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Les Rubayyat d' Omar Khayyam

12272901490?profile=originalLes "Rubaiyyày" (au singulier: ""rubaï") ou "quatrains", forme métrique étrangère à la poésie arabe classique, ont été surtout utilisés par les poètes persans. Le genre fleurit jusqu'aux débuts de la poésie lyrique iranienne, et de nombreux rubaiyyàt furent attribués dans la suite à maints poètes et même à des savants. Mais on désigne le plus souvent sous ce nom les quelque mille quatrains attribués à Omar Khayyam (mort en 1123). Disciple fervent d' Avicenne, dont il lisait constamment les oeuvres, les commentait à ses propres élèves, Omar Khayyam emprunta à son maître spirituel la forme poétique des quatrains. Mais les "Rubbaiyyàt" de Khayyam sont de loin supérieurs à ceux d'Avicenne, tant par leur admirable concision que par la profondeur des sentiments exprimés. Le nombre de quatrains change avec chaque copiste; le plus ancien recueil que nous connaissons (daté de 1423), contient 206 rubbaiyyàt; celui d'Ouseley (Bibliothèque Boldéienne, 1461) en contient 158; certains recueils comptent environ 500 quatrains. La raison de cette diversité et l'absence de toute certitude quant à leur attribution à Omar Khayyam s'expliquent par le fait que, le "divan" d'Omar Khayyam ayant été mis à l' index par les autorités religieuses de l' Islam, il ne put être copié que "sous le manteau", ce qui permit toutes les erreurs et facilita les interpolations. Cette mise à l' index fut la conséquence de l'horreur que Khayyam professait ouvertement pour tout dogmatisme. Les philologues, qui se sont préoccupés de séparer l'authentique de l'apocryphe, ont fait un certain portrait du poète: Omar Khayyam apparaît tour à tour comme un mystique et comme un épicurien. "Veux-tu que ta vie repose sur une base solide? Veux-tu vivre quelque temps, ayant le coeur affranchi de tout chagrin? Ne demeure pas un instant sans boire du vin, et alors, à chaque respiration tu trouveras un nouvel attrait à ton existence", conseille le Khayyam épicurien (Quatrain 422). "Dans la mosquée, dans la medresseh (école religieuse), dans l'église et dans la synagogue, on a horreur de l' enfer et on recherche le paradis; mais la semence de cette inquiétude n'a jamais germé dans le coeur de celui qui a pénétré les secrets du Tout-Puissant", réplique Khayyam le mystique (Quatrain 46). Et Khayyam le philosophe d'ajouter: "Fréqente les hommes honnêtes et intelligents. Fuis à mille farsakhs loin des ignorants. Si un homme d'esprit te donne du poison, bois-le; si un ignorant te présente un antidote, verse-le à terre" (Quatrain 223). Dans ses "Rubaiyyàat", Omar Khayyam chante avec la même facilité et la même maîtrise la vie brève de l'homme, cette vie qui "n'est séparée de la mort que par l'espace d'un souffle" (Quatrain 20), le mystère de la destinée, la beauté incomparable de la nature et, surtout, les effusions ardentes de l'amour. Certains commentateurs ont voulu voir dans cette série de quatrains une glorification de l' amour mystique. En effet, certains mystiques (saint Jean de la Croix par exemple ou Sainte Thérèse d'Avila) n'ont-ils pas exprimé leurs sentiments par des phrases qui peuvent prêter à confusion, le langage mystique empruntant les mêmes mots que ceux qui servent à chanter l'amour charnel. Mais, en ce qui concerne Omar Khayyam, aucune indication sérieuse ne permet d'accepter ou réfuter cette théorie. Ce qui a toujours étonné les commentateurs, c'est que la plus grande partie des quatrains de ce grand poète sont consacrés à la glorification du vin. "Tu as mis en nous une passion irrésistible (l'amour du vin), ce qui équivaut à un ordre de Toi, et d'un autre côté, Tu nous défends de nous y livrer...", proteste le poète dans le Quatrain 226. Il explique que l'interdiction de boire du vin par Mahomet ne fut que le résultat d'un accident stupide, un soldat ivre ayant tué une chamelle de son frère, Ali. Il va même jusqu'à dire (Quatrain 37): "Tant que je ne suis pas ivre, mon bonheur est incomplet...". Faut-il penser que, tel Paracelse, Omar Khayyam ne pouvait être véritablement lui-même que lorsque le vin abolissait en lui les barrières que forment, en tout homme, l'éducation, les règles de la bienséance et de la morale?

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Commentaires

  • Une présentation pour donner envie de se plonger dans cette poésie.

    Valériane d'Alizée nous en offrait de temps en temps des petits morceaux de choix.

    Merci à vous Robert Paul

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