

puis le soir revient coucher les survivants

fêlure fine sous l’aile de l’oiseau

tu voudrais mettre de la musique

on ne sait pourquoi

alors tu coupes les roses fanées

sur un banc du jardin
 


B - 29-10-2011



 

 

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être là

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Etre là
Quand le soleil aiguise sa lame
Esquive le coup
A quoi bon s’agiter
La bouche ouverte
Comme les yeux

Les rayons blancs martèlent le cercle


Etre là 
Ou perdu
Qu’importe la lumière
Le lait au-dessous des pas
C’est l’hiver ici
L’absence des voix
L’anesthésie de la chair
Un glaçon au fond de la gorge
Tout se rétracte

En rond les yeux ne finissent pas de regarder
Autour du cou


Etre là
Paupière oblique
Quand l’aile de l’oiseau s’agite
Papier froissé en uniforme gris
Cri de guerre jusqu’à devenir corps






B - 22-10-2011

 


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Présente

 

 

Elle peut tout imaginer de la chambre
la ligne d’horizon aussi grise que la lumière du jour
grises les voitures en contrebas
grise l’éclaboussure des flaques d’eau

Les insectes aux ailes mouillées
prisonniers de la fente
elle peut les entendre crisser
alors qu'un papillon se brûle sous l'abat-jour
elle gémit de dépendance

En se penchant un peu elle ne voit pas
elle dit que rien n’est visible
mais entend tout des détails de la rue
tantôt lisses à la manière d’un tronc élagué
tantôt déchirés

La rue se meurt brutalement
dans un faisceau de lumière

Cette ombre près de moi occupe mon dos
et aimerait se fondre dans les odeurs de la nuit

Alors que je suis l’obstacle toujours opaque
toujours devant
toujours immobile
elle voulait me quitter
me devancer dans le sommeil

La douleur devint lancinante
quand elle prit ma place avec mes propres yeux

J’aurais aimé me dépouiller d’elle
dans des heures plus sereines

 



B - 09-10-2011

 

 

Depuis je suis allée au Centre Georges Pompidou voir l'exposition Edvard Munch. J'ai été interpellée par cette peinture que je vous livre. J'ai retrouvé dans cette peinture mon écriture, cette ombre qui occupe mon dos.

 

edvard-munch-04 (1)

 


 



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Une petite lumière

 

            

 

Une petite lumière filtre des ombres chinoises, une petite lumière se cogne contre la vitre, elle est ronde et plate, une petite lumière rayonne le long de la fente, tremble et tourne en rond. N’es-tu pas aveuglée quand elle mord la peau les dents serrées dans le silence qui déborde.


Une vie tourne derrière toi, minutes vagabondes il y a l’arbre qui s’élance dans le vide, pour rester debout il tend ses bras, serre ses feuilles contre son cœur que la sève veut lui ôter. Ne m’arrachez pas la langue qui court sous la peau et les fourmis qui me sucent, le vert de mes yeux par endroits presque morts.
 

C’est comme un incendie le ciel quand on lève la tête, c’est comme une veine qui fuit les ombres qui s’allongent, cela sent le pain grillé quand on foule le sol et le fer, cela craque sous la dent la peau endurcie que la saison veut éteindre, tout respire une lente agonie majestueuse avant de s’éteindre.


Il n’y a plus d’orage au moment où les araignées tissent leur toile entre deux arbres, petites bêtes en suspension il y a de la dentelle et des colliers de perles blanches qui flottent au vent et un point noir aux mâchoires crochues.

J’ai vu se former les fils sur le bord du banc mon cerveau assis sur le banc d’à côté, j’ai vu se former la rosée, nous sommes deux autour de la table, je veux dire un monde où l’on a vécu la gorge tranchée souvent dans le même lit.


Une petite lumière clignote pour les fous et bénit les jambes autour de l’arbre deux fois centenaire, une petite lumière dessine à la craie les arbres à abattre, l’herbe à raser dans un carré de silence, rai de lumière assassine. Enlace-moi dit l’arbre les mains ne mentent pas, étrangle-moi autour de ton cou avant qu’on ne me frappe. La vie nous abandonne, il n’y a pas de pont où se jeter et ressusciter, Paris où coule la Seine est un autre lieu rempli de voitures où il ne fait pas bon dormir.


