Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

Les lettres de Pétrarque

12273091674?profile=originalLes "Lettres" latines de François Pétrarque (1304-1374) constituent un document de première importance dans l'histoire de la culture européenne. Elles se répartissent entre plusieurs ouvrages: "Lettres familières", "Sans titres", "Métriques". "A la postérité", "Lettres de la vieillesse" et enfin "Lettres diverses".

Le premier ("Rerum familiarum libri") ou, plus communément "Familiares" est de beaucoup le plus considérable. L'ensemble des "Lettres familières" comprend en effet 24 volumes. Elles furent tout d'abord calquées (1349) sur le modèle des lettres de Cicéron. Réunies ensuite en vingt volumes (1359-1360), elles s'accrurent en 1363-1363 et furent définitivement groupées en 1366. En colligeant ses propres lettres, l'écrivain les a retouchées avec soin, en vue d'en faire une véritable oeuvre littéraire. C'est dire que la sincérité psychologique se voit continuellement subordonnée aux exigences du style et à l'économie du texte.

Pétrarque se souvient des classiques. c'est pourquoi, dans cette oeuvre exquisement littéraire, le document humain, qui de soi est remarquable, demeure quelque peu sujet à caution. Au vrai, le poète idéalise sa propre figure d'écrivain et, par là même, nous fait saisir plus intimement telle de ses oeuvres dont le seul but est la recherche de la beauté ou de la dignité. Ces "Lettres familières", témoignage de haute vie spirituelle, sont, à n'en pas douter, la fleur de la discipline classique: véritable confession littéraire qui déjà vise à s'affranchir d'une inquiétude intérieure et dirige vers le bien tous les éléments que comporte certaine expérience humaine. Tout cela dans un latin d'une imposante majesté. Au chagrin, par exemple, répondra l'amitié, voire toute la sérénité de la conscience. Ici, les passions et affections se purifient au fond d'un nouvel équilibre.

Les vingt lettres "Sans titres" ("Sine nomine") sont remarquables du point de vue idéologique. Elles ne portent aucune mention de destinataire, en raison même de leur style polémique. Elles furent écrites entre 1342 et 1358. Dans sa lutte contre l'intrusion du roi de France dans la politique d' Avignon et contre la corruption de la Papauté et du haut clergé, l'auteur ne dissimule pas ses reproches, comme le prouvent les célèbres sonnets du "Canzoniere". Il montre ainsi à quel point ses espoirs dans l'autorité impériale ont été trompés et, à plus forte raison son amour pour l'Italie sa patrie. Sans vouloir annoncer par ces affirmations de nouveaux idéaux politiques et encore moins une tendance à la réforme protestante, comme on a voulu le prétendre parfois. Pétrarque ne laisse pas de tendre à quelque nouvelle conception de la spiritualité. Spiritualité qui fut celle des meilleurs auteurs du XIVe siècle, et qui, s'inspire à la fois de l' idéal franciscain et de l' idéal humaniste. Il est significatif que le poète, tout en reconnaissant au Souverain Pontife l' autorité spirituelle supérieure, dénie à l' Eglise le droit d'exercer toute action politique et qu'il se pose ainsi en juge et en prophète d'une société nouvelle.

Les "Métriques" ("Epistolae metricae") furent écrites en hexamètres, entre 1331 et 1361 et comprennent trois livres. Elles sont dédiées à son ami Barbate. Si même quelques-unes traitent de la politique de l'époque (comme on le voit dans celles adressées au pape Benoît XII et Clément VI), la plupart sont intéressantes par leurs allusions, leurs aveux et leurs vives méditations. Qu'il s'agisse de petits ou de grands événements de sa vie (un chien dont on lui fait cadeau, quelque violent orage voire son amour pour Laure), tout s'enchaîne ici à merveille, avec une parfaite élégance qui ne va pas toujours sans froideur. Citons: le salut à la terre natale du haut de Monginevra (oeuvre lyrique que Carducci a transposée en une prose magnifique) et aussi les vers "A soi-même" (Ad se imspum, qui mettent directement en cause son propre drame intérieur.

Il faut mentionner à part les "Lettres de la vieillesse" ("Seniles"), en dix-sept volumes, dédiées à Francesco Nelli. Cet ouvrage forme un tout dont le cadre est une existence claire et calme. Son titre même est significatif: Pétrarque fait un retour sur lui-même sous le signe d'une sagesse enfin conquise pour toujours. Sa lettre à Boccace (où il évoque ses études littéraires) en est un exemple accompli. La lettre "A la postérité" ("Posteritati") est un indice éloquent de cette image idéale sur laquelle Pétrarque modela toute sa vie. Elle évoque avec magnificence les événements d'une carrière exceptionnelle. Le poète y réunit tout ce qui est propre à intéresser les générations futures: depuis ses premières méditations jusqu'au solennel couronnement au Capitole, voici une existence entièrement consacrée à la recherche de la beauté et de la vérité.

Envoyez-moi un e-mail lorsque des commentaires sont laissés –

Vous devez être membre de Arts et Lettres pour ajouter des commentaires !

Join Arts et Lettres

Commentaires

  • Merci pour ce partage je me rappel le de quelques vers
    Benis. Soient. Les soupirs,les desirs. Et les larmes
    Benis Soient les appels par moi multiplies du
    Nom qui m est si Cher dont je Benis les charmes
This reply was deleted.

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles