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Plumes

Il était une fois une fille...belle,très belle...comme jamais on n'avait vu de beauté dans ce pays de Bretagne et même au monde ...

Elle s'appelait Chan-nick...elle avait de merveilleux cheveux longs...noirs comme l'ébène...un visage d'ange, des yeux verts, étincelants...Elle dégageait une beauté extraordinaire, comme le premier rayon de soleil au printemps, comme le premier chant de l'hirondelle au-delà des ajoncs...Tout le monde l'enviait...les hommes se retournaient sur son passage...même les femmes l'admiraient...

Un jour pourtant, un de ces jours de brume et de silence , un jour on découvrit la faiblesse cachée de Chan-nick: cette femme si belle, si merveilleusement belle, était une médisante.

Sans cesse, elle répandait des rumeurs, des mensonges à propos de tout le monde, sur n'importe qui et pour n'importe quoi...

Et la rumeur enflait , quittait les abords du lavoir, se répandait dans les rues du village, franchissait les murs alentour et filait dans tout le pays jusqu'à devenir une certitude...

Chan-nick continuait de médire et de médire encore, répandant les pires paroles sur tout un chacun, n'épargnant personne...Et les autres écoutaient et racontaient à leur tour ...Et ainsi passait le temps de rumeur en rumeur, de mensonge en mensonge...

Et voici qu'un jour, en fin d'après-midi, alors que Chan-nick finissait, seule, sa lessive au lavoir du village, voici qu'une vieille femme, toute de noir vêtue, un capuchon sur la tête qui lui cache le visage, s'approche d'elle, se penche un peu et lui  murmure à l'oreille:

- Toi, tu as une langue de vipère...

Et la vieille disparaît comme elle était venue...

Aussitôt la tête de Chan-nick perd sa beauté et se transforme en tête de vipère, toute recouverte d'écailles vertes et brillantes.Et Chan-nick ne peut plus parler, mais de sa bouche sort alors une langue de vipère et des sifflements désespérés...Elle s'affole, se couvre ce visage qu'elle ne peut accepter, court dans tous les sens et finit par se précipiter chez Kaour, le vieux sage du village ...Elle le supplie de la libérer du maléfice.

-  Non, Chan-nick, je ne peux te libérer de ce sort...je ne peux pas...Tout au plus peux-tu faire quelque chose toi-même pour essayer de te sauver, mais je ne garantis pas la réussite...

Chan-nick est prête à tout pour se débarasser de ce terrible sort, elle insiste donc, elle veut savoir comment agir pour se sauver.

- Alors voilà:tu vas remplir ces deux sacs de plumes...complètement...Une fois remplis, tu te rendras à la maison de chaque personne que tu as salie par tes médisances...et devant chaque porte tu déposeras une plume...Mais fais bien attention de n'oublier personne...Une fois que tu auras terminé, tu reviendras me voir ...

CHan-nick a fort à faire puisque son chemin lui prendra 7 ans ...

Durant tout ce temps, elle pose une plume après l'autre derrière chaque porte de chacune des personnes qu'elle a blessé...Au bout de ces 7 années de cheminement elle revient vers le vieux sage, toujours enveloppée dans un grand châle pour cacher sa tête de vipère ...

Kaour lui dit alors:

- C'est bien Chan-nick...maintenant il te reste une chose à réaliser pour éventuellement te libérer du sort...Tu vas retourner à chaque porte de chaque personne, là où tu as déposé une plume . Tu vas alors récupérer ces plumes, remplir encore une fois tes deux sacs et revenir me voir ...

Et Chan-nick s'en va ...courant le village, écumant le pays, traversant le monde , cherchant et chercant encore, espérant réaliser son labeur...Et après 7 nouvelles années, elle se rend compte qu'elle ne peut récupérer aucune plume...

Abattue, dépitée, elle revient au village et sous sa grande cape protectrice avoue au vieux Kaour son impuissance à récupérer ne serait -ce qu'une seule plume...

- Tu vois Chan-nick, les plumes sont comme les mots, les mots sont comme les plumes: une fois que tu les as déposés, tu n'es plus maîtresse de leur vie, de leur chemin, de leur voyage et de ceux qu'ils toucheront ...

 

Jacques Staempfli d'après un conte entendu au Youdig ,pays de Bretagne.

 

Méfions-nous des rumeurs...de la publicité mensongère qui détruit une réputation , qui crée des conflits ...

 

Bon dimanche à toutes et tous .

Amicalement.

Liliane.

 

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Commentaires

  • Très juste fable!

    Merci pour ce beau partage.

    Amicalement.

    Adyne

  • Très beau texte Liliane , merci pour le partage , amitiés

  • Merci Lili de ce conte passionnant.

    C'est ainsi les contes, la fin donne valeur au message délivré

    Mais il faut comprendre que le conte parle un langage de l'âme, de symbole

    et que rien n'est physique et figé dans la matière.

  • Merci Claudine ,Merci Pascal ,pour vos commentaires très justes .

    Le mien est dû à une déformation professionnelle ... après réflexion , je vous rejoins .

    Avec toute mon amitié.

    Liliane.

     

     

     

  • Très belle morale, pour une très belle histoire.  Même si le pardon est accordé, on ne peut toujours réparer les dégâts causés.

  • la vraie beauté est la beauté intérieure. celle que l'on voit poindre dans le regard.

    j'aime la fin,la vie donne ses leçons jusqu'au dernier instant...

  • J'aurais aimé une autre fin ...que Chan-nick ayant retenu la leçon soit pardonnée ...

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