Il est curieux cet endroit où je repose. Les bord élevés ne me permettent pas d’en sortir et comme pour apaiser mon désir de m’enfuir un fil en jouxte les deux côtés avec des boules de couleur qui s’y baladent. De temps à autre un visage rieur se penche et les agite en comptant : un, deux, trois… Ca y est, j’y suis, on m’apprend à compter ! Comme je suis poli- déjà- je lui fais un grand sourire édenté et je m’agite de tout mes membres, emprisonné que je suis dans un linge mouillé et malodorant parfois. Je préférerais être nu et moins cloîtré qu’à attendre qu’on vienne me chatouiller ou chanter une chanson pour que j’arrête de pleurer sur ma condition. C’est vrai que je pleure mais comment exprimer le besoin d’être parmi les autres ? Et malheureusement si je compte jusqu’à trois je ne sais pas encore parler. A peine quelques areu, brr, gouzi, petit-petit… que je ne peux encore classifier, identifier au sein de mes demandes et que l’on me susurre à longueur de temps pour me calmer ! Et puis j’entends sans arrêt papa, maman. Comme si ces deux personnes venaient me réclamer un dû quelconque. Un jour j’ai prononcé l’un des deux noms alors ce fut la fête pour l’un et la tristesse pour l’autre. Je m’étais sûrement trompé de personne alors j’ai rattrapé mon erreur et j’ai prononcé l’autre dans la foulée. Et l’autre s’est mis à chanter aussi. Ouf ! je venais de comprendre qu’il ne fallait pas faire de jaloux surtout quand on est aimé par plusieurs.
Ce que je préfère c’est le bain, ça sent bon et je peux enfin jouer comme j’ai envie. Il y a des canards tout autour, je leur frappe dessus, j’éclabousse partout et cela fait rire. Alors je continue ; mais subitement on me demande d’arrêter car cela ne fait plus rire. Je trouve bizarre qu’on ait de la compassion pour des canards en plastique car je découvrirai plus tard qu’on en a moins quand ils sont vivants ! Pour l’instant je répète à qui veut l’entendre les mêmes mots à longueur de journée et je cherche à m’évader de mon lit aux bords hauts en me tenant sur mes jambes. Ma progression est rapide. Me voilà devenu un petit homme. Ce doit être important car mes deux papa-maman frappent dans leurs mains ! J’ai compris, pour être applaudi il faut marcher !
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Poème sur la mort, prière amérindienne magnifique, à lire si vous vous sentez mal suite à la perte d'un être cher.
Publié(e) par Dominique Prime le 15 juillet 2012 à 10:27
De l’art d’être malheureux dans « Capitale de la douleur »
Publié(e) par Robert Paul le 25 août 2012 à 11:30
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Commentaires
Bonsoir Gil,
Merci pour cette fine analyse sur ma pensée, j'en suis honoré. Je partage bien entendu avec vous votre désir de converser avec des gens agréables et d'éviter autant que possible le troupeau. Mais nous en avons déjà parlé du troupeau et de Panurge, souvenez-vous ? Amitiés.
Bonsoir Nicole,
Merci pour avoir aimé ce vagabondage imaginaire. Il a commencé bien tôt et n'est pas près de cesser. Comme une manière de passer à côté de ce qui est trop sérieux. Mes amitiés.
Bonjour Gilbert , J'ai passé un bien agréable moment à vous lire ! Un texte original et tendre, dans lequel on perçoit tous les bonheurs et les aléas de la petite enfance ...Merci de ce partage et belle journée ! Amitiés, Nicole
Bonjour Gilbert,
Votre texte peut à mon sens nous amener à une première réflexion sur ce qu’est la petite enfance. Je considère que cette période des premiers mois de notre histoire nous échappe, ne nous appartient pas dans la mesure où nous n’avons pas la capacité d’un récit de cette période qui puisse s’appuyer uniquement sur des faits avérés, et encore moins traiter de notre être intérieur dans ce temps-là. Ce que nous pouvons dire de notre petite enfance reste à mon sens superficiel et une sorte de puzzle étrange. Il est fait de quelques pièces que nous ont donné ceux qui se sont occupés de nous. Le reste, c’est un grand nombre de pièces manquantes que nous essayons de faire pour que le puzzle ressemble à la fin à quelque chose de connu ou de vraisemblable sans aucune garantie que ce puzzle soit proche de la vérité, corresponde à notre singularité, et ne soit pas fortement influencé par des conceptions idéalistes et généralistes de la petite enfance pour lesquelles l’insouciance gazouillante serait la marque d’une belle enfance, et serait possible à tous. En tout cas, je pense qu’il reste beaucoup à faire pour que les enfants ne soient pas les otages, les premières victimes de l’absurdité de ce monde et de toutes ses impostures sociales, politiques et culturelles.
La fin de votre texte où il est question de marcher peut aussi amener à une autre réflexion concernant les positions que nous adoptons dans la vie. En tout cas, parmi les projets que j’ai, il y a celui de voir de près ce qui fait qu’on prend, qu’on adopte telle ou telle position physique et mentale, et de se poser la question si cela a un sens, si cela a une pertinence et une efficacité. J’ai déjà commis par exemple quelques textes sur ce sujet de l’homme qui marche, de son premier combat admirable pour se redresser, se mettre debout et devenir un bipède à l’équilibre si précaire, jamais à l’abri de la chute, de l’homme qui marche comme une apostrophe au monde quand bien même il ne va jamais loin et fait partie des choses éphémères que le temps emporte. Mais j’ai encore des tas de choses à explorer et à dire concernant le sens que l’on donne par exemple à la position du marcheur. Et pour ce qui concerne votre commentaire évoquant cette nouvelle mode où il faudrait marcher pour faire jeune, dynamique et intelligent, politiquement relooké niais, immature mais moderne, je préfère m’asseoir, converser, rire tant qu’il est encore temps avec des gens agréables ou conter fleurette à ma dame d’amour plutôt que d’être dans le troupeau qui ment ou qui ne sait pas ce qui l’attend.
Bonne journée. Amitiés. Gil
Merci Serge pour votre appréciation à ce retour à nos meilleurs moments. Ca se complique un peu après ! Bonne soirée, amitiés, gilbert.
Merci Josette, votre résumé est clair : tout ce qui n'arrive plus plus tard ! On ne dira jamais assez à quel point les enfants ignorent le bonheur de la jeunesse et de l'insouciance. Très vite la mémoire prend le relais.Trop vite ! Passez un bon WE, amitiés, gilbert.
Un des meilleurs moments de l'existence quand on ne doit pas se justifier, quand on est le centre du monde, et que l'amour inonde notre vie.
Amitiés
Josette
Merci Adyne pour votre appréciation et votre commentaire, d'autant que vous n'ignorez sûrement pas que notre jeune président français, tout fraîchement élu, est un marcheur invétéré.Tout petits canards que nous sommes pourrons-nous le suivre ?
Bon WE à vous. L'air se réchauffe, amitiés, gilbert.
Se mettre à la place d'un bébé........ce texte est attendrissant et inédit....Félicitations.!
Bonne fin de semaine.
Amitiés.
Adyne