J’ai tourné en rond autour de mon lit fuyant la lumière, la rivière et ses forêts, j’ai tordu les draps source de la lumière, j’ai fermé les yeux source de la fente, j’ai débranché le cerveau source de l’espérance, il était trois heures du matin quand les ciseaux ont coupé la lumière.

 

 

 

B - 03-10-2011

 

 



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Angle de vision

 

 

 

 

Couchée au ras du sol  je sens partir la lumière trop blanche
les contrastes des cheveux le long du corps
les angles morts entre la route et la forêt
ronds et craquants sont aujourd'hui les pas qui se croisent
cerclés d'or
j’ai toujours eu l’impression de rater quelques branches
esquivant maladroitement la perte des couleurs
j’ai craint d’écraser quelques oiseaux entre le blanc et le vide
un bras, une taille, des tranches de vie
et de ne pas voir l’essentiel de l’ombre
sous une lumière plus clémente
couvrir les chemins droits


Je l’ imagine dressée sous un faisceau aveuglant
si grande et dangereuse
m’emplir la bouche d’un foulard de soie
est-ce cela le coma quand on perd la vue un certain temps ?
Deux silhouettes de papier découpées qui s’effilochent
dans l’objectif mal réglé
j’ai mal aux yeux dans le silence de ces trous noirs
c’est douloureux comme un peu de neige brûle la rétine
je le ressens maintenant que le ciel se rabat sur les épaules
dans son manteau ouaté
la maison extérieure devient plus petite
alors que l’angle de vision s’élargit




B - 21-09-2011



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Traversée de vent

 

 

Que sait-on vraiment du désert au bout du regard
à l’heure où la vitre s’habille d’un visage


Du livre posé au milieu de nulle-part


En face il y a la fenêtre
et du ciel
des gens venus habiter l’esprit
à la recherche d’une odeur
d’un indice

trace fugitive


Sous les paupières closes
zest de matière
les yeux n’ont pas fini de creuser la nuit
 



 

Où vas-tu ainsi
alors que les chemins invisibles se replient
mémoire pleine de ressac


Paupières closes
il y a le large
les rêves enfouis dans les draps de la mer
sous le ciel dépouillé


Je me présente nue



 

 

B - 14-09-2011

 



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Une seule porte de sortie

 



Quand la lumière baisse sous la paupière

Quand les cheveux poussent

Quand la mer crie

On balaye par terre pour effacer

Minuscules coups de ciseau

C’est ainsi que l’on remonte



Les bateaux de papier ne traversent pas les mers

Ni les avions pliés sur la table

Le jour s'en va pour un autre regard



Fragments météorites

Les mots ne font pas avancer

Ta tête dont on visite le fond

Des cheveux tout autour

Tout du long

Est la guerre





B



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Parenthèses

 

 

 

 

Les pas se perdent
Dans le chemin de terre
Le ciel oublie les ombres
Et leur marche dessus

Les jambes s’enfoncent
Les mots aussi au fond de la gorge
Ragent de ne pouvoir se taire
Close la bouche se perd aussi

Les pas se perdent
Dans un bain d’eau salée
Et je me perds
Et je me tais
Ou je me terre

Les bateaux descendent le fleuve
Le château de cartes prend l’eau
L’écho est celui de l’esprit
Qui ne s’oublie pas

Derrière les arbres se cache une seconde maison
Une chambre
Forêt humaine
Visible seulement le soir
Appuyée aux nuages elle allume les corps

Les yeux se perdent
Les yeux sont ronds comme l’animal de nuit
Phares des noctambules ils comptent les battements d’ailes
Les heures comme la main compte ses doigts

Les mains se perdent
La pensée s'envole
Paralysant le livre encore ouvert
Quand le corps se relève
C’est un clin d’œil au marchand de la nuit

Les yeux se ferment
Les yeux sont parenthèses
Dans le chemin de terre devenu chair
Cher à mes pas



B

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Je pense autrement la fin du jour

 

  

 

Il y aura toujours des notes de piano sur le bord de la fenêtre
Il y aura toujours le chant de l’orage déclarant l’amour à la terre
Sur les pétales de roses le musicien et son archet
La nudité qui donne vie

L’orage à venir anime le pouls
La maison intérieure endormie
J’ai dans la poche quelques cailloux à compter
La distance entre l’éclair et le grondement du tonnerre

Le silence fait sa route
Un vide du cœur avant la rupture des eaux
Tout près du ciel on ne voit pas la chasse aux étoiles
Les nuages sont cratère gorgé de flèches

Ici est un jardin suspendu
Une bouche ouverte vers le monde
Sur la fragile chaise je m’assieds  les jambes sur la table
Dans cette position je pense autrement



Je pense autrement la forêt

Le sol et le plafond

Le couvercle au-dessus de ma tête

Les mouvements de l’espace qui se tait




B - 30-08-2011



 

 

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Ecrire de B

 

J'ai beaucoup aimé le "Ecrire de Marguerite Duras", voilà comment je l'exprime.

 

On parle d'inconscience quand la plume prend votre main, mais c'est cette magie que nous recherchons dans l'écriture, se lire et découvrir justement cet état couché sur la page blanche devenue noire de notre intérieur. Est-elle vérité ? je pense.

 

C’est étrange comme c’est indispensable d’être seule pour écrire. Comment s’intérioriser pour extérioriser si des parasites s’agitent  autour de vous, juste le silence pour compagnon ou une musique permet ce recueillement. L’amoureux de l’écriture est un animal sauvage qui a besoin de se replier le temps de l’accouchement d’un texte.

 

 Je vois au bord de l’écriture comme à l’aplomb de la falaise ce mouvement plongeant pour aller au fond de moi. Le vent se nourrit de mes pensées et lit en moi comme dans un livre ouvert, celui que je ne connais pas encore. Dans le sifflement de sa trajectoire il transporte mes états d'âme les mixant  aux éléments. Sous la brûlure du soleil ils me reviennent en cortège de cendre et les doigts s’agitent sur le clavier.

  

Je ferme les yeux pour sentir la liberté, dans le noir je sors du carcan imposé par notre mode de vie, passant de l'état conscient à l'inconscient, la peau se lisse, les muscles se dénouent, ou l'inverse, se produit un dédoublement.

Devenir aveugle quand on sait que ce n'est pas irréversible. Un doux moment quand s’emballent les mots du cerveau à la pointe de l’épée. Avez-vous remarqué que les couples ferment les yeux quand ils font l'amour.

 

J’écoute toujours la même musique, celle qui réduit mon champ de vision à un point fixe dans le vide, et je danse en suspension vers le point final mais ce n’est jamais la fin dans le martèlement des touches, le leitmotiv des sons rentre en moi, là, face à cette table où tu es présent.

  

Je vois dans la peinture les images de mon écriture. Je laisse courir sur la trame ma vie mise à plat.

 

Sous la chair il y a un coeur qui bat.

 

 

B

 

 

 

 

 

 

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Maille à maille

 

 

 

 

 

 

Sueur, mascarade, volants bleus dessus-dessous, poupée de chiffon, peau de chagrin tu avances montgolfière. Ma vue est en train de mourir, elle n’est plus une voix mais un œil égaré qui regarde le ventre à l’air l’arc en ciel des couleurs où s'éteignent les lumières en terre ennemie. Je compte sur mes doigts les gestes, les pas en avant, les mains en arrière, je multiplie, je coupe et je divise les mots, la tonalité de la jambe à l'équerre, le bras qui se lève prenant Dieu à témoin. On n’opère pas la mort, on n’opère pas le ventre, on n’opère pas le sexe ni la bouche dans le sexe, on n’opère pas la sève qui monte, la soif, le sexe dans le sexe, on n'opère pas l'envie. Il fait chaud, l’herbe se rétracte, tout se rétracte, le ventre, les ongles, la main dans la poche, la poche comme la voile sans vent. J’ai pris des coups de soleil, j’ai fait le trottoir dans l’herbe verte, j’ai foulé le sol déhanchée. Le baladeur dans les oreilles j’ai fait l’amour à la terre. Les yeux cachés derrières des lunettes noires j’ai baisé la terre, le monde, les cris. Les fesses dans la terre j’ai laissé monter le plaisir des corps qui se séparent. J’ai bu les rêves détruits, les mensonges révélés, la laideur amère, j’ai applaudi sur la table de marbre.

