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On en fait des rêves et des projets quand on n’a pas le sou ! Toute la journée se passe dans l’univers qu’on se fabrique. La tête n’est pas à son ouvrage. Les gens, les paroles, les questions, les réponses flottent dans le brouillard des pensées. Le soir Judith et Guillaume retrouvaient après des journées inutiles, lassantes et donc fatigantes des cartes et des publicités éparpillées sur le lit. Et là dans ce réduit la surface s’élargissait, le plafond se colorait de bleu en cherchant la destination lointaine. Le lointain est toujours l’affaire des déshérités, des sans familles, des solitaires qui ne peuvent pas lui donner un nom et qu’ils brassent à longueur de temps sans jamais l’atteindre. Ici, sur ce lit, le lointain prenait un visage, ils allaient lui donner un nom bientôt. Les milliers de kilomètres étaient avalés en un rien de temps. Le bout du monde se trouvait tout près soudainement. Ils l’appelèrent Saint Barthélemy. Un saint ne pouvait que les protéger, les aider à réussir car réussir n’est-ce-pas ce que nous cherchons tous sans vraiment savoir ce que cela représente ? Réussir à être heureux sous un chaud soleil, sur le sable d’une plage toute aussi chaude et une mer transparente où les poissons de toutes les couleurs vous passent entre les jambes, nullement effrayés car au paradis personne ne craint personne. Les poissons le sentent bien ! Réussir au soleil, gagner beaucoup d’argent. Comment ? On verra plus tard. Se promener en short tout le temps au milieu de gentils touristes qui ont toujours le sourire et l’appareil photo à la main. Et puis se faire repérer « Vous vivez ici ? Quelle chance vous avez ! Je ne vous demande pas si vous êtes heureux ? « Ah la fière allure ! Ah l’audace récompensée ! Ah la jalousie que l’on procure ! Ah le bonheur de ne pas avoir eu peur de tout quitter , maison , famille, amis . Bon, là, il n’y avait que Marienka. Elle n’aurait pas de chagrin. Surprise tout au plus. Elle ne quitterait pas sa maison pour une aventure de la sorte. L’interrogation serait trop forte. Elle avait déjà assez de souci avec la grande déconvenue de sa vie qu’elle n’allait pas ajouter une incertitude de plus. Ce n’était plus de son âge. Son rêve à elle c’était l’après-midi dans son lit. Elle parcourait l’Amérique d’est en ouest, du nord au sud en un instant. De temps à autre un visage connu dans la foule lui rappelait son « bon » soldat . Alors elle courait pour le rattraper mais ce n’était pas lui. Jamais lui. Mais tous les jours elle courait quand même. Et ce n’était pas à Saint Barthélemy qu’elle le trouverait de toute façon. Alors Judith était libre de tout. De l’usine, des oncles et tantes bienfaisants, d’une maman névrosée. Elle avait sous la main l’instrument du rêve, l’aventurier parfait, celui qui servirait des cafés à la terre entière avec sa veste blanche, ses politesses toutes faites, ses sourires, ses coupelles de pourboires- qui devraient être conséquents car Saint Barthélemy est le repaire des riches, c’est bien connu ! – Toutes ces pensées tournaient en boucle, les poissons, le sable, les coupelles qui débordent, les riches, les palaces, les voitures de sport, les touristes émerveillés. Jamais Judith ne s’était étirée dans son lit avec autant de liberté. C’est curieux, pourtant le lit était le même ! Comme c’est agréable maintenant d’avoir fixé un objectif ambitieux, quasi irréalisable en d’autres circonstances mais soudainement devenu évident, là maintenant , quand il n’y a plus que lui à quoi s’accrocher.

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