La fontaine des Innocents (ou fontaine aux nymphes) est petit bijou Renaissance au coeur de Paris.
Edifiée en 1550 sur un dessin de Pierre Lescot, elle fut sculptée par Jean Goujon.
Adossée, à l'origine, contre un mur, à l'angle de la rue St Denis, du cimetière des Innocents. En 1786, le charnier fut désaffecté et remplacé par un marché aux primeurs et "Ceux qui voulaient admirer ses bas-reliefs pouvaient y accéder en se frayant un passage au milieu des baraques en bois, charrettes à bras, animaux divers, accumulés par les marchands"*. Déplacée place Joachim du Bellay en 1788, elle reçut pour orner sa quatrième face des bas-reliefs sculptés par Pajou. En 1856, un square remplace le marché et la fontaine à nouveau transportée au centre de la place.
"Ces femmes sont à peu près les mêmes. Des belles filles avec des corps agréables ; sans doute la femme ou la petite amie du sculpteur. Pourquoi celles de Jean Goujon sont-elles plus excitantes que celles de Lescot ?... pourquoi est-ce que je peux rester des heures à contempler les premières alors que les autres m'ennuient au bout d'un instant ?... Si on connaissait la réponse, ça serait trop commode."
Pierre-Auguste Renoir
Sans vouloir déflorer les mystères de la création, on peut dire que Jean Goujon (ca 1515-1566), ralliant en cela Alexandre Lenoir, excellait en effet à donner aux corps "de la rondeur par la manière dont il fixait la lumière sur les parties saillantes et dont il savait la faire glisser sur celles qu'il voulait sacrifier".
Au Louvre on peut aussi admirer "Nymphe, triton et génies" provenant du décor de la fontaine des Innocents par Jean Goujon. Les bas-reliefs d'Augustin Pajou (1730-1809) qui en ornaient la base y sont aussi conservés.
Michel Lansardière (texte et photos)
* citation empruntée à Florence Gentner "Pierre-Auguste Renoir - Album d'une vie"
Commentaires
Merci Sandra, c'est un hommage que j'ai voulu rendre à la beauté, à la volupté, à l'éternel féminin dans cet îlot de calme au centre de Paris.
Merci Claude, je crois même que l'expression "claire comme de l'eau de roche" coule de source pour qualifier l'oeuvre de Jean Goujon !
Tout à fait d'accord Rose-Marie, quel drapé, quel modelé, quelle suggestivité. Hommage soit rendu à Goujon ! (je viens d'apprendre que le porche de l'église d'Othis, tout près de chez moi, lui était attribué. J'avais essayé , avec la première photo, de rendre cette impression de drapé et de transparence avec l'eau de la fontaine).
C'est moi Fabienne qui ai été ravi de la compagnie.
Merci Josette et Mohamed d'être passés et d'avoir laissé votre appréciation.
Quel beau trésor au milieu du tumulte ! ...
Que ce corps est vivant sous un magnifique drapé. On oublierais presque qu'elle est faite de pierre... Bien d'accord avec Monsieur Renoir !
A l'eau de la claire fontaine elles ne se baignaient pas toutes nues, mais quelle sensualité donnée à ces naïades. Il faut faut reconnaître qu'il savait nous taquiner ce Goujon et l'oeil de Renoir ne s'y est pas trompé ! Myope, mais pas trop "Ah ! Ce téton ! Est-ce assez doux et lourd ! Le joli pli qui est dessous avec ce ton doré... C'est à se mettre à genoux devant."
Merci Yvette, Adyne, Louis pour vos gentils commentaires, Jacqueline et Abdelkader pour vos aimables appréciations.
L'eau de l'innocence
déversée par les nymphes de Goujon
donnait-elle confiance
aux parisiens moribonds ?
J'irai voir cette fontaine lors de mon prochain passage à Paris.
Merci de cette découverte, Michel.
Amitiés.
Bonsoir Michel,
Toujours très intéressant communiqué! Merci beaucoup pour ce partage!
J'ai déjà eu l'occasion de lire des réflexions d'Auguste Renoir, il avait beaucoup d'humour!
Amitiés.
Adyne
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