LE CIEL DE LIT
DU 01 AU 31 décembre 2010 Théâtre Comédie Claude Volter
« Le Ciel de Lit »
de Jan de Hartog – l’auteur de « Schipper naast God »
adaptation de Colette
Pièce fort divertissante malgré une analyse psychologique un peu à l’emporte-pièce dans ses débuts….Les décors, les meubles, les costumes, les maquillages sont très raffinés. Le plaisir théâtral d’une mise en scène soigneuse, suivant l’évolution d’une vie à deux qui se construit avec ses guerres et ses trêves est bien là. La documentation d’époque est un luxe de réminiscences de la vie de nos grands parents…Défilent devant nos yeux les cartes postales, almanachs et autres extraits du Petit Journal, couvrant 50 ans de vie commune avec ses sommets et ses creux, autant de plongées vertigineuses dans un demi siècle qui fut grandiose. C’est tout juste si on pense encore à la pièce pendant ces moments d’actualités déroulantes, tant on voudrait retenir les images de l’histoire qui passe…. Mais le train-train domestique dérisoire du couple est toujours à l’heure et nous rattrape inexorablement. Leurs maladresses s’accumulent : un cinéma dans le cinéma.
Et finalement c’est le dernier tableau, qui emballe surtout le spectateur. La scène s’est vidée de tous ses beaux décors, le ton des acteurs est descendu d’une octave - voix graves ou chevrotantes - avec des pointes d’accent régional : retour aux sources, découverte de l’essentiel, dévoilement de soi ? Enfin! Les sarcasmes se sont émoussés : c’est quoi ce chapeau ? Ce bonnet de nuit ? Ce casque de Morphée… ? La requête de la jeune mariée du début était prophétique : « Enlève donc ton chapeau ! »
Il fallait devenir « soi-même ». Les deux mariés ont abandonné les gangues des discours convenus. Leur vie était surtout une arène : tant au niveau de la découverte de la première nuit de noces, que de l’attente angoissante du premier-né, que des affres de l’éducation, que des soubresauts de liaisons illicites…
La vérité criante s’est fait jour quand les enfants se sont mariés. Mais réconciliés maintenant, les voilà qui sautent ensemble joyeusement pour fermer le bagage qu’ils vont emmener avec eux. A 80 ans, ils voudraient tant que le jeu continue, la vie quoi! L’assaut de tendresse péniblement gagnée pénètre comme une lumière les jeux d’influences de l’homme et de la femme. Vont-ils boire le champagne, savourer ensemble les bulles de la vie ? On est dans un climat surréaliste, où le bord de la tombe n’effraie plus, où la connivence est certaine, où la connaissance de l’autre brille dans de fausses disputes…et où tout recommence, autrement… ou pareil? C’est sans fin !
Avec : Stéphanie Moriau et Emmanuel Dekoninck
Mise en scène : Danielle Fire
Décors : Christian Guilmin
Création lumière : Sébastien Couchard
http://www.comedievolter.be/index.php?page=le-ciel-de-lit---photo
Avenue des Frères Legrain, 98 1150 Bruxelles
Représentations : du mardi au samedi à 20h15 - le dimanche à 16h00
Infos et réservations : 02/762.09.63 - www.comedievolter.be
Commentaires
Autopsie d’un couple
Créée à Broadway, en 1951, la pièce de Jan de Hartog obtint un succès retentissant, que l’on s’empressa d’exploiter dans une adaptation cinématographique ("The Fourposter, 1952), puis dans une comédie musicale ("I do, I do, 1966). Et depuis un demi-siècle, elle se retrouve régulièrement à l’affiche. L’image du couple, qu’elle véhicule, est obsolète, mais les sentiments vécus par les héros défient le temps.
En franchissant le seuil de la chambre nuptiale, dans les bras de son jeune mari, Agnès est heureuse, mais manifeste une certaine appréhension. Comme en témoignent ses réactions effarouchées, sa pudeur excessive et ses aveux gênés. Michel n’est guère plus à l’aise. Accusé de ne pas se laver les oreilles, il multiplie les gestes maladroits et enfile un accoutrement ridicule. En 1889, on se marie et puis on se découvre !
