Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

Pluie d'hiver JGobert

Au cours de mes longues promenades solitaires qui me conduisent dans les recoins de mon âme, dans les souvenirs lointains d’une vie tourmentée, je marche ainsi espérant soulager ce cœur et ce corps meurtris de tant de chagrin. Ce soir, comme à mon habitude, je pars seul, déterminé vers une destination inconnue qui m’est devenue familière. Ces rues recouvertes d’obscurité, de noirceur qui se déroulent devant moi et qui m’attirent vers cet abîme final.

Certains endroits font rejaillir des souvenirs heureux qui, le temps d’un soupir, dessinent un sourire triste sur ma face figée, glacée. Il pleut et je marche vers cet inconnu qui m’accompagne depuis si longtemps. Ce pont à peine éclairé me rappelle le temps d’un battement de cœur comme la vie a été belle jadis.

Ce soir, la pluie redouble d’intensité et je dégouline. L’eau s’infiltre partout, sous mes vêtements et mes pieds commencent à être noyés dans ces vieilles chaussures détrempées. Un mouvement inattendu, je me retrouve parterre, face contre terre dans cette flaque de boue froide et saumâtre. Cette vase qui se colle à moi, comme une glu nauséabonde que j’essaie de retirer avec des gestes incontrôlés, rapides. Retirer cette salissure vite, vite.

Personne ne s’aperçoit de mon état et en vain, j’essaie de m’extirper de cette flaque qui continue à s’imprégner à moi et à mes vêtements. Je n’ai pas la force de me lever. Assis dans cette eau glacée, ma vie s’est écoulée trop vite. Je n’ai pas eu le temps de dire ces mots, qui dans les murs secrets de mon cœur, sont restés vains et ont fini par se laisser mourir.

Aujourd’hui, c’est moi, qui muré dans cette eau sale, se laisse mourir noyé. J’ai froid et peur de cet avenir qui s’annonce. Et soudain, des images de mon passé viennent me soutenir, des images bucoliques, champêtres, enveloppées d’une chaleur d’été où le vent, délicatement, balaye les herbes folles.

Et c’est là qu’elle m’apparait, légère, aérienne, courant dans ce pré. Ce que j’aimais est là, devant moi, cette âme qui me ravissait, me charmait, me captivait. Enfin, je la retrouve comme dans mes souvenirs et mon cœur se soulève de bonheur.

Monsieur, monsieur, que vous arrive-t-il ? Je vais vous aider à vous mettre debout. Prenez ma main, un petit effort encore. Voilà. Merci.

Le temps a repris son chemin et moi ma route. Sale, mouillé, je rentre la tête pleine de cette vision heureuse qui me soutient encore malgré l’absence. Une sale soirée pourtant.

Envoyez-moi un e-mail lorsque des commentaires sont laissés –

Vous devez être membre de Arts et Lettres pour ajouter des commentaires !

Join Arts et Lettres

Commentaires

  • Bonsoir Gilbert, 

    J'avoue ne pas encore chercher ce sublime voyage et rester le plus possible dans la réalité. Même si celle-ci par instant semble difficile, elle comble souvent les jours de bonheur. Le rêve bien présent enveloppe le passé, les souvenirs et peut-être les êtres disparus. Un ensemble qui s'accorde, bienveillant dans l'espace d'une vie.

    Amitiés

    Josette

  • Bonsoir Josette,
    Le rêve et la réalité finissent par se confondre quand la réalité se restreint. La grande vieillesse est-elle aussi terrible qu'elle paraît ou n'est-elle qu'un sublime voyage dont elle seule détient le secret ? Parfois un moment fugace de félicité semble y conduire. 
    Amitiés,gilbert.

This reply was deleted.

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles