Marc se frotte les yeux, étire ses longs bras et ses interminables jambes. Son regard s'attarde un moment sur les baskets de cuir si confortables qui l'ont mené presque sans qu'il s'en rende compte dans ce lieu hors du temps, une clairière bleue à l'orée d'un petit bois, au bout d'une route de campagne.
Son sac renversé à ses côtés, il se sert d'un biscuit. Lui, l'éternel affamé, a tout simplement oublié de dîner la veille, tant étant pressant ce besoin de marcher! Marcher pour s'éclaircir les idées, pour que la vis s'ouvre, enfin...
Sa grand-mère, qui a encore coutume de l'appeler "son prince gris", n'y comprendrait plus rien aujourd'hui. Oublié le gris, il se sent revêtu de la couleur fraîche et lumineuse de l'espérance.
Il prend la lettre qui dépasse du polar renversé lui aussi à côté de son sac, et un sourire irrépressible s'ébauche sur ses lèvres, c'est que déjà, il pense à son retour. Il ne se voit plus désormais dans une chambre banale où l'ampoule du plafond a perdu l'espoir d'un abat-jour depuis des lustres! Il se projette dans une vie où, comme Julia le dit dans sa lettre si brève mais si essentielle, le bonheur ne demande qu'à caracoler!
Marc a repris confiance en lui, il sait que désormais plus rien n'y pourra faire obstacle.
Une fin d'été très douce et ensoleillée, c'est tout ce qu'il aime! Sa nuit fut certes brève, mais reposante et le petit matin l'enchante. Il sent pourtant monter en lui, une réelle impatience...
Rentrer au plus vite!
Passer chez sa grand-mère pour lui raconter. Elle adore quand il s'épanche et pourtant les confidences qu'il lui fait sont rares quoique jamais anodines! Marc apprécie son écoute toujours gratifiante. Cette fois, il projette de lui demander son aide financière. C'est une première, il ne se l'est jamais permis jusqu'ici, mais là, vu ses projets, il doit au plus vite se chercher un nouveau logement. Il le désire petit, certes vu la hauteur de ses moyens, mais avec un réel potentiel, vu la hauteur qu'il désire donner à son futur!
Ses affaires assemblées tout en réfléchissant, Marc se dirige vers la petite route asphaltée dans le but de croiser une voiture qui veuille bien accepter un autostoppeur.
Quelques minutes plus tard la chance lui sourit, une vieille Golf s'arrête à sa hauteur, Marc se renseigne :
-Je rentre vers Waterloo, Est-ce votre direction?
-Montez, nous y serons dans un quart d'heure, répond l'homme derrière le volant qui arbore une barbe de trois jours et dont le jeans délavé contraste avec un polo Ralph Loren et le cashmere noué sur sa poitrine.
Marc monte à ses côtés et pose son sac entre ses jambes.
-Enfin quelqu'un avec d'aussi longues guiboles que moi! Vous n'êtes pas trop inconfortable? S'inquiète le conducteur.
-J'ai l'habitude de la caser, merci, répond Marc souriant.
-Vous semblez bien pressé, enchaine l'inconnu
-ça ce voit tant que cela?
-Non, cela se devine...
-Vous êtes psy?
-Seulement journaliste!
Marc acquiesce et replonge dans ses pensées...il connait par cœur la lettre de Julia et se la remémore en boucle :
" Cher Marc,
Je dirais que grâce à notre pourtant si brève rencontre, ma vie peut enfin reprendre son cours et ceci est tout sauf banal, comme une époque, où je me suis sentie jetée...
J'ai ressenti que pour toi, il n'est pas nécessaire d'expliquer une vie où tout fut un peu fou. Aujourd'hui, je reprends mes esprits, alors merci à toi. Je sens l'impatience d'un bonheur qui veut caracoler pour de nombreuses années...qui sait? Peut-être pourrons-nous le partager?
A bientôt?
Julia "
Perdu dans son rêve, Marc n'a pas vu le temps passer, la Golf s'est arrêtée.
-Nous y sommes, jeune homme, belle journée à vous, courrez donc là où vous portent vos pensées, sourit l'inconnu qui, ouvrant la portière à son passager poursuit : Au fait, vous aviez raison, dans une autre vie j'ai été psy!
Alors Marc, instinctivement suit le conseil et il se met à courir...
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On ne sait jamais comment se termine l'histoire tant qu'on est en vie, c'est ce qui lui donne son piment.
Marc sait maintenant qu'il veut en écrire une où ses lèvres trouveront au bord de celles de Julia la faculté d'effacer leurs blessures et d'écrire des pages enchantées où passion et confiance triompheront des soupirs inutiles...
J.G.
Commentaires
Merci à vous chers ami(es) d'A et L pour votre visite, vos commentaires ou votre j'aime... moi, j'aime raconter des histoires qui titillent l'imagination, merci pour vos encouragements
Belle fin de semaine à tous
Amitiés
Jacqueline
Et le bonheur ne demande qu'à caracoler ...
J'aime beaucoup !!!
J'AIME beaucoup ...
Merci pour cette belle histoire que j'ai vraiment apprécié Jacqueline :-)
Bonne journée