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« Homo Viator » est un recueil d'articles et de conférences publié en 1945 par l'écrivain et philosophe français Gabriel Marcel. Cet ouvrage groupe plusieurs textes importants: "Moi et autrui", "Le mystère familial", "Obéissance et fidélité", "L'être et le néant", etc. "Etre, c'est être en route". L'image du chemin revient sans cesse dans les écrits du philosophe. La réflexion suit la cadence de la marche, connaît la halte, mais non l'arrêt; elle ne construit pas d'abri permanent. Car la philosophie est quête inlassable, aventure, cheminement. L'homme est un être itinérant. Le temps est la forme de son épreuve. La foi répète l'expérience de l'existence. Elle est une marche, un exode. Mais cette marche a un terme, et elle le sait: par-delà l'issue apparente, la mort, un débouché invisible, l' éternité. Nous sommes des pèlerins, non des vagabonds ou des nomades. L' espérance s'oppose à l'ordre du désir et de l' espoir. Sorte de "mémoire du futur", elle affirme résolument un au-delà dont elle repère et précise déjà dans l'obscurité les signes irréfutables. Sa formule développée, c'est "J'espère en Toi pour nous", c'est-à-dire pour la communauté vivante que nous formons. Si la condition même d'une métaphysique de l' espérance est de ne se traduire qu'en termes précaires et toujours renouvelés, l'hymne à l' espérance est par contre l'intarissable source de l' orphisme que Gabriel Marcel évoque. Comme Socrate achève le "Phèdre" par la prière au dieu Pan, ainsi le philosophe et son lecteur se tournent vers un ange tutélaire. Ce n'est plus la philosophie qui parle, c'est le chant qui jaillit; ce n'est plus la réflexion, c'est le murmure de l' invocation. Voici en effet quelle est la conclusion d' "Homo viator": "Esprit de métamorphose! Quand nous tenterons d'effacer la frontière de nuées qui nous sépare de l'autre royaume, guide notre geste novice! Et lorsque sonnera l'heure prescrite, éveille en nous l'humeur allègre du routier qui boucle son sac tandis que derrière la vitre embuée se poursuit l'éclosion indistincte de l'aurore".


L'ESPERANCE FOLLE DE GUY BEART
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Commentaires

  • En écho à cette belle réflexion de Gabriel Marcel,
    ces quelques vers de Benjamin Fondane

    "Et quand la mort, la mort est venue, peut-être ai-je prétendu
    savoir ce qu'elle était mais vrai,
    je puis vous le dire à cette heure,
    elle est entrée en mes yeux étonnés, étonnés de si peu comprendre".

    Benjamin Fondane
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