Danse avec moi mon corps la contorsion du cirque, danse avec moi mon corps le morcellement des convergences, danse avec moi parole dans la déchirure du corps. Le robinet fuit, il m’épuise maintenant le cloc cadencé des mots qui donnent vie au corps, il me creuse la tête ce pas minuté. Ma vue est en train de mourir quand les mains me secouent, sueur, tueur de la nuit, mensonge dessus-dessous clairvoyant on le respire le fouet sur la peau. Le claquement s’accélère, le cœur derrière l’arbre se couche, la pluie sous l’escalier ne respire plus quand les chevaux se cabrent dans le bronze. Les bougies vont s’enflammer, ne parle pas trop fort, ne respire plus, les trottoirs sont prisonniers des passants assis sur l’autre rive, écoute les rires des sans cœurs le livre dans la poche pour se donner contenance.

J’ai fait l’amour dans ma tête, j’ai fait la rue et ses parallèles dans l’herbe et le macadam. J’ai bu un perrier menthe la paille dans la bouche, sur la table un livre en attente, sous les pieds la guerre fait crier les graviers. Comment aimer un jardin hanté, les trèfles à quatre feuilles en friche, la musique toujours la même, danse avec moi blessure suspendue à mes lèvres. Ma mère répondez-moi avant que je ne me jette à l’eau, sueur et sel de bain. Marie je l’ai vu plus sombre que le noir de la mort le chat navigant sur les eaux. Au travers des barreaux j’ai tout compris sous un ciel bleu, rubans volants démodés, dessus-dessous, herbes folles au pilori. Maille à maille je détricote les feux d’artifice sur la table quand ses doigts fouillent mon corps.

J’écris au chevet de mon ventre.





lutine - 20-08-2011

 

 

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L'écho

 

 

 

Le ciel porte-il un nom au dessus de la conversation ?
la terre porte-t-elle un nom dans le bac à sable ?
angoisse pétunias et myosotis
j'ai écrasé un moustique contre le barreau de la chaise
ce bruit qui efface l’écriture
dans le reflet des vitres

Prends garde à toi
il reste la table où nous sommes si nombreux
les fleurs et les miettes
sous les ongles bat l’horloge contre la peau
le bruit de l’eau et les yeux vagabonds

Le long de l’archet
l’araignée tisse sa toile
me tranche la gorge
claque et se rétracte prisonnière de la nappe

Que reste-il des livres écrits ?
que reste-il du silence ?
une tasse de porcelaine livrée aux fourmis
des airs de musique
chauve-souris
yeux de chouettes et noctambules
petites cuillères à dormir debout
dans le sucre glace

Entends-tu les montagnes dans le ciel
l'écho des trottoirs vides
poursuivis par les ombres
les pelouses sèches au fond du cimetière
le sel le poivre sont orphelins
la rose blessée se pose à genoux

Petite flamme il est minuit
les aiguilles restent à la verticale
ébréchées



B – 12-08-2011

 



 

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C'était un rêve

 

 

 

 

Chemin noir, paroles noires
secrets diaboliques
dans la chambre déraison
les portes de l’enfer ne mènent nulle part
contre peau des couloirs sans fin

Sur la peau toute mouillée
c'est un jeu entre les cordes
la langue de l’amour
la vengeance du fouet
creusant la chair comme une île s'effrite

Jusqu’où s’étend l’ombre de papier
les pages offertes aux étoiles
dans le rêve retenu si longtemps
jusqu’où brûle la nuit
sur les pas de la lune
traversant les flammes

C’était un leurre 
chaud comme le miel
le poison distillé lentement sous la peau
auréolé d’éphémères
de la poudre aux yeux sous les jets du désir

 

 

lutin - 06-08-2011

 

 

 

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Enigme d'un visage

 

 

Est-ce que la nuit a des portes
quand la lune ronde fuit les orages
le tonnerre gronde doucement
saigne sans effort dans le jour tournant

C’est lourd le mâchefer
l’embûche sous nos pas
la circulation de l’eau
les odeurs chimiques et organiques
au milieu des décombres
sous les doigts avides on se donne rendez-vous

