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Quand Alberto Moravia parle de l’homme

12272709657?profile=original« L’homme » sont des chroniques et essais de l'écrivain italien Alberto Moravia, publiées en 1965. "L'homme, fin de l'homme", nous indique Moravia dans sa préface, est une défense de l' humanisme à un moment où l' anti-humanisme est en vogue." Une défense de l'humanisme, et en même temps une défense de la littérature, souligne l'auteur, puisque "la littérature est par nature même humaniste". C'est par ce biais qu'une certaine unité rayonnante est conférée à ce livre où sont réunies, à côté de l'essai intitulé "L' homme, fin de l'homme", des pages sur Pirandello, Pavese, Machiavel, Boccace, des notes sur le roman ainsi qu'une très longue étude sur "Les fiancés" de Manzoni: "Le livre le plus ambitieux et le plus complet qui ait été écrit sur la réalité italienne depuis "La divine comédie"." Ce qui a frappé Moravia, c'est que, dans la société moderne, l'homme est un monstre pour l'homme; l'homme est aliéné en ce sens qu'il n'est plus considéré par ses semblables comme une fin en soi mais comme un moyen. Le point de départ des réflexions de Moravia est donc le concept (marxiste) d' aliénation. L'homme du néo-capitalisme est si divisé, si esclave de ses produits de consommation qu'il n'est plus, à la limite, tous ressorts brisés, qu'un objet entre les objets. L'art lui-même est ravalé au rang de bien de consommation et ne traduit plus que l'aliénation de l'homme, c'est-à-dire "quelque chose qui est le contraire de la plénitude et de la durée". Le trait caractéristique du néo-capitalisme ce sera donc le fétichisme, l'anti-humanisme qui sous un travesti de prospérité et de confort ne fera qu'aviver notre sourd désespoir: "Et nous sentirons de plus en plus qu'au coeur de la prospérité, il y a le néant, autrement dit un fétiche qui, comme tous les fétiches, est une fin en soi-même et ne peut se mettre au service de l'homme." Ce que l'homme a fait pourtant, il pourra le défaire et de l'inhumain retrouver l'humain, c'est-à-dire, une dernière fois, et au prix d'un fantastique effort, réduire de nouveau le monde à la mesure humaine. En effet: "ce n'est que dans un monde fait à la mesure humaine que l'homme pourra recouvrer, par la contemplation, une idée de soi-même adéquate, qu'il pourra se proposer lui-même comme fin et cesser d'être un moyen".

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