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L’arche d’alliance, archétype du trésor disparu, aurait renfermé les Tables de la Loi.

L’arche geneseoas est un triangle parfait symbolisant l’abondance, la fécondité pour les disciples de Pythagore.

 Au XIIe siècle, l’arche était un coffre à secrets d’où dériva le mot arcane au XVe….

 

C’est fabuleux, mais que voilà bien des mystères, même pour les animaux qui, comme nous, s’interrogent.

 

12273128470?profile=original(photo L. M.)


Jacques Servières, notre fabuliste, qui semble posséder la langue des oiseaux, devrait nous éclairer en nous confiant quelques détails de son alchimie. Il nous tint à peu près ce langage dans un entretien accordé le 15 octobre 2015.

Jacques Servières est né en 1954 et rien ne le prédestinait à la sculpture.

C’est un autodidacte, un sculpteur d’instinct, qui a appris à lire dans le roc et qui, au fil des ans et de la pierre, a déjà donné vie, depuis 1986, à près de cinquante œuvres monumentales. Figures hiératiques à l’étrange beauté d’icônes païennes.

     Ceci dit, le dialogue avec la pierre, il connait. Il a d’abord construit sa maison de ses mains, pierre à pierre. Puis un ami tailleur de pierre lui apprit les rudiments du métier en Anjou, terre de pierres s’il en est. C’est là qu’il entre vraiment en résonnance avec la roche. Ensuite, dans son pavillon de banlieue, il s’est mis à créer son univers. Au grand dam des voisins. Il a fallu changer de terrain, se mettre au vert.

Il a largué les amarres, oh pas bien loin, posant là sur la Marne son canoé pour y trouver son île, son jardin d’hiver. Et un beau stock de pierres du pont-aqueduc abandonné.

Malgré son âme nomade, la marne, c’est bien connu, est une terre qui vous colle aux pieds, retenant là ses semelles de vent, même si, pour se ressourcer, il repart de temps en temps.

« Moi, mes souliers ont passé dans les prés,

Moi, mes souliers ont piétiné la lune.

Puis mes souliers ont couché chez les fées

Et fait danser plus d’une… »

Felix Leclerc (1914-1988)

 

Et depuis, printemps, été, automne, hiver… et printemps, il voyage en solitaire, donnant à sa sculpture la forme que lui dicte le calcaire. Car il sait écouter, sans trop s’occuper des courants comme du qu’en-dira-t-on.

 Ce qui n’empêche pas quelque susceptibilité.

« Dans notre société seul le produit intéresse, pas l’homme qui est derrière. 

On prend, on jette, on oublie. »

D’ailleurs, quand la mairie de Chessy, qui pourtant s’enorgueillit de « son » Jardin de sculptures de la Dhuys, organise un évènement comme Sculptures en Fête, elle omet bêtement de l’inviter. Si vous en faites, vous n’êtes pas à la fête.

Une autre anecdote, révélatrice de l’état d’esprit du bonhomme. Lors de la dernière restauration du Pont Neuf, qui s’est terminée début 2007, notre artiste déterminé apprend sur France Culture que des moellons avaient été déposés pour en alléger la structure. Têtu, l’homme est prêt à remuer la terre pour gagner son ciel. Ainsi, après maints coups de fil, il a pu récupérer ce dépôt de blocs calcaires du plus ancien pont de Paris. Marne et Seine réunies. Le bon roi Henri en aurait souri, les amants aussi.

Alors Servières… Surréaliste, nabi, naïf, brut, dada oulipesque ou yop la boum ? Je ne sais. Tout cela est exquis, mais foin d’étiquettes toutes faites, nul n’est prophète. Il est tout juste dépositaire de cet art vierge et vivace pour un bel aujourd’hui, moins bien que demain.

Tout simplement « …des statues

Qui se tiennent bien tranquillement le jour dit-on

Mais moi je sais que la nuit venue

Elles s’en vont danser sur le gazon. »

Charles Trenet (1913-2001)

 

12273128867?profile=original(photo L. M.)

