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administrateur théâtres

"La Traviata" de Verdi à L'OPERA DE LIEGE

 Dans l’immense jardin de Dieu, Violetta, la courtisane au grand cœur, devenue ange, priera pour le  destin de son aimé qu’elle supplie d’être heureux et d’épouser une  jeune élue au cœur pur! Un rôle interprété par l’exquise soprano roumaine, Mirela Gradinaru. Dernière étape étonnante d’une vie peu à peu tournée vers l’altérité, dans le plus profond oubli de soi, voilà le destin de la dame aux Camélias, Marguerite Gautier, alias Violetta chez Verdi. Le plateau étouffe sous les cœurs de roses rouges qui tapissent le décor kitsch des lieux de perdition parisiens. Elle appartient depuis le plus jeune âge au monde de la noce, du jeu, de la danse, de la musique légère et des plaisirs du palais. Libre et prisonnière à la fois.  Son univers : l’immense lit rococo peuplé de poupées où se déroulent des bacchanales, puis un lit double,  blanc comme un nuage où son amant  a rencontré le ciel « Vivo quasi in ciel », puis hélas, ce lit étroit sous une lumière de vase verte où elle est  consumée par l’immonde phtisie,  antichambre de cette grotte lumineuse de la mort prête à l’engloutir.

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Face à cette âme généreuse qui instinctivement ne vit que par l’Amour, il y a l’orgueilleux Giorgio Germont,  interprété par  Mario Cassi. C’est le père omnipotent de son amant, qui représente  l’égoïsme bourgeois et les apparences d’une société totalement irrespectueuse des vrais sentiments, moralisante à l’excès, hypocrite en diable, osant même  prendre à témoin le Dieu du jardin des âmes bienheureuses quand cela l’arrange. Ce drame de Verdi est une critique fervente de la bigoterie, du « moralisme », ancêtre du « politically correct »? « Through the keyhole », les regards épient, trahissent, accusent et condamnent. Le trou de serrure à travers lequel se joue l’action est symbolique du voyeurisme qui imprègne  la société. Si le chœur en habits noir  du 19e est parfois fort statique, coincé dans des fauteuils comme au spectacle, c’est qu’il doit remplir son rôle de voyeurs avides et malsains et nous tendre le miroir pour dénoncer le phénomène. De tous côtés, la brûlante Violetta est cernée par les regards, et sa voix, tour à tour, tendre, dramatique et héroïque ne peut que susciter des vraies larmes. La passion de la jeune Violetta est plus que douloureuse, elle est injuste et cruelle. Dès le deuxième acte elle s’est convertie à la Vie, renonçant à ses plaisirs futiles, elle est ce personnage qui a failli et qui, seule contre tous, trouve en elle la force de la rédemption! La dévoyée, la Traviata a l’envergure d’une martyre dans la forteresse de sa foi en l’amour ! Tout comme la véracité de ses sentiments, Violetta impressionne par la véracité de son jeu et souplesse de sa voix après l’échauffement du premier acte.

 La mise en scène expréssément bourgeoise de Stefano Mazzonis Di Pralafera  autorise quelques distractions, car Verdi s’amuse avec des rythmes  populaires de valses, polka, galops, une danse de gitanes, une danse de matador, et une séguedille qui allègent un peu la tension dramatique. Les costumes sont griffés Kate Tilley et son équipe. L’orchestre sous la baguette de Francesco Cilluffo épouse magistralement le drame sans sombrer dans le pathos ou l’exhibitionnisme : juste ce qu’il faut d’émotion, de  suspensions silencieuses,  de souffre et d’élégance. Le timbre irrésistible de Mario Cassi  souligne finement l’habileté manipulatoire de Giorgio Germont au deuxième acte (« Pura siccome un angelo ») et sa  belle prestance vole enfin en éclats quand  il se décide à dévoiler la promesse odieuse arrachée à Violetta.  L’amant, Alfredo, un peu effacé par rapport au père,  réjouit par son charme juvénile et sa voix solaire. Javier Tomé Fernàndes, qui se produit pour la première fois sur la scène de l’Opéra de Liège,  recueillera à la fin de la représentation  de réelles ovations aux côtés de Mario Cassi  et de Mirela Gradinaru.  Le jouvenceau est tout simplement craquant de spontanéité, même si l’autorité paternelle  fait de lui une seconde victime. Les rôles secondaires accompagnent lestement le trio principal avec une belle mention pour Anina, la femme de chambre de Violetta interprété par Laura Balidemau. Et qui d'autre pour incarner le protecteur jaloux de Violetta, sombre sire,  si ce n'est la belle voix  de Roger Joakim, un incontournable de la scène liégeoise...13260016_10209037828196731_1203132000821984079_n.jpg?oh=855d6dc2bdf987915ce05622c9e42df1&oe=579CABD4  

https://www.operaliege.be/fr/activites/la-traviata

Saison : 2015-2016 Durée : 2:50  Langue : Italien  Direction musicale : Francesco Cilluffo Mise en scène : Stefano Mazzonis di Pralafera Chef des Chœurs : Pierre Iodice Artistes : Mirela Gradinaru, Maria Teresa Leva, Javier Tomé Fernández, Davide Giusti, Mario Cassi, Ionut Pascu, Alexise Yerna, Papuna Tchuradze, Roger Joakim, Patrick Delcour, Alexei Gorbatchev, Laura Balidemaj         

