Où êtes-vous ?
Où sont les conversations qui nous animent ?
Où sont les rêves qui nous font parler toute une soirée ?
Où sont les rires et les regards rieurs ?
Où sont les rois et les reines ?
Où sont les pensées qui flirtent avec la vague et le soleil ?
Où sont les messieurs ?
Où sont les plats de fruits ?
Où sont les jeux de cartes ?
Où sont les bras qui se tendent vers la joie ?
Où se cache l’amour fraternel ?
Dans quelle rue, à quelle heure, dans quel troquet ?
Ch.
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S’il nous est donné d’être heureuxsous la grisaille et cela vaille que vaille, alors sachez que la bruine et la brume n’ont pas fini de combler mon bonheur.
S’il nous est donné la faculté de circuler entre les gouttes, alors
sachez que mon esprit devient maître en stratégie intergouttelaire.
Bonsoir dans les couloirs, à la vitesse de l’éclair. Juste pour vous dire deux trois choses, sans en avoir l’air.
Que puis-je faire pour me consoler, à part écrire ?
Je n’ai envie de rien, je n’ai envie de voir personne.
Je prends mon chagrin dans le creux de la main et je l’observe.
Je le trouve enfantin et j’ai envie de l’envoyer jouer aux cartes.
Aux cartes du destin posées sur la table de mon salon.
La face de la première carte est cachée, je la retourne comme je retourne mon chagrin. Je découvre un roi de pique qui te ressemble. Je retourne la seconde carte et je découvre une dame de cœur qui me ressemble. Je m’apprête à retourner la troisième carte,
mais je suis distraite et j’oublie de le faire. Je suis distraite par mes pensées qui s’égarent. Une de tes caresses me parvient…
Je baisse la tête et je regarde le creux de ma main. J’observe mon chagrin et je le trouve insensé. J’ai envie de l’envoyer marcher 5 heures dans les bois. Avant de l’envoyer prendre l’air, j’ai envie de l’envoyer jouer aux cartes. Comme on retourne en enfance. La troisième carte est une dame également. Elle ressemble à ma mère. C’est une mère, mais elle pourrait être celle du ciel, ou celle du chagrin, ou celle du bonheur, ou celle de mes souvenirs d’enfance, ou celle de mon destin. Mon chagrin est entre ses mains. La quatrième carte est un as de pique. Il s’agit d’un chevalier qui s’échappe avec la couronne du roi. La cinquième carte est un as de cœur qui fredonne une chanson. La sixième carte est un trois de trèfle. Pour la chance au marin qui part trois jours en mer. La septième carte est un quatre pour un quart de lune de temps qui passe, c’est une carte sans couleur. La huitième carte est un as de carreau pour le sommeil et le repos. Je vais dormir.
Et je paresse au pied de la fontaine comme à la source de majoie, comme à la source de ma peine.
Sa voix si douce a traversé letemps
Seule Mère de toutes les mères
Elle est venue boire ausein de sa fille
Libre de la crainte et du regard
Cessez de vousméfier d'elle
Et apprenez à supporter ses yeux
Aimez ce qu'ellevoit
Son amour est immense et remède
Son lait coule encoretiède
Goûtez et buvez jusqu'à plus soif
Écoutez celle quiparle en vous
Elle est venue parfumer la terre
De son odeurde fécondité
Respirez son odeur fruitée
Goûtez le fruit qu'elleporte en elle
Frayez vous un chemin jusqu'à
Sortir du fruitque vous avez mangé
Pour ne plus naître de la mère
Mais dunoyau qui vous recentre
Elle est venue déposer sa bouche
Surtous les ventres fécondés
Pouvez-vous sentir ce doux baiser
©charlinelancel
Elle regardait la montagne au sommet enneigé,
Une mer de glace à ses pieds.
Elle était aussi légère que le voile de sa robe en fine dentelle blanche
Et ses joues rosées par le froid.
Elle tenait le lis, le muguet, la jacinthe
Et le jasmin dans ses mains.
Elle respira trois fois.
Elle gravit alors la montagne
Jusqu’à toucher la neige immaculée.
Elle s’arracha du cœur une épine enfoncée
Et se piqua le doigt pour faire son sang couler.
Trois gouttes.
Une pour la montagne, une pour la mer de glace
Et une pour le silence des sommets enneigés.
©charlinelancel
je me laisse glisser
Dans les interstices de surfaces
Je m'en vais rejoindre ma chambre d'enfant
Y mettre de l'ordre et les choses en place
Déplisser les pages de mon insouciance
Délicieuse enfance complice des anges
Blanche comme la neige.
Sage comme une image
Déjouer les pièges, sortilèges des mages
Je laisse au sol tout mon courage
Là où je vais, j'y vais légère
Le maléfice se perd en cage
Et les Kobbolds périssent en enfer
Telle Alice, je me sens glisser
Sous les draps lisses au bois dormant
Contes de fées et princes charmants
J'ai le pouvoir de traverser
Tous les miroirs de vérité
Je sens l'appel de l'irréel
Je m'y sens belle et protégée
Ici, le sol est recouvert
Par des millions de petits vers
Qui se tortillent et me mordillent
Le bout des pieds je suis rongée
Par tous mes songes de petite fille
Et par ce monde désenchanté
Telle Alice, je me laisse tenter
Par ce beau fruit empoisonné
Croquer la pomme sans craindre assez
Qu'elle ne m'endorme l'éternité
J'essaye en vain tous les chemins
Le labyrinthe est dans mes mains
À gauche la porte de l'avenir
Suis-je assez forte pour l'ouvrir
À droite le tunnel de mon enfance
Duel cruel dans mon cœur
Je pleure mon pays des merveilles
Et j'attends qu'un doux baiser
Ne vienne enfin me réveiller
©charlinelancel
Après un repas chez moi…
Jecuisine, je reçois…
On discute à deux puis,
l’invité s’en va etme laisse seule chez moi.
Après cette rencontre, je me sens vide.
Que faire maintenant ?
Où en étais-je dans ma vie ?
Qu’est-ceque je dois faire là, maintenant,
tout de suite ?
Là justeaprès la rencontre ?
J’ai toujours été une bonne élève. A l'école primaire, j’étais première de classe. J’adorais l’école. Quand je rentrais de l’école, je jouais à l’école. Je
jouais seule. Je préparais des questionnaires sur la vie des abeilles
et sur le système solaire. À seize ans, je n’avais plus envie d’aller en
classe. Je voulais mon enfant. J’étais seule dans une chambre et
j’avais la garde d’un bébé de 6 mois. Je lui donnais son biberon et la
petite se mit à tousser. Ses lèvres devenaient bleues et je voyais bien
qu’elle ne respirait plus. J’ai eu très peur. Je l’ai lâchée sur le lit.
J’étais seule dans la maison. Il faisait noir. Je la regardais
s’étouffer. Je l’ai prise par les pieds et je l’ai giflée. Elle pendait
au bout de mon bras. Un petit jet de lait est sorti de sa bouche et de
son nez. Je l’ai serrée contre moi, elle s'est mise à pleurer. Je me
suis couchée sur le matelas posé au sol et le couffin juste à côté, j’ai
mis ma main sur son cœur pour le sentir battre et mon oreille attentive
à sa respiration. Je n’ai rien dit à la maman. C’était une allergie au
lait, mais moi, je ne voulais plus d’enfant. Je suis retournée à l’école
et j’ai retrouvé ma place de première de classe.
Peux-tu me dire
...
Qui, regarde l’autre passer ?
Le passant ou le passé ?
...
Et toi…
Es-tu plutôt du genre passant ou plutôt du genre passé ?
...
Je sais ce que tu vas me répondre.
...
Tu vas me dire que tu ne comprends rien à mes questions.
...
Alors, tu donnes ta langue au chat ?
...
À savoir que pour moi, le passant est en mouvement et que le passé est assis.
...
Je pense…
Que le passé regarde le passant passer mais que le passant qui passe ne regarde pas le passé.
