On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans.
- Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
- On va sous les tilleuls verts de la promenade…
Antoine Guillaume, lui, part avec sa classe et traverse la Manche pour connaître son premier éblouissement. Antoine Guillaume? Antoine, comme saint-Ex et Guillaume, comme le Conquérant car il a conquis son public l’autre soir, dans la petite salle bondée du Public, pleine à craquer. Ecoutez-la craquer ! Il racontait, il se travestissait, il causait, dansait, il chantait, il poétisait, il confiait en chuchotant de bouche à oreille, sa passion - honteuse pour certains esprits grincheux - pour la Comédie Musicale. Ecoutez-le deviser, en long, en large, en général, en particulier, jamais de travers tant sa documentation est précise et rigoureuse. Une foule de détails vécus rend l’encyclopédie vivante. Mais c’est surtout une histoire d’amour : la Comédie Musicale porte sur ses épaules ses 17 ans sans cesse renouvelés et lui la porte à bout de bras, à bras le cœur, sillonnant les tourbillons de l’histoire.
A tout le moins, ce que semble entretenir soigneusement l'amateur de musicals, c’est un spleen particulier, sorte d' élixir de jeunesse, alors que, le cœur battant à tout rompre, il franchissait le 14 mars 1996, les portes du London Palladium pour découvrir Oliver Twist. Dans un noble enthousiasme romantique, il semble avoir passé sa vie à la recherche du grand frisson éprouvé ce jour-là!
La meilleure façon pour Antoine Guillaume de réhabiliter un genre dit « mineur », surtout dans l’esprit francophone historiquement réfractaire, c'est de reprendre tranquillement la ligne du temps, sans élever la voix, (de fait, il chuchote pendant tout le spectacle, comme on le fait la nuit, pour dire des mot d’amour) et de dresser un tableau musical du phénomène, depuis son éclosion en Angleterre en 1716 avec l’Opéra du gueux (The Beggar's Opera) de John Gay qui fut si fécond par la suite en adaptations littéraires et musicales. Il rappelle que le mariage populaire du théâtre et de la musique classique s’était exprimé dans des formes telles que le ballet, l'opéra, l'opéra-bouffe et l'opérette, mais qu’il s'était particulièrement développé aux États-Unis, intégrant des musiques « nouvelles et populaires » comme le jazz et les chansons. Donc nous voici à Broadway. Il suit les racines intercontinentales du genre nouveau – ah ! Les mauvaises herbes! - plus résistantes et plus économiquement rentables que jamais! La popularité de ces œuvres et leur fréquentation ne bat-elle pas tous les records? La fameuse foule sentimentale, assoiffée d’idéal, entretenue dans l’illusion de la jouvence éternelle, ne rêve-telle pas perpétuellement comme Antoine Guillaume que la vie réelle soit plus musicale ? Et si la musique était un viatique ?
Heureux qui communique ! L’artiste souriant ravit, ce soir en tous cas, son audience tous âges confondus, amoureux et connaisseurs du genre, ou non. Avec LUI, c’est la rencontre du charme, un rendez-vous avec une voix qui vous serre le cœur, la découverte d’un timbre harmonieux, d’une prononciation anglophone parfaite, d’un sens de l’humour chaleureux, d’une mobilité stupéfiante sous les lumières de Laurent Kaye. Avec ELLE, sa compagne musicienne hautement qualifiée (la pianiste Julie Delbart) c’est la connivence avérée des deux artistes, la rencontre d’une grammaire musicale complexe et inventive et d'une palette d'émotions très variées, un toucher de clavier captivant, la découverte de basculements inédits d’une mélodie à l’autre, la surprise d’un changement de costume, de quoi inviter l’imaginaire à se laisser prendre par le mystère… Mais oui, on connait cet air, on l’a savouré comme une madeleine mais les titres se sont parfois effacés, seul reste donc le plaisir! Ah l’émouvant Ol’man River de Showboat ( 1927 )! Et tous les autres souvenirs: The Sound of Music (1959), My Fair Lady (1956), Mary Poppins( 1964), Cabaret (1966) Porgy and Bess (1925 ), West Side Story( 1957), The King and I (1951 ), Cats (1981), The Phantom of the Opera ( 1986), Evita (1978 ) …tout y passe et rien ne lasse car la Comédie Musicale, c’est vraiment ce qu’il a trouvé encore de plus proche du Bonheur! Il pourrait vous parler de Broadway pendant des heures et pour cause, … la cause qui est la sienne, lui colle au coeur!
