Un certain Plume au théâtre du grand Midi à Ixelles
Texte d’Henri MICHAUX avec Raffaele GIULIANI – Amélie SEGERS – Marvin MARIANO – Sarah FIORIDO
Réalisateur Bernard DAMIEN
les 27 – 28 – 29 – 30 septembre et le 1er octobre à 20h30
Avec le(s) personnage(s) énigmatique(s) de PLUME, le clown n'est plus celui dont on rit, mais celui qui rit du rire ! Et ce rire n'est pas sourire, ou rire entendu, ou simple rigolade ironique : il est risée totale ! Le rire est l'adjuvant de cette démarche, son instrument premier, il ouvre les horizons intérieurs, contrecarre les figures sociales. Il est l'exact inverse de l'importance. Il remet les choses en place, ouvre la temporalité. Sa valeur est bien d'ouverture, d'éclosion heureuse...
La scénographie de Monsieur Plume est un bijou simple et beau, mobile et en arrêt sur images. Les volumes, les objets, les couleurs, les lumières et les textures, tout est étudié comme pour composer des cartes postales à l’infini. Des tableaux qui nagent en plein ciel.
Et pourtant les ingrédients sont d’une banalité insensée. Quelques poubelles - avec couvercle - emboîtables, empilables, jetables et de couleurs vives nous mèneront sur les chemins de l’onirisme. Quatre chapeaux boule et un cinquième sur un invisible personnage, quatre nez rouges, quatre parapluies façon Magritte. Des tailleurs pour les deux femmes ravissantes et des complets vestons pour les deux hommes miroirs en guise d’habillement.
La musique est tour à tour rock, foire, carrousel et peuple.
La poésie est dans la gestuelle, dans les mots, dans les yeux et à la bouche de ces quatre comédiens tombés dans la potion magique du verbe et du geste.
Un théâtre d’émotion et d’abstraction. Surtout se laisser aller à l’humour bourré de surréalisme, l’imaginaire scandé par les cymbales des couvercles.
S’abstraire du monde réel, glisser dans le fantasme et le dessiner comme Prévert dessine la cage et l’oiseau.
Oser se réfugier dans le sommeil et les songes. Oser imaginer une compagne écrasée par un train meurtrier, une marche d’équilibriste au plafond, l’achat d’une côtelette invisible dans un restaurant. Oser faire un bouquet de têtes coupées, faire la cour à une reine, se faire plumer tout en rendant des services en nature à des femmes assoiffées de plaisir, tuer des voyageurs bulgares, frôler sans cesse l’idée de la mort et se retrouver sain et sauf.
C’est grotesque, surprenant, déroutant et sarcastique. Mais le fil rouge, c’est ce Monsieur Plume démultiplié, serviable, qui a toujours peur de froisser l’autre, en butte avec l’autorité froide de la police, ou de l’administration, ou de la justice. C’est un hapax de gentillesse dans le monde hostile qui nous entoure. «… Et il s’endormit »
http://www.xltheatredugrandmidi.be/index.php?pid=1
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