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administrateur théâtres


12273213069?profile=originalDans la course au bonheur, Silvia, la fille d’un gentilhomme et Dorante, de même naissance, seront-ils finalement faits l’un pour l’autre en ce qui concerne la qualité de leurs sentiments ? C’est la seule chose dont veut s’assurer la belle Sylvia : que de nobles sentiments mutuels soient équitablement partagés. Angoisse qui ne cesse, à vrai dire de traverser les siècles, jusqu’à nos jours, dans une habile mise en scène de Stéphanie Moriau, fine organisatrice du carnaval des sentiments.

Double observation. Afin d’étudier le prétendant à loisirs, la jeune fille a décidé de prendre la place de Lisette, sa servante, et celle-ci, ravie de la récréation, jouera le rôle de la maîtresse. Mais, Dorante a eu la même idée : il s’est travesti en Bourguignon tandis que son valet, Arlequin, ravi lui aussi d’avoir l’occasion de malmener son maître, jouera sublimement au « Monsieur ». Le choix de Julien Besure ne pouvait pas faire mieux dans ce rôle de bouffon vaniteux, parfait malotru, sot et trivial, dont le jeu de jambes et de postures est éblouissant. Les habits et les manières, certes, peuvent contrefaire, mais la langue ne peut trahir. Du côté des nantis, c’est la qualité de la langue courtoise, vive et raffinée, qui révèle malgré les déguisements, la délicatesse et la sincérité des sentiments. Marivaux, l’esthète ! Serge Daems à la machine à coudre de costumes de rêve ! Et un rêve d’interprétation, tant pour la qualité de la diction que pour la qualité des intonations et la vérité de jeu, incarné par Caroline Lambert. On se souvient avec ravissement de l’espiègle servante espagnole de « Comme s’il en pleuvait », joué dans le même théâtre par la même exquise comédienne, qui a fait le cours Florent et ne déparerait pas à La Comédie Française ! Lumières et régie : l’impeccable Sébastien Couchard.

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Mais, si le délicieux Dorante (Jules Churin, qui lui résisterait ?) a eu le coup de foudre et meurt d’amour pour une prétendue femme de chambre nommée « Lisette », la joueuse et vindicative Silvia ne laissera tomber son masque de domestique que lorsque Dorante, ayant eu l’imprudence (?) et la franchise de lui avouer son identité, ira jusqu’à la demander en mariage malgré son statut de domestique et après avoir même dû essuyer …les affres de la jalousie ! C’est ici, que Marivaux pousse à l’extrême le marivaudage, c’est-à-dire, non vraiment ce que l’on entend par badinerie, mais le plaider le faux pour savoir le vrai ! Car voici que Mario, le frère de Sylvia, lui aussi pousse le jeu en déclarant tout à coup qu’il est amoureux de « Lisette » et prétend être son amant ! Un Abel Tesh de haut vol et de haute stature ! Quelles tempêtes sentimentales, quels quiproquos, quelles manipulations… c’est la société entière qui est dépecée sous le scalpel de Marivaux, l’anatomiste !

 

Ce qui apparaît sous les traits débonnaires et rieurs de Michel de Warzée, c’est une nouvelle sorte de père qui met le bonheur de sa fille au-dessus des conventions sociales et de l’appât de gains matériels. Mais ce père garde toutes les commandes car lui et son fils sont les seuls à connaître les dessous des déguisements croisés, et à jouir de la comédie dont ils sont les maîtres. Voilà Sylvia, qui pensait être passée maître à bord, en proie à un jeu qu’elle ne dirige plus, pas plus qu’elle ne semble capable de contrôler la nature de ses sentiments. Elle enrage lucidement de se savoir aux mains d’un destin qu’elle ne contrôle plus… Sort fatidique et éternel des femmes, en général ? Marivaux, féministe ?