L’air pesant sur les épaules fait partie des errants
le vol des abeilles autour de nos corps cesse
tout s’arrête sur le tapis vert
il est temps de lancer les dés
dans un brouillard de plomb
pour combattre la violence des êtres

Le ciel s’appuie contre un ballon gonflé d’hélium
d’en bas je ne vois pas la vie
les sourires masqués près de la bouche
c’est l’océan que j’entends
écoute ! ses sabots résonnent

L’été se noie comme l’énigme d’un visage
et se referme
encore une saison s’efface
suit la ligne indécise de nos pensées

 

Nous aimerions ne pas porter la haine
mais l’orage gronde si fort galopant
sans courage se rabat dans l'ornière
suspendues au grain de ses coups
les mains se croisent et se décroisent

 

 

B – 03-08-2011

 

 

 

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Roulette russe

 

 

 

Le vent na pas fini de discourir
comme s
il me réconciliait avec ma bouche
dans le d
écor que jhabite.

Je parle aux arbres
aux murs qui mangent ma voix
alors que l
endroit se vide
à la vitesse du cheval au galop
comme les vagues se retirent.

La vie s
arrête brusquement sur une terre labourée
dire, que dire qu
elle ne sache déjà
qu'elle ne transpire d
éjà
assoiff
ée de l'avenir
l'eau n'a pas fini de couler.

L
’épaisseur de lair sest enroulée autour de moi
dans la t
ête cest le tocsin
une aspiration vers le ciel
et la main qui d
ésigne la nuit
le voyage accompli en profondeur
amas de promesses et de cendres.

Il s
agit de renouer lenvie
à grands coups d’étincelles
roulette russe, amie ou ennemie
foudre quoi qu'il advienne.

On efface tout de la mer et de la terre
le sable devient lisse, beau et pur
quand la m
émoire est là macérée
comme une perle dans son
écrin.

Il faut en faire des pas et des pas
jusqu
aux marches à l'angle dacier
les peaux gomm
ées à lusure de la trame
ouvrant l'horizon en miroirs successifs
vers l
autre rive.

B

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Il fait gris encore et encore

 

 

Il n’y a pas de soleil sur les ombres

il n’y a que des poupées de chiffon noircies

des cheveux monochromes arrachés

quand une nouvelle saison se lève

 

 

Notre corps est un livre

on déchire la souffrance

les morts ne volent pas

les morts ne salissent pas

 

 

On déplie son corps encastré dans le vide

à l’angle des raies de lumière

on relève la tête

on enfourne ses doigts dans la bouche

hors d’haleine on en extirpe les mots

les morts ne parlent pas

 

 

Rien qu’un verre d’eau pour laver le linge

de l’eau sucrée-salée

rien qu’une épaule pour expulser le froid

une main sur le ventre

on lui lave les pieds

on lui lave le sexe

la toilette faite on le caresse

 

 

L’escalade des doigts pousse les heures

il n’y a que les corps vivants

les armes au poing

qui se souviennent

 

 B 

 

 

 

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Fallait-il s'absenter ?

 

 

 

Je t'ai cherché derrière les arbres
sous mes pas
dans la terre
parmi les nuages
entre le ciel bleu et la pluie où tu me cherchais
le sol ici montre la mer invisible

On a changé d’année une fois de plus
la lampe ne s'est jamais éteinte
dans l'ombre et l'heure du repos
les voyages sont toujours les mêmes
juste dispersés dans le jardin
le temps est incertain et nous restons à l’orée

Je te retrouve au revers d'un dimanche
pair ou impair selon comme toujours
je ne sais quand l'heure dit qu'il n'est pas l'heure
quand le virage nous plie dans son ombre un autre jour
on dirait qu’elle travaille pour nous
comme les aiguilles de la montre

J'ai tes mots dans ma poche
les traces de tes mains que je retourne
tes appels cloués au fond du métal
jamais effacés
tes pas contre les miens
le souffle le long de la jambe

Expire que je te happe

On est là à dire nos poèmes
le long des routes toujours les mêmes
jusqu'à la fenêtre qui nous aspire
jusqu'au rideau que l'on tire
incertitude de deux mains se prenant le corps
demain que seront nos envies
certitudes je le sais
avalanches d’heures volées

Fallait-t-il s’absenter ?
 

B


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