UNE AUTRE VIE EST POSSIBLE
Jean-Claude Guillebaud
Éditions L’Iconoclaste, 214 p., 14 €
Combat étincelant
Bien écrit, le dernier livre de Jean-Claude Guillebaud « Une autre vie est possible », aux Editions L'Iconoclaste, est un véritable cadeau … (de Noël, pourquoi pas ?) car il oppose au désarroi humain et au pessimisme qui minent notre époque rien moins que la Bonté humaine et l’Espérance.
Son analyse serait-elle imprégnée de romantisme rousseauiste, d’un optimisme béat ou d’une confession religieuse particulière ? Certes non! Son enquête à propos des grandes périodes historiques de basculement et de changements est basée sur un travail solide et minutieux. Ancien reporter au Journal Le Monde, écrivain, essayiste, conférencier et journaliste français, il a derrière lui 25 années d’expérience de journalisme de guerre à travers le monde entier. Peu surprenant qu’il prône un regain d’intérêt pour la non-Violence et soit devenu "membre du comité de parrainage de la Décennie internationale de la promotion d'une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde des Nations unies".
Il profite d'ailleurs de son livre pour pourfendre la sinistrose ambiante de notre monde, sorte de maladie incapacitante des adeptes de « la culture du désespoir mondain ». Il n'hésite pas à les accuser de lâcheté intellectuelle, en particulier ceux de Saint-Germain-des-Prés. Au passage, il soufflète les médias. L’iconoclaste !
Au terme rabâché de « Crise » il préfère de loin celui de mutations majeures qui affectent le genre humain. L’approche est vaste et intelligente, que dire, passionnante ? Il envisage une situation planétaire pour que nous dévisagions ou envisagions enfin la Bonté qui siège dans le cœur humain, plus que sa vilenie. Et de souhaiter que celle-ci fasse sa révolution pacifique et salutaire.
Nous marchons en effet vers un autre monde affirme-t-il. Il y a tout d’abord le décentrement du monde avec l’émergence de cultures telles que la Chine, l’Inde, le Brésil. C’est définitif, pas de retour en arrière possible. Il y a cette mondialisation dont on nous rebat les oreilles mais qui prouve que l’économie a fait faux bond à la démocratie. Que fera-t-on ? Au cœur des cinq moteurs de changement il y a la mutation « numérique». C’est en fait l’apparition d’un sixième continent qui est partout et nulle part, ne vous en déplaise ! Dans la médecine, l’éducation, la presse, la finance …la guerre. Il y a la révolution génétique et la mutation écologique qui détermine la finitude de notre monde.
Dangers ! Oui ! Mais promesses aussi… Ce livre dévoile avec verve les leurres de notre société et entrevoit les lieux innombrables où brille la lumière. Cette lumière n’est pas forcément celle des moines du Moyen-Age, mais celle de la redécouverte de la Bonté humaine. Il y a donc de nouveaux chercheurs d’or. L’empathie humaine, l’entraide, la solidarité deviennent de voies obligées. Et cette lumière ne siège pas forcément dans les mains des grands de ce monde. Certes, loin de faire du folklore sur les misères du monde et la pauvreté, Jean-Claude Guillebaud déclare que l’optimisme est possible. Il y a aussi ce rêve, que l’Europe redevienne un sujet politique passionnant. 2014 ? Les Eurosceptiques conséquents sont les mieux placés pour relancer l’Europe, dit-il. Et de citer son auteur favori, Edgar Morin « il nous faudra demain des redresseurs d’Espérance » Je ne vous en dirai pas un mot de plus. Lisez le livre d’urgence, vous apprécierez.
Commentaires
une très belle vidéo de Rebecca Terniak sur le thème de l'Espérance:
Ce week-end dans la page "livres" et culture du quotidien Le Soir, je choisis de présenter le livre que je conseille en ce moment. Il se trouve que je suis emballé par le livre qui se trouve sur ma table de chevet, même si je n’en suis qu’à une centaine de pages lues. Je vous retranscris ci-dessous le texte tel que la journaliste l’a fidèlement noté par téléphone :
Une autre vie est possible de Jean-Claude Guillebaud, Edition L’iconoclaste. Décembre 2012
C’est un livre qui me plaît beaucoup, et bien que cela soit un essai, il est écrit à la manière d’un roman. C’est une conversation avec le lecteur, il nous parle. Le livre est optimiste, contre le pessimiste ambiant de notre société. Jean-Claude Guillebaud explique comment on en est arrivés là, à être si pessimistes, à penser que le monde de la finance dirige tout et que nous n’avons plus notre mot à dire. Pour l’auteur, la base de cette désillusion, c’est la première guerre mondiale. Et de là, il enchaîne les faits jusqu’à aujourd’hui. Cet historique nous explique comment on pourrait s’en sortir et voir l’avenir positivement. Il parle de Thatcher pour qui tout ce qui arrivait était inévitable ; de Mitterrand qui disait que l’on a tout essayé face au chômage. Ou il cite encore l’idée des philosophes pour qui il faut vivre le moment présent, n’ayant aucunes prises sur l’avenir. A tout cela, Jean-Claude Guillebaud répond que non : il faut se projeter dans l’avenir et assure « si l’espérance concerne l’avenir, elle se vit au présent, un présent qu’elle éclaire et enrichit ». Et moi, tous les matins je me répète cette phrase d’Antoine de St Exupéry « l’avenir, tu n’as pas à le prévoir, mais à le permettre ». et c’est tout à fait l’esprit de ce livre, brillamment optimiste.