Le saviez-vous? “Next To Normal” sera en Belgique à la rentrée 2018… Peut-être l’y croiserez-vous? Accompagné de Michel Kacenelenbogen, le metteur en scène?
Du 06/09 au 21/10/2017
https://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=505&type=8
Vu le succès, 5 Supplémentaires les 14, 20 et 21.10.17 à 18h30, le 22.10.17 à 18h00 et 20h30
Commentaires
Une critique de Stéphanie Bocart.
Cats, Le Roi Lion, La Mélodie du Bonheur, Chicago, Grease, The Phantom of the Opera, Singing in the Rain, Hello Dolly,… La liste des comédies musicales plus célèbres les unes que les autres est longue. Car, même si l’on n’est pas adepte du genre, on a quand même bien toutjours en tête ou dans l’oreille l’un ou l’autre artiste ou célèbres refrains. Pourtant, force est de reconnaître que ce style musical, s’il a ses deux temples à New York, avec Broadway, et Londres, avec le quartier des théâtres de West End, est parfois perçu comme ringard et gentillet.
Mais vous seriez bien surpris d’apprendre tout ce qui se cache derrière la comédie musicale ! C’est qu’il faut porter sa curiosité au-delà des productions, en particulier françaises, des années 90 qui en ont terni l’image en éculant la recette… Cette démarche, Antoine Guillaume, comédien, chanteur et danseur, passionné de comédies musicales, l’a entreprise, pour notre plus grand bonheur : on sort transporté, le cœur en joie et la tête pleine de mélodies enjouées, de son spectacle Vous avez dit Broadway ?, créé en 2017 à Bruxelles et actuellement repris au Théâtre Le Public.
La trépidante histoire de la comédie musicale
Le brouhaha d’une salle de spectacle qui se remplit. “Bienvenue à la représentation de Cabaret !” Roulement de tambours. Le spectacle commence. Dans le fond de la scène, grâce à un jeu de panneaux représentant le théâtre et son public, Antoine Guillaume passe du devant du plateau, où il lance le spectacle, aux loges derrière la scène. Sur le ton de la confidence, il chuchote : “La vie réelle n’est pas assez musicale.” Ce constat, il le pose depuis ses 17 ans, lorsqu'il assiste à sa première comédie musicale à Londres. Le jeune garçon est ébloui par “la rigueur, la précision”des artistes et du show. “Je ne supporte pas que l’on dise que la comédie musicale est un art mineur”, défend-il.
Pour le démontrer, accompagné de la talentueuse pianiste Julie Delbart, il nous plonge dans la trépidante histoire de la comédie musicale, de ses prémices au XVIIIe siècle en Angleterre à nos jours, en passant par son exportation outre-atlantique. Pendant 1h30, il nous emmène dans les coulisses d’un genre unique, magique, truffées de références documentées et d’anecdotes, mâtinées d’un humour fin et sans détours. Éclairant ! Passionnant ! Dans cette ambiance tamisée d’arrière-scène avec sa loge et ses portants de costumes, orchestrée par Michel Kacenelenbogen, Antoine Guillaume raconte, chante et danse. Ça pétille ! On s’amuse à se balancer sur son siège et à reprendre les refrains. On est Glenn Close dans Sunset Boulevard, Gene Kelly dans Singing in the Rain ou Julie Andrews dans Mary Poppins. Avec lui, on (re)découvre, sans fard, les joies du divertissement au sens noble du terme : admirer des artistes qui par un savant alliage de danses, chansons et musiques vous font vibrer et oublier, quelques instants, qui vous êtes.
Le Public, Bruxelles, jusqu’au 31 décembre. Infos et rés. : 0800.944.44. - www.theatrelepublic.be
- LA MENAGERIE DE VERRE
- LE PORTEUR D'HISTOIRE
- L'AMOUR DANS TOUS SES ETATS
- VOUS AVEZ DIT BROADWAY ?