 

Servières qui reprendrait certainement à son compte cette inscription de Cheval…

« Pour les hommes de bien, tous les peuples sont frères.

Notre devise à nous est de les aimer tous. »

 

12273129269?profile=original(photo L. M.)

 

Au jardin de la Dhuys, ouvert librement à tous et à tout vent, on rencontre surtout des randonneurs, des joggers, des enfants. Et le sculpteur qui poursuit son œuvre buissonnière. Jamais aussi libre que lorsqu’il est au bloc.

« Car c’est la récompense

Ô sculpteur gigantesque

D’avoir réalisé ton rêve

Surhumain

Va - sic - tu peux bien graver

Ton nom à chaque fresque

Hier c’était le labeur

C’est la gloire demain. »

De Cheval encore cet envoi, lui qui manquait peut-être de lettres mais ni d’art ni d’esprit.

 

Mais la gloire s’accorde-t-elle avec le travail hors les sentiers battus ?

Van Gogh, citant Thomas Carlyle dans sa correspondance, note :

« Vous connaissez les lucioles qui au Brésil sont si lumineux, que les dames le soir les piquent avec des épingles dans leur chevelure, c’est très beau la gloire, mais voilà, c’est à l’artiste ce que l’épingle de toilette est à ces insectes. »

 

Outre son travail en taille directe, Servières est aussi un dessinateur qui aime livrer ses impressions dans ses carnets.

Ah oui, une dernière chose, monsieur Servières… Continuez à cultiver votre jardin seine-et-marnais.

Les fleurs y poussent bien...

 

12273129694?profile=original(photo L. M.)

 

... les passereaux chantent au rythme de sa massette et prospèrent,

 

12273130085?profile=original(photo L. M.)

 

... la paix niche à Chessy.

 

12273130872?profile=original(photo L. M.)

 

Passants, arrêtez-vous dans ce champ des possibles, ces rondes figures et comptines.

Pierre…

 

12273130899?profile=original(photo L. M.)

Feuilles…

12273131855?profile=original(photo L. M.)

 

 Ciseau…

 

12273132070?profile=original(sculpture en cours d'exécution ; photo L. M.)

Pierre… feuille… ciseaux… ou puits… de la postérité ou de l’oubli...

 

12273132672?profile=original(photo L. M.)

 

Laissons la nature ou les hommes, ou les deux enfin réconciliés, avant que de trancher.

Echappons, en attendant, au poids de l’ennui.

 

12273132883?profile=originalGustav Vigeland (1869-1943 ; photo L. M.)

 

Vous aurez peut-être plaisir à voir ou revoir la première partie de cet article, pour cela cliquez sur https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/le-jardin-extraordinaire-de-jacques-servi-res-1-2

Laissez-vous entraîner dans ce jardin enchanteur et, comme moi, entonnez à tout va :

C'est fou tout ce que l'aqueduc a !

Lansardière Michel (texte et photos)

 

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Commentaires

  • C'est gentil Sylviane. Toujours heureux quand mes articles plaisent.

  • merci infiniment

  • Merci Françoise, c'est vraiment un petit coin de Seine-et-Marne à découvrir.

  • Vraiment intéressant et j 'espère le découvrir bientôt. Merci Michel.

  • Claude, voila un qualificatif qui venant de toi, peintre et sculpteur, devrait plaire à Servières, et qui moi me ravit. Merci.

  • Quand on connait la qualité de tes billets Béatrice, ce commentaire me touche particulièrement.

  • Un joli compliment que je prends avec grand plaisir. Merci Barbara.

  • Merci Carmen, Thomas, Georges, sans vos encouragements ces articles ne seraient pas.

  • Chaque interptrétation est subjective. J'ai voulu rendre hommage à ma façon à ce sculpteur qui oeuvre dans son coin sans s'occuper des courants, des concepts en vogue, du marché.

    Merci beaucoup Danielle.

  • Remarquable

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