...
J’aimerais pouvoir saisir le moment précis où le passant croise le regard du passé.
...
Le moment précis où les âmes se rencontrent l’espace d’une fraction de seconde.
...
Le moment précis où le passé souffle à l’oreille du passant le récit de sa vie en
l’espace d’une fraction de seconde.
...
Il se peut alors que le passant s’arrête de passer et s’asseye à côté du
passé pour regarder passer les passants.
...
Le passant devient passé.
Il existe sur la terre un endroit désert,loin de la ville et de l’agitation. Quelques
voyageurs égarés sont passés par là.
Ils racontent qu’il existe sur la terre, au milieu du désert, un endroit où poussent quelques arbres et quelques plantes exotiques.
Qu’au milieu de ce havre de paix se dresse un rocher d’où s’écoule un fin filet d’un sirop
de miel doré.
Ce petit monde est silencieusement gardé par des centaines de papillons colorés. Ils survolent de toute grâce et de toute beauté
cet endroit paisible.
Cette histoire traverse les villages et les maisons, les âges et les saisons. Jusqu'aux oreilles d'un petit garçon. Il voulait, plus
tard, être un chercheur de papillons, Savant téméraire, aventureux solitaire, expert entomologiste et chasseur agile au filet.
Lorsqu'il était devenu un jeune homme...
Il parti pour l’aventure un sac rempli de nourriture, rempli de papiers et de beaux
crayons colorés, d’une loupe et d’un filet pour chasser.
A force d’avoir marché,à force d’avoir espéré,il put enfin s’approcher de son rêve et le toucher.
Il était fasciné par la grâce et la beauté
des papillons, des papillons, des papillons.
Il courait les bras au ciel, il chassait le vent, sa joie débordait de petits cris
perçants. Il put enfin
tremper le bout des doigts dans le sirop de miel doré. Il put enfin goûter du bout des
doigts, du bout des lèvres ce liquide un peu
sucré.
Il était comme ivre et bousculé. Il tournait telle une toupille sait tourner. C’est ici
qu’il voulait vivre pour l’éternité.
C’est ici qu’il est tombé et que sa tête a cogné le rocher.
La Dame aux papillons s’est approchée de lui,
elle a caressé le visage endormi et posé du bout des lèvres un baiser de miel doré.
Le corps n’a pas bougé, les lèvres sont restées serrées, les yeux fermés, la respiration stoppée.
La dame aux papillons est longtemps restée
assise à ses côtés, pensive et désolée.
Les larmes coulaient doucement sur ses joues roses. Les rayons du soleil venaient
les sécher, laissant des traces légèrement pailletées sur ses petites joues rosées.
Elle était maintenant couchée tout contre lui, bien serrée dans ses bras. Pour
s’unir à lui sans bruit, sous le drap de sa robe de fée.
Un voile de centaines d’ailes de papillons, minutieusement assemblées, telle une
dentelle fine, brillante et colorée.
Sous le tourbillon d’un voile léger, quand le vent se lève et vient remuer les particules
de l’air sec et pailleté, les deux corps s’enroulent jusqu’à briller d’une lumière
chaude et colorée.
Ils ne font plus qu’un dans le rond du cocon, elle lui souffle à l’oreille des mots d’amour en papillon.
Les jours passent et les saisons. Les jours passent et laissent en place le beau cocon.
Du rocher coule un fin filet d’un sirop de miel doré, des centaines de millier de
papillons viennent s’y poser.
Le cocon respire et l’humidité du petit matin l’appelle. Un tourbillon de brume et tous
les papillons répondent à l’appel.
Le cocon scintille de mille brillances colorées. Les ailes commencent à sortir et les pattes s’étirent sous le vent léger.
Le papillon s’envole et se mêle au ballet de bienvenue dans cet havre de paix.
D’une patte légère et gracieuse, d’une patte légèrement trempée dans la délicieuse eau sucrée, elle est venue se poser sur les lèvres serrées jusqu’à sentir le premier souffle inspiré du baiser.
Le sentir à nouveau respirer.