- NINALISA
- BENT
- LES MURS MURMURENT
REPRISE : Dates Du 5 au 31 décembre 2018
Où Théâtre Le Public
Rue Braemt, 64 70 1210 Saint-Josse-Ten-Noode
http://www.theatrelepublic.be
contact@theatrelepublic.be
0800 944 44
Chers spectateurs,
Vu le succès public de "Vous avez dit Broadway ?" et de "Tuyauterie", de nombreuses soirées sont déjà complètes. Mais bonne nouvelle ! Nous ajoutons de nouvelles représentations pour ces deux spectacles. Ne tardez pas à réservez vos places soit ci-dessous, soit au numéro gratuit 0800 944 44.
sur le compte Facebook Théâtre Le Public (ici)
Vous l’avez peut-être découvert dans les capsules «Go for Zero» sur RTL-TVi. Antoine Guillaume est avant tout un acteur de théâtre. Au Théâtre Le Public, il déclare en ce moment sa flamme à la comédie musicale.
Silence en coulisses! L’expression bien connue, le personnage de «Vous avez dit Broadway?» n’en a cure. C’est toutefois en chuchotant qu’il va nous raconter une belle histoire pendant une heure trente: celle de la comédie musicale. Ce genre théâtral créé comme opéra du peuple, trouvant son origine dans l’opérette française. Engagé pour faire les annonces d’avant-spectacle dans un théâtre, il s’est construit dans les coulisses un petit univers, fait d’affiches collées au mur et de vieux costumes posés sur une tringle. Quand ce rêveur des feux de la rampe de Broadway élève la voix, c’est pour entonner quelques-uns des plus grands succès du genre, voire des perles méconnues: «Porgy & Bess», «The Sound of Music», «Cats», «Grease», presque deux siècles de spectacle chanté y passent.
Dans les rêves d’un gamin
Ph. Gaël Maleux
On se retrouve un peu dans la chambre d’ado d’Antoine Guillaume, l’interprète de ce jeune homme. L’acteur y a mis beaucoup de lui: «Le metteur en scène Michel Kacenelenbogen voulait qu’on soit dans l’histoire intime de ce gamin de 17 ans. Oui, c’est un peu mon histoire mais je ne pense pas être aussi taré», nous lance-t-il sourire aux lèvres. «Je ne dis rien», réplique Julie Delbart, sa complice de scène et pianiste. Elle sait très bien qu’Antoine a vu 13 fois «Les Misérables» et 11 fois «Le Fantôme de l’opéra» à Londres ou à New York. Un spectacle figure toujours au programme de ces voyages d’ailleurs.
C’est avec elle qu’il a conçu une première ébauche du spectacle présentée l’année dernière au Théâtre le Public. L’idée leur est venue après leur rencontre dans le spectacle «Cabaret», monument du ‘musical’ mis en scène par le même Michel Kacenelenbogen (prochainement à Louvain-la-Neuve et à Liège).
Un art complet parfois engagé
À trois, ils l’ont étoffé en une véritable ligne du temps musicale. Didactique, documenté, mais sans ennui et touchant lors des moments de confession plus intimes. «Nous voulions être factuels. Mais nous voulions aussi que les gens se souviennent des musiques. À l’écoute de ‘Memories’, ils peuvent se dire: ‘Tiens, j’ai déjà entendu ça’.» Antoine Guillaume y va aussi avec l’intention de réhabiliter quelque peu le genre qui trouve si peu grâce aux yeux continentaux. «That’s entertainment!», chantait Fred Astaire dans «Tous en scène» en 1953. «Mais pas seulement», réplique Antoine Guillaume qui tout au long du spectacle rappelle comment la comédie musicale a suivi l’histoire musicale et a précédé les bouleversements sociaux, culturels et raciaux aux États-Unis. «Hair» n’était-il pas un réquisitoire contre la guerre du Viêt Nam?
Le comédien ne comprend pas la frilosité francophone. La faute en partie aux comédies musicales françaises des années 90. «Ce n’est pas un truc mièvre. Chez nous, on a un drôle de rapport au divertissement. On a déjà du mal à envisager l’artistique comme un métier.»
Antoine Guillaume et Julie Delbart rendent justice aux compositeurs (Gershwin, Rodgers & Hammerstein…) de vrais classiques du répertoire et à un art complet (jeu, danse et chant). Une part de culture populaire en somme.
Jusqu’au 21 octobre au Théâtre Le Public
Credit photos : Gaël Maleux