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administrateur théâtres

10599562_10152664945557310_453576985331257794_n.jpg?oh=10eef5ee6baa0c28cbc5809a0e13e937&oe=548E88CF&width=350Première dénonciation de notre société. En novembre 2011, Michel Kacenelenbogen, déjà  fasciné par le climat d'effondrement social et politique des années 30,  s’attaquait à la mise en scène de L’ANGE BLEU au théâtre du Parc. Un spectacle fantasmagorique très divertissant et fort haut en couleurs, contrairement à l’atmosphère très noire du film éponyme décrivant la misère humaine des victimes de la grande  crise de 1929.  Les cabarets berlinois des  années 30 - symboles de rébellion contre la souffrance humaine et l’ascension du pouvoir nazi -  étaient des lieux de plaisir hérités de la république de Weimar, mais aussi  le refuge d’une parole de plus en plus confisquée. La création de ces cabarets remonte aux années 1880, avec Yvette Guilbert qui y insuffla le répertoire Montmartrois d’Aristide Bruant et ses musiques envoûtantes traduites en langue allemande et imprégnées de satire sociale ou politique. Ces cabarets furent rasés par l’Ordre nouveau dès la nomination de Goebels comme Gauleiter de Berlin ; les deux derniers disparaissant en 1935, rasés par des bulldozers. En même temps, l’avant-garde artistique se faisait taxer d’ Entartete Kunst  - art dégénéré - et les artistes sont poursuivis et envoyés dans les camps de concentration.  

 

Quand les paillettes se transforment en larmes... Cette fois, avec CABARET, Michel Kacenelenbogen persiste et signe… un spectacle dont l’ironie  coupe le souffle, emplit d’émotion et met l’alarme au camp.  La question qui semble hanter Michel Kacenelenbogen dans ce nouveau spectacle, est bien celle  d’une société qui ne se remet pas de la crise économique et celle d’un  ordre nouveau qui pourrait  se profiler  à l’horizon. « Wilkommen, Bienvenue! » C’est le fiel qu’il faut savourer.

Les moyens dont il dispose grâce à la synergie avec le Théâtre National  ont été  décuplés et l’on verrait bien l’entreprise  devenir une grande  production  à la  manière  des grandes comédies musicales. Soulignons-le,  les artistes sont  issus de nos deux communautés et rendent en même temps un hommage passionné aux 20 ans du théâtre Le Public. Sous-titrés en trois langues. 

Précipitez-vous  à Bruxelles avant le 1er octobre, car après le spectacle part en tournée!  Un spectacle cathartique, image d’une société rendue malade par l’argent (« Money, Money Money »), le pouvoir, l’intolérance,  le repli sur soi et la mort annoncée des artistes de tout poil s’ils ne sacrifient pas à la rentabilité et à la culture du profit. Ou à la culture d’Etat. 

Le spectateur ne peut qu’être touché par ce message asséné avec force et compte tenu de la situation géopolitique actuelle mondialement fragile, la piqûre de rappel fait l’effet d’un électrochoc. On reste hantés par ce  Herr Schultz (Guy Pion, at his best) si poli, si affable et si tolérant, pétri de bienveillance et dont les rêves très humains se font subitement rafler par la  puissance nazie symbolisée par cet officier blond aryen (Bruno Mulenaerts) et écraser par les chants patriotiques glaçants qui se répandent sur le plateau. Et du coup, c’est toute la vie des artistes du Kit Kat Club, celle de la logeuse sévère et compassée  Fraulein Schneider (très bien défendue par Delphine Gardin), celle  de sa pulpeuse locataire si généreuse avec les marins (une inimitable Daphné d’Heur dans le rôle de  Fraulein Kost)  et celle  du jeune couple qui vient de se former,  qui volent en éclats dans un jeu de dominos infernal.   En effet, un étranger, Cliff, le  jeune écrivain américain (Baptiste Blampain), s’est épris de la craquante  petite anglaise (« Don’t tell Mama »), chanteuse et danseuse de Cabaret, Sally (Taïla/Lisa Onraedt/Minelli).  Celle-ci a mené une vie de bâtons de chaises jusque-là. Elle est retombée  enceinte, il lui promet le mariage, tout va soudain tourner au conte de fées… « Maybe this time… » sauf que tout se termine dans l’horreur d’un rideau de larmes. L’impitoyable  danse macabre est orchestrée depuis l’entrée en scène  avec  férocité par un Emcee plus vrai que nature (Steve Beirnaert). La chorégraphie impeccable est signée Thierry Smits (« To the ones I love »), c’est tout dire !  

 

Le grand orchestre sous la direction de Pascal Charpentier mérite autant de félicitations que la trentaine de danseurs-chanteurs-comédiens qui forment  un  remarquable casting totalement à l’aise dans le chant, la danse et la tragicomédie…. La richesse des timbres, la générosité des rythmes parcourent toutes les émotions humaines : le désir, la joie, la passion, la sensualité, la tendresse, la mélancolie… le cynisme,  la haine, la jalousie et la cupidité  aussi. Pendant tout le spectacle l’orchestre est juché sur une estrade en forme de ring pour un pugilat entre l’esthétique parfaite des sonorités et le fond d’une histoire totalement insupportable. Et c’est le spectateur qui reçoit les coups. Une superbe scénographie de Vincent Lemaire.  

 

La comédie  qui se joue à ses pieds a tout de la fascination  du mouvement perpétuel d’un  immense manège  rutilant qui vous précipite vers un chaos final. « A merry-go-round » infernal. Tout tourne et étourdit au passage, mais sonne juste et souligne la lucidité du propos. Cette nouvelle version du spectacle mythique sera sans doute à verser dans les fiches de Wikipedia, on n’en doute pas!   

 

 http://www.theatrelepublic.be/

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