Au Centre Culturel d’Auderghem on applaudissait de tout cœur l’an dernier « L'Affrontement » mettant en scène Davy Sardou et Francis Huster, spectacle récompensé en 2014 par un Molière . On recommence cette année, avec la même ardeur, sinon plus, pour applaudir « Les vœux du cœur », une autre pièce magnifiquement traduite de l'Américain Bill C. Davis. Certains soirs, l’amour aidant, on ira même jusqu’à applaudir frénétiquement - en plein spectacle - car il y a un moment où on a vraiment du mal à s’en empêcher.
Bénissons ces quatre comédiens très futés qui restent à l'écart des clichés, dirigés par Anne Bourgois et qui forment un quartet éblouissant de vie, d’énergie et de justesse de ton. C’est beau comme un vitrail par où passe la lumière. Le découpage en tableaux brefs et bien rythmés forme une mosaïque colorée efficace, drôle et sans aucune pesanteur malgré l’argumentation théologique parfois très intense. Le décor minimaliste fait à la fois office de sacristie, d’église, de confessionnal, de presbytère, d’appart de gay people, de refuge de filles-mères, de cabinet de vétérinaire et même d’hôpital! Quelques chaises, deux prie-Dieu et un grand pouf canapé lit font l’affaire. Les balayages du vidéaste, les éclairages et les musiques très soigneusement choisies bordent chaque impromptu et rendent l’ouvrage très percutant, tout en lui donnant une allure de joyeuse modernité.
Catholicisme à la carte : on retrouve Davy Sardou dans le rôle de Tom, ce trentenaire déchiré entre foi et sexualité, entre amour et respect de Dieu et respect des hommes. Brian, son partenaire grisant de gentillesse, de sincérité et de générosité, c’est un adorable Julien Alluguette qui voudrait vivre leur amour au sein de l'église. Il a une sœur, Irène (Julie Debazac), tout aussi vive et attachante. Incidemment, elle porte aussi un enfant de père marié à une autre. Elle prépare sa tournée artistique de piano mais elle lâcherait tout pour que son frère soit heureux et puisse conclure l’union dont il rêve avec Tom. Y compris, parler plus que franchement à ce prêtre rayonnant (Bruno Madinier) en chasuble verte, elle qui n’a plus mis le pied dans une église depuis 17 ans. Réussira-telle à faire plier le très charismatique père Raymond, dont les sermons témoignent de tant d’intelligence ? Il a beau être progressif, il se range aux diktats de l’Eglise. Pour lui, « Plus profond que le désir, il y a l’obéissance ». « Donner aux gens ce qu’ils demandent n’est pas une preuve d’amour ! » « Etre heureux, c’est pas là la question ! » « On ne peut pas déplacer les vœux, c’est comme déplacer le littoral ! ». Mais tout cela, c’est sans compter sur la surprise des enchaînements et le chatoiement des mystérieuses racines du cœur…
Ainsi, Aimer, Honorer, Chérir, voilà les vœux. Jusqu’à ce que la mort nous, vous, les sépare…
Note d'intention d'Anne Bourgois: http://www.atelier-theatre-actuel.com/fiche.php?fiche=531&article=1656&menu=131#haut
Dates:
Jusqu’à ce dimanche 18 décembre, Davy Sardou et Bruno Madinier jouent dans "Les vœux du cœur", de Bill C. Davis, au Centre Culturel d'Auderghem - CCA. L'histoire de trois hommes et une femme. Un couple catholique homosexuel, la sœur de l'un des concubins et un prêtre réunis dans un le huis-clos d'un presbytère. Réservations : 02/660.03.03.
Pour son rôle dans Les Voeux du Coeur, Davy Sardou a été récompensé du Triomphe AuBalcon du meilleur acteur (2016).
Commentaires