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La poésie pour Philippe Jaccottet...

Le poète doit parfois délaisser sa plume...

Je souhaitais partager sur Arts et Lettres un passage des Carnets de l'immense poète qu'est Philippe Jaccottet(1968-1979) qui m'a touchée par sa sincérité et son humilité.

Ph.Jaccottet évoque la difficulté pour le poète de saisir le réel. Ile presque pouvoir sentir aucune chose sans vouloir traduire celle-ci dans un poème, ce qui finit par fausser les rapports avec le monde, les rendre moins vrais.
"Il se passe ceci..., que l'attention au monde encouragée par un certain travail poétique aboutirait après quelque temps à altérer, sinon à détruire la capacité d'émotion. On voit une feuille qui tombe d'un sarment de la vigne, et aussitôt il faut qu'on la voit tomber sur la page blanche.On éprouve au matin la fraîcheur unique de l'air en automne...,le brillant de la lumière sur l'herbe et sur les arbres, et on ne peut les goûter tranquillement...sans que le poète se lève dans votre tête comme un greffier et note!Du coup on voudrait ne plus sentir, pour qu'il s'endorme..."
L'issue, pour Jaccottet, est d'accepter le phénomène tel qu'il est et d'essayer de le négliger, de laisser passer le flux des sensations et des pensées en cédant aux impulsions, à un plaisir sans but, d'avancer à l'aveuglette, sans trop s'arrêter aux doutes. "Quand le jour est beau sous les arbres immobiles,quand se risquent les dernières fleurs de l'année,...pourquoi s'interdire d'en être comblé et apaisé un instant?"

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Commentaires

  • Bonjour Martine, merci beaucoup pour le lien.

    Bon dimanche

    Amicalement 

    Rosyline

  • Bonjour Martine

     

    A mon avis, l’on se trompe de beaucoup quand on considère le poète comme un rêveur, un pierrot de la plume et la poésie comme l’art de mettre des mots sur ce qu’on peut percevoir, ressentir de ses cinq sens, sur ce qu’on peut penser, croire, rêver, désirer, souhaiter ou vouloir proposer aux autres. Par provocation, je dis parfois que l’on est meilleur poète à se taire pour signifier que la poésie est avant tout pour moi une démarche d’esprit, une démarche d’exploration, une tentative permanente ; obstinée de compréhension et de résolution de toutes les énigmes, de toutes les intrigues, qui font ce monde et qui nous font aussi. Je pense que l’on peut très bien être un poète sans ressentir la nécessité d’écrire des poèmes, et que l’on peut écrire à merveille des textes sans être poète pour autant. En tout cas, je considère qu’il faut distinguer quatre choses dans le processus poétique à savoir ce qui est l’esprit poétique, ce qui est son expression, ce qui est sa représentation, son exposition et ce qui est sa transmission, chose que je veux bien développer dans une autre contribution si cela vous intéresse.

    Pour revenir à ce beau poète qu’est Philippe Jacottet, je considère comme lui que la fonction du poète est essentiellement d’éclairer le réel mais que c’est infiniment difficile d’y parvenir, pour ne pas dire improbable. Le réel, c’est une multitude de choses, des univers infiniment petits, des univers infiniment grands, des tas d’univers qui échappent encore à la connaissance humaine, c’est aussi la mouvance qui fait qu’on peut regarder par exemple le même endroit cent fois, il sera cent fois différents. Effectivement, le pire pour un poète, c’est d’être un vecteur de l’ignorance, des préjugés qui ne manquent pas, c’est de penser qu’on peut éclairer le réel sans se documenter sérieusement et tout le temps. Pour ma part, je ne suis pas un obsédé de l’écriture, je passe parfois des semaines, des mois sans écrire un seul poème, j’ai par contre des centaines de notes qui feront peut être un jour un poème ou un vers. Souvent, je lis des auteurs qui se disent d’un coup, sec, en mal d’inspiration, je me dis alors que ces auteurs sont malheureusement passés à côté des bien des choses. Quand l’on a faim, l’on se nourrit n’est-ce pas ? Comment peut-on être en panne d’inspiration quand le réel a de quoi nourrir l’inspiration de milliers d’écrivains, de poètes, d’artistes pendant des siècles et des siècles ?

    Un autre aspect fort important qui est évoqué ici, c’est le rôle de l’émotion qui est indispensable à la construction de l’intelligence humaine, chose qui a été démontré de façon relativement récente par une équipe de scientifiques américains. Au poète comme pour tout à chacun, il faut conserver cette capacité d’émotion pour rester vivant et mieux gagner en intelligence, et je pense que ce n’est pas si facile dans ce temps qui a fortement tendance à mettre tout sur le même plan, et même à faire de l’insignifiant l’important et inversement, à faire de l’émotion des écrans à la vérité ou des postures servant des intérêts particuliers et certainement pas l’intelligence.

    Effectivement, un poète a aussi le même besoin que n’importe qui de moments où il peut respirer, lâcher prise, s’allonger par exemple dans l’herbe tendre, et se nettoyer les yeux, les oreilles, le nez, la pensée de tout ce qui est grâce offerte à qui sait les saisir …

    En tout cas, cela me fait dire que les bons poèmes sont des bouteilles dans lesquelles on a mis un message qui n’est que de l’air et dont on ne sait pas qui va les ramasser et qui pourra les comprendre comme le suggère Daniel Balavoine dans sa magnifique chanson tous les cris, les SOS …

     

     

    Il nous faut beaucoup d’air car le plus beau nous reste à faire …

     

    Bonne journée. Amitiés. Gil

  • Pour Roselyne, amities

    https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Philippe_Jaccottet
  • Merci Roselyne, amities, martine
  • Merci pour ce partage très intéressant qui nous invite à découvrir Philippe Jaccottet.

    Je dois vous avouer Chère Martine que je ne le connaissais pas.

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