9 Dates :

 Du vendredi, 13/05/2016 au dimanche, 22/05/2016

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Commentaires

  • administrateur théâtres

    Alternace des solistes: 

    Violetta Valery: Mirela Gradinaru* - Maria Teresa Leva*


    Alfredo Germont: Javier Tomé Fernández* - Davide Giusti


    Giorgio Germont: Mario Cassi - Ionut Pascu*

  • administrateur théâtres


    Un bon spectacle de base

    Le 26 mai 2016 par Bruno Peeters

    La Traviata - Sabina Puértolas (Violetta Valéry)

    La Traviata - Sabina Puértolas (Violetta Valéry)

    Reprise d’une production de mai 2012, fidèle au concept de base de l’Opéra Royal de Wallonie : monter des oeuvres du grand répertoire avec de belles voix et une mise en scène lisible. La Traviata est, avecRigoletto, sans doute l’oeuvre la plus souvent représentée de Verdi; les solistes, pour n’être pas des stars, étaient bien distribués, et Stefano Mazzonis de Pralafera n’a pas son pareil pour présenter l’opéra italien dans un langage scénique actuel,  sans prétentions inopportunes. Il s’agissait donc d’une Traviata idéale pour néophytes et autres débutants dans l’art lyrique. On pouvait d’ailleurs remarquer ce dimanche la présence de très nombreuses familles avec enfants dont certains fort jeunes, ce qui est toujours gai. La scène liégeoise, sous l’oeil voyeur d’un trou de serrure, est parsemée de lits de tailles diverses et de fleurs (des camélias, bien sûr). Costumes conventionnels de Kaat Tilley, mais lumières envoûtantes de Franco Marri et Michel Stilman, qui ont en particulier bien réussi le dernier acte, grotte somptueuse prête à engloutir Violetta au seuil de la mort. La direction d’acteurs, assez ferme dans les actes intimes, avait un peu tendance à se relâcher lors des fêtes chez Flora, où chacun était laissé à lui-même. Les ballets, par exemple, manquaient d’intensité et d’éclat. Et Alfredo, trop raide, aurait pu être plus encadré. Vocalement, Davide Giusti (29 ans !) chantait un joli Alfredo, amoureux plus policé que passionné, par manque de puissance sans doute. Le baryton roumain Ionut Pascu a rapidement pris de l’assurance pour camper un Giorgio Germont qui a su trouver l’équilibre entre sévérité et tendresse, tant envers Violetta qu’envers son fils (air « Di Provenza il mar », avec cabalette). Brillante Flora d’Alexise Yerna, sonore Baron Douphol de Roger Joakim, touchante Annina de Laura Balidemaj et grave Docteur Grenvil d’Alexei Gorbatchev. Mais – comme pour Carmen – dans La Traviata, c’est le rôle titre qui fait la réussite de l’opéra : rôle exigeant, car il faut s’y montrer aussi brillante qu’émouvante. La jeune soprano italienne Maria Teresa Leva, malgré de beaux sons filés, n’a pas encore cet éclat particulier qui rend justice à la grande scène du premier acte (« E strano« ). Par contre, elle a su toucher le coeur d’Alfredo, et celui du public, tant dans un admirable « Amami, Alfredo », que dans ses adieux du dernier acte. L’orchestre, sous la direction de Francesco Cillufo, qui faisait ses débuts in loco, a semblé moins concerné que d’habitude (fâcheux décalages au début du ballet) et surtout terne, ce qui a souligné certaines platitudes de l’écriture. Heureusement, les ensembles étaient réussis, et leconcertato final du III a déchaîné l’enthousiasme. Signalons enfin la petite coquetterie du metteur en scène, dont on a reconnu la voix lors de la lecture de la lettre de Germont au dernier acte.
    Bruno Peeters
    Liège, Opéra Royal de Wallonie, le 22 mai 2016

  • administrateur partenariats

    Bien dommage que je ne l'ai pas vu plus tôt !

    Merci quand même chère Deashelle.

  • administrateur théâtres

    Demandez le programme: Avec Francesco Cilluffo, chef d'orchestre

     Émission du 11/05 - 12:00

    Le jeune chef d'orchestre italien dirige La Traviata à l'Opéra Royal de Wallonie

    http://www.rtbf.be/musiq3/emissions/detail_demandez-le-programme?pr...

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