Quoi ? Toujours la colombe blessée, la colombe poignardée
Quoi ? Toujours l’épitaphe aux sanglots, le dernier mot à la guerre
Quoi ? Toujours les pensées prosternées, les portraits défigurés
Quoi ? Toujours céder in extenso à tout forfait des misères
A tout retrait d’amour en prière, à tout espoir en poussière
Quoi ? Toujours ma tristesse de cendre, nul ilot pour me reprendre
L’être profond ne résiste pas à se mourir beaucoup trop
Bien sûr, des rêves à rendre, mais pourquoi donc tout descendre
Laissez-moi là m’opposer de cette respiration qu’il faut
Pour tout temps de l’insupportable et de l’asphyxie des mots
Quoi ? Mille fois à se crever les yeux, à se transpercer le cœur
Quoi ? Toujours le monde tant et tant à seule face cruelle,
Quoi ? Jamais cette idée du front bleu pour naître des jours meilleurs
Quoi ? Jamais un soupçon d’éclaircie par raison existentielle
Par possession d’un cap au soleil, de l’âme de pluie nouvelle
Quoi ? Toujours ma détresse pour ordre, tant les multiples discordes
L’être profond ne résiste pas à l’extinction des regards
Bien sûr, en moi des désordres jusqu’aux lèvres à les mordre
Mais à ceux sous la loi des adieux désarmés de toutes parts
Crois-tu qu’il ait besoin d’ajouter la densité d’un deuil noir
Quoi ? Toujours les hommes à genoux, ces fléaux, ces mauvais coups
Quoi ? Toujours se faire esclaves, victimes de faits graves
Quoi ? Toujours tout traîner dans la boue, vraiment rien que l’on absout
Quoi ? Toujours l’esprit qui aggrave, décime les rangs des braves
Dépossède tous les sages du temps mis pour ce qu’ils savent
Quoi ? Jamais ma largesse à défendre un lieu d’espoir même tendre
L’être profond ne résiste pas à longtemps désespérer
Bien sûr, à moi c’est l’épreuve d’une âme facile à fendre
Mais à ceux sur des voies dans l’impasse à quoi sert d’en parler
Crois-tu qu’il ait malin d’augmenter ce qui peut les condamner
Quoi ? Jamais ma tendresse à contours ajustés à des enfants
Il y a bien mieux à faire que de leur servir larmes et plaintes
Il leur faut plus que des promesses d’autre monde différent
Il faut déjà le porter en soi flambeau contre toute crainte
Qui ne l’a pas ne retient plus rien au terme de vie défunte
Quoi ? Toujours ce qui vide et dessèche à trop d’excès du mal être
Quoi ? Toujours ces cultes ces jubilés l’exploitation des malheurs
Cette élite des misanthropes qui en font cent fois l’enquête
Prophètes de l’apocalypse prêts au troc de nos peurs
Pour qu’on leur laisse tout pouvoir mais pensez à leur noirceur
Quoi ? Jamais la mémoire ce qu’on sait quand on fait sonner le glas
Le tocsin de toute espérance, les torts quand on laisse dire
Quand on laisse faire l’acharnement à mettre l’homme au plus bas
Pensez ce que sont les pouvoirs qui réclament des martyres
Des catastrophes majeures, pensez l’effroi qui a fait leurs empires
Quoi ? Jamais une histoire à donner en lieu et place des ruines
D’un passé en crachat sur des tombes par ceux qui n’ont rien compris
A jamais pour notre décadence, tous coupables et indignes
Je ne signerai pas à genoux pour m’insulter d’être en vie
Ce serait tant blasphémer l’amour qui m’a fait ce que je suis
Non, à me résigner, hors combat, maillon de vieux ostensoirs
J’ai encore en moi des énergies l’envie des métamorphoses
Si un vieux monde s’effondre, qui en veut encore est sans voir
Ce qui remet notre cause au centre palpitant des choses
Laissons les statues de piété les gerbes fauchées des roses
Non, à me condamner au silence, en cage ou en otage
De ces pensées irréversibles qui nous font tous accusés
Incapables de grandeur d’âme, coupables selon l’usage