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Du côté des serviteurs qui jouent aux maîtres, l’imposture est de taille et très douloureuse. Comment ? Se laisser aimer d’un seigneur ? Est-ce pensable ? Lisette, dite « Sylvia » ne répond bientôt plus de rien, car elle fait confiance à son trouble et ses émotions ! Elle supplie Orgon d’arrêter le « jeu ». Elle n’en peut plus ! Dans ce rôle qui lui va comme un gant, Stéphanie Moriau est palpitante d’émotion et de satire. Accepter les avances d’une Dame ? Impensable pour le très leste Arlequin, dit « Dorante » ! Shocking ! Dans son jeu de salon aux allures de carnaval, Marivaux se gausse ouvertement des barrières sociales ! Ah, le visionnaire ! 

 

"Le Jeu de l'Amour et du Hasard"

22-26 Février et 7 au 26 Mars 2017

Comédie ClaudeVolter - Bruxelles

avenue des Frères Legrain, 98

1150 Woluwe-Saint-Pierre

http://www.comedievolter.be 


secretariat@comedievolter.be 


02-762.09.63

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Commentaires

  • administrateur théâtres

    Dernières dates pour les retardataires... Marivaux, les comédiens, le décors, les costumes et les éclairages sont là pour vous charmer. Tous au Volter avant dimanche !https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1516046568440233&...

  • administrateur théâtres
    Lisette.

    De vous dire l’état où sont les choses, parce qu’il est important que vous en soyez éclairci, afin que vous n’ayez point à vous plaindre de moi.

    Monsieur Orgon.

    Ceci est donc bien sérieux ?

    Lisette.

    Oui, très sérieux. Vous avez consenti au déguisement de Mlle Silvia ; moi-même je l’ai trouvé d’abord sans conséquence ; mais je me suis trompée.

    Monsieur Orgon.

    Et de quelle conséquence est-il donc ?

    Lisette.

    Monsieur, on a de la peine à se louer soi-même ; mais malgré toutes les règles de la modestie, il faut pourtant que je vous dise que, si vous ne mettez ordre à ce qui arrive, votre prétendu n’aura plus de cœur à donner à mademoiselle votre fille. Il est temps qu’elle se déclare, cela presse ; car, un jour plus tard, je n’en réponds plus.

    Monsieur Orgon.

    Eh ! d’où vient qu’il ne voudrait plus de ma fille, quand il la connaîtra, te défies-tu de ses charmes ?

    Lisette.

    Non ; mais vous ne vous méfiez pas assez des miens. Je vous avertis qu’ils vont leur train, et je ne vous conseille pas de les laisser faire.

    Monsieur Orgon.

    Je vous en fais mes compliments, Lisette. (Il rit.) Ah ! ah ! ah !

    Lisette.

    Nous y voilà ; vous plaisantez, monsieur ; vous vous moquez de moi ; j’en suis fâchée, car vous y serez pris.

    Monsieur Orgon.

    Ne t’en embarrasse pas, Lisette ; va ton chemin.

    Lisette.

    Je vous le répète encore, le cœur de Dorante va bien vite. Tenez, actuellement, je lui plais beaucoup ; ce soir, il m’aimera ; il m’adorera demain. Je ne le mérite pas, il est de mauvais goût, vous en direz ce qu’il vous plaira, mais cela ne laissera pas que d’être. Voyez-vous ? demain, je me garantis adorée.

    Monsieur Orgon.

    Eh bien, que vous importe ? S’il vous aime tant, qu’il vous épouse.

    Lisette.

    Quoi ! vous ne l’en empêcheriez pas ?

    Monsieur Orgon.

    Non, foi d’homme d’honneur, si tu le mènes jusque-là.

    Lisette.

    Monsieur, prenez-y garde. Jusqu’ici je n’ai pas aidé à mes appas, je les ai laissé faire tout seuls, j’ai ménagé sa tête : si je m’en mêle, je la renverse ; il n’y aura plus de remède.

    Monsieur Orgon.

    Renverse, ravage, brûle, enfin épouse ; je te le permets, si tu le peux.

    Lisette.

    Sur ce pied-là, je compte ma fortune faite.

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