Je reviendrai sur toute l’espérance que je trouve dans ce livre. Mais déjà j’adore sa lutte contre la "culture de l’inespoir", sur ce paysage nouveau qu’il nous montre et qui pourrait doucement apporter à tous, et surtout aux jeunes générations, un avenir moins fermé, moins gris ! Quelques extraits en avant-première : "L’appétit de l’avenir et l’énergie du matin sont vraiment le propre de l’homme" ou "La vie est faite d’ombre et de lumière. N’insistons pas trop sur l’ombre" ! /... http://jacquesmercier.wordpress.com/2013/05/04/retrouver-lesperance/
21/02/2013 un bloc notes de l'auteur:
"Pour parler net, j’ai été sidéré que François Hollande, notre président de la République, apporte – mine de rien – sa pierre à la goguenardise antichrétienne qui s’est déchaînée ces derniers jours. « Nous ne présentons pas de candidat ! », a-t-il déclaré après la renonciation du pape Benoît XVI. Certes, peu avant, il avait témoigné – du bout des lèvres – de son « respect » pour la décision du pape, mais, au final, la gaminerie potache l’a emporté. Disant cela, il était hilare. Tant pis pour les Français ! On a le président qu’on peut.
Quant à la goguenardise antichrétienne partout répandue, elle est d’autant plus singulière qu’elle vient souvent d’hommes et de femmes qui, dans le même temps, sont capables d’adhérer puérilement à des idolâtries modernes comme l’économisme ou le scientisme. La réapparition dans les médias de cet antichristianisme rigolard rappelle celui qui marqua le début du XXe siècle en France, avant et après la loi de séparation de l’Église et de l’État. Pourquoi réapparaît-il, alors même que l’influence de l’Église a fortement diminué, que les séminaires sont dépeuplés et que l’institution est tout sauf triomphante ?
La laïcité batailleuse serait-elle angoissée par sa propre crise et son propre vide, consciente du déclin de sa morale républicaine, celle d’un Jaurès ou d’un Jules Ferry ? Cela ne fait aucun doute. Cette angoisse conduit les héritiers du petit père Combes à ressusciter le « vieil ennemi clérical » pour retrouver un sentiment d’exister. L’explication n’est pas suffisante. Serait-ce alors de l’ignorance pure et simple ? La question vaut d’être posée tant s’affiche au sujet du christianisme une méconnaissance qui prête à sourire. Les rabâchages sur la prétendue misogynie du christianisme en sont un bon exemple. Je ne nie pas que l’Église d’aujourd’hui ne fait pas encore à la femme la place qui lui revient, comme l’observait récemment le théologien Joseph Moingt. Mais concernant l’histoire, le grand médiéviste Jacques Le Goff, n’a jamais manqué une occasion de démontrer, preuves historiques en main, que le christianisme avait surtout libéré les femmes.
Avançons une autre hypothèse. Dans les dérives actuelles de la modernité (manipulations génétiques, loi de la jungle, mépris des faibles, inculture des élites, triomphe de l’argent, augmentation des inégalités, etc.), quelque chose s’exprime aujourd’hui qui est caricaturalement contraire au message évangélique. Face à ce nouveau cynisme technoscientifique et marchand, le christianisme, même affaibli, demeure, au meilleur sens du terme, une force de résistance. Il est l’un des derniers à défendre ce que le philosophe athée Cornélius Castoriadis appelait la « capacité d’une société à s’autolimiter ». L’antichristianisme ignare, façon Libé ou Caroline Fourest, rend finalement aux chrétiens que nous sommes un hommage involontaire. Merci camarades !"
http://www.google.fr/#hl=fr&gs_rn=1&gs_ri=hp&cp=23&...