Ma mère aimait recevoir ses enfants.Son premier fils en particulier. Ah le premier fils. Celui issu de l'amour naissant. Les autres enfants viennent plus tard, par habitude peut-être, pour combler un vide. Un enfant unique c'est triste pour l'avenir. Il n'aura pas de frères ni de soeurs. Alors on lui en fait ! Et puis le premier fils c'est un coup d'arrêt au temps. Il vieillira au même rythme. La différence ne se verra pas trop à la fin. Les enfants qui suivent, eux, avec leur jeunesse tardive feront prendre conscience du temps écoulé, alors ... Alors le premier fils c'est comme un frère que l'on s'est fabriqué, un compagnon de route qui comprendra tout en même temps sans qu'il soit besoin d'expliquer.
Le premier fils de ma mère est né avant la seconde guerre mondiale. Combien de fois ai-je entendu les bombes tomber sur eux, les ponts qui s'écroulent sous les bombardements et surtout la famine, les gens qui courent partout pour aller nulle part, des gens qui tombent sous les balles. Et ma mère qui court avec ce frère sous le bras. Ce frère qui aura pour joujou d'enfant des vrais pistolets, de vrais combats pour cadeau de Noël ! Et quand le vacarme a cessé, qu'une lueur de paix s'est mise à briller, alors la rue a été parfumée les dimanche d'un "bouillon " de poule, de navets, de carottes et poireaux. Ce "bouillon " envahissait l'air à un kilomètre. Le village entier savait que c'était dimanche et que ma mère recevait son fils. Imaginez toutes les mères faisant pareil pour leur fils !
Ces deux-là avaient tant à se dire pourtant ils ne parlaient de rien. Ils ne faisaient qu' humer et savourer cette odeur et cette saveur synonymes de quiétude, de tranquillité.Personne ne venait plus les déranger en habit de soldat. Ils pouvaient manger la soupe avec le sourire. La rue était calme et le voisin n'était pas par hasard dans son jardin !
J'aime beaucoup cette odeur de pot au feu mais aussi du four où cuisent de petits gâteaux. Je sais ce que cela veut dire. Quelqu'un va venir pour jouir de la paix. Ce n'est plus mon frère mais son neveu. Il lui ressemble tant !
Souvenir éphémère du jour
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Henri Michaux, l'existentiel (Namur, 24 mai 1899 – Paris, 19 octobre 1984)
Publié(e) par Robert Paul le 10 décembre 2009 à 12:30
Poème sur la mort, prière amérindienne magnifique, à lire si vous vous sentez mal suite à la perte d'un être cher.
Publié(e) par Dominique Prime le 15 juillet 2012 à 10:27
Une première... mondiale à la Comédie Claude Volter
Publié(e) par Deashelle le 25 janvier 2025 à 5:18
Poème sur la mort, prière amérindienne magnifique, à lire si vous vous sentez mal suite à la perte d'un être cher.
Publié(e) par Dominique Prime le 15 juillet 2012 à 10:27
De l’art d’être malheureux dans « Capitale de la douleur »
Publié(e) par Robert Paul le 25 août 2012 à 11:30
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Commentaires
C'est la saison ! Merci Béatrice. Toutes mes amitiés. gilbert
Merci Liliane, merci Adyne, merci Nicole. Passez également une bonne fin de soirée. Amitiés, gilbert.
Un doux moment de lecture ! Des lignes attendrissantes , des souvenirs qui me viennent... parfums et saveurs "madeleines" ! Merci de votre partage, Gilbert ! Bon dimanche ! Nicole
Touchant, cher Gilbert ...
Emouvant aussi, quelle image !
Le premier fils est souvent celui qui a le plus de mal à quitter la mère.
Le mien est toujours près de moi.
Il n'a pas connu de guerre, seulement celle de vilénies ménagères, parfois pas mieux.
Il ne partira peut-être jamais, il préfère la paix, près de moi.
Il hume le pot-au feu et nous le partageons.
Merci pour cet instant d'émotion.