De certaine élite dans son rôle de sape des vérités
De tous les pouvoirs qui contrôlent ce qui peut leur résister
Non, à me refuser la parole au devant de l’avenir
Des assemblées se constituant par force de ne rien craindre
Au lieu de plaindre les faiblesses à tout subir, à se fuir
A faire semblant d’être heureux à ne rien vraiment atteindre
Ma parole à d’autres libérées ne demande qu’à se joindre
Non, à m’interdire le langage à concevoir l’esquisse
D’autre monde à partir des choses essentielles à la vie
Inséparables des destinées qui se voudraient des hélices
Et quand bien même des jours tristes qui resteront grand souci
Temps report aux éphémères à dépasser à tout prix
Oui, une fois de plus, l’ouverture au contexte du bonheur
Si l’avoir dans l’absolu n’est pas pour autant faut-il qu’on brade
Toute chance, toute condition d’en avoir plus de la fleur
Des relations vraiment humaines, et des amours en bravade
A n’importe quel âge par choix d’exister dans l’escapade
Oui, une fois de plus, ma demeure aux choses bien naturelles
Je refuse d’y vivre à l’angoisse et croire tout ce qu’on dit
Chez moi il n’y a pas de fusil, et pas de journées cruelles
Si on me comprend tant mieux, si on ne comprend pas tant pis
J’ai besoin d’une île pour écrire à la paix ici merci
Oui, une fois de plus, l’archipel des rencontres au-delà
Du présent et des histoires qui font fuir des colombes
Une fois de plus, les voyages et au départ ça ira
N’expliquons rien du grand bazar du poids des idées qui plombent
Ne disons plus que c’est savoir vivre à être l’armée des ombres
Oui, une fois de plus, mon crédit accordé au monde qui imagine
Toute autre tâche que de sauver la monnaie des vanités
Toute autre vie future que du temps compressé à la déprime
L’avant-garde de l’art des mains nues, des esprits recomposés
Comme culture en terre fertile, offrande à tout nouveau né
Ainsi ne soit-il pas le monde des négations sans merci
Ainsi soit-il le monde qui va à la lumière établie
Chez moi, il y en a un morceau c’est avec ça que j’écris
Je suis bienheureux de m’en servir à l’adresse d’aujourd’hui
Un pourquoi pas pour demain vaut bien ma prière en poésie
© Gil DEF - 10.10.2011
- Manifestement cherche-monde -
Commentaires
Bonjour Fabienne
Oh là, là… Quelle référence pour moi ! Je puis vous dire que cette chanson est en exergue sur mon blogue personnel sous l’intitulé « entrée en poésie » … Je l’ai mise là pour rappeler constamment à moi-même et à chacun qui passe combien est importante l’embellie de l’amour qu’on a quand bien même le tumulte et les tracas de la vie …
Finalement, je me dis que je me dois de faire surtout ce qui est dans ces vers
Verse un peu de joie dans nos cœurs
Avec des riens qui vous délivrent
Un peu d'espoir et de douceur
On en a tant besoin pour vivre
Bonne journée. Amitiés. Gil
Bonjour Monsieur Robert Paul
Il est certain que j’aimerais suivre totalement les conseils avisés de Monsieur Ronsard. Si j’examine ce que j’ai fait jusqu’à maintenant, je crois avoir montré ici et ailleurs que j’aime la poésie par tant de poètes qui m’ont transpercé, et que je la considère comme belle amie et compagnie indispensable. Suis-je poète moi-même ? Je ne le sais, mais je fais en sorte de le devenir, et il est sûr que les avis et encouragements des amis que j’avais déjà et de ceux que je rencontre en chemin me sont précieux…
Bonne journée. Gil
https://www.youtube.com/watch?v=rfdkZRvjsIc
Bonsoir Jacqueline
Comment me remercier ? Je vous répéterais ce que m'a dit une poète sublissime que je voulais remercier de ses encouragements : "Ecrivez, écrivez avec générosité et sans complexe ...
