LA VRAIE FACE DU FAUX CÔTÉ
Par André Chamberland, Artiste peintre
Et philosophe temporel
Nous sommes tous des visages à deux faces. Cela devient évident lorsqu’on se regarde dans un miroir. Mettez une tache rouge sur votre joue droite et une tache bleu sur votre joue gauche. Dans un miroir, le rouge est maintenant sur votre joue gauche et le bleu sur votre joue droite. Voici donc votre vraie face mais du faux côté.
Cela peut devenir déroutant. Certains, habitués de se voir dans le miroir tous les jours, peuvent tout simplement ne pas se reconnaître sur le portrait que l’artiste peintre a fait d’eux. Se pourrait-il que, s’il advenait de se rencontrer eux-mêmes sur la rue, ils ne se reconnaîtraient même pas ?
Supposez qu’un mur de votre chambre est recouvert en entier d’un miroir. Placez-vous à cinq (5) pieds environ. Regardez-vous bien. En regardant droit devant, vous reconnaissez-vous ? Plus encore, vous pensez regarder devant vous alors que vous regardez derrière vous. Il est bien de se regarder dans le miroir mais à passer son temps à se regarder dans le miroir, ne finit-on pas par perdre la réalité devant nous.
Faites maintenant quelques pas vers l’avant et avancez jusqu’au miroir. Alors que vous pensiez aller de l’avant vers un horizon nouveau, vous frappez un miroir. Rien ne sert de regarder vers l’arrière pour aller vers l’avant. Et à force de regarder vers l’arrière, on finit par frapper un mur et reculer plutôt que d’avancer. Mais attention : ne reculez pas pour vous éloigner du chien méchant qui vous suit dans le miroir. Ce serait une erreur. Vaut mieux aller de l’avant.
Supposez maintenant que le mur derrière vous est aussi en miroir. Continuez à regarder droit devant vous dans le premier miroir. Ces deux miroirs ne font que vous renvoyer des images vers l’arrière. À rebrasser ainsi son passé sans cesse, on ne vit plus dans le présent. On reste accroché à son passé de malheurs, de guerres, de déportations, de maladies, de souffrances, etc..
Imaginez ensuite que tous les murs, le plancher et le plafond sont tous en miroir. Toutes les images vers l’arrière vous bombardent comme une attaque multimédia à faire virer fou. Le côté droit de votre tête devient votre côté gauche et vice versa. Il en est de même pour vos bras et vos pieds. Pensez-vous encore avec votre cerveau droit ou gauche ? Êtes-vous encore droitier ou gaucher ?Ce tourbillon vous étourdit au point que vous ne savez plus ni qui vous êtes, ni ce que vous faites, ni où vous allez. Vous n’allez plus nulle part.
Puis imaginez que tous vos miroirs sont grossissants. Vous ne faites qu’amplifier vos malheurs et grossir vos petites imperfections. La déformation de la réalité crée un monstre invincible et terrifiant. Souvenez-vous, Jules Caesar a dit « L’ennemi était invincible et nous l’avons vaincu ». C’est qu’il ne passait pas tout son temps à se regarder dans un miroir; cet ennemi n’était pas vraiment invincible puisqu’il l’a vaincu.
Que feriez-vous et où pourriez-vous aller si votre pare-brise et vos vitres d’auto étaient des miroirs dans lesquels vous vous regarderiez de l’intérieur plutôt que des vitres transparentes ? Certains conduisent leur vie les yeux dans leurs rétroviseurs, regardant vers l’arrière et oubliant que c’est vers l’avant qu’ils se dirigent. Ils finissent par frapper quelque chose ou quelqu’un et se cogner le nez dans le … miroir.
Attention à tous ceux qui vous font miroiter leurs miroirs. Ne vous fiez pas à leurs yeux comme s’ils étaient le miroir de leur âme. Vous risqueriez de prendre le faux pour du vrai. Cassez tous vos miroirs, regardez vers l’avenir plutôt que vers le passé, et allez de l’avant. Et n’ayez crainte; ce n’est pas en cassant un miroir qu’on se mérite sept (7) ans de malheur mais bien en se regardant continuellement dans le miroir qu’on se prépare une vie infernale.
André Chamberland, Artiste peintre et portraitiste
Trois-Rivières (Québec), Canada
Commentaires
Merci Carl. Mon père se nomme effectivement Paul Chamberland. Quant au poète Paul Chamberland, j'ai eu le plaisir de bavarder un peu avec lui au Festival International de Poésie de Trois-Rivières (Québec) il y a deux ans.