Ces quarante-cinq ans de vie conjugale ne s’écouleront pas comme un long fleuve tranquille. Six tableaux burlesques, malicieux, tendus ou émouvants permettent de prendre le pouls du couple, à des moments importants du parcours. Jalons reliés par la projection d’images d’archives. L’existence, plutôt banale, de ces bourgeois se déroule en contrepoint de l’exposition universelle de 1900, de la guerre 14-18 et de l’avènement d’Hitler.
Grâce à des romans médiocres, qui se vendent comme des petits pains, Michel assure au ménage un train de vie très confortable. Mais il est le maillon faible du couple. Complètement dépassé, lors du premier accouchement, il tombe des nues devant la volonté d’émancipation de son fils de dix-huit ans et de sa "petite chérie" de seize. Par un jeu maîtrisé, Emmanuel Dekoninck fait sentir que son égocentrisme et son besoin de reconnaissance l’aveuglent, le rendent jaloux et étouffent son amour. Nul doute qu’en adaptant cette comédie, la féministe Colette a été séduite par la lucidité et l’indépendance d’esrit d’Agnès. Stéphanie Moriau incarne cette femme éprise de vérité, avec une détermination énergique. Refusant de souscrire aux prétentions littéraires de son mari, elle l’amène, avec une espièglerie implacable, à renoncer à son rôle de père fouettard. Généreuse, elle comprend ses enfants, veut soutenir un poète débutant et rêve d’une nouvelle vie, assumée seule.
Aidée par une équipe remarquable, Danièle Fire, la metteur en scène, a brillamment relevé le défi du vieillissement des personnages, sans changement à vue. Dans chaque séquence, les décors, les costumes, les éclairages, les maquillages sonnent juste. Et les intermèdes filmés n’apparaisent pas comme des bouche-trous mais comme une invitation à réfléchir à l’usure du temps. Si l’on regrette que la tendresse, qui se dégage de la dernière scène, soit émoussée par la répétition abusive du même gag, on se laisse emporter par les tons variés et les dialogues incisifs. "Le Ciel de lit" est une pièce nettement datée, mais n’a pas besoin de lifting, pour nous parler de la difficuté d’aimer.
Voici le message de Pierraujean :
Voilà une comédie charmante, pas une comédie de boulevard!
Elle décrit 6 tranches de la vie d'un couple de 1889 à 1934 : la nuit de noces en 1889; la naissance du bébé deux ans après; les émois pour une autre femme du jeune romancier, devenu auteur à la mode en 1901; en 1907 l'adolescence tumultueuse des enfants; à l'aube de 1914, l'attirance de la femme pour un autre auteur — en devenir celui-là — et, enfin, en 1934, devenus vieillards, leur déménagement pour un appartement plus petit.
Des archives d'époque, décrivent le passage des années et l'évolution de la société. sans que l'on ressente une alternance Cinéma/Théâtre.
La mise en scène de Danielle Fire est précise. Sa féminité lui a permis d'aborder les péripéties de la vie de ce couple avec sensibilité. Elle met en valeur le rire, le sourire et l'émotion qui jalonnent toute la comédie, aidée en cela par la remarquable interprétation de Stéphanie Moriau et Emmanuel Dekoninck.
Une performance de ces deux comédiens qui vieillissent inexorablement au long des 6 tableaux
Certes si les situations sont «classiques», quel spectateur ne pourra s'identifier à ses mêmes situations, éminemment similaires, vécues aujourd'hui, plus de cent ans après,
Que voilà une bonne occasion de se divertir et de découvrir le dernier siècle pour passer les fêtes de fin d'années.
Décors : Christian Guilmin
C'est lui qui va " sauver No "
Voici une bonne occasion de parler de ce Grand Homme aux multiples facettes et trop , bien trop discret
A suivre....
t
A suivre...
Les rêves de 1900
Sacha GUITRY
Jean ROSTAND
Georges CLEMENCEAU