Bonne fin de journée. Amitiés. Gil
Bonjour Valériane
Ayant connaissance de votre abondance de production sur les réseaux sociaux, je n’ai absolument aucune raison de douter de votre esprit généreux. Je sais aussi la gratitude active que vous avez envers les écrivains et artistes qui vous ont ému ou préservé cette part d’innocence dont nous avons tous tant besoin. Vous me faites un grand éloge qui me touche quand bien même je dois m’en défendre au moins un peu, pour m’obliger à poursuivre dans l’exigence de l’écriture ajustée.
Le très beau texte sur l’amitié que vous proposez à lire ou relire me touche aussi tant il me ramène de magnifiques souvenirs, où il y a des aventures à bicyclettes.
Il y a d’abord, quand j’étais enfant, quand on partait à bicyclette voir des parents ou des amis, ou quand on allait les rejoindre pour une ducasse, pour une journée à la mer, pour un grand-nique au bord d’un lac ou en forêt avec des seaux d’haricots verts et des paquets de jambon et des sourires infiniment larges puisqu’ils me restent aujourd’hui.
Il y a aussi, quand j’étais adolescent, quand on partait à bicyclette, à plusieurs dizaines, pour des tas d’opérations dominicales, conjuguant l’utile et l’agréable, et au cours desquelles les amitiés se renforcent et les premières amours naissent, tout ça restant pour moi impérissables.
Il y a tout ce que j’ai fait pendant des années avec des groupes d’élèves, et partant à bicyclette pendant quelques heures et jusqu’à plusieurs jours, pour redécouvrir le monde et les vertus de la solidarité qui assure la sécurité de chacun et des moments de bonheur dont je sais qu’ils ne s’oublient pas.
J’ai fait avec ça un bel album qu’il me faudra bien livrer un jour et peut être bien qu’il me faudra reconstituer aussi cet herbier particulier qui accompagnait ces aventures …
Bonne journée. Amitiés. Gil
Bonjour Jacqueline
Pour qui est lucide, il est évident qu’il y a encore beaucoup de choses à changer dans la façon dont les hommes vivent sur la planète. Il est évident que les exigences de paix et de liberté sont primordiales. En effet, rien ne changera sans concevoir partout de nouveaux contrats sociaux débarrassés de ces rapports de domination et de soumission qui conduisent à l’absurdité des rapports humains, à nombre de violences et à la faillite économique et culturelle des sociétés.
Si je peux comme vous faire appel à plus de compréhension, de générosité, d’élan de cœur au niveau de chacun, je suis d’avis qu’il faut aussi et bien plus en appeler au raisonnement et à l’esprit critique des gens à propos de l’efficacité de nos sociétés, et à propos du sens qu’il donne à leurs vies. Il faut aussi faire appel à leur imagination pour envisager comment l’intérêt général et l’intérêt particulier peuvent tout à fait se concilier, contrairement à ce que nous vivons et à bien des idées reçues.
Pratiquant de la poésie, je sais bien que dans un poème, on ne peut qu’une idée et parfois qu’un morceau d’idée. Vous avez bien fait d’écrire le vôtre, un tiers tristesse, un tiers indignation, et un tiers amorce de solution. Je vous dirais que j’aime particulièrement le procédé de répétition que vous utilisez. Un jour, un poète fervent des ateliers d’écriture m’a reproché la répétition, je lui ai répondu qu’il n’avait sans doute pas compris que le poète n’a pas à chercher à être original, il répète ce qui a été déjà dit, juste parce qu’il estime que ça n’a pas été entendu ou compris. J’ai ajouté que dans ma vie, je me répète souvent les mêmes choses à propos d’une multitude de sujets et tout comme la majorité des gens, et que je ne voyais pas pourquoi je devrais apparaître différent dans ma poésie.
En tout cas, un poème faisant un écho à un autre, j’aime particulièrement…
Bonne journée. Amitiés. Gil
Cher Gil,
Ne désirant ni paraitre à vos yeux pour une indifférente, ni encore moins pour une ingrate profitant de vos largesses, mais ne les saluant aucunement, je me joins au chorus se dégageant des voix de votre cortège d'amis d'Arts et Lettres, qui de manière unanime, et personnalisée, dénuée de la moindre flagornerie, et ce n'est que justice, reconnait la force spirituelle humaniste qui vous anime !
Puisse votre pensée féconde témoignant d'une noblesse de sentiments, contribuer à faire fleurir d'autres "Hommes de bonne volonté" chers à Jules Romains...
Une humble Valérianacée, se sentant une herbacée pauvre et sauvage, vous est désormais fidèle, bien que depuis sa découverte de vos publications, elle n'ait cessé de vous lire avec délectation !!!
Celle-ci vous quitte en vous transmettant toute son admiration, ne résistant guère à donner la parole à ce proche du groupe de l'Abbaye, auteur de ce remarquable "Hymne à l'amitié" :
On ne sait pas ce que ce que c'est que l'amitié.
On n'a dit que des sottises là-dessus. Quand je suis seul, je n'atteins jamais à la certitude où je suis maintenant. Je crains la mort. Tout mon courage contre le monde n'aboutit qu'à un défi.
Mais, en ce moment je suis tranquille.
Nous deux, comme nous sommes là, en bécane, sur cette route, avec ce soleil, avec cette âme, voilà qui justifie tout, qui me console de tout.
N'y aurait-il que cela dans ma vie, que je ne la jugerais ni sans but, ni même périssable.
Et n'y aurait-il que cela, à cette heure dans le monde, que je ne jugerais le monde ni sans bonté, ni sans Dieu.
Lorsqu'un fils de l'homme connait un seul jour cette plénitude, il n'a rien à dire contre son destin.
(extrait de l'ouvrage Les copains).
Bonsoir Gil,
Modestement, je réponds à votre question, Pas de souci, vous ne devez pas vous soigner!!
Vous êtes dans la bonne logique.
Cette logique est multipliée par autant de personnes de bonne volonté.
Soyons optimiste.
Amitiés.
Adyne
Bonjour Monsieur Robert Paul
J’ai déjà dit que le réseau Arts et Lettres était le seul qui m’enrichissait grandement et correspondait à mes attentes. Je le réaffirme avec aisance aujourd’hui tant j’ai pu être déçu et continue de l’être par nombre de réseaux médiocres, éphémères, et par des pratiques de l’entre soi qui finissent par la négation de la liberté d’expression quand ce n’est pas par des attaques personnelles infondées.
Je suis un auteur totalement amateur, dans son coin, ce qui signifie pas que je ne cherche pas à être un jour édité à force de travail. Outre le fait qu’il assure mon enrichissement personnel, Arts et Lettres est aussi un moyen pour moi de présenter mes productions et de me frotter aux avis de lecteurs. J’avais jusqu’alors bien des raisons d’être satisfait de l’accueil que j’ai reçu ici, et des débats fructueux que j’ai menés avec divers membres dans une ambiance parfois passionnée mais toujours amicale.
Et puis, voilà, je ne m’attendais pas à ça … Comment puis-je dire autrement le plaisir extrême qui m’avait été fait par ce flot d’éloges autour de mon dernier texte. Quel cadeau que l’attention qu’on vous porte quand bien même les distances et la modestie de ce que vous offrez !
Je pense qu’il n’est d’autre moyen pour moi pour vous remercier que de poursuivre l’écriture avec plus d’efforts encore et tant que je le peux…
Bon fin de journée à vous qui êtes une personne remarquable. Gil