De nombreux articles et ouvrages traitent du passage progressif, à Bruxelles, de l'usage exclusif du flamando-brabançon, à la prédominance de la langue française, créant ainsi ce savoureux parler local : le beulemans. Bruxelles était une ville flamande jusqu’à la 2e moitié du XIXe siècle: c’est un fait. Bruxelles n’est plus une ville flamande: c’est également un fait. Quand et comment ce passage s'est-il opéré, le sujet de ce chapitre.
La date de départ de la transition, les critères utilisés pour baliser la voie empruntée, la définition même du concept dialecte, autant de composantes de éminemment teintées du point de vue politico-linguistique, autant d'arguments pour diviser. Le fait même agite les esprits, aiguise les rivalités et font couler les subsides régionaux ou communautaires. Linguistes et historiens confrontent leurs points de vue et s'affrontent; de part et d'autre on revisite définitions ou critères scientifiques afin d'obtenir un résultat en accord avec ses propres a priori. La cible est prédéterminée; la voie empruntée en découle.
Nous ne prétendons détenir nous-mêmes aucune vérité immanente sur le sujet (ni sur aucun autre d'ailleurs). Nous nous efforcerons cependant d'analyser – le plus objectivement possible – les approches des unes et des autres. Nous examinerons ainsi, successivement, les critères historiques permettant de positionner le point d'inflexion sur la courbe de l'évolution temporelle de ce changement et examinerons en détail comment le concept de dialecte peut être, le cas échéant, pour déterminer si le beulemans est une réalité sociolinguistique au même titre que le vloms, ou non.
On oubliera ici l'extraordinaire accroissement de population en provenance des 4 coins de l'espace économique européen, de l'ancienne Europe de l'Est et du monde entier, ainsi que l'accroissement de l'importance du globish, (mot-valise combinant global et English), version simplifiée de l'anglais n'utilisant que. C'est le jargon international pour communiquer à l'aide d'une version simplifié de l'anglais, qui ne reprend que les mots et expressions les plus communs de cette langue ([1]).
[1] Parfois appelée aussi broken English (« anglais hésitant ») ou anglais d'aéroport, cette langue n'a rien de formalisé et se construit spontanément par la pratique. Il est donc difficile de déterminer si tel ou tel exemple d'anglais est du globish ou non. e l'anglais international (http://fr.wikipedia.org/wiki/Globish ),
L'article a été publié dans la revue trimestrielle de juin 2014, du "Cercle d'histoire de Bruxelles"
Plus de détails ici:
Du%20Vloms%20au%20Beulemans%20-%20une%20continuit%C3%A9%20historique.pdf