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administrateur théâtres

Pylade (Le Rideau de Bruxelles)

"Chaque victoire est aussi une défaite." Après Affabulazione et Bête de style, le Rideau poursuit l'exploration du théâtre de Pasolini. Tout est à découvrir dans ce spectacle. "Incandescence poétique".(Musiq3-RTBF) / "Du théâtre à mains nues." (Le soir) Pylade (13 > 29.09)

 

Pylade
12272832455?profile=originalRéalisation dramatique magistrale, trois heures de spectacle, trois ans de travail assidu, une grosse vingtaine d’acteurs, composition électro-acoustique, voix divinisées, dans un lieu tout nouveau, un an à peine, découvrez cette perle à deux pas de la gare de L’Ouest.
Mais la gare de l’Ouest, où est- ce ?
 
Une pièce de politique, un jour d’élections, le 13 juin 2010. De quoi faire encore plus réfléchir. Le texte est tour à tour savant et obscur, comme les Euménides et les Erinyes. Raison et passion s’affrontent. Oreste veut bien faire. Electre est extrême: « Et dans ma haine il y a plus d’amour que dans toute ta fraternité ! » Elle est d’une fidélité statique à sa loyauté pour Agamemnon et court garder le feu aveuglant qui illumine la grandeur du passé.
 
Oreste bâtit la démocratie et ses institutions, vainc la dépendance de la religion, donne la richesse à ses concitoyens. Pression du sénat, rupture d’Oreste et de son ami Pylade. A la façon du roi Henry II et Thomas Becket. Pylade est autre, doté d’une grâce mystérieuse, il transpire la loyauté, la générosité, un homme idéal, sans racines dans l’orgueil royal. Il rassemblera tous les affamés, les démunis, les désespérés. Oreste : « Si nous avons fait de la raison une divinité, alors j’adore Athéna. » Pylade est incrédule.
 
 12272832473?profile=originalElectre et Oreste doivent se réconcilier « Rien de réel ne nous sépare » Paroles prophétiques ? « Car rien n’est pire que la guerre ! » Partout on entend grondements d’orage ou de guerre. Des poules bien vivantes picorent la scène entre les chaises dispersées des spectateurs, dans le décor démesuré de cet entrepôt surréaliste. Elles sont innocentes.
 
Sous les jeux de lumières totalement parlants, les acteurs sont magnifiques dans leur grandeur et leur petitesse. Oreste clame encore : « On est prêt pour votre victoire, sauf le Destin, c'est-à-dire le Réel ». Dix ans de guerre contre une nuit révélatrice où la seule révolution réelle est celle qui nait de la profondeur des êtres: en une nuit la haine peut soudain disparaître à tout jamais cependant que résonnent les pas réguliers d’une femme en marche.
avec votre carte de Quelle Passion deux entrées pour le prix d’une.
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Commentaires

  • administrateur théâtres

    une pièce politique, le 14 octobre 2012...

  • Merci Deashelle pour la couleur et la police, maintenant je risque de me poser sur cette page plus qu'avant, j'adore le théâtre et en tant qu'enseignante j'en fait en plus de la poésie ma passion première de très bons outils d'apprentissage de la langue française à mes lycéens qui adorent joindre l'utile à l'agréable malgré les contraintes. Vos billets sont très enrichissants, merci

  • administrateur théâtres

    Pour le bleu de la Méditerranée et le feu aveuglant qui illumine la grandeur du passé...

  • Un petit hic Deashelle, la couleur du texte est belle mais fatigue un peu les yeux! Hormis ce petit inconvénient, j'ai adoré ma lecture et cette mise en valeur du travail de la troupe; j'en ai gagné des leçons et gardé des citations.Merci du partage

  • administrateur théâtres

    genèse:

    http://www.laperidurale.be/site/index.php/pylade

    « Mais nous... sommes-nous meilleurs par hasard ? Si nous ne savons rien faire d'autre qu'attendre de nouvelles autorités ? »

    -Prologue du Choeur

  • administrateur théâtres

  • administrateur théâtres

    Fruit de deux ans d'ateliers et de trois ans de répétitions, ce "Pylade", de Pier Paolo Pasolini, prolonge l'Orestie d'Eschyle.

    Récapitulons : Oreste a tué sa mère, Clytemnestre, qui elle-même avait tué son mari, Agamemnon, avec la complicité de son amant, Egisthe. A la suite de ce matricide, Oreste quitte Argos, sa ville natale, avec son ami Pylade. Au terme de son errance, il est absous de son crime par le premier tribunal humain établi à Athènes par Athéna. En donnant ainsi le pouvoir aux citoyens, Athéna fonde la première démocratie. C'est là que commence le "Pylade" de Pasolini. Baigné de cet idéal démocratique, Oreste retourne à Argos où il devrait hériter du trône. Mais il entend bien en finir avec la monarchie et les vendettas. Il se heurte à Electre, sa soeur, aveuglée par sa loyauté envers le père défunt, mais aussi bientôt à Pylade, qui préfère épouser la cause du peuple et sera vaincu.

    Dans cette confrontation politique et philosophique, trouée d'éclairs lyriques, c'est tout le XXe siècle qui est balayé, avec ce qu'il charrie de communisme et de fascisme, mais aussi la société de consommation que le visionnaire auteur italien effleure avec génie. Comme souvent avec Pasolini, il faut une certaine endurance pour ingurgiter ce "théâtre de la parole", forcément bavard. Mais la pièce récompense nos efforts avec une mise en scène de Lazare Gousseau en prise directe avec le spectateur. Pas de chichis décoratifs mais du théâtre à mains nues, une vingtaine de comédiens en habits ordinaires, trimballant une franchise naïve ou fiévreuse, dans de régulières prises à témoin du public. Si la pièce souffre encore de raideurs, elle regorge aussi de tableaux intenses. Des Euménides aux voix surnaturelles, une Athéna littéralement scintillante, un violon et une guitare électrique pour caresser l'intrigue de notes étranges, ou encore des kilomètres de toile blanche qui se répandent soudain sur un épilogue en clair-obscur : tout cela vous attire, irrésistiblement, dans une cotonneuse étreinte.

    CATHERINE MAKEREEL

    (édition du 12/09/2012)

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