Je regarde le champ, en face de chez moi, qui fume sous un ciel chargé de hauts nuages clairs.
Hier, le fermier, assis sur son tracteur, cancerigarette au bec, a labouré son champ.
Il était aidé par un autre jeune et un autre vieux sur une autre machine à tuer.
Il a bien violé la terre en enfonçant les crocs de sa machine à labourer dans la matière déjà morte.
Le jeune et le vieux ont ensuite déchiqueté les plaies pour les égrener consciencieusement.
Ils ne sont pas méchants, ces trois-là. Ils croient bien faire. Comme on leur a dit de faire. Comme l'école, la publicité, les industriels leur ont appris à faire.
Ils ne sont pas mauvais, juste bien plus bêtes que leurs bêtes ! Ils sont même tellement sympathiques qu'on les excuserait presque.
Ah, mesdames, messieurs les cultivateurs ... ça ne vous inquiète pas qu'il n'y ait pas un seul oiseau depuis 24 heures sur votre champs fraîchement labouré ?...
Pourquoi n'y a t'il pas un oiseau ?
Mais pardi, parce qu'il n'y a rien à becqueter dans cette terre !
Plus aucun ver, aucun insecte, rien !
Elle est si "propre", en fait si sale de pollutions diverses, si contaminée par ces poisons qui n'engraissent que leurs producteurs et revendeurs, que plus rien n'y peut VIVRE. Et au printemps, vous y sèmerez des graines affaiblies qui ne produiront que, grâce à des poisons-engrais et des poisons-pesticides, des poisons-légumes affaiblis qui feront encore augmenter notre déficit immunitaire ainsi que celui de la sécurité sociale.
Ah, mesdames, messieurs les cultivateurs, vous faîtes un métier formidable - respectable - et on vous en remercie. Mais Nom d'une Benne à Ordures, posez-vous des questions!...
N'arrêtez jamais de poser des questions, dans tous les domaines.
Là, vous vous et nous empoisonnez !
Pas bêtes les oiseaux ! Si eux, avec leur riquiqui cerveau de piafs, ont compris, pourquoi pas vous ? Pourquoi pas nous tous les amis ?
Allez les cultivateurs, offrez-vous un moment de détente (suivi d'une nuit blanche) en allant au cinéma voir le film de Coline Serreau "Solutions locales pour un désordre global"; et puis revenez me voir, que je vous serre la main et vous encourage à persévérer intelligemment et courageusement dans votre merveilleux métier.
Signé : Danielle la râleuse